8.2. Techniques et outils de collecte des données
La collecte des données constitue une étape
majeure du processus de la recherche. Elle lui donne une valeur empirique,
caractérisée par sa double dimension : théorique et
pratique. Dans le cadre de ce travail, les techniques de collectes
convoquées sont classiques en sciences sociales. Il s'agit de celles qui
font appel à l'observation directe, à la recherche documentaire,
à l'entretien et au questionnaire. Ces techniques de collecte mises en
oeuvre correspondent à un dessein de réquisition
systématique des faits correspondants à l'objet d'étude
à savoir : le recueil des informations sur la pratique des jeux
d'argent, les motivations des joueurs et les changements sociaux
observés à différents niveaux de participation des
acteurs. Davantage, elles permettent à ce travail d'avoir une
orientation qualitative, laquelle se sert aussi des éléments
quantitatifs pour étayer les arguments.
Avant de solliciter ces techniques de collecte, il serait
judicieux de définir le cadre géographique de l'étude et
l'échantillon de la population étudiée.
8.2.1. Délimitation du champ d'investigation
Sur le plan géographique, Yaoundé est l'espace
urbain retenu pour mener la présente étude. Le choix de ce site
n'est pas fortuit. De prime à bord, il tient du fait que pour les
sociologues contemporains, cette ville peut être considérée
comme un laboratoire social du Cameroun, comme l'a été la ville
de Chicago aux États Unis à la fin du XIXe
siècle. À ce titre, on peut souhaiter que le terrain
yaoundéen contribue à renouveler les questions que les
sciences sociales se posent aujourd'hui en Afrique, d'où cet appel
lancé par A. FRANQUEVILLE (1984), qui soulignait déjà
l'urgence de « construire une capitale » qui servirait de vitrine en
Afrique centrale.
Sur le plan sociologique, Yaoundé se caractérise
par la multi culturalité de sa population qui revêt les traits
d'une configuration hétérogène, où les individus
s'accommodent à des pratiques communes. Pour ainsi dire, cette ville
constitue « un véritable foyer de production de nouvelles
mentalités, de nouveaux imaginaires, et surtout un laboratoire de
nouvelles formes de pratiques sociales » S.P AWONDO (2006 :15), et
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l'ordre de ces nouvelles pratiques, les jeux d'argent occupent
une place de choix. C'est donc dire qu'à Yaoundé, la pratique des
jeux d'argent est intense. Les machines à sous, les salles de jeux et
les tripots de rues abondent dans tous les quartiers de la ville. On les
rencontre principalement dans les quartiers comme Biyem-Assi, Madagascar,
Mimboman, Melen, Mvog-Mbi, au lieu dit : « campéro », etc.
Dans ces quartiers, les salles de jeux renferment plusieurs types d'appareils
modernes : écrans plasma, terminaux, ordinateurs, machines à sous
etc.
Ces jeux ne se pratiquent pas seulement dans les salles. On
les rencontre aussi dans les rues, les pleins airs et les marchés,
où ils constituent la préoccupation de plusieurs individus. Mais
dans le cadre de cette recherche, la collecte des données s'est
centrée sur des points privilégiés et préalablement
circonscrits. Le champ d'action s'est surtout ordonné dans les
localités suivantes : Ékounou, Mvog-Ada, Mokolo et Ngoa-Ekelle.
Ces quatre localités où l'on a prélevé
l'échantillon ont été privilégiées pour
plusieurs raisons. D'une part, en sollicitant les appuis d'A. ARBORIO et de P.
FOURNIER (1999 :12), il apparaît qu'« une activité
particulière, des pratiques ou un mode de vie commun permettent de
délimiter un groupe à prendre pour objet d'étude
». Ce qui signifie que dans les quartiers populaires
sus-cités, on observe une relative prépondérance des
pratiques de jeux d'argent et des structures abritant ces jeux, en comparaison
à ceux dits résidentiels. Ce sont des « quartiers difficiles
» où vivent de nombreux « incertains »,
c'est-à-dire des personnes désespérées,
fragilisées par la pauvreté matérielle et
financière, cherchant par tous les moyens à s'extirper de
celle-ci. Ce qui les rend particulièrement vulnérables aux jeux
d'argent.
D'autre part, ces sites donnent au chercheur la latitude de
rencontrer tous les types de jeux qui font l'objet de la présente
étude à savoir : le PMUC, le pari foot, le poker, les machines
à sous, les « ndjambo Ludo, Songo, Carte, dés,
flipper, baby-foot etc. ». On y trouve également toutes les
tranches d'âge et les différents sous-groupes de la population
tels que les commerçants, les élèves et étudiants,
les fonctionnaires et les personnes oisives.
La délimitation du cadre géographique de
l'étude fait place au choix des personnes enquêtées.
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