Conclusion du titre deuxième
Les développements qui ont précédé
nous permettent de constater comment John Stuart Mill
151 Stuart Mill (J.), « L'affranchissement des femmes
», op.cit. p.166
152 Stuart Mill (J.), op.cit. p.170
153 Stuart Mill (J.), op.cit. p.106
154 Stuart Mill (J.), op.cit. p.98
155 Stuart Mill (J.), op.cit. p.99
156 Stuart Mill (J.), op.cit. p.101
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parvient à tirer toutes les conséquences
logiques de la théorie qu'il établit. En tant qu'homme et auteur
reconnu, engagé pour les droits des femmes et pour leur liberté ;
il fait figure d'exception à son époque. De la liberté
paraît en 1859. Il est l'un de ces ouvrages les plus
célèbres et établit une doctrine de la liberté.
Deux ans plus tard, Mill rédige De l'assujettissement (qui ne
paraîtra qu'en 1869) et applique cette théorie à la
condition féminine.
John Stuart Mill, en tant que défenseur des femmes, est
parvenu à justifier leur nécessaire liberté. Celle-ci, au
même titre que l'égalité entre les hommes et les femmes ou
que l'émancipation de ces dernières, est-elle justifiée
par autre chose que ce que nous venons d'étudier ? Nous allons voir
qu'une autre doctrine essentielle de l'auteur, reprise comme argument dans
De l'assujettissement, est celle de l'utilitarisme.
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Titre troisième : Une émancipation
bénéfique ou la doctrine utilitariste
Nous venons de le voir, la liberté individuelle est,
selon John Stuart Mill, un élément essentiel du bonheur. La
femme, en tant qu'être humain, doit disposer de sa liberté pour
avoir une chance d'être heureuse. La notion de bonheur est en effet
centrale dans la pensée de l'auteur, plus précisément dans
sa philosophie morale. Mill est influencé dès l'enfance par le
cercle d'intellectuels qui l'entoure et se charge de son éducation. Il
est notamment converti à la doctrine utilitariste, laquelle est l'oeuvre
d'un ami de son père, Jeremy Bentham. Malgré une crise
intellectuelle et morale en 1826, qui l'amène à prendre du recul
vis-à-vis de ses premières influences ; il publiera en 1861 un
essai, L'utilitarisme, dans lequel il livre sa version de la doctrine
utilitariste et tente de répondre aux diverses critiques dont elle
fût la cible.
John Stuart Mill est un fervent défenseur de la
liberté individuelle. Mais celle-ci ne doit pas être
utilisée vainement. Bien qu'il se soit intéressé à
d'autres thèses, Mill continue d'être un utilitariste convaincu.
L'utilitarisme millien est inspiré des thèses benthamiennes mais
diverge cependant sur certaines questions, tente de pallier certains «
défauts ». Il est donc nécessaire de débuter par une
description générale de la doctrine développée par
Mill dans son essai (Chapitre 1). L'utilitarisme est publié en
1861, seulement huit ans avant De l'assujettissement ; les deux essais
sont en réalité rédigés à la même
période. On trouve d'ailleurs, dans ce dernier, un chapitre entier
consacré à cette thèse. En effet, le chapitre IV consiste
en un exposé à la fois des inconvénients qui ressortent de
la position d'infériorité dans laquelle les femmes sont
placées et des avantages que produiraient l'émancipation des
femmes et leur égalité de droit vis-à-vis des hommes,
à la fois pour elles et pour la société (Chapitre 2).
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