2.2. La Playstation
La « PlayStation » est une console de jeux
vidéo de cinquième génération. Elle se
présente sous la forme d'une machine miniaturisée, munie de deux
manettes et couplée à un écran téléviseur
qui met en scène des parties de football, d'aventures, de combats, etc.
À la base, ce jeu importé d'Europe a été
conçu pour le divertissement à domicile. C'est pour cette
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raison qu'il n'est ni assujetti à une quelconque taxe,
ni soumis à une règlementation formelle. Cependant, certains
individus dans leur inventivité quotidienne, l'ont transformé en
jeu d'argent en le transportant dans des salles et autres lieux de
rassemblement pour en faire un marché. Pour y participer, il faut
s'acquitter d'une somme de cinquante francs auprès du gérant
appelé dans ces milieux « katika » et obtenir un temps de jeu
de cinq minutes. En réalité, les détenteurs de
Playstations ont compris que ces jeux étaient beaucoup
appréciés par les adolescents, en particulier les
élèves. Ainsi, hall, chambres à coucher et même
domiciles privés se trouvant aux alentours des établissements
scolaires sont transformés en salles de jeux. Ces jeux évoluent
dans la clandestinité, sous couvert d'un divertissement non lucratif.
Les élèves se rendent à ces endroits,
où ils passent des journées entières à miser entre
eux sur l'issue des parties. Boycottant les cours, ils investissent leur argent
de poche et de transport dans ces jeux, quand ils n'ont pas misé celui
destiné à la scolarité. Quelques fois, ils se voient
contraints de soutirer l'argent des parents pour s'investir dans ces jeux, de
vendre aux enchères leurs fournitures scolaires, d'hypothéquer
leurs chaussures, leur cartable ou tout autre objet de valeur quand ils sont
déjà ruinés. De ce fait, ils rentrent à la maison
à des heures tardives. C'est dire qu'au-delà du simple
divertissement, la Playstation est devenue instrument qui fait brasser beaucoup
d'argent et constitue un manque à gagner pour le fisc. Dans le
même temps, ce jeu s'affirme comme un facteur de la délinquance
juvénile à Yaoundé, au même titre que les jeux
d'argent les plus en vue comme le poker et les paris sportifs.
2.3. Le bonneteau ou « Three cards »
Bien qu'étant peu visible sur les trottoirs urbains
à Yaoundé, le bonneteau ou « three cards » est un jeu
d'argent, un véritable jeu de dupe de l'ordre de l'escroquerie
proposé à la sauvette dans les marchés et autres lieux
publics. Pour être pratiqué, ce jeu nécessite plusieurs
acteurs : un manipulateur ou maître du jeu, plusieurs larrons ou
complices, des badauds naïfs et joueurs. C'est un jeu qui évolue
sur l'éphémère ; rien ne semble l'inscrire dans la
durabilité au regard de l'organisation matérielle qu'il
nécessite : trois cartes (deux de couleurs noirs et une de couleur
rouge), ou encore trois boites d'allumette, dont l'une pleine et deux autres
vides, un banc ou un gros carton pouvant servir de table. Pour rythmer la
partie, le manipulateur répète à plusieurs reprises :
« Faites vos jeux ! Faites vos jeux ! Où est la reine ? », et
dans le même temps, il procède à plusieurs tours où
la carte recherchée est facilement suivie. Au cours ces simulations, les
complices misent et gagnent afin de mettre les badauds en confiance ; mais
dès lors que ces derniers payent leur mise, le maître du jeu
modifie la manipulation des cartes. Il ne laisse plus la carte de couleur rouge
s'échapper en
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premier, mais celle de couleur noire ; ce qui semble alors
impossible à la victime. Cependant, il peut offrir quelques gains
faciles à la victime afin de la mettre en confiance pour qu'il parie
gros.
Formellement interdits à travers l'article 249
alinéas 1 du code pénal, les Three cards continuent de se
pratiquer clandestinement. On les voit nuitamment, lors des foires
promotionnelles comme « Promote » et « Ya-FE », ou encore
aux alentours du stade omnisport de Yaoundé et à
l'intérieur dans les gradins, pendant le déroulement des
rencontres sportives de football. Cette localisation périodique ne vise
qu'à échapper à vigilance des autorités
policières qui, en ces occasions-là, sont beaucoup plus
préoccupées par des questions de maintien de l'ordre public.
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