Le traumatisme vécu par la personne se manifeste de
diverses manières. Avant la manifestation des différentes
émotions comme la peur, la colère, la haine, la compassion. Une
prise de conscience de l'impact du traumatisme surgit. L'expression des
émotions et le fait de mettre des mots sur le mal qu'on ressent qui va
permettre de se reconnaitre à travers eux est la seule solution qui
extériorisera les émotions les plus enfouies.
Cette prise de conscience va engendrer le pardon de soi
même qui va conduire à pardonner les autres. Certes difficile mais
c'est une étape sine qua none pour passer à la création
d'une « nouvelle » vie. DERRIDA a dit à ce sujet « Le
pardon, s'il y en a, ne doit et ne peut pardonner que l'impardonnable,
l'inexpiable - et donc faire l'impossible »26.
Jacques Lecomte un psychologue Français dans son livre
« Guérir de son enfance » raconte et rapporte une
enquête qu'il a menée auprès d'adultes maltraités
dans l'enfance et devenus des parents affectueux. Il a modélisé
le mécanisme de la résilience comme étant un triptyque
avec comme sommet le sens, la loi et le lien qu'il a intitulé triangle
fondateur de la résilience27.
Pour nourrir ce paragraphe, nous nous sommes inspirés
de l'article paru dans Reliance 2006/2 n°20 qui traite de la loi en
intitulant « L'éthique va au-delà de la loi ». Elle
disait dans ses colonnes l'éthique engage toujours une réflexion
sociale puisqu'elle recherche la bonne relation avec l'autrui dans une
société juste. Paul Ricoeur définit la démarche
éthique comme « la visée de la vie, bonne, avec et pour
les autres, dans des institutions justes ». Les trois acteurs dans
24 Attitude de l'esprit tourné vers
l'avenir
25 MERLEAU-PONTY, Phénoménol.
Perception,1945, p. 83
26 J. DERRIDA, Pardonner. L'impardonnable et
l'imprescriptible, Paris, Galilée, 2012, p. 27-28.
27 J. LECOMTE, « Les caractéristiques
des tuteurs de résilience », Recherche en soins infirmiers 2005/3
(N° 82), p. 22-25.
cette relation sont désignés dans cette
définition à savoir : la personne elle-même ; les autres
avec lesquelles se tissent les relations : et enfin la société
qui met en place les institutions garantissant la justice28.
Michel Delage psychiatre spécialiste en
thérapie familiale dans son article29 nous en parle. Quelles
que soient les caractéristiques d'une famille ou d'une
société, les réactions devant un fait ou une situation
seront influencées par la capacité propre de chaque individu,
puis vient ensuite la capacité de « l'environnement » à
s'adapter et à être en recours aussi bien pour chaque individu
mais aussi pour la famille ou la société dans laquelle la
personne s'intègre. C'est ce lien intrinsèque qui lie l'individu
à son environnement et sa famille qui contribue à
développer cette attitude résiliant qui deviendra une seconde
nature.
La personne handicapée puise sa résilience dans
sa singularité qui détermine son identité. L'acceptation
de cette singularité induit un sens la vie. La loi qui sert de cadre
admis dans les liaisons qui relient les individus dans une communauté
donne un sens à son existence.
Il faudrait aussi parler du tuteur de résilience qui
constitue une trame osseuse de la résilience. En effet, selon les trois
pointes du triangle fondateur de la résilience, lorsqu'une personne
accompagne et suit une autre personne qui a subi un traumatisme dans sa vie. Et
qu'il exprime un lien fort avec lui et pose des règles, lois, des
balises alors il lui permet de créer un sens à sa vie. Parfois,
le tuteur de résilience ne sait pas qu'il joue ce rôle et souvent
le fait inconsciemment.
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28 Michel Manciaux, « Handicap,
résilience, éthique », Reliance 2006/2 (no 20), p. 11-16.
29 Delage, Michel. « Aide à la
résilience familiale dans les situations traumatiques »,
Thérapie Familiale, vol. vol. 23, no. 3, 2002, pp. 269-287.