Le statut et les droits de la femme dans la pensée de John Stuart Mill( Télécharger le fichier original )par Camille Lepoutre Université Paris 2 Pantheon Assas - Master 2 Recherche Philosophie du droit et droit politique 2017 |
Conclusion du titre troisièmeL'approche de John Stuart Mill n'est peut-être pas globale mais cela n'enlève rien au 98 Orazi (F.), op.cit. p.71 99 Orazi (F.), op.cit. p.73 100 Stuart Mill (J.), op.cit. p.94 101 Stuart Mill (J.), op.cit. p.95 37 caractère précurseur de ses écrits. Les oeuvres visant à défendre les droits des femmes se développaient à cette époque mais demeuraient en marge de l'opinion publique, des moeurs de la société dans laquelle les auteurs évoluaient. CONCLUSION DE LA PREMIERE PARTIENous avons pu observer la réflexion théorique aboutie que nous livre John Stuart Mill, principalement dans De l'assujettissement. Il ne fait aucun doute que, parmi les satires et essais dénonçant la condition féminine, l'oeuvre de John Stuart Mill a une place toute particulière. Il s'attache toujours, en tant que philosophe et logicien, à fonder ses arguments en raison et à établir une défense imparable contre les opposants à ses idées. John Stuart Mill se fixe clairement pour but de convaincre les lecteurs les plus sceptiques et propose pour cela un arsenal de méthodes très diverses : description de la condition féminine en des termes évocateurs, arguments fondés sur des éléments positifs, renversement des arguments de l'adversaire, réflexion sur les conséquences de l'infériorité des femmes, et cætera. De plus, l'ouvrage De l'assujettissement des femmes est publié en 1869, alors que John Stuart Mill dispose déjà d'une grande renommée pour ses écrits sur la logique, le système politique, la philosophie, l'économie. En tant qu'individu de sexe masculin et représentant d'une élite intellectuelle, un poids et un crédit plus grand est assurément accordé à ses opinions et arguments. Son oeuvre féministe est parmi les derniers écrits de sa vie (il décède quatre ans plus tard). Faut-il pour autant la considérer comme une curiosité voire une aberration au sein de son parcours intellectuel ? Ses contempteurs seraient tentés d'avancer cette solution, et c'est d'ailleurs ce que nombre d'entre eux firent. Ainsi, notons un exemple-type issu du Blackwood's Magazine de septembre 1869 dans lequel on peut lire que « l'auteur ne défend pas une cause mais une personne. La force de ses arguments vient d'une autre instance que la raison. ». C'est notamment sa relation avec son épouse, Harriet Taylor Mill, qui est ici raillée et utilisée pour critiquer l'auteur. Toutefois, une première lecture de cet ouvrage mais aussi d'autres écrits de Mill suffit à nous éclairer sur la réalité du féminisme de l'auteur. Il ne s'agit jamais d'une anomalie car son opinion sur les femmes et leurs revendications s'intègre parfaitement dans l'oeuvre du philosophe et ce, à de nombreux égards. Ainsi, il est aisé d'y retrouver des thèses essentielles développées dans d'autres essais et qui, ici, servent d'angle d'approche à la question spécifique de la condition féminine. DEUXIEME PARTIE : Le féminisme millien ou la
transposition logique des Au cours de sa vie, John Stuart Mill s'est intéressé à de nombreux domaines d'études, ce qui l'a amené à l'écriture d'oeuvres sur des thèmes très divers. De l'assujettissement est parmi les dernières, c'est peut-être la raison pour laquelle on y trouve, en filigrane, plusieurs thèses chères à l'auteur. De manière plus ou moins exprès, l'auteur en use pour justifier son propos d'un point de vue logique et cohérent. Ainsi, une place est accordée à la science qu'il a érigée : l'éthologie (Titre premier) bien que ses premiers développements sur ce thème aient été publiés bien avant, dans son Système de logique, en 1843. Il accorde également une place importante à deux autres thèses majeures de sa vie intellectuelle publiées respectivement en 1859 et en 1861 : d'une part, sa doctrine de la liberté (Titre deuxième), de manière relativement diffuse et allusive ; d'autre part, sa doctrine utilitariste (Titre troisième) à laquelle le dernier chapitre de De l'assujettissement est consacré. Attardons-nous tout d'abord sur l'objet de son premier essai, la « science » qui, selon ses propres termes, « rest[ait] à créer »102. Bien qu'il ne soit jamais parvenu au terme de ce projet, il l'a suffisamment développé pour en faire un élément à part entière de sa pensée que l'on retrouve donc dans son étude de la condition féminine. 38 102 Stuart Mill(J.), Collected Works of John Stuart Mill, ed. J.M. Robson (Toronto: University of Toronto Press, London: Routledge and Kegan Paul, 1963-1991), 33 vols. http://oll.libertyfund.org/titles/165 p.873 39 |
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