Le statut et les droits de la femme dans la pensée de John Stuart Mill( Télécharger le fichier original )par Camille Lepoutre Université Paris 2 Pantheon Assas - Master 2 Recherche Philosophie du droit et droit politique 2017 |
Conclusion du titre deuxièmeAu-delà des actions répétées de John Stuart Mill dans la presse écrite afin de mobiliser l'opinion publique et les pouvoirs publics ; l'auteur s'est engagé de façon directe et pratique au sein d'associations. Nous allons le voir, cet activisme s'est principalement concentré sur des questions politiques et non propres à la vie quotidienne des femmes. Cet engagement associatif peut principalement être relié à la période de son engagement politique. Avec l'aide de sa belle-fille et secrétaire Helen Taylor, John Stuart Mill prend part aux activités d'une société en particulier, la Société nationale pour le droit des femmes. Il écrit de nombreuses lettre à des personnes de son cercle intellectuel et politique afin de leur demander d'adhérer à cette société242. Il officie même, à une période, comme président de cette association243. Cette société s'étend rapidement, dans un mouvement croissant de défense des droits des femmes, d'abord à l'Angleterre puis aux États-Unis244. Cette société, dans laquelle John Stuart Mill a joué un rôle essentiel, est considéré comme « l'ancêtre » des associations à l'origine des mouvements suffragistes et de l'obtention du droit de vote en 1918. Si son activisme est le plus important dans le domaine politique, c'est que Mill considère l'obtention des droits politiques essentielle au mouvement vers une égalité entre les hommes et les femmes. Cette opinion est partagée par son épouse, Harriet Taylor, qui considère que « seule l'égalité politique mettrait les femmes au même niveau à tous les égards »245. 78 241 Stuart Mill (J.), Collected works, Newspaper writings Part. IV op.cit. n°407 242 Stuart Mill (J.), « L'affranchissement des femmes », op.cit. p.200 243 Lewis, Jone Johnson, "John Stuart Mill, Male Feminist." ThoughtCo, Jun. 14, 2018, thoughtco.com/john-stuart-mill-male-feminist-3530510 244 Stuart Mill (J.), Collected works, Newspaper writings Part. IV op.cit. n°418 245 Lettre d'Harriet Taylor à W.J. Fox, 10 mai 1848 in « L'affranchissement des femmes » p.191 79 Titre troisième : Un activisme opiniâtre dans le domaine politique« Les femmes doivent avoir le droit de vote parce que sinon elles ne sont pas les égales des hommes mais leurs inférieures »246. Dans Les droits des femmes, rédigé à la fin des années 1840, John Stuart Mill et Harriet Taylor défendent la fin de l'exclusion des femmes du droit de vote. Déjà jeune, l'auteur défendait une opinion inverse à celle de son père pour qui il n'était pas nécessaire d'accorder le droit de suffrage aux femmes, déjà représentées par leur père ou leur mari. Dans la dernière période de sa vie, cette opinion va prendre toujours plus d'importance au point qu'il se sente obligé de la défendre et d'y consacrer davantage de temps. On peut ainsi trouver au sein de plusieurs ouvrages des développements argumentés dédiés à cette question (Chapitre 1). Mais son action ne s'arrête pas à la théorie. Au contraire, sur ce thème plus que tout autre, John Stuart Mill va faire preuve d'un véritable militantisme et oeuvrer de façon très efficace pour l'accès des femmes au droit de vote (Chapitre 2). La question de l'accès des femmes à la sphère politique pose également celle du droit d'éligibilité, autrement dit de l'accès aux fonctions politiques telles que député. Toutefois, cette question ayant été traitée presque uniquement d'un point de vue théorique par Mill (et ayant fait l'objet de précédents développements), nous choisissons de ne pas l'évoquer ici. |
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