Paragraphe 2 : Vérification de l'hypothèse
spécifique N°1 en lien avec l'appropriation de la gestion des
catastrophes par les agents
La résilience de l'hôpital public face aux
catastrophes ne peut pas s'envisager sans une réelle appropriation des
enjeux par les agents de santé. Pour apprécier cette
appropriation, trois indicateurs ont été passés au
crible.
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Graphique
1 (série de 3): Opinions sur l'appropriation de la
gestion des catastrophes
Nombre de réponses : Appropriation : 109,
aide :39, implication : 124
Source : enquête de terrain,
mars-avril 2017.
D'abord, un premier constat montre que les agents se sont
approprié la gestion des catastrophes. En effet, 76% des
enquêtés estiment que cela fait partie de leurs attributions. Mais
l'appropriation est fonction des emplois: à titre d'exemple, elle est de
89% chez les médecins, 78% chez les attachés de santé et
les infirmiers ainsi que 59% chez les garçons et filles de salle. C'est
une preuve que les agents se sont engagés pleinement dans la gestion des
inondations et dans les soins aux blessés. Ces propos de
CHU-AG124 le confirment : « Au
deuxième jour du coup d'Etat, lorsque je quittais la maison pour
l'hôpital, tout le monde pleurait. J'ai fait le signe de croix et je suis
parti en me disant qu'avant de mourir, je dois sauver des vies».
Ensuite, un autre élément milite en faveur de
l'appropriation de la gestion des catastrophes puisque 67% des
enquêtés se sont sentis impliqués dans leur gestion. Ce
sentiment d'implication suit la même tendance que le degré
d'appropriation, allant de 89% chez les médecins à 59% chez les
garçons et filles de salles en passant par 63% chez les attachés
de santé et infirmiers. Mais l'indicateur qui mesure le niveau
d'implication doit aussi être relativisé : il y a des agents
qui, parce que nouveaux, disent ne pas être impliqués. Ce qui est
logique puisqu'ils n'ont pas géré de situation de catastrophe. Il
y a ceux-là qui ont participé effectivement à la phase
opérationnelle de gestion mais qui s'estiment être
écartés dans la prise des décisions et dans l'accès
à l'information. Cette situation pourrait s'expliquer par une
insuffisance dans la communication de la part de la direction
générale concernant le bilan des catastrophes.
Enfin, s'agissant du niveau de solidarité entre les
agents, 64% (25/39*100) de ceux dont les services n'ont pas été
inondés, n'ont apporté aucune aide à leurs
collègues aux services inondés. Le faible niveau de
solidarité envers ceux dont les services ont été
inondés contraste avec la forte appropriation qui vient d'être
soulignée. Cependant, le choix de la direction générale de
l'hôpital de recourir aux forces armées nationales lors des
inondations du 1er septembre 2009 pour l'évacuation des
malades, n'a pas permis à la solidarité entre services
d'être assez mise à l'épreuve.
Au regard de ce qui précède, l'hypothèse
spécifique selon laquelle «la faible appropriation de la
gestion des catastrophes naturelles et d'origine anthropique par les agents du
CHU-YO entrave sa résilience à y faire face »,
est infirmée.
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