INTRODUCTION
- Contexte
L'école est le lieu privilégié
où le jeune et l'adolescent peuvent acquérir la culture du
goût à l'effort et de la prise en charge de leur bien-être.
A l'ère du « tout, tout de suite », de la vitesse, de la
performance immédiate, l'effort n'est pas une valeur en vogue. Il a
été rapporté à cet effet que dans notre
société de loisirs, il n'est pas toujours facile de transmettre
à nos jeunes le sens du travail, la capacité à
s'élever, le goût de l'effort (Delignières et Méard,
2000, p.77-90).Comme le dit le vieil adage « Mens sana in corporesano
» ou « être en forme par l'activité physique pour
être performant dans la vie » semble très
négligé si l'on regarde l'évolution du style de vie
contemporain.
A l'école il y a un sens donné au
processus d'enseignement/apprentissage pour améliorer la conduite
motrice de l'élève. Il est généralement
établit à ce propos que pour favoriser les apprentissages des
élèves, il faut prendre en compte les élèves
réguliers, leurs motifs d'agir et le sens qu'ils donnent à leurs
actions dans les activités scolaires (Delignières et Garsault,
1995, chap 4). L'idée selon laquelle « l'enfant apprend en se
confrontant à des problèmes qui ont du sens pour lui »
semble aujourd'hui partagée (Amade-Escot et Marsenach, 1995).
Par ailleurs, pour organiser les conditions
d'apprentissage des élèves, il convient de se demander non
seulement comment les élèves apprennent, mais aussi pourquoi ils
apprennent. En EPS, il s'agit ainsi de questionner la nature de
l'activité adaptative des élèves, en se centrant non plus
sur « les aspects immédiatement observables des actions » mais
sur les motifs d'agir des élèves qui donnent du sens à
leur conduite (Amade et Marsenach, 1995).
L'Education Physique et Sportive consistant en
l'enseignement d'exercices physiques et corporels et de certaines disciplines
sportives dans le cadre des institutions scolaires et universitaires est la
seule discipline qui intègre la dimension corporelle du sujet qui
privilégie cette entrée dans l'action (Caumel, 2000) et
développe des compétences spécifiques dans le domaine
personnel des Activités Physiques et Sportives (A.P.S.) (Famose et
Guerin 2002).
L'Education Physique et Sportive axée sur les
contenus d'apprentissage moteur, nécessite l'instauration d'un climat de
confiance et de respect réciproque dans les rapports entre
élèves et élèves / professeur. Ainsi, travailler en
groupe est source de motivation dans la mesure où le groupe par sa
dynamique, permet à chaque membre de s'exprimer sans peine et ni
frustration. Le travail moteur par groupe nécessite une organisation de
la classe. L'organisation de la classe d'EPS est étroitement liée
à un regroupement institutionnalisé d'élèves en
fonction de différents paramètres. On peut citer entre autres le
niveau scolaire, l'âge, etc.), ce qui explique le caractère rigide
de la classe. Cette rigidité de la classe est tributaire de
l'hétérogénéité qui pose aux professeurs
d'importants problèmes au plan de l'enseignement (Seners, 1993). Un
groupement s'effectue selon le critère décisif d'un groupe pour
atteindre le but commun (Sherif, 1969, pp.157-172) qui est loin d'être
systématiquement présent dans la classe ou même dans les
divers regroupements auxquels procède l'enseignant. En effet, tout acte
qui consiste, pour l'enseignant, à rassembler géographiquement
des élèves, ne peut être assimilé à la
formation d'un groupe et encore moins d'une équipe.
Les groupements favorisent la socialisation des
élèves. Deux chercheurs Meard et Bertone cité par Leca
(2009) ont en effet rapporté que le groupe dans tout milieu
éducatif constitue le mode de fonctionnement idéal pour toute
acquisition de savoir. A cela, s'est posé le problème du «
groupe » dans les Activités Physiques Sportives et Artistiques
(APSA) par exemple, de sa nature, et de sa constitution, qui pourrait permettre
d'optimiser les apprentissages.
Face à cela, Parlebas (1981) a
énoncé huit groupes/familles d' APSA, notamment : les
Activités Physiques de Pleine Nature (marche, vélo, ...), les
Activités Physiques Athlétiques (courses, sauts, lancers) , les
Activités Physiques Artistiques (danse, art du cirque, ...), les
Activités Physiques Aquatiques (Natation, Kanoe Kayak, Water-polo, ...),
les Activités Physiques Gymniques (Gymnastique au sol, Gymnastique
aérobic, ...), les Activités Physiques d'opposition combat (judo,
lutte, boxe, ...), les Activités Physiques d'opposition duelle (Tennis,
Badminton, ...), les Activités Physiques d'opposition et de
coopération (Baskatball, Football, Handball, Volley-ball, Rugby,...).
Tenant compte de la diversité culturelle, des prescriptions de la charte
internationale de l'UNESCO pour des jeux et sports traditionnels
prévenant l'hégémonie sportive, Ewamela et coll.
(2013 ; p.145-150) ont identifié chez les Ngalas du Congo :
une activité de combat (MPONGO), trois activités artistiques
(EKONGO, IMBONGA et NDZANGO), une activité d'opposition duelle
(MAMPAKA), une activité collective (EKIENGA). Ces auteurs ont
également identifié la logique interne de chacune des
activités sus-citées.
Les formes de groupements doivent être
alternées dans un projet pédagogique d'EPS pour des raisons
éducatives, pédagogiques (apprentissage moteur). Le projet
pédagogique s'inscrit dans la planification qui consiste à
établir un besoin, puis déterminer le meilleur moyen possible de
la satisfaire, ceci dans un cadre stratégique d'identifier et de
déterminer quels en seront les principes de mise en oeuvre (Pradere et
Tricot, 2012). La planification obéit à la logique verticale
(répondre aux exigences de la noosphère dans l'élaboration
du plan d'activités physique enseignables dans un établissement
scolaire) et la logique horizontale (élaborer le projet disciplinaire en
tenant compte des différentes ressources, de la relation entre les
objectifs, les situations d'apprentissages, les unités
d'apprentissage).
Cette logique horizontale de la planification des APSA de
façon alternative en EPS associée à la
transversalité de compétences suscite le développement des
qualités de force (Entsiro et coll., 2016 ; p.44-52) et imprime le
dynamisme de la motivation. Le principal facteur sous-tendant l'adhésion
prolongée à une pratique est le sentiment de plaisir que cette
APS procure aux individus. Il y a là un enjeu important, notamment au
regard des objectifs de préparation à la vie d'adulte
récemment affichés en EPS» (Delignières et Perez,
1998, p7-18). Pour des fins d'apprentissage, l'enseignant d'EPS intervient
constamment sur les éléments de la situation vécue par le
sujet, et a donc le pouvoir de susciter, ou de ne pas susciter, le plaisir
ressenti par les élèves participant à la leçon
qu'il a conduit. Par ailleurs, l'alternance des regroupements est susceptible
d'améliorer l'estime de soi et d'atténuer l'émotion. En
considération de ce qui précède, une attention
particulière mérite d'être soutenue vers l'alternance des
APS sur l'estime de soi et le plaisir en EPS ressenti par les
lycéens.
- Problématique
En éducation physique et sportive (EPS),
« le plaisir constitue un état émotionnel
agréable, une réponse affective positive vis-à-vis de la
pratique sportive. Cet état émotionnel est la résultante
de multiples affectes, déterminés par divers
éléments de la situation vécue par le sujet. C'est
grâce au plaisir pris, aux efforts consentis, aux progrès
réalisés que les jeunes en formation comprennent les
bénéfices d'une participation à une activité
physique régulière tout au long de la vie. Le plaisir est la
résultante de l'alternance (Leca, 2009). En EPS, l'alternance est
effective dans la planification des APS et celle des situations
d'apprentissage. En effet, le projet pédagogique d'EPS constitue un plan
cohérent et transversal d'Activités Physiques et Sportives
faisant l'objet d'une mise en oeuvre dans une période scolaire en vue
d'atteindre les finalités de cette discipline, entre autres : la
gestion de la vie physique, l'éducation à la santé,
à la sécurité, à la citoyenneté, à la
responsabilité, à l'autonomie, à l'environnement, au
développement durable, au développement organique foncier et
moteur (Ewamela, 2005 ; p.14-15). Entsiro et coll. (2016 ; p.52), ont
rapporté que le développement des habiletés motrices au
cours d'un continuum d'apprentissage est lié au projet
pédagogique transversal. Ces auteurs ont précisé qu'un
projet pédagogique transversal est caractérisé par les
critères de conception, notamment : les installations sportives
scolaires, le matériel didactique, la logique intra et inter APS et du
principe de la transversalité des acquis en EPS. Ils ont ajouté
que la pratique alternée des APS implique le développement, la
fixation et le réinvestissement d'une habileté motrice tout au
long du continuum d'apprentissage.
Cependant, l'EPS est une discipline de faible valeur
sociale en milieu scolaire congolais. Cela est le reflet de l'organisation du
secondaire deuxième degré avec des séries qui sont
caractérisées par des matières spécifiques aux
coefficients plus élevés comparativement aux matières de
développement des compétences méthodologiques et sociales.
Il convient également de signaler les représentations sociales
des métiers en laissant pour compte le secteur de l'activité
physique bien qu'il soit indispensable au bien-être social. Cette faible
valeur sociale est renforcée par les projets pédagogiques qui ne
sont constitués que des disciplines athlétiques et de la
gymnastique dans les deux cycles du secondaire (Entsiro, 2018, p.82-103 ;
Mviri, 2018 ; p.118-119). Cela constitue une monotonie des APS
susceptibles d'induire un manque de plaisir chez les lycéens congolais
et suscite une interrogation à travers la question de recherche que nous
nous sommes posée.
- Question de recherche
La question de recherche est la suivante :
L'alternance des formes d'APS influe-t-elle sur l'estime de soi et le plaisir
en Education Physique et Sportive chez les lycéens Congolais?
- Hypothèse de recherche
Pour répondre à la préoccupation
sus énumérée, nous avons formulé l'hypothèse
suivante : L'alternance des formes d'APS induirait une amélioration
de l'estime de soi et du plaisir en Education Physique et sportive chez les
lycéens Congolais.
- Démarche méthodologique
Cette étude expérimentale s'adresse aux
élèves de la première scientifique du lycée
d'excellence de MBOUNDA (Dolisie) et à ceux du lycée de la
réconciliation de Mfilou (Brazzaville). Les deux cent trente et un (231)
participants ont été sélectionnés parmi les
élèves de deux établissements publics d'enseignement
général de deux grandes villes du Congo Brazzaville. Un
échantillon des élèves dans chaque lycée sera
tiré d'une manière non probabiliste. Deux groupes seront
formés à savoir : le groupe expérimental
constitué des élèves du lycée d'excellence de
MBOUNDA et un groupe témoin comprenant les élèves du
lycée de la réconciliation de Brazzaville. Nous soumettrons
à cet effet trois types de questionnaires afin de mesurer l'estime de
soi, le plaisir dans la pratique des APS et enfin l'évaluation sur
l'alternance des disciplines en éducation physique. Ces questionnaires
seront adressés aux deux groupes d'élèves de
l'étude (groupe expérimental et groupe témoin). Une
analyse statistique sera effectuée pour vérifier
l'hypothèse de recherche.
Outre la question de recherche, l'hypothèse et la
démarche méthodologie adoptées, il convient de
présenter les objectifs de l'étude.
- Objectifs de l'étude
Par la réalisation de la présente étude,
les objectifs spécifiques suivants ont été
fixés:
- évaluer l'estime de soi des élèves au
cours des activités physiques et sportives ;
- évaluer le plaisir pendant un projet
pédagogique requérant les regroupements en fonction des
APS ;
- identifier l'influence de l'alternance des APS sur les
élèves en Education Physique et Sportive.
- Intérêt du sujet
L'intérêt de cette étude est
d'amener les acteurs de l'EPS à prendre conscience de l'importance de
l'alternance des formes d'APS sur l'estime de soi et de susciter le plaisir des
élèves en Education Physique et Sportive. Elle se propose donc
une compréhension des conditions favorables d'améliorer les
performances dans le domaine des activités physiques et sportives.
Spécifiquement, elle vise à établir l'efficacité de
la planification pédagogique et de la programmation des activités
physiques et sportives en EPS.
- Délimitation du sujet
Cette étude explore les concepts (estime de
soi, plaisir en EPS et l'alternance des formes des APS) afin de permettre aux
enseignants à s'investir d'avantage en alternant les moyens de l'EPS
pour des raisons éducatives, par nécessité
pédagogique et motivationnel des apprenants dans le domaine des sciences
de l'éducation tenant compte du contexte de la pratique des
activités physiques et sportives dans les lycées du Congo. En
effet, elle se contentera principalement d'évaluer l'estime de soi et le
plaisir qu'éprouvent les élèves dans l'alternance de forme
de groupement des APS en éducation physique et sportive. Pour cela, elle
se limitera à étudier la possibilité d'inciter
l'enseignant d'EPS de prendre conscience sur l'importance de l'alternance des
Activités Physiques et Sportives dans le choix des tâches et
activités en EPS.
- Annonce des parties et chapitres
Après avoir indiqué la question de recherche,
l'hypothèse, et les objectifs de recherche et le cadre théorique
dans lequel s'inscrira ce travail, nous subdiviserons le document en deux
parties principales :
- la première partie situera le cadre théorique
de notre recherche : elle se proposera de revisiter la littérature
afférente sur l'alternance, l'estime de soi et le plaisir en EPS, et se
consacrera également aux travaux ayant exploré la question y
afférente dans les formes de groupement des activités physiques
et sportives d'une part, sur l'estime de soi et le plaisir qu'éprouvent
les apprenants dans la pratique des activités d'autre part ;
- la deuxième partie exposera notre démarche
méthodologique.
L'étude par sa mise en regard des apports, des
contributions aux différents objectifs poursuivis et la pertinence des
résultats obtenus ouvrira des applications pratiques en EPS. Elle
débouchera sur les perspectives de recherche et les suggestions
susceptibles d'améliorer la pratique de l'APS en EPS dans nos
lycées.
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