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La résilience de l'hôpital public face aux catastrophes: cas du centre hospitalier universitaire Yalgado Ouedraogo( Télécharger le fichier original )par Atina YARGA Ecole Nationale d'Administration et de Magistrature - Diplôme d'Administrateur des hôpitaux et des services de santé 2017 |
Section 2 : Facteurs internes et externes influençant la résilience du CHU-YODans cette section il sera présenté successivement les résultats relatifs aux facteurs internes et ceux externes qui entravent la résilience du CHU-YO face aux catastrophes. Paragraphe 1 : Vérification de l'hypothèse spécifique N°2 relatif auxfacteurs internes d'ordre structurel, fonctionnel et organisationnelL'hypothèse spécifique N°2 comporte trois dimensions : structurelle qui concerne uniquement les catastrophes naturelles, fonctionnelle et organisationnelle qui s'appliquent aussi bien aux catastrophes naturelles qu'à celles d'origine anthropique gérées par le CHU-YO. A. La dimension structurelle des catastrophes naturellesLa dimension structurelle est relative à ce qui est fait pour que la structure physique de l'hôpital échappe ou résiste aux catastrophes naturelles. Qu'en est-il des indicateurs qui ont aidé à vérifier la résilience de la dimension structurelle ? Graphique 2 (série de 4): Mesures pré et post-inondation pour protéger les bâtiments Nombre de réponses : 124 Source : enquête de terrain, mars-avril 2017. Concernant l'existence d'un dispositif de protection pré-inondation, 63% des enquêtés sont formels : aucune mesure d'anticipation n'était à l'oeuvre. Si on y ajoute ceux qui affirment ne pas savoir (30%), ce taux est porté à 93%. Seuls 7% disent qu'il y avait un dispositif sans pouvoir préciser en quoi il consistait. Si on se réfère aux réponses des agents les plus anciens (ayant 5 ans et plus), censés avoir été témoins des faits, la tendance constatée au niveau de l'ensemble des enquêtés se confirme : ils sont jusqu'à 72% à relever que les mesures d'anticipation du "risque inondation" n'existaient pas au CHU-YO. Seuls 10% d'entre eux estiment qu'il y avait un dispositif sans en préciser la nature. S'agissant des mesures post-inondations en vue de protéger les infrastructures, elles n'ont pas été assez prises. En effet, la reconstruction des bâtiments vétustes inondés n'a pas été menée selon 34% (43/124*100) des enquêtés. Ils ne sont que 8% à affirmer que des bâtiments ont été reconstruits. Toutefois, le mur de clôture du côté du barrage N°3, détruit par les inondations du 1er septembre 2009, a été reconstruit (cf. planche photographique1). Source : Service de la communication et des Source : A. YARGA, 17 mars 2017 relations publiques du CHU-YO Planche photographique 1 : à gauche, le mur en partie effondré du côté nord du CHU-YO lors des inondations du 1er septembre 2009, à droite, le mur reconstruit Quant à la réfection des bâtiments inondés, elle a été réalisée de l'avis de 44% des enquêtés. Les enquêtés citent la réfection de certains services comme la traumatologie (cf. planche photographique 2) et la réanimation polyvalente. Mais en réalité, la réfection a été plus vaste63(*). La traumatologie a servi de service de tri pour les différentes catastrophes d'origine anthropique (cf. figure 3 annexe 2). Source : Service de la communication et des Source: A. YARGA, 23 mars 2017 relations publiques du CHU-YO Planche photographique 2 : à gauche, les urgences traumatologiques inondées le 1er septembre 2009. A droite, les urgences rénovées C'est la construction des caniveaux qui est reconnue comme une des actions majeures posées par les responsables du CHU-YO pour lutter contre les inondations. En effet, 73% des enquêtés le reconnaissent. Nous avons estimé la longueur de ces caniveaux à un kilomètre environ. Graphique 3 (série de 2): Mesures post-inondation pour protéger les bâtiments Nombre de réponses : 124 Source : enquête de terrain, mars-avril 2017. Source: A. YARGA, 16 mars 2017 Source: A. YARGA, 11 mars 2017 Planche photographique 3 : à gauche, caniveaux dans la cour du CHU-YO ; à droite, caniveaux situés à l'entrée principale du CHU-YO. Mieux, ces caniveaux sont entretenus périodiquement selon 28% (34/124*100) des enquêtés contre 25% qui avancent le contraire. Le pourcentage de ceux qui ne savent pas nous paraît élevé : 47%. Ce qui dénote d'un problème de communication entre les responsables et les agents. Pour les actions de sensibilisation des usagers à ne pas jeter des ordures dans les caniveaux, 48% reconnaissent que ces activités sont réalisées, contre 11% qui soutiennent le contraire. Là aussi, 47% affirment ne rien savoir. Cela interpelle, car les agents qui devaient jouer un rôle d'interface entre l'administration et les usagers ne sont pas tous au courant de ce qui est fait. Face à la survenue d'autres inondations, malgré les mesures mises en oeuvre, le personnel incrimine principalement l'inadaptation des dispositions prises. L'autre raison la plus évoquée, c'est l'obstruction par les commerçants des caniveaux passant devant le CHU-YO. Source: A. SOMA, 2015, p.190 Source : Service de la communication et des relations publiques du CHU-YO Planche photographique 4 : à gauche,le CHU-YO inondé le 30 septembre 2013 ; à droite, le 10 juillet 2016 Enfin,la décision prise depuis 2009 de délocaliser certains services du CHU-YO surle site du secteur 51 (ex secteur 30) estinopéranteavecla création de l'Hôpital de district de Bogodogo. Or, c'était des mesures d'évitement du "risque inondation" qui étaient à l'oeuvre. Le changement de site n'ayant pas eu lieu, le problème d'exposition du CHU-YO aux inondations reste entier. CHU-ENT6apporte des précisions sur la question : « Le projet de reconstruction du CHU-YO a financé la construction des caniveaux, l'étanchéité à Yalgado ainsi que les équipements et bâtiments du site du secteur 30. Une commission était mise en place pour opérationnaliser le déménagement d'une partie des services. C'est dans ce contexte que l'Hôpital de district a été créé et constitue un établissement autonome, héritant de tout ce qui avait été investiau compte du CHU-YO, sans compensation ». En définitive, la résilience structurelle face aux inondations, malgré les efforts faits, n'a pas été au rendez-vous : à la quasi absence d'un dispositif avant les inondations du 1er septembre 2009, s'ajoutent des mesures post-inondations inadaptés ou insuffisantesqui n'ont pas pu empêcher la survenue d'autres inondations. Le déménagement d'une partie du CHU-YO, maintes fois annoncé, s'est révélé être un éléphant blanc. * 63 A la lecture du tableau N°46 du Rapport général de fin de gestion des secours d'urgence suite aux inondations du 1er septembre 2009, paru en novembre 2015, 170p., p.105, la réfection et le réaménagement des bâtiments inondés ont coûté 1 148 782 025 FCFA. |
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