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Effets de l'alternance des activites physiques et sportives sur l'estime de soi et le plaisir en education physique et sportive dans les lycees du congo : cas des eleves de la premiere scientifique.


par Ghislain Aymard MOUKOUMBI MABIKA
Université Marien NGOUABI - Master II 2018
  

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PARTIE I : Cadre Théorique

Chapitre I : Champ conceptuel et théories de références

La présente étude est amorcée par la clarification de trois concepts, à savoir : l'estime de soi, le plaisir et le concept de l'alternance des APS sont des aspects primordiaux dans la scolarité d'un apprenant, et donc un axe intéressant pour notre recherche. Elle se focalise sur ces trois notions dans notre travail, en faisant le lien avec l'éducation physique et sportive.

I.I.Définition des concepts

I.I.1. L'Estime de Soi

La vie humaine varie en fonction de l'estimation de la valeur socio-affective autodéterminée de l'individu. Ainsi, si le concept de soi est avant tout descriptif, l'estime de soi est principalement affective. Coopersmith (1994) la définit comme « l'évaluation que l'individu fait et qu'il entretient habituellement : elle exprime une attitude d'approbation ou de désapprobation et indique le degré selon lequel il se croît lui-même capable, important, en pleine réussite et digne. En bref, l'estime de soi est un jugement personnel de mérite qui s'exprime dans les attitudes que l'individu véhicule vers les autres par des communications verbales et par d'autres comportements expressifs ». Cette définition fait référence à une image de soi-même plus ou moins positive selon les différentes descriptions que l'individu élabore à son égard.

La distinction entre le concept de soi (CDS) et l'estime de soi a longtemps fait débat. Toutefois, il semble, aujourd'hui, qu'une large majorité des chercheurs s'accordent sur les différences qui existent entre ces deux construits. Les perceptions de soi sont des jugements de nature évaluative concernant les capacités et aptitudes que l'individu possède dans différents domaines du CDS (« je suis un bon élève », « j'ai de bonnes notes en français ») alors que l'estime de soi est une évaluation affective de soi-même qui est de manière générale plus globale et qui renvoie à la manière dont les individus se sentent vis-à-vis d'eux-mêmes (je suis malheureux de n'être pas meilleur athlète) (Boleda et coll., 2004). Shavelson et coll. (1982 ; p.3-17) ont fait remarquer que l'estime de soi est un composant global du CDS qui apparaît au sommet du modèle hiérarchique. Ce composant est spécialement prévu pour refléter des perceptions de soi larges et générales qui ne sont pas attachées à des domaines particuliers. Ce construit global au sommet de la hiérarchie peut être inféré sur la base de réponses à une échelle d'estime de soi relativement unidimensionnelle et globale comme l'instrument proposé par (Shevlin et coll., 1995 ; p.707-710) ou des échelles d'estime de soi qui font partie de la plupart des instruments du concept de soi multidimensionnel (Guérin et coll, 2004, pp 26 ; 19-38).

L'estime de soi est donc une variable globale, relative à un niveau supérieur dans la hiérarchie du concept de soi que ne le sont l'efficacité personnelle et le concept de soi. Puisque la même personne peut avoir un concept de soi positif dans un domaine (scolaire) et un concept de soi négatif dans un autre (social), une mesure globale unique de l'estime de soi ne peut décrire de manière adéquate le concept de soi dans différents domaines. Ainsi, l'estime de soi a été critiquée comme diminuant le pouvoir explicatif sur le comportement ; certains chercheurs soutiennent même que l'estime de soi n'est pas un construit particulièrement utile (Guérin et coll, 2001) et soulignent l'intérêt d'utiliser des composants spécifiques du CDS plus appropriés à un contexte (Harter, 1990 pp87-116). Sur cette base, plusieurs théoriciens ont noté que les croyances sur soi académique constituent une source d'influence potentiellement plus forte sur la réussite à l'école que les croyances sur soi plus générales comme l'estime de soi (Guérin, et coll, 2004, pp 19-38).

I.1.1. Définition originelle de l'estime de soi et son évolution

Le concept de l'estime de soi, souvent assimilé à l'amour-propre et au narcissisme, avait pris une connotation péjorative puisque constamment associé à la vanité et à la culpabilité. L'estime de soi est le regard que l'on porte sur soi, la façon dont on se perçoit ou dont on s'évalue. Elle est donc basée sur un sentiment vis-à-vis de soi-même : je m'aime plus ou moins, je me vois et me traite alors en conséquence. Notre amour propre dépend principalement de la façon dont nous avons été aimés et estimés étant enfants. Larivey (2002) a présenté l'estime de soi comme le résultat d'une auto-évaluation, d'un baromètre révélant dans quelle mesure nous vivons en concordance avec nos valeurs. L'estime de soi représente donc combien je me considère valable. Autrement dit, l'estime de soi est un sentiment qui met en valeur l'ensemble de nos traits physiques, mentaux et spirituels, constituant la personnalité. Celui-ci peut changer avec le temps, car vers l'âge de cinq ou six ans, l'enfant commence à avoir une notion de comment les autres le perçoivent. Il est essentiel de préserver une bonne estime de soi, puisqu'elle a tendance à se constituer comme un symptôme répété dans beaucoup de problèmes comportementaux. C'est ainsi que certains psychologues décrivent l'estime de soi comme la fonction de l'organisme qui permet l'autoprotection et l'épanouissement personnel, le manque d'estime de soi faisant du tort à la santé, aux relations sociales et à la productivité.

Mais l'intérêt porté par les scientifiques sur l'estime de soi ne date pas d'aujourd'hui. Ce concept fut défini et analysé par Battle (1991) en terme anglais de « self-estim » (estime de soi) en le mettant au coeur de la personne pour ainsi relever qu'il s'agit du rapport entre les réussites et les aspirations, entre les résultats et les échecs des tâches à accomplir. Il décrit l'estime de soi comme la « conscience de la valeur du moi » qui s'explique d'après un autre rapport : le soi réel / le soi idéal. Plus le rapport est équilibré, plus l'individu s'oriente vers une estime de soi favorable. Donc l'estime de soi pourrait découler de plusieurs paramètres : en obtenant des réussites, en limitant les exigences ou en harmonisant le rapport entre les deux.

En 1902, Cooley l'a décrit quant à lui comme une construction sociale : l'estime de soi est définie socialement et serait façonnée par un ensemble d'interactions de l'individu (les pensées, le jugement, les actes, etc.). D'après lui c'est le regard des autres qui permettra à l'individu de comprendre ce que les autres pensent de lui, tel un miroir, partie intégrante de la perception de soi.

En 1943, Maslow a identifié en l'estime de soi un besoin fondamental intégré dans sa pyramide. Il en ressort là aussi un élément clé : on ne peut pas se lancer dans un projet de vie sans répondre au préalable au besoin d'estime de soi.

En 1995, Martinot propose une autre définition de l'estime de soi : « Ensemble des éléments qui nous définissent, composé des attitudes, des croyances et des sentiments que les individus ont d'eux-mêmes ». Cette définition s'oriente davantage sur le sujet, tout en considérant l'aspect sociétal qui ressort des attitudes. Selon Laporte (1997), l'estime de soi renvoie à la valeur que l'on s'attribue soi-même dans les multiples sphères de notre vie et à notre sentiment de dignité : digne d'être aimé, de réussir, de grandir...etc. André (2005, pp26-30) définit l'estime de soi comme un élément essentiel de la personnalité, située au carrefour des trois composantes fondamentales du Soi : comportementale, cognitive et émotionnelle. Elle comprend des aspects comportementaux (en influençant nos capacités à passer à l'acte et en se nourrissant de nos succès) et cognitifs (elle est étroitement liée au regard que nous portons sur nous-mêmes). Enfin, selon lui, l'estime de soi reste pour une grande partie de l'ordre de l'affectif du fait qu'elle dépend de notre humeur, qu'elle influence de manière importante en retour.

En résumé l'estime de soi est un concept étendu et relativement difficile à définir, cependant nous pouvons dire à l'heure actuelle que l'estime de soi résulte d'une construction psychique ainsi que d'une activité cognitive et sociale. Son élaboration s'exerce tout au long de la vie de l'individu.

I.1.2. Comment se construit l'estime de soi

Si l'objectif éducatif est d'augmenter l'estime de soi des élèves, une compréhension claire des processus qui la détermine est indispensable. D'où l'importance capitale d'avoir une théorie qui identifie clairement ses déterminants et ces implications potentielles.

I.1.2.1. Le développement de l'estime de soi

Le lien corps et esprit s'inscrit dans une approche biologique dans la mesure où la personne dispose d'un héritage de caractère légués à lui par des parents et est capable de modifier son appréciation globale, ses dimensions physiques (force, vitesse, endurance, capacité compétitive, ...). Selon Battle (1993) et Roy et coll. pp813-820 (1995), l'estime de soi subit dès la naissance, une influence biologique de par sa composante génétique. Steffenhagen et coll. (1990) abondent dans le même sens en disant que « l'humain est essentiellement un organisme biologique (soi physique) avec certains besoins. Ces besoins se complètent à travers des relations sociales ».

L'estime de soi se développe donc graduellement au fur et à mesure qu'une personne atteint sa maturité et interagit avec les autres (Battle, 1993). Cet auteur a notifié qu'une perception individuelle du soi se développe graduellement et devient plus différenciée quand il/elle atteint une maturité et qu'il/elle interagit avec d'autres personnes signifiantes. Cependant, l'estime de soi se stabilise vers le milieu de l'adolescence. En effet, l'estime de soi réfère à la perception qu'un individu possède de sa propre valeur. La perception de sa propre valeur, lorsqu'elle établit, tend à être relativement stable et résistante aux changements Battle (op. cit.).

L'estime de soi subit à la fois une influence génétique et sociale. En fait, le développement de l'estime de soi représente une expérience subjective. Elle devient l'expression de l'assurance avec laquelle un individu croit en ses capacités de réussite, en sa valeur sociale et personnelle, qui se traduit aussi bien verbalement que par des comportements significatifs. Une personne adopte donc une attitude positive ou négative envers elle-même et cette attitude se construit dans différents domaines d'activité: vie familiale, sociale et professionnelle et par la perception générale de soi (Coopersmith, 1994).

L.1.2.2. Développement de l'estime de soi chez l'enfant

La construction de l'estime de soi chez l'enfant prend corps dans l'imaginaire des parents avant qu'il naisse. L'enfant est fantasmé, des qualités lui sont attribuées et on l'insère dans les nouveaux projets de la famille. Les aspirations ainsi portées sur le bébé créent les premiers enjeux interactionnels, base de l'élaboration de l'estime de soi. L'impact de la qualité des relations mère-enfant est alors très important induit un attachement précoce entre les deux qui influence pendant longtemps l'estime de soi de l'enfant. La théorie de l'attachement de Bowlby (1982) expose la construction d'un modèle intérieur au cours des premiers liens sociaux que le bébé fonde avec sa mère, son père ou toute autre personne suffisamment proche de lui. Le nourrisson s'imprègne des caractéristiques de son milieu et les intègre. Le début de sa vie psychique est ainsi organisé d'après ce modèle interne grâce auquel il peut traiter les informations et y répondre. Les travaux de Cassidy, pp58 (1988) confirment ce lien étroit entre la qualité de l'attachement précoce à la mère et l'estime de soi de l'enfant.

Le regard des parents renvoie une image à l'enfant qu'il va petit à petit intégrer en lui, en se constituant une image plus ou moins bonne. C'est à partir de 8 ans que l'enfant apprend progressivement à se baser sur les résultats de ses propres actions (Perlow, 1992, pp106). Les recherches démontrent que les premières relations que le bébé, puis le jeune enfant entretient avec son entourage influencent cette élaboration de l'estime de soi. Il faut cependant un acte gratuit au départ, une portion d'estime accordée à l'enfant sans qu'il fasse quoi que ce soit pour le mériter (Goumaz, 1991). Cet amour inconditionnel dès le commencement de la vie de l'enfant pose les bases de sa future estime de soi. A son tour, Winnicott (1969) met l'accent sur l'impact de la qualité des interactions mère-enfant sur cette construction. Un développement sain serait favorisé par l'action d'une mère « suffisamment bonne », répondant rapidement et de façon adaptée aux besoins de l'enfant.

De son côté, Harter (1999, pp87-116) insiste sur l'aspect fondamental de l'approbation dont l'enfant a pour encourager certains de ses comportements en tant que source d'informations adéquate de réalisation de ses performances. Ces stimulations positives jouent donc deux rôles : ils apportent de l'encouragement et de l'affection, tout en favorisant les processus d'indépendance et de maîtrise personnelle.

En grandissant, l'enfant va intérioriser un système de buts à atteindre, ou de règles. Au fur et à mesure qu'il intègre ces normes, la dépendance à un processus externe va diminuer, et les renforcements positifs de ce système ne joueront plus un rôle développemental, même si l'enfant en aura toujours besoin. L'enfant arrive peu à peu à mettre en relation l'importance donnée à certains domaines et l'évaluation de soi-même. L'estime de soi est alors influencée par la façon dont l'enfant, puis l'adolescent reconnaît ses compétences dans des secteurs où la réussite est fondamentale (Cassidy, 1988 pp58).

I.1.2.3. Différences entre garçons et filles au niveau de l'estime de soi

Depuis ces dernières décennies, les standards concernant les caractéristiques corporelles désirables telles que la minceur sont devenus incroyablement irréalistes et exigeant pour les femmes. Si l'on considère la plupart des magazines féminins contemporains, on s'aperçoit que les standards sont pour elles à la fois paradoxal et contraignant. Tous ces magazines insistent de manière répétée sur le fait: (a) qu'elles doivent très fortement faire attention à leur apparence (cheveux, visage silhouette et particulièrement à leur poids) (b) mais en même temps elles doivent cuisiner une grande variété de nourriture riche pour elle-même et leurs familles. De plus, ces articles insistent de manière constante sur le fait qu'elles peuvent modifier leur propre apparence afin d'approcher les stéréotypes culturels de beauté, souvent en utilisant des crèmes amaigrissantes, des cosmétiques invasifs, etc (Ninot et coll., 2000, pp35-48).

Bien que les médias soulignent aussi de manière croissante l'importance de l'apparence pour les hommes, il semble qu'ils aient plus de latitude dans leurs standards d'apparence. De plus, pour eux, il n'y a pas la centration singulière sur l'apparence comme étant la voie pour l'acceptation et l'estime de soi que l'on trouve pour les femmes. Pour les hommes, l'intelligence, la compétence au travail, l'habileté sportive, la richesse et le pouvoir sont d'autres voies pour une évaluation positive aux yeux des autres aussi bien qu'à ses propres yeux. Il existe une diminution forte dans l'estime de soi des filles en fonction de l'âge et à l'inverse une stabilité plus grande chez les garçons. De tels résultats ont été trouvés chez les jeunes des pays anglo-saxons.

Les différences garçons-filles dans l'estime de soi s'accroissent en effet fortement en fonction de l'âge. Débutant au collège, puis au lycée et finissant à l'université, l'estime de soi est constamment inférieure pour les filles lorsqu'on la compare à celle des garçons. Ce qui est intéressant c'est que cette diminution de l'estime de soi avec le développement, est parallèle à la trajectoire de diminution de l'apparence physique perçue. (Ninot et coll, 2000, pp35-53). Les données scientifiques révèlent en effet que pour les filles, les perceptions d'apparence physique déclinent pratiquement avec le niveau de classe, tandis qu'il n'y a pas une telle chute pour les garçons. Dans l'enfance moyenne, les filles et les garçons se perçoivent à peu près également sur la dimension apparence physique, mais à la fin du lycée, les scores des filles sont très inférieurs à ceux des garçons. Les perceptions décroissantes de l'apparence physique chez les filles paraissent ainsi contribuer à la diminution de leur estime de soi. Une telle évolution vers le bas de l'estime de soi chez les filles s'explique par la difficulté de plus en plus grande pour elle de coïncider avec les stéréotypes culturels d'apparence physique dont les contraintes paraissent augmenter pendant le cours du développement (Ninot et coll, 2000, pp35-53).

I.1.3. Estime de soi et compétence perçue

L'apparence physique semble être une des causes principales de l'estime de soi de même que la compétence perçue n'en joue pas moins un rôle important. La compétence perçue contribue certes à l'estime de soi mais nettement moins que l'apparence d'autant plus que la relation est médiatisée par l'importance perçue du domaine dans lequel on se sent compétent. En effet, les élèves se centrent principalement sur les domaines qui sont importants pour eux, c'est-à-dire ceux où ils désirent réussir. Ainsi, si on se perçoit comme compétent dans les domaines où l'on aspire à exceller on aura une haute estime de soi. A l'inverse, si l'on est loin de son idéal en ne réussissant pas dans les domaines où l'on aspire à être compétent, il en résultera une basse estime de soi (Ninot et coll., 2000, pp35-53).

I.1.4. La fonction de l'estime de soi

Les théories actuelles considèrent l'estime de soi comme une mesure ou une jauge psychologique qui aide les personnes à enregistrer la qualité de leurs relations avec les autres. Les sentiments d'estime de soi d'une personne sont un indicateur ou un marqueur subjectif interne du degré selon lequel elle se sent incluse versus exclus par les autres personnes (le statut d'inclusion d'une personne). Ces approches théoriques se sont basées sur la supposition que les êtres humains possèdent un besoin puissant de former et de maintenir au moins à un minimum une quantité de relations interpersonnelles durables, positives, et significatives. Elles indiquent que les sentiments d'estime de soi fluctuent vers le haut ou vers le bas en fonction de la manière dont la personne ressent qu'elle est acceptée ou rejetée.

Les indices qui connotent l'acceptation induisent une haute estime de soi tandis que ceux qui indiquent un rejet la diminuent. Lorsque de tels indices ne sont pas présents, la personne n'éprouvera aucun sentiment de valeur de soi (bien que de tels sentiments puissent survenir en privé si la personne se rappelle où imagine des événements d'acceptation et de rejet). Ainsi l'estime de soi peut être considérée comme un résumé des événements survenant dans l'environnement social (Ninot et coll., op. cit.). Ceux qui affectent l'estime de soi sont précisément ceux qui influencent l'acceptation de la personne par les autres personnes.

L'estime de soi est blessée plus souvent par l'échec, la critique, le rejet, etc. - des événements qui ont des implications pour l'acceptation des autres vis-à-vis de nous. Elle s'élève lorsque nous réussissons, nous sommes louangés, où nous expérimentons l'amour d'un autre - tous des événements qui sont associés avec une acceptation élevée. Ce mécanisme psychologique faits trois choses. D'abord, il enregistre continuellement dans l'environnement social les indices qui indiquent la possibilité d'exclusion sociale. Les personnes sont très sensibles aux indications que les autres ne les aiment pas, les désapprouvent, où les rejettent. Ensuite, il alerte la personne lorsque de tels indices sont détectés. Comme beaucoup d'autres «systèmes d'alerte», il s'appuie sur les émotions pour faire ceci, attirant l'attention de la personne grâce aux émotions négatives qui sont associés aux menaces sur l'estime de soi. Troisièmement, il motive les comportements qui diminuent la probabilité d'exclusion (Ninot et coll., 2000, pp35-48).

I.1.4.1. L'estime de soi est un jugement évaluatif

L'estime de soi reflète le discrédit ou le crédit perçue entre le soi réel et un état de soi idéal. Une des réponses les plus fondamentales à tout objet est l'évaluation. Les jugements évaluatifs reflètent le degré selon lequel nous répondons aux choses comme étant bonne ou mauvaise, aimable ou détestable, positive ou négative, etc. De tels jugements sont extrêmement importants pour distinguer les objets, les personnes, les idées, les choses, où les endroits. Lorsque les réponses évaluatives sont associées à son propre soi, on parle d'estime de soi. L'estime de soi est une réponse évaluative envers le soi. Cette réponse évaluative implique des jugements de bon - mauvais (Ninot et coll., op. cit.).

I.1.4.2. Motivation et estime de soi : le motif de valorisation de soi

La recherche la plus récente sur le soi a mis en évidence quatre catégories générales de motifs qui sont : 1) la connaissance du soi, 2) la valorisation de soi, 3) la vérification de soi, et 4) le perfectionnement de soi.

La connaissance de soi fait schématiquement référence au désir d'avoir des preuves certaines et précises sur ses propres traits, habiletés et des preuves qui confirment ses propres évaluations de soi. La valorisation de soi fait référence au désir d'obtenir des feed-back positifs sur soi et inclue à la fois des impulsions auto protectrices déclenchées par des expériences négatives ou menaçantes et la pulsion d'avoir un sens positif du soi. Le motif de vérification de soi correspond à un besoin de consistance de soi. Swann (1987, pp1038-1051) a étudié comment les personnes avec des vues très négatives d'elles-mêmes répondent à des feed-back positifs et flatteurs. Cet auteur a observé la préférence des personnes de voir leurs vues de soi peu flatteuses confirmées plutôt que de recevoir une gratification ou une approbation sociale qui les déstabilise. Enfin, le motif de perfectionnement du soi fait référence au désir de s'approcher au plus près de ce qu'on aimerait idéalement être.

Les biais d'auto complaisance évoqués antérieurement correspondent essentiellement au motif de valorisation de soi. Les élèves se doivent de préserver leur estime de soi lorsqu'ils sont régulièrement exposés au regard et au jugement d'autrui mais surtout régulièrement confrontés à l'échec. C'est même là une condition sine qua non s'ils veulent espérer évoluer et progresser sereinement. Comme cela a été souligné précédemment, le motif de valorisation de soi peut se subdiviser en deux sous-catégories :

- dans la première, les personnes pensent, agissent et se perçoivent de telle sorte que l'estime de soi soit maximisée. La première tendance a été appelée valorisation de soi ;

- dans la seconde catégorie, les stratégies consistent à penser, à agir et à se percevoir de telle sorte que des menaces négatives sur l'estime de soi soient minimisées. Il s'agit là des tendances auto protectrices qui sont déclenchées lorsque des expériences négatives ou potentiellement menaçantes pour l'estime de soi sont présentes. Cette seconde tendance est liée à la protection de soi. Bien que sur certains aspects, les stratégies au service de la valorisation de soi et celles au service de la protection de soi semblent être similaires, elles diffèrent néanmoins selon un certain nombre de points importants (Ninot et coll., op. cit.).

I.1.4.3. L'importance de l'estime de soi en éducation physique

La bonne estime de soi est un facteur influant de la réussite scolaire. Cependant, le développement de l'estime de soi chez l'enfant est un but essentiel de tous les programmes d'éducation. En effet, les conceptions de soi de réussite scolaire peuvent influencer la réussite en agissant sur la motivation (Biddle et Goudas, 1994, pp135-144). De ce fait, la notion d'estime de soi prend aujourd'hui une place importante dans la scolarité. Mais qu'en est-il dans le domaine de l'éducation physique ? « Il est désormais admis que le domaine corporel participe à la construction et à la structuration de l'estime globale de soi (Biddle et Goudas, op.cit) et plus particulièrement chez les adolescents (Harter, 1999 ; Ninot, 2000, p. 18). Il s'agit donc de voir quelles dimensions de l'estime de soi sont liées à l'Education physique. D'une manière générale, chez l'enfant, les dimensions qui composent l'estime de soi sont : l'aspect physique, la réussite scolaire, les compétences athlétiques, la conformité comportementale et la popularité (André, 2005). La dimension liée aux compétences athlétiques constitue l'aspect intéressant dans l'activité physique qui a une influence sur l'estime de soi (Biddle et Goudas, op. cit.).

La perception du corps a une importance dans la construction de l'estime de soi en Education Physique et Sportive et en Psychologie du sport. Il s'agit d'une conception positive de soi serait porteuse d'une dynamique de succès (Martinot, 1995). La littérature récente fait de ce concept une variable déterminante au niveau de l'engagement d'un sujet dans une pratique physique (Ninot et coll., 2000, pp35-48). Les travaux ces auteurs ont mis en évidence que le développement de la valeur physique perçue contribuait au renforcement de l'estime de soi et qu'un certain niveau de confiance en soi était requis pour maintenir l'engagement d'un sujet dans une pratique physique.

L'estime de soi est liée à la motivation. Les recherches qui ont fait le lien entre pratique sportive et estime de soi s'accordent donc à dire que cette dernière influence, sans conteste, la motivation et donc la performance des sujets. Selon Martinot (1995 ; p. 486) « à compétence égale, pour améliorer ses performances, ce que l'on croit être capable de faire semble aussi important que ce que l'on est capable de faire ». Une étude de Sonstroem basée sur l'estimation ou habileté physique perçue qu'il définit « comme une variable mentale contenant affect et cognition permet de relier le domaine physique avec l'état psychologique d'estime de soi ». Sonstroem cité par Nonot et coll. (2000 ; p. 20) a établi le lien entre la participation à l'exercice et l'estime de soi. Ainsi, le modèle présenté par Sonstroem propose que la compétence sportive perçue engendre un plus fort intérêt pour les activités physiques (Ninot et coll., op.cit.). Ces auteurs ont ensuite relevé que l'estime de soi est un facteur important dans la performance sportive et dans l'implication et la participation aux activités sportives. Ils ont enfin souligné que l'estime de soi peut se modifier au gré des situations dans lesquelles se trouvent les sujets.

I.1.4.4. Différence entre Estime de soi et concept de soi

La question de la distinction conceptuelle entre les notions de concept de soi et d'estime de soi a généré un grand débat. Shavelson et coll. (1982, pp3-17) ont à ce sujet souligné les confusions qui entouraient ces deux termes ; résultats d'un manque de clarification conceptuelle et empirique. Il semble qu'il y ait maintenant un accord assez large entre les chercheurs sur les différences qui existent entre ces deux construits. Le concept de soi dont les perceptions de compétence font partie renferme des jugements de nature plus cognitive et évaluative sur les habiletés et les aptitudes personnelles que l'on possède dans des domaines particuliers (la croyance que l'on est capable d'apprendre à faire de l'équitation, que l'on peut bien jouer au football ou encore que l'on peut se faire des amis). En revanche, l'estime de soi est une évaluation de soi-même plus globale qui provoque des réactions de nature plus affective (un élève se sent honteux vis-à-vis de lui-même parce qu'en cafouillant dans une partie de football il est apparu comme incompétent). Le sentiment individuel de valeur personnelle ou d'estime de soi, est dans une certaine mesure dépendant de l'importance que revêt pour la personne chacun des composants descriptifs du concept de soi dans différents domaines (Rosenberg, 1979).

Le concept de soi se repose sur des évaluations cognitives de la compétence dans certains domaines (« je suis bon en gymnastique ») et non une mesure générale de l'estime de soi qui concerne la manière dont les individus peuvent se sentir vis-à-vis d'eux-mêmes (« je suis heureux de la façon dont je suis »). L'estime de soi est essentiellement la dimension évaluative et affective du concept de soi. Tout élément d'informations sur le soi peut être incorporé dans le concept de soi. Il affecte seulement l'estime de soi une fois qu'il prend un jugement de valeur : est-ce bon ou mauvais ? Si une haute estime de soi signifie penser du bien de soi-même, ceci peut inclure une confiance en soi saine et une appréciation appropriée de ses propres accomplissements et habiletés authentiques. Elle peut aussi exagérer ou distordre largement la vérité. Une haute estime de soi peut signifier être vaniteux, et caustique, arrogant, et narcissique. Le trait commun est de penser du bien de soi-même - indépendamment que ceci soit justifié ou non. (Rosenberg, 1979).

I.1.4.5. Le Concept de soi physique

Le concept de soi physique qui constitue l'une des dimensions du concept de soi global se différencie lui aussi en plusieurs sous-domaines. La version la plus actuelle des différentes facettes du concept de soi physique est celle de Marsh (1998, pp237-257). Elle distingue neuf dimensions spécifiques : Santé, Coordination, Activité physique, Adiposité, Compétence sportive, Apparence physique, Force, Souplesse, Endurance, et deux composants évaluatifs/ affectifs globaux: Satisfaction physique globale et Estime de soi globale (Famose, 2001 ; Famose et Guérin, 2002,). Les différentes dimensions du concept de soi physique, ont été validées par Guérin et coll. (2004, pp19-38) en Français, le questionnaire de description de soi physique qui permet d'évaluer comment chacun se situe sur l'ensemble de ces dimensions (Force, Embonpoint, Activité physique, Endurance, Compétence sportive, Souplesse, Coordination, Apparence physique, Santé, Concept de soi physique global, Estime de soi). (Famose, 2001).

I.2. Le Concept de Plaisir

En Education Physique et Sportive (EPS), la thématique du plaisir en est à ses balbutiements même si le plaisir tout au long du XXème siècle a accompagné clandestinement son évolution. Georges Sand (1991), écrivait dans la comtesse de RlIdolsladt : «Laissez-moi fuir la menteuse et criminelle illusion du bonheur. Donnez-moi du travail, de la fatigue, de la douleur et de l'enthousiasme! ». Une interrogation sur le lien possible entre le travail, la fatigue, la douleur et paradoxalement, l'enthousiasme. La réflexion sur le travail hardent pour être heureux, génère l'enthousiasme de continuer et donc le « plaisir » (Csikszentmihalyi, 2004). Un état psychologique de bien être est un ensemble d'émotions positives déclenché par une pratique des APSA individuelles ou collectives en EPS.

I.2.1. Définitions et conceptualisations du plaisir

I.2.1.1. Définition générale

Le plaisir constitue un état de contentement que crée chez quelqu'un la satisfaction d'une tendance, d'un besoin, d'un désir. Il s'agit d'un état affectif éminemment subjectif, car éprouvé par le sujet. Cet état est manifeste lors de l'accomplissement des besoins primaires et de la pratique de l'activité physique. Cela est perceptible chez le très jeune enfant qui prend simplement du plaisir à être en mouvement, à éprouver ses sens ou à utiliser son corps pour être cause de quelque chose (jeu d'exercice).

I.2.1.2. Définition du plaisir en EPS

En éducation physique et sportive, « le plaisir est généralement défini comme un état émotionnel agréable, une réponse affective positive vis-à-vis de la pratique sportive (Delignières et Perez, 1998, pp 7-18). Cet état émotionnel est la résultante de multiples affects, déterminés par divers éléments de la situation vécue par le sujet. Scanlan et Lewthwaite (1986, p25-35) ont proposé de classer ces éléments selon deux axes :

- le premier rendant compte de leur caractère intrinsèque ou extrinsèque. Les éléments intrinsèques sont directement liés à la pratique de l'activité, c'est-à-dire qu'ils sont générés par l'interaction entre le sujet et la tâche. Dans ce cadre, le sentiment de compétence constitue un exemple d'élément intrinsèque lié à l'accomplissement, et l'excitation liée à la prise de risque constitue plutôt un élément intrinsèque non lié à l'accomplissement. Les éléments extrinsèques renvoient à des facteurs environnementaux: dans ce cadre, les feedbacks positifs que le sujet reçoit à travers sa performance sont un exemple d'éléments extrinsèques liés à l'accomplissement, et la satisfaction des besoins d'affiliation constitue plutôt un élément extrinsèque non lié à l'accomplissement ;

- le second tenant compte de leur relation à l'accomplissement.

I.2.2. Relation avec les interventions de l'enseignant

L'enseignant d'EPS intervient constamment sur les éléments de la situation vécue par le sujet ». Elle a donc le pouvoir de susciter ou de ne pas susciter le plaisir ressenti par les élèves participant à la leçon qu'il conduit. La notion de plaisir devant son émergence au domaine de la psychologie de la motivation détermine la compétence. La notion de besoin de compétence mise de l'avant stipule que les individus cherchent continuellement à améliorer leurs performances ainsi qu'à maîtriser leurs actions (Vescio et coll., 2002, p47-52).

I.2.3. Considérations générales sur le plaisir et les plaisirs en éducation physique

Le plaisir est une réalité familière. Au-delà du mot, il semble intéressant de s'intéresser au processus de plaisir aboutissant à des ressentis plaisants, agréables, bref, des ressentis de plaisir. Ce processus est commun aux animaux, aux humains et donc aux élèves à l'Ecole. Il accompagne les phénomènes d'adaptation et l'on peut même dire qu'il est l'indicateur d'une adaptation réussie. Un individu s'adapte à l'aide d'apprentissages qui ont presque toujours une dimension corporelle. Cette dimension corporelle est particulièrement développée en Education Physique où se déroule toute une batterie d'apprentissages. Tout cours d'EPS est donc un moment propice pour qu'y soient générés des plaisirs et aussi des déplaisirs. Il ne faut jamais oublier que plaisir et déplaisir sont les deux faces indissociables d'un même processus. Le plaisir-déplaisir qui colore agréablement-désagréablement tout état psychique conscient est instable, fugace, réversible. Mais le plaisir étant une source puissante de motivation, il peut être tentant pour les pédagogues de vouloir en instrumentaliser l'usage (Delignières et coll., 2000, p77-90).

I.2.3.1. Approche du Plaisir en EPS

Le discours sur le plaisir en EPS s'offre aux multiples voies d'investigations tant en fonction des sources que du ressenti. Afin de mieux cerner les enjeux et de présenter une problématisation des déterminants du plaisir en EPS, il serait nécessaire de s'intéresser à son rôle dans le cadre d`une discipline scolaire. En effet, pourquoi accorder autant d'importance à la question du plaisir en EPS ? Porterait-il des bienfaits aux élèves dans le cadre d'autres disciplines scolaires et à la nature de ses déterminants ? Les " déclencheurs " du plaisir de l'élève en EPS sont-ils généraux, inhérent à toutes les activités (la fameuse volonté de développer une approche à caractère ludique) et à la nature de certaines activités ? Ces " déclencheurs " du plaisir de l'élève en EPS ne relèvent-ils pas davantage d'une « mécanique » plus contextuelle liée à l'expérience que revêt pour l'élève l'engagement dans telle ou telle APSA ? (interaction élève / activité) ? Peut-on généraliser les sources de plaisir en EPS de la 6ème à la terminale sans prendre en compte l'histoire des expériences corporelles de chacun d'eux ? De cette interrogation, il ressort une des raisons qui donnent à cette source de plaisir un statut particulièrement important en EPS. Il a été rapporté à ce sujet que le plaisir éprouvé lors de la réussite en EPS participe d'une certaine manière à la construction identitaire de l'adolescent dans son rapport à l'activité physique, mais plus encore dans son rapport à l'activité corporelle, et très certainement à la place de cette dernière dans son schéma de personnalité (Famose, 2002).

I.2.3.2. Nature des critères d'évaluation en rapport avec le plaisir

Nature des critères d'évaluation est un élément clef vis-à-vis de la problématique du plaisir en EPS. Aux côtés du caractère émotionnel et affectif que peut revêtir l'acte d'apprentissage ? Il paraît incontournable d'envisager une seconde problématique si l'on souhaite éclairer les mécanismes du plaisir chez les élèves en EPS : celle relative aux conceptions et mises en oeuvre de l'évaluation. Il nous semble effectivement, que la nature des critères et le niveau des exigences qui en découle pour l'évaluation des acquisitions de l'élève dans le cadre des épreuves certificatives, qu'ils soient choisis (épreuves certificatives élaborés par les équipes en collège), ou imposés par les fiches du Baccalauréat pour le lycée, peut parfois altérer non seulement la reconnaissance de l'engagement de l'élève dans le processus d'apprentissage, mais également la validation d'authentiques transformations du point de vue des acquisitions attendues en EPS (Rosenberg, 1979).

L'évaluation consiste à mesurer les progrès de l'élève qui dépendent du plaisir ressenti au cours de l'apprentissage en raison d'un choix d'indicateur inapproprié pour rendre compte de ce qui a été transformé en une unité effective d'apprentissage. Cependant, une évaluation axée exclusivement sur la performance réduit le niveau d'engagement de l'élève. Il a été rapporté à cet effet que dans le pire des cas parfois, les cadres évaluatifs auxquels les enseignants sont tenus de se référer (barème de performance) condamnent même certains élèves à ne pas réussir malgré toute la qualité et la persévérance de leur engagement dans le cycle d'enseignement (les aptitudes à l'effort sont une source d'hétérogénéité génétique) (Ninot, 2000, p53). Ainsi de telles expériences de pratique physique peuvent laisser des impressions très négatives chez l'élève en raison du sentiment de ne pas être en mesure de répondre à ce qui est attendu à l'école et ce en dépit d'un réel effort en vue de mobiliser au maximum ses ressources.

I.2.3.3. Le plaisir et la motivation

Le plaisir qu'éprouve l'élève dans l'apprentissage moteur traduit la motivation intrinsèque qui correspond à la relation positive engendrée par l'interaction du sujet à la tâche. Wankel et Kreisel (1985, p51-65) ont montré que les sources de plaisir intrinsèques telles que l'amélioration de ses habiletés (le progrès) et la maîtrise de la tâche sont prépondérantes chez des enfants âgés de 7 à 14 ans dans les trois pratiques sportives suivantes (football, hockey et base-ball). Par ailleurs, le plaisir peut aussi être étudié en tenant compte du contexte et des feed-back positifs (encouragements...). A la motivation intrinsèque, s'ajoute la motivation extrinsèque ressortie dans la théorie de l'autodétermination représente la motivation (Deci et Ryan, 1991, p237-288).

I.2.3.4. Le Plaisir en EPS

Jeu

Défi

Se sentir reconnu

Nouveauté

Se sentir intégré

Plaisir en EPS

Risque

Se sentir libre

Se sentir compétent

Figue 1 : les sources du plaisir en EPS (Leca 2009)

La réussite de l'enseignement est déterminée par les conditions favorables à l'activité ludique des enfants et des adolescents en EPS et le respect des exigences de l'apprentissage. Cela engendre le plaisir des élèves qui est source d'évolution. En effet, les élèves prennent du plaisir à progresser si leurs buts sont orientés vers la tâche, d'où l'importance d'un climat motivationnel de maîtrise en EPS (Haye, 2004). Biddle et coll. 2003, p687-701) ont montré que l'adoption de buts de maîtrise et/ou la perception du climat de la classe comme orienté vers la maîtrise de la pratique accroît le plaisir éprouvé. Les enfants et les adolescents ont un fort besoin de liberté. Par ailleurs, les études ont montré que le sentiment d'autodétermination était une source d'affects positifs (Deci et Ryan, 2002). Le plaisir lié au sentiment de liberté peut s'épanouir avec l'«évasion » des dimensions temporelles, matérielles, spatiales, groupales, institutionnelles habituellement associées l'École. Le plaisir en EPS, c'est également se sentir intégré au sein d'un groupe, reconnu par les autres, participer à un projet commun, « être avec les copains » (Haye, 2004).

I.3. Concept de l'alternance

I.3.1. Définition du concept alternance

L'alternance peut être définie comme la pédagogie de la confrontation. Elle nécessite une mise en cohérence forte et affirmée des périodes d'alternance, ainsi qu'une démarche pédagogique particulière. Dans la plupart des cas, il s'agit de penser à un apprentissage partant de l'expérience et non de concepts théoriques, afin d'exploiter les situations de travail comme autant de problèmes à résoudre. En bonne logique, la recherche d'une cohérence du dispositif au regard des objectifs de formation affichés devrait conduire à privilégier un dispositif pédagogique, s'articulant autour d'une mise en cohérence des savoirs à partir de l'analyse d'une situation professionnelle, plutôt qu'une organisation pédagogique centrée sur un découpage disciplinaire des contenus de formation. (Maubant P 1997, p.141)

D'un point de vue pédagogique, l'alternance est définie, selon Christian Lenoir, « comme un processus d'association à parité stipulant que la formation professionnelle alternée se fonde sur une pédagogie particulière permettant d'utiliser l'expérience en milieu professionnel. Une seconde la complète en considérant qu'« une formation en alternance se caractérise par un projet pédagogique global reposant sur des procédures organisationnelles permettant d'articuler l'action des deux pôles formateurs que sont l'entreprise et l'établissement de formation. Son développement s'effectue dans une logique de coresponsabilité (Gimonet, 2008, p.148).

L'alternance implique donc nécessairement une interaction entre l'enseignant et l'apprenant avec une relation fréquente pour définir et contractualiser les progressions, le suivi et l'évaluation des tâches. (Eberhard et coll., 2013, p142).

I.3.2. Approches théoriques de la pédagogie de l'alternance

La pédagogie par alternance est une pédagogie qui utilise l'expérience et les savoir-faire acquis en milieu éducatif, afin de donner du sens à la formation des apprenants. Cette pédagogie spécifique qui définit des objectifs et une progression dans l'acquisition des connaissances en même temps qu'une répartition des responsabilités.

I.3.2.1. Enseigner l'EPS à l'école et l'analyse des savoirs

Pour comprendre ce que le sujet doit apprendre pour faire « classe en EPS » suppose de définir au préalable les contours de l'enseignement de cette discipline à l'école. Longtemps il a été considéré qu'il suffisait pour enseigner l'EPS à l'école de savoir enseigner les Activités Physiques Sportives Artistiques (APSA) tout en adaptant les contenus d'enseignement aux caractéristiques des élèves de ce niveau de la scolarité. De ce point de vue les enseignants des STAPS se considéraient comme légitimes pour concevoir et intervenir dans la formation, en adaptant les principes de l'EPS au collège et lycée à ceux des élèves un peu plus jeunes. C'est oublier qu'un enseignant doit inscrire cet enseignement au sein d'un emploi du temps composé des autres enseignements disciplinaires et des multiples activités qui constituent le métier. En clair, cet enseignement disciplinaire doit être pensé dans le cadre de la polyvalence, caractéristique fondamentale dont plusieurs études ont dessiné les incidences sur les modes d'entrée dans l'exercice du métier (Prairat, 2001, p20-22).

Enseigner cette discipline, comme toute discipline est une activité complexe en ce sens qu'elle sollicite de multiples paramètres et convoque de nombreuses ressources. Elle est une activité multifinalisée dont les différents organisateurs peuvent engendrer des conflits de critères (Goigoux 2007, p47-70). En établir une cartographie stricte semble impossible tant par ailleurs sont nombreuses les conceptions même de ce que devrait être un « bon enseignement de l'EPS ».

En second lieu cette discipline repose sur une gestion des interactions entre élèves plus complexe. En effet, à la différence du travail en classe les élèves se déplacent, bougent, parlent, s'interpellent des interactions différentes, souvent chargées émotionnellement car engageant la personnalité dans son ensemble. Ces modalités entrent en tension avec les règles habituelles de prise de parole au sein de la classe.

Enfin la discipline suppose une gestion du matériel. Si tout enseignement nécessite un matériel spécifique, celui de l'EPS parfois lourd, encombrant impose une anticipation fine dans sa préparation, son installation, son rangement. Il s'agit d'un matériel que l'on manipule nécessitant parfois de penser la séance avec un matériel défaillant, voir absent ou obsolète. Une gestion approximative de celui-ci peut entraver le bon déroulement de la séance et nuire à l'engagement dans la tâche de l'élève et au progrès. Amade-Escot (2003) a souligné le rôle de l'agencement du milieu (dont le matériel) dans les régulations des enseignants en cours de séance, montre combien cette dimension est importante et propre à la discipline.

Cet ensemble de caractéristiques spécifiques amènent souvent les enseignants à considérer l'EPS comme un « enseignement fragilisant » (Blanchouin 2013) et pose alors de façon sensible la question de sa mise en oeuvre par des enseignants débutants. Alors que ceux-ci sont confrontés aux premières expériences de la gestion de la classe, ces caractéristiques peuvent apparaître comme doublement déstabilisantes et susceptibles de remettre en cause une « maîtrise du groupe classe » naissante, balbutiante. Comment ces caractéristiques sont-elles perçues, appréhendées et vécues ? Pour cela il est nécessaire de s'appuyer sur les études qui cherchent à décrire les préoccupations des enseignants débutants.

I.3.2.2. Apprendre à faire classe d'EPS par alternance

Selon l'étude réalisée par Goigoux et all (2007, p47-70), une approche ergonomique de l'analyse de l'activité enseignante, étudient les apprentissages professionnels des enseignants dans le cadre de la formation en alternance. Dans une modalité de l'alternance relativement proche de celle instaurée par la réforme de 2012, les auteurs identifient les transformations qu'opèrent les enseignants débutants dans la conduite des enseignements au cours de l'année de formation. Ils s'appuient pour cela sur des entretiens menés à différents moments de l'année. Ils ont alors pu mettre en évidence des similitudes dans les trajectoires des professeurs stagiaires, les déterminants des processus de transformation, en même temps que des variations de profils. Une première similitude renvoie à l'élaboration par l'enseignant stagiaire d'une conception fonctionnelle de la gestion de classe. « Progressivement ils appréhendent le déroulement de la journée scolaire comme un temps de vie partagée avec un groupe d'enfants, qui n'est pas homogène, qui n'est pas d'humeur égale, qui n'est pas forcément intéressé par les activités scolaires et qu'il faut savoir « occuper ». Les auteurs mettent également en évidence l'évolution des conceptions des apprentissages scolaires au cours des traitements des dilemmes. Les enseignants stagiaires réinterrogent ainsi la prescription selon laquelle « il faut que les élèves soient actifs », ils apprennent à faire confiance à leurs perceptions des situations dans lesquelles ils se débattent. A trop vouloir rendre ses élèves actifs, elle n'a pas su les occuper ». (Blanchouin, 2013)

I.3.2.3. Didactique de l'alternance

L'alternance peut être considérer comme une pédagogie de la confrontation (Granato et all 2013, p315-340). Elle nécessite une mise en cohérence forte et affirmée des périodes d'alternance, ainsi qu'une démarche pédagogique particulière. En effet, la recherche d'une cohérence du dispositif au regard des objectifs de formation affichés devrait conduire à privilégier un dispositif pédagogique, s'articulant autour d'une mise en cohérence des savoirs à partir de l'analyse d'une situation professionnelle, plutôt qu'une organisation pédagogique centrée sur un découpage disciplinaire des contenus de formation. L'alternance apprécie la cohérence entre les savoirs et leur progression en milieu de l'apprentissage. Au fil des décennies, les formations par alternance se sont largement développées et leur impact va bien au-delà des formations à visée professionnelle. Le versant pédagogique de l'alternance, les finalités qu'on lui accorde, ne sont pas les sujets dont on parle le plus et de nombreux professionnels s'accordent pour démontrer que ce système de formation ne donne pas toujours les résultats escomptés. De grandes différences existent entre le monde de l'école et celui du travail qui ne sont pas régis par les mêmes règles et ne présentent pas les mêmes enjeux. La négociation entre les différents partenaires est difficile, ainsi que leurs objectifs sont divergents. L'alternance est donc conçue de façon schématique, les conceptions de l'apprentissage diffèrent selon les formateurs, le stage peut représenter pour certains professionnels l'application des théories (Granato et coll., 2013, p315-340)

1. Participation des filles et garçons au cours d'EPS

Les recherches sur l'enseignement de l'éducation physique ont mis en évidence deux types de conclusions scientifiques décrivant les comportements des élèves : celles sur la façon dont ils occupent leur temps et celles sur les réponses émises

Ce qui ressort avant tout des travaux sur le temps d'apprentissage, c'est le faible pourcentage de temps (environ 30%) que les élèves consacrent réellement à l'engagement dans les activités motrices pendant les cours, et celui, à peine inférieur, pendant lequel ils attendent, c'est-à-dire pendant lequel ils ne font rien qui puisse contribuer à l'atteinte des buts de la leçon. (Fagairette 2004, p161-173).

Les élèves consacrent également une grande partie de leur temps à exécuter des tâches d'organisation telles que prendre les présences, s'organiser pour pratiquer, diviser les équipes, etc. De même, ils passent un temps important à recevoir des informations. Il convient enfin de distinguer dans le temps que les élèves consacrent à l'engagement dans des comportements moteurs, l'engagement actif et l'engagement productif. Dans le premier, peu importe la qualité des réponses des élèves, dans le second en revanche, les élèves sont engagés dans des activités directement reliées aux objectifs d'apprentissage. Or, les recherches montrent que ce dernier temps d'engagement n'occupe que 10 à 20% du temps total passé en cours par les élèves. (Fagairette 2004, p161-173).

2. Les performances des filles et des garçons

Les conclusions de nombreuses recherches aboutissent à l'idée selon laquelle les garçons progressent davantage que les filles en EPS. Ces dernières ont, par ailleurs, de moins bons résultats aux examens que les garçons (Lenskyj1994, p97-115).

Anderssen (2005, p119-129), à partir d'une enquête conséquente destinée à explorer et comprendre les attitudes des élèves face à l'EPS, leurs intérêts, leurs représentations, leurs motivations, etc., a pu montrer que les variables en lien avec les résultats en EPS correspondent à celles qui sont généralement avancées pour éclairer les résultats dans d'autres disciplines : sexe, âge, etc.

Elle précise toutefois qu'il existe un certain nombre de variables remarquables spécifiques telles que la taille, le poids, les pratiques sportives, etc. Son étude « pointe notamment les relations déterminantes des pratiques sportives extrascolaires des élèves avec les résultats en EPS mais les distingue aussi dans leurs formes, leurs modalités, leurs intensités » (Anderssen 2005, p. 82).

Mais alors que les garçons obtiennent une moyenne comprise entre 14 et 14,6 quelles que soient les séries, les filles des séries non scientifiques présentent des résultats beaucoup plus modestes. De fait, les écarts entre les filles issues des différentes séries sont considérables. Aussi, pour Vigneron, la question de l'accession à un patrimoine, à une culture sportive éloignée du champ social des filles des milieux défavorisés est-elle primordiale.

L'existence d'un curriculum caché en EPS pourrait, d'après Vigneron, expliquer, dans une certaine mesure, les mauvais résultats des filles ; en mettant en exergue certains aspects du sports : collectif, viril, engagé, mais pour certains élèves seulement, les enseignants contribueraient, à leur corps défendant sans doute, à la fabrication des différences entre les performances des filles et des garçons en EPS. (Fagairette 2004, p161-173).

Nous retiendrons notamment l'idée selon laquelle, si l'école n'est pas seule responsable des écarts de résultats, et si les collèges et les lycées ne forgent ni les représentations ni les raisons d'agir des élèves, ils sont malgré tout responsables de la manière dont le savoir se construit à partir de ce socle. Ces travaux finalement nous invitent à porter sur les performances des filles et des garçons, et plus généralement sur leur activité, un regard susceptible d'englober leurs représentations, leurs motifs d'agir mais aussi ce qui est attendu d'eux ; ce qui suggère par conséquent également de s'interroger sur les choix et les pratiques enseignantes. (Fagairette 2004, p161-173).propose de ce point de vue plusieurs pistes d'investigation: les pratiques pédagogiques des enseignants, leurs procédures d'évaluation, leurs représentations, leurs préjugés, les effets d'attente ou encore leur propre rapport au savoir sportif transmis.

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"L'imagination est plus importante que le savoir"   Albert Einstein