SECTION II : EVALUATION
EMPIRIQUE DU LIEN RATIOS PRUDENTIELS-RENTABILITE BANCAIRE EN CEMAC
La rentabilité bancaire est généralement
définie comme la capacité du système à
générer du profit ou encore s'évalue par la
capacité des actionnaires à rentrer dans leurs capitaux (Naceur
et Kandil, 2009). Restaurer cette dernière constituait d'ailleurs l'une
des missions de la réglementation mise sur pieds par la COBAC. Afin de
déterminer l'apport du respect des ratios prudentiels à la
rentabilité bancaire de la sous-région, il est question de
présenter la démarche méthodologique et les
résultats d'estimation.
II.1.
La démarche méthodologique
Il s'agit ici de présenter et de justifier et le choix du
modèle et des variables utilisées, la source des données
ainsi que la technique d'estimation.
II.1.1. Le choix du modèle et des variables
Pour ce qui estdu choix des variables et de leur
justification, nous nous inspirons des déterminants de la
rentabilité des actifs bancaires développés par Molyneux
et Thornton (1992), Demirguç-Kunt et Huizinga (1999) et repris par
NembotNdeffo et Ningaye ainsi que Naceur et Kandil (2009).
Soit un pannel à six individus observés sur 15
années consécutives, on a :
i= (1,...6) et t= (1,...15)
(1)
Avec la rentabilité bancaire du pays i à la période t,
Reg les variables de réglementation, les autres variables susceptibles d'expliquer la rentabilité,
l'effet fixe-pays et le terme d'erreur.
La rentabilité des actifs (roa) est la variable
expliquée. Elle est mesurée par le ratio résultat net sur
total actif. Cet indicateur fait ressortir le profit bancaire.
Lesvariables explicatives reflètent les points
susceptibles d'influencer la rentabilité bancaire des pays de la
zone : structure du capital, privatisations, maîtrise du risque
bancaire, le problème de la concurrence des banques... De manière
générale, ces variables peuvent être classées en
trois groupes : déterminants réglementaires,
managériaux ou purement bancaires et les déterminants
macroéconomiques.
En ce qui concerne les variables réglementaires, le
ratio de couverture des risques oblige les établissements de
crédit de justifier en permanence que leurs fonds propres nets couvrent
au moins 8% de l'ensemble de leurs concours y compris ceux aux Etats. Nous
supposons l'existence d'une relation négative et statistiquement
significative entre le respect de ce ratio et la rentabilité des
banques. Concernant le ratio de liquidité, il contraint les
établissements de crédit à justifier en permanence
qu'elles disposent de ressources immédiatement disponibles et
susceptibles de couvrir la totalité de leurs dettes à
échoir dans un mois au plus. Du fait de son effet stimulant sur le
rendement, est supposé ici favorable à l'amélioration de
la rentabilité des banques.
Ainsi, concernant les variables managériales, les
contraintes associées à l'efficience de la gestion au sein de la
firme bancaire supposent la maîtrise des coûts à un niveau
optimum. Nous supposons alors que plus les frais généraux
bancaires (fg) augmentent plus la rentabilité se dégrade et, de
ce fait, une meilleure gestion des charges peut aboutir à des niveaux
très élevés de la performance bancaire. Cependant, des
frais de gestion élevés associés à des niveaux de
rentabilité proportionnellement plus élevés sont
souhaitables en matière de gestion bancaire.
Par ailleurs, pour faire face à l'incertitude de
faillite, la théorie financière propose de préserver des
fonds de garantie sous forme de capitaux propres. De même, un niveau de
fonds propres (fp) est demandé aux banques pour couvrir la richesse en
cas de risque bancaire. Ceci on le suppose contribue à améliorer
la rentabilité bancaire.
Nous supposons également l'existence d'une relation
positive entre la distribution des crédits et la rentabilité des
banques. La lutte contre le risque de faillite coexiste avec l'incitation
à augmenter le risque de l'aléa moral. Les crédits
bancaires sont offerts à des clients à solvabilité
incertaine. La relation d'agence suppose alors la constitution des provisions
et le support d'une montée des créances douteuses. Cependant, les
crédits (mc) restent la principale source du résultat bancaire.
Ils permettent d'augmenter les revenus et donc les profits et les marges
d'intérêt. Toutefois, l'écart entre les emplois et les
ressources bancaires peut inverser l'hypothèse suivant laquelle la
montée des crédits distribués améliore la
rentabilité bancaire
Du coté des variables macro-économiques, la
croissance économique (g), du fait de son effet stimulant sur la
richesse nationale, est supposée ici favorable à
l'amélioration de la rentabilité des banques. L'inflation (inf)
quant à elle, est associée à l'extension et à la
surévaluation des charges bancaires, mais le gonflement de ces
dernières est souvent récupéré sur les
déposants et les emprunteurs. L'inflation entraîne plus de charges
d'investissement mais également des taux de crédit
élevés, et donc plus de revenus d'intérêt et de
profits.
Ainsi, conformément aux développements sur la
littérature théorique et empirique, la rentabilité des
actifs bancaire est mesurée par le roa. Les
variables retenues sont alors:les charges d'exploitation bancaire ou frais
généraux (fg), les crédits
bancaires (mc), les fonds
propres (fp) , la croissance
économique (g),
l'inflation (inf), la taille du secteur
bancaire (tsb) ,le respect du ratio de couverture
des risques (rc) , le respect du ratio de
liquidité (lq). Le modèle utilisé
ici pour estimer le degré d'influence des déterminants
sélectionnés sur la rentabilité bancaire en CEMAC devient
donc spécifiquement le suivant:
(2)
Avec l'effet fixe-pays, les fluctuations conjoncturelles et le terme d'erreur.
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