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Chapitre 2 : Méthodologie de recherche
Dans cette deuxième partie, nous allons voir la
méthodologie y compris le choix de la population. Ensuite le choix de
l'outil ainsi que les objectifs d'entretien, la réalisation d'entretien
et en dernier lieu les obstacles rencontrés et enfin les conditions
favorables.
I. Cadre de l'étude
Dans les années 90, à l'initiative de familles
touchées par le handicap, un groupe d'amis se forme. Ensemble, ils
partagent le même souhait c'est « d'arrêter de regarder le
handicap pour regarder les capacités » ... et spécialement
celles qu'ils ont en commun : créer des liens d'amitié, se
partager des activités ludiques, s'entraider chacun avec ses
connaissances et expériences, inviter les amis, les proches, les voisins
et animer ensemble des lieux porteurs de sens.30
L'association Simon de Cyrène a comme Président
d'honneur Philippe Pozzo di Borgo. Il a été victime d'un accident
de parapente et il est aussi auteur du livre « Le second souffle »
qui a inspiré le film Intouchables. Créer dans l'objectif de
l'OCH (Office Chrétien des personnes Handicapées), elle est
composée de plusieurs administrateurs engagés dans le domaine du
handicap et de la fragilité dont Marc Rouzeau, actuel président
de Simon de Cyrène et ancien directeur de l'APF (Association des
Paralysés de France), Philippe de Lachapelle, ancien directeur de
l'Arche en France et directeur de l'OCH, Etienne Boespflug, ancien permanent
à ATD Quart Monde.31
Ces personnes regroupées dans un élan de
motivation créent l'association « Loisirs et Progrès »
qui réunit une centaine de personnes (soit 50 personnes
handicapées et 50 amis et bénévoles valides) pour des
activités diurnes. Devenu le premier GEM (Groupe d'Entraide Mutuel) pour
adultes lésés cérébraux en Ile-de-France, cette
expérience du « vivre ensemble » favorise
l'épanouissement de chacun dans des valeurs de fraternité et de
partage.32
En 2006, Laurent de Chérisey, qui n'est autre qu'un
entrepreneur social, ancien chef d'entreprise et auteur s'engage pour fonder
les premières maisons partagées Simon de Cyrène à
Vanves puis la Fédération Simon de Cyrène qui accompagne
le déploiement des maisons partagées en France. Il est vite
rejoint par un ensemble de bonne volonté qui se constitue pour
développer ce projet de vivre ensemble sur tous les
niveaux.33
30 UNE HISTOIRE FAITE DE RENCONTRES <
https://www.simondecyrene.org/simon-de-cyrene/notre-histoire/
> visité le 06/06/2018
31 UNE HISTOIRE FAITE DE RENCONTRES <
https://www.simondecyrene.org/simon-de-cyrene/notre-histoire/
> visité le 06/06/2018
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https://www.simondecyrene.org/simon-de-cyrene/notre-histoire/
> visité le 06/06/2018
33 UNE HISTOIRE FAITE DE RENCONTRES <
https://www.simondecyrene.org/simon-de-cyrene/notre-histoire/
> visité le 06/06/2018
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Aujourd'hui, Il y a presque plus de 200 personnes
handicapées et valides (salariés ou volontaires) cohabitent dans
une vingtaine de maisons partagées à Vanves, Angers, Rungis et
à Dijon. D'autres région se préparent à l'ouverture
de leurs communautés comme Nantes ou travaillent à la fondation
de futures maisons partagées en France (Lyon, Marseille, Paris, Lille,
Toulouse, Bordeaux...).34
En décembre 2015, les maisons partagées Simon
de Cyrène a gagné le prix du Président de la
République « La France s'Engage ». Depuis, Simon de
Cyrène participe aux chantiers sur l'Habitat inclusif - Habitat
accompagné. Ce dernier est un nouvel concept assez novateur qui va
accueillir plus de personne en situation de handicap.
D'autres part, l'association Simon de Cyrène s'est
inspiré de l'Arche. En effet, en 1964, Jean Vanier crée l'Arche
en proposant à 3 personnes handicapées de partager avec lui une
vie fraternelle dans une maison à Trosly-Breuil (60). Un nouveau
modèle était né : celui du « vivre ensemble »
entre adultes valides et handicapés. En près de 50 ans, l'Arche a
développé 138 communautés dans plus de 40 pays sur les 5
continents et propose chaque année cette expérience unique
à des jeunes volontaires dans le cadre de leur Service Civique.
En 2005, une étude de l'UNAFTC (Union Nationale des
Associations de Familles de Traumatisés Crâniens et
Cérébrolésés) menée par son futur
président Dominique Chauvin, a identifié le modèle des
foyers de l'Arche à Paris comme une réponse
particulièrement adaptée pour reconstruire sa vie après un
traumatisme crânien.35
Après s'être rencontrés et avoir
échangé sur leurs valeurs et leurs missions, Simon de
Cyrène et l'Arche en France ont décidé de signer une
convention de partenariat. Celui-ci repose sur le partage de convictions
humaines essentielles :
V La nécessité d'offrir à chacun un
« chez soi » à l'intérieur duquel il puisse nouer des
relations fondées sur l'amitié et la confiance.
V L'aptitude de chacun à trouver sa place dans la
société et à contribuer au « vivre ensemble
».
V Toute personne est porteuse de talents et de dons : notre
accompagnement vise à en favoriser l'éclosion et le partage
V La reconnaissance de nos différences et de nos
fragilités, si elle est un défi chaque jour, est aussi une source
de vie
34 UNE HISTOIRE FAITE DE RENCONTRES <
https://www.simondecyrene.org/simon-de-cyrene/notre-histoire/
> visité le 06/06/2018
35 UNE HISTOIRE FAITE DE RENCONTRES <
https://www.simondecyrene.org/simon-de-cyrene/notre-histoire/
> visité le 06/06/2018
L'Arche en France a ainsi accompagné Simon de
Cyrène lors de la création de sa première
Communauté. Elle continue d'entretenir un partenariat nourri par leur
engagement commun dans ce projet de société porteur de sens.
L'association a deux maisons à Angers à savoir
: - au 47 rue Volney et au 46 rue d'Orgemont. Puis, au 36 rue Barra, le groupe
d'entraide mutuelle GEM La Vie. Aujourd'hui, près de 100 personnes
handicapées et valides (salariés ou volontaires) cohabitent
à Vanves, Angers, Rungis et Saint-Apollinaire (Dijon).
Source : Des maisons partagées fondées sur le sens
de la vie
https://www.simondecyrene.org/les-communaute-simon-de-cyrene/
II. Type d'étude
Le choix de l'outil de recherche est toujours judicieux, dans
notre cas nous avons choisi le guide d'entretien semi directif. Sa
simplicité est sa plus grande qualité. Son caractère de
fiabilité lui vaut l'un des guides les plus utilisés.
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II.1. Des entretiens ont été mené
L'entretien est une discussion formelle entre un intervieweur
et une personne choisie spécifiquement pour cette discussion.
L'idéal n'est pas de représenter l'ensemble de la population mais
de diversifier les profils. Il se déroule sous forme de conversation
orientée vers un but et non de questionnaire. Néanmoins, un
questionnaire a été préétabli pour guider la
discussion.
Lors d'un entretien semi-directif, nous avons un objectif
précis et ces questions qui sont orientées dans le sens du
thématique et de la problématique. Les questions sont plus
orientées, elles peuvent être ouvertes mais aussi fermées.
L'objectif est d'obtenir les réponses sincères en lien avec
l'étude, mais aussi de laisser une liberté à
l'interlocuteur afin de sortir les réels ressentiments et sentiments.
Pour Quivy et Campenhoudt36 c'est la forme qui est certainement la
plus utilisée en recherche.
L'entretien peut être fait en face à face et il
est possible de réajuster les questions en cas de mauvaise formulation
ou de non compréhension de la personne. Dans le domaine de la
communication, c'est la mieux adaptée pour une collecte de
données car l'interviewé a la possibilité de s'exprimer
librement tant que la confiance s'installe. Dans ce type d'entretien, toutes
les facettes de la question sont abordées et dans le cas de notre
étude, a permis d'éclairer plusieurs points sur la vie ne
communauté dans les maisons partagées.
Primo, le chercheur doit s'adapter à son
interlocuteur, de manière à le mettre plus à l'aise
pendant le déroulement de l'entretien. Pour lancer la discussion, il est
préférable de commencer par des questions ouvertes et simples.
Secundo, il est nécessaire d'avoir une
générale et pragmatique du sujet. C'est-à-dire qu'il faut
s'intéresser à tout ce que l'interlocuteur dit et exprime, et ce
qu'il montre car dans la communication le non verbal tient une part
considérable. L'attitude et la posture de l'interlocuteur
révèle des informations que même ce qui ne lui semble pas
utile constitue une évidence qu'il faut prendre en compte.
L'entretien tiens un rôle important parce qu'il
autorise et donne une direction à ce que l'on observe, en
intégrant à la vision de l'acteur sur une situation sur laquelle
l'observation n'offre qu'un regard extérieur et partiel.
Nous avons aussi pris des notes pendant les entretiens pour
pouvoir orienter les questions et pour faciliter l'analyse des données
pendant la discussion.
Au préalable, Nous avons contacté le
responsable de l'association Simon de Cyrène par la recommandation faite
par le Directeur de l'Institut Pedro de Béthencourt de l'IRCOM. Cette
démarche s'est révélée utile pour pouvoir
accéder aux résidents et à la collecte de données.
La démarche de recherche a été exposée pendant cet
échange, la population cible ainsi que l'objectif même de mon
travail ont été exposé. Le caractère anonyme de
celle-ci donne une
36 QUIVY, R VAN CAMPENHOUDT, L. Manuel de recherche
en sciences sociales. Dunod, Paris, 1995
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totale efficacité et une discrétion des
résultats. Ensuite les patients ont été abordés
exactement de la même manière.
Dans la mise en oeuvre et la conduite des entretiens au
démarrage de l'entretien, l'intervieweur a établi un contrat de
communication, autrement dit nous avons situé la place de chacun des
protagonistes. Pour cela nous nous sommes accaparé un endroit calme dans
l'enceinte des maisons partagées de l'association Simon de
Cyrène. L'objectif de cette démarche est de permettre un champ de
confiance mutuel entre les deux personnes.
Ce contrat de communication est mené par l'interviewer et
comporte :
· Son nom,
· L'objet de sa démarche,
· Le nom de l'institution, ici c'est l'IRCOM
Le contrat explique de quelle manière
l'interviewé a été choisi. Il informe que l'entretien est
enregistré et lui transmet la durée probable de l'entretien. Nous
avons insisté sur les règles déontologiques liées
à la pratique de la recherche ou de l'évaluation (anonymat,
confidentialité).
Deux questionnaires ont été
élaborés pour servir de guide. L'un qui a été
destiné pour les responsables travaillant dans les maisons et l'autre a
servi pour les résidents.
Du côté des accompagnants, le responsable de la
maison au Rue de Volney a été interviewé, sur le
rôle qu'il détient dans la petite communauté. Puis les
trois résidents ont passé leur interview. Les entretiens ont
duré entre 20 à 30 minutes. Afin d'organiser ces entretiens, il a
fallu prendre les rendez-vous qui ont été faits une semaine en
avance. Chaque maison est tenue par un responsable. Les interviews ont eu lieu
dans un endroit calme et à l'abri. Le respect de la vie privée
est le maître-mot de la mise en confiance entre les deux
interlocuteurs.
Du côté de la maison au Rue d'Orgemont, nous
avons interviewé une accompagnatrice qui est nouvellement
recrutée et une stagiaire. Puis du côté des
résidents nous avions pu interviewer deux résidents.
Aux finals huit entretiens ont été
effectuées dans différentes maisons de l'association Simon de
Cyrène.
II.2. Observations
L'observation est qualifiée d'une méthode dite
qualitative de collecte de données. Nous avions pu observer primo des
gestes révélateurs, mais aussi des phrases ou des interjections.
Cette méthode se base sur le suivi attentif des faits et pratiques des
populations, sans volonté de les modifier, à l'aide d'une
procédure appropriée.37
37 MEDECIN DU MONDE. Collecte de données.
Méthodologie qualitative. Guide à l'usage des professionnels.
2012
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Nous n'avions pas pu faire beaucoup d'observation compte tenue du
manque de temps et de préparation de notre part. Par contre, nous avions
pu relever pendant les entretiens quelques comportements qui ont
révélé et confirmer ce que les résidents ont
dit.
III. Durée d'étude
De la préparation des questionnaires à la
finalisation de la transcription puis l'analyse, nous avons passé 5
semaines. S'étalant du 23 Avril au 05 Juin 2018.
IV. Population d'étude
Le choix de l'association de Simon de Cyrène n'est pas
le fruit du hasard. C'est l'aboutissement d'une longue réflexion. Nous
sommes parties de l'idée que les personnes handicapées
constituent une grande représentativité dans la
société et qu'ils constituent un potentiel mais en même
temps une charge socio-économique considérable. En effet, dans
une famille qui a une personne handicapée, une grande partie des
ressources lui sont allouées. Ceci engendre un
déséquilibre au niveau de la répartition des affections et
prise en charge. Par ailleurs, si les personnes handicapées arrivent
à surmonter leur handicap et améliorent leur situation, alors ils
ne deviendront plus des charges mais au contraire des moteurs pour leur famille
donc pour la société.
J'ai rencontré pendant ma longue carrière
d'orthoprothésiste plusieurs personnes handicapées ainsi que
leurs familles. J'étais toujours touché par le lien qui les
unissent et la volonté qui sont en eux. D'une certaine manière,
ils essaient de surmonter, certes chacun dans leur manière, mais ils
trouvent toujours des moyens pour s'adapter et de se réadapter pour
pouvoir vivre. C'est cette capacité à surmonter ces
difficultés qui m'a poussé à étudier ce
phénomène qu'est la résilience.
Le fait d'avoir cette chance de faire mes études ici en
France m'a donné l'idée d'étudié ces
thématiques dans un autre contexte qu'est l'Afrique. Je me suis
posé la question : est-ce que les personnes handicapées qui
vivent dans les pays occidentaux développent-elles aussi cette
capacité ? et si oui comment ?
Nous avons donc choisi des personnes handicapées
physiques comme population. Cette population illustre parfaitement notre image
d'une personne handicapée et nous donne une perspective plus
palpable.
IV.1. Critères d'inclusion
Ont été inclus de notre étude des
personnes handicapées physiques adulte et des accompagnants capables de
communiquer verbalement avec un minimum de facilité et d'aisance dans
l'association Simon de Cyrène Angers.
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IV.2. Critères d'exclusion
Ont été exclues de notre étude les personnes
handicapées physiques avec des difficultés importantes à
communiquer verbalement dans l'association Simon de Cyrène Angers.
V. Limites de notre étude
Nous avons constaté pendant notre recherche que le
manque de temps était l'une des grandes contraintes au cours de notre
investigation. En effet, en comptant l'importance scientifique de notre
thème ainsi que la valeur ajoutée qu'elle peut apporter, nous
pensons qu'avec un laps de temps un peu plus important pouvait améliorer
la compréhension et l'analyse des données collectées.
VI. La transcription des données
Les données recueillies ont été
transcrites mot à mot dès que possible après chaque
interview. Les parties qui n'ont pas été inclus dans l'interview
ont été exclues et quelques petites corrections grammaticales ont
été effectuées par l'auteur. Dans les cas où
l'auteur n'a pas pu entendre ou comprendre l'enregistrement.
Les données collectées ont été
analysées à l'aide d'une analyse de contenu manifeste
décrite par Graneheim et Lundman38 (2004). Il existe de
nombreuses méthodes différentes pour analyser les données,
mais le manifeste est recommandé pour les débutants (Dahlgren,
Emmelin et Winkvist, 2007) est celui décrite par Graneheim et Lundman
(2004) convient à la recherche sur les soins de santé. En faisant
des analyses de contenus évidentes, le chercheur se concentre uniquement
sur les éléments évidents, les choses qui ont
été dites, et non l'interprétation sous-jacente de ce qui
a été dit comme les analyses de contenu latent (Kondracki et al.,
2002 ; 2004). Les analyses ont été effectuées en plusieurs
étapes et les trois premières étapes. D'abord, j'ai
effectué, la première étape de l'analyse qui consistait
à diviser toutes les données transcrites en unité de
signification que nous appelons, le code. Cela signifie, organiser les
significations ou les mots liés les uns aux autres en se basant sur leur
sens et leur contexte. Viens ensuite l'étape qui consiste à
condenser les unités de signification en un résumé. Puis,
les codes sont classés hors des unités pour mettre en
évidence le contenu principal. L'étape final consiste alors
à classer et à combiner les codes de toutes les interviews en
catégories et sous-catégories.
38 Graneheim, U. H., & Lundman, B. (2004).
Qualitative content analysis in nursing research: concepts, procedures and
measures to achieve trustworthiness. Nurse Education Today, 24(2), 105-112.
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