2. Les jeux d'argent clandestins
Les jeux d'argent clandestins sont compris comme l'ensemble de
pratiques ludiques qui incluent tous les jeux non règlementés
officiellement, ainsi que ceux qui échappent au contrôle et
à la fiscalité de l'État. Dans cette catégorie, se
range le « bonus Win », la Playstation, le bonneteau ou Three cards,
le Ludo, le Damier et le Songo pour ne citer que ceux-là.
2.1. Le « bonus Win »
Symboles des développements technologiques
récents, les « Bonus Win » sont des machines à sous ou
appareils électromagnétiques munis d'un orifice à
pièces d'argent, d'un cerveau purement électronique et d'un
tableau sur lequel apparaissent des images. En référence à
un champ essentiellement virtuel, ces jeux conçus sur le modèle
des loteries numériques s'apparentent beaucoup au poker. Ils
n'impliquent ni habiletés, ni capacités techniques et
stratégiques du joueur. Dans leur principe, le joueur introduit une
pièce de cent franc dans l'orifice de l'appareil, puis actionne les
manettes pour faire le choix d'un logo qu'il présume être
tiré au sort et valide son jeu. Le résultat apparaît du
même coup. Quand on gagne, la machine paye directement. Et en cas
d'échec, un voyant lumineux placé sur le tableau vous invite
à tenter de nouveau la chance. On peut observer ces jeux sur l'image
suivante :
Photographie 6 : Des pratiquants du « bonus
Win » à la devanture d'une boutique à Ékounou
Source : Badel ESSALA, (enquête de terrain).
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Cette image mette en scène des joueurs qui introduisent
des pièces d'argent dans des machines à sous pour en multiplier.
Par le biais du conseil d'un pair, ils tentent la chance de remporter un gain
de douze mille francs, la somme maximale que cet appareil peut payer pour un
jeu.
Ces appareils rentrent dans la catégorie des jeux
d'argent clandestins, du fait que leurs modalités d'usages font preuve
d'une anomie et se confrontent aux résistances dans la fiscalité
de la part de leurs détenteurs. Les propos de l'enquêté F.
BILOKO, propriétaire d'une dizaine de ces appareils
électromagnétiques répartis dans les quartiers de la
ville, en disent davantage. Selon lui :
Avec ces appareils tu gagnes à 100 % ! Non
seulement ça ne prend pas de carburant, mais aussi, quand tu sais
jongler avec la mairie, même les taxes là tu ne payes pas (...)
c'est l'argent qui entre seulement.
En réalité, le fait que ces jeux soient
récents dans notre société pose le problème de leur
statut. La loi règlementant les jeux au Cameroun ne précise pas
la nature et les conditions d'exploitation pour cette catégorie
d'appareils, et même le code général des impôts
n'évoque aucune taxe imputable à ces jeux ; ce qui laisse libre
cours aux promoteurs d'en faire leur usage, et à certains agents
véreux des recettes et des finances d'en initier un « marché
noir ».
En outre, le fait que ce type de jeu ne se pratique qu'en
monnaie réelle pose un sérieux problème dans
l'économie urbaine. Parce que dans la ville de Yaoundé, les
pièces de monnaie en circulation se font de plus en plus rares. Puis
qu'elles servent d'instruments de jeu, les promoteurs de ces machines les
captent et les monopolisent pour en avoir suffisamment. Ce qui n'exclue donc
pas l'hypothèse selon laquelle ces pièces de monnaie sont
certainement stocker dans ces appareils, au moment où leur besoin se
fait ressentir par la population.
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