V. Caractéristiques et éléments
structurants de la population de pratiquants :
1. Les caractéristiques de la population de pratiquants
: a) Répartition entre Hommes et Femmes
Le tableau ci-dessous rassemble les résultats issus du
questionnaire. Il nous indique que la répartition Homme/Femme est
inégale au sein de la population de pratiquants. En effet, il y a 299
Hommes soit 67,6% contre 143 Femmes soit 32,4% de l'effectif total des
licenciés de plus de 18ans.
Or, cette répartition respecte les proportions de
l'échantillon représentatif réalisé à partir
de la base de données de la FFKDA, à savoir :
Homme
|
36031
|
67,8%
|
Femme
|
17090
|
32,2%
|
Cette information nous permet d'affirmer que
l'échantillon est représentatif car les valeurs de
répartitions entre les hommes et les femmes ayant plus d 18 ans restent
sensiblement les mêmes. De plus, le tableau nous renseigne sur le fait
que le nombre d'hommes est significativement plus important que le nombre de
femme. Toute fois, en comparaisons des chiffres statistiques concernant «
les femmes dans la pratique sportive en 2002 »72 pour
un total de 209 948 licenciés Homme/Femme, il y avait un pourcentage de
26,6% de licenciées Femme pratiquant le karaté. Ce qui signifie
que depuis 7 ans nous assistons à une féminisation de la
population de pratiquants. Concrètement, au mois de mai 2009, il y avait
194 819 licenciés à la FFKDA soit 135 864 Hommes (69,73%) pour 58
955
72 Source Ministère de la santé des
Sports et le Vie Associative (2002) les femmes dans la pratique sportive en
2002, bulletin de statistiques et d'études
Master 2 SEP, Brest Juin 2009 Les pratiquants de
karaté en France : de l'« artiste martial» à l'«
égaré ».
Anthony METTLER 41
Femmes (30,26%). Autant dire que malgré une diminution
de 15 129 licenciés sur 7 ans, il y a une différence de +3,66%.
Cela peut s'expliquer par une diversification de l'offre de la pratique mais
également par le fait que le message de la fédération ce
soit réorienté sur le public féminin. L'appelation que
propose le ministère comme « public cible » permet de
faciliter l'accès des femmes au karaté. Aujourd'hui, une pratique
comme le body-karaté illustre ce nouvel aspect de la pratique.
b) La répartition par tranche d'âges
|
Moins de
27
|
de 27 à moins de
|
de 36 à moins de
|
de 42 à moins de
|
49 et plus
|
Total
|
|
|
36
|
42
|
49
|
|
|
Echantillon issu
|
402
|
402
|
384
|
410
|
404
|
2002
|
FFKAD
|
20,07%
|
20,07%
|
19,19%
|
20,48%
|
20,18%
|
100%
|
Population étudiée
|
86
|
88
|
77
|
79
|
90
|
420
|
|
20,47%
|
20,95%
|
18,34%
|
18,81%
|
21,42%
|
100%
|
Concernant les années de naissances nous pouvons dire
qu'il y a une répartition des années de naissance assez
homogène sur l'ensemble de la population. Dès lors, la pratique
du karaté ne semble pas intéresser que les plus jeunes, au
contraire, cette répartition homogène de la population nous
montre que chacun trouve un intérêt à pratiquer le
karaté quelque soit l'âge. Toutefois, nous ne pouvons par recouper
différentes données pour l'instant. Par exemple, nous ne savons
pas combien de pratiquants de moins de 27 ans ont commencé cette
année. Aussi, nous avons établit un échantillon sur la
base de quotas ce qui signifie que nous avons sélectionné des
pratiquants de karaté se répartissant selon les mêmes
caractéristiques et les mêmes proportions que l'ensemble de la
population étudiée73. Dès lors, nous pourrons
dire que l'échantillon est représentatif que s'il reste
fidèle à l'original, c'est-à-dire qu'il comprend les
mêmes pourcentages de femmes et d'hommes ou, dans notre cas, une
répartition par styles fidèle aux données
fédérales. En ce sens, nous cherchons à vérifier
que les résultats obtenus respectent les mêmes proportions que
l'échantillon. Pour le moment, la répartition par sexe et tranche
d'âge restent fidèle à l'ensemble des
caractéristiques de l'échantillon.
73 Op. cit. Meynaud, HY. & Duclos, D.
Anthony METTLER 42
Master 2 SEP, Brest Juin 2009 Les pratiquants de
karaté en France : de l'« artiste martial» à l'«
égaré ».
c) Professions et Catégories Socioprofessionnelles
(PCS)
Afin de connaître les catégories
socioprofessionnelles des pratiquants nous avons établi les
paramètres sur un code allant de 1 (Etudiants) à 9
(Retraités). Dès lors, la population de pratiquants se compose de
13,8% d'étudiants, de 0,7% de personnes n'ayant jamais occupé
d'emploi, de 0,2% d'agriculteur exploitant, de 6,1% d'artisans,
commerçant et chefs d'entreprise, de 36,2% de cadres et professions
intellectuelles supérieures. Concernant les professions
intermédiaires, elles sont représentées à 12%, il y
a 21,7% d'employés, 5% d'ouvriers, enfin, 2,5% de retraités.
En effet, le nombre de cadres ou de professions
intellectuelles supérieures ainsi que le nombre des employés sont
plus important par rapport au reste des PCS. Les deux PCS que nous venons de
citer sont significativement représentées. Elles totalisent
ensemble 57,9% des PCS présentent au sein de la population.
Contrairement aux études de Jean Paul Clément sur les pratiques
telles que le judo, la lutte ou bien l'aïkido qui disent que les
pratiquants ont des caractéristiques sociales similaires ; le
karaté semblerait atypique en raison des PCS en présence au sein
de la population et du type de rapport au corps proposé par la pratique.
Le fait qu'il puisse coexister des cadres ou professions intellectuelles
supérieures ainsi que des employés traduit le fait que la
pratique du karaté aujourd'hui répond à plusieurs logiques
en raison de la diversification de l'utilisation des techniques du corps,
c'est-à-dire que l'on peut travailler le karaté d'une
façon rude basée sur l'efficacité technique qui pourrait
correspondre aux PSC de type employés ou bien travailler le
karaté d'une manière plus souple basée sur une recherche
sur soi pour apprendre à mieux se maîtriser qui pourrait
correspondre aux cadres ou professions intellectuelles supérieures.
Dès lors, il va être important de connaître le niveau
d'étude des pratiquants et d'analyser les différentes
orientations de la pratique par l'intermédiaire des questions
d'opinions.
Master 2 SEP, Brest Juin 2009 Les pratiquants de
karaté en France : de l'« artiste martial» à l'«
égaré ».
Anthony METTLER 43
d) Le temps de pratique en karaté
Au moment de la création de l'échantillon
représentatif il n'y avait pas de renseignements concernant le temps de
pratique en karaté par individu. En effet, la base de données ne
tient pas compte du passé des pratiquants. Or, cette donnée est
intéressante dans le sens où nous connaissons dès à
présent la manière dont se répartie la population en
fonction du temps de pratique. Notons que le temps de pratique est
indépendant du grade obtenu car il est possible de pratiquer toute une
vie sans pour autant passer la ceinture noire.
45,00%
40,00%
35,00%
30,00%
25,00%
20,00%
15,00%
10,00%
5,00%
0,00%
moins de 2
De 2 àDe 4 à De 6 à De 8 à De 10
à 12 et
4 6 8 10 12 plus
années de pratique
Aussi, nous pouvons voir que les pratiquants de karaté
sont inégalement répartis. Concrètement, 40% des
karatéka pratiquent depuis plus de 12 ans et 60% des karatéka
pratiquent depuis moins de 12 ans. Ce qu'il est pertinent de relever est la
diminution de la répartition des pratiquants entre 6 à 12 ans de
pratique. Cela pourrait signifier que plus l'on avance dans le temps de
pratique moins il y aurait de personnes par tranche d'ancienneté. Nous
pourrions imaginer, au-delà des 12 ans de pratique, qu'il y ait de moins
en moins de pratiquants. L'autre point important concerne l'idée que
29,2% des karatéka pratiquent depuis moins de 6 ans, ce qui nous informe
sur l'idée que la population de karatéka aujourd'hui est jeune en
temps de pratique.
Donc, cette population semble être structurée sur
un modèle pyramidale, c'est-à-dire
que nous retrouvons beaucoup de pratiquants ayant peu
d'ancienneté dans la pratique et de moins en moins de pratiquants
anciens. Ici se pose la question de l'évaporation et de la
Master 2 SEP, Brest Juin 2009 Les pratiquants de
karaté en France : de l'« artiste martial» à l'«
égaré ».
Anthony METTLER 44
fidélité des pratiquants pour le karaté.
Il serait intéressant de questionner les raisons qui amènent
à continuer et à stopper la pratique.
e) Présentation des styles pratiqués
Pour cette question, les paramètres sont établis
sur un code de 1 (karaté contact) à 10 (autre). L'intention de
cette question est de mettre à jour la répartition des
pratiquants en fonction des principaux styles de karaté. C'est en ce
sens que la fédération identifie et catégorise la pratique
du karaté, cependant, il manque trois données : le «
body-karaté », le « shotokaï » et
le « kempo ». En effet, la question de l'intégration
du body-karaté comme « style » de karaté se
pose ici. La catégorie « autre » représente
4,8% des styles que nous venons de citer. Or, nous pourrions penser que ses
4,8% regrouperaient les pratiquants de body-karaté ou de kempo. Ce qui
signifie que les pratiquants ayant répondu « autre » se
considèrent comme étant karatéka. Toute la
difficulté de notre travail se cristallise ici.
En effet, nous parlons d'un karaté ayant de multiples
facettes alors que les styles engendrent des perceptions différentes de
cette pratique. Quoiqu'il en soit, nous pouvons dire que la «
suprématie » du style « shotokan » est
belle et bien présente pour 68,6% des pratiquants. Suivie des
pratiquants du style « wado-ryu » à 13,3%, puis des
« shito-ryu » à 5,2%, des « shukokaï
» à 2%, des « kyokushinkaï » à
1,8%. Enfin, les styles très peu représentés sont les
pratiquants de style « shorinji-ryu » (0,9%), «
goju-ryu » (0,5%) et « uechi-ryu » (0,5%).
Dès lors, il va être intéressant de faire la relation entre
la répartition des données fédérales et la
population de répondants74. La comparaison nous montre que la
hiérarchisation des styles est respectée, au regard des
données fédérales, à savoir le « shotokan
» à 69,98%, le « wado-ryu » à 9,28%,
le « shito-ryu » à 5,38% et le «
shukokaï »
74 Cf. annexe 11
Master 2 SEP, Brest Juin 2009 Les pratiquants de
karaté en France : de l'« artiste martial» à l'«
égaré ».
Anthony METTLER 45
à 1,59%. Notons que les pourcentages entre les deux types
de données sont proportionnels et fidèles donc la population
analysée est toujours représentative.
f) La répartition des pratiquants par grade
30,00%
25,00%
20,00%
15,00%
10,00%
5,00%
0,00%
Couleur Marron 1er dan 2ème dan 3ème dan
4ème dan 5ème dan 6ème dan
Grade
Les paramètres sont codifiés comme :
Couleur/kyu, Marron/1er kyu , 1er dan, 2ème dan, 3ème dan,
4ème dan, 5ème dan, 6ème dan, 6ème dan et plus.
Tout d'abord, nous pouvons dire qu'il n'y a pas d'individu ayant un grade
supérieur au 6ème dan. Ensuite, Il est important de
rappeler que le grade en karaté, que nous appelons « Dan
», est une validation du niveau de compétence technique
reconnu par l'Etat par l'intermédiaire de la Commission Nationale
Spécialisée des Dans et Grades Equivalents de la
FFKDA75. Nous pouvons voir que les pratiquants titulaires du
1er dan sont les plus nombreux à 28,1% suivi de très
près par les pratiquants ayant une ceinture de couleur à 26%.
Ensuite, cette population est constituée de 18% de personnes ayant la
ceinture marron, de 12,2% de pratiquants ayant un 2ème dan,
de 2,5% de personnes ayant le 4ème dan et le
5ème dan, enfin, 0,5% des pratiquants ont le grade de
6ème dan. A noter qu'il existe des paliers entre chaque
grade, entre le 1er dan et le 2ème dan il faut
attendre 2 ans ; entre le 2ème dan et le
3ème dan il faut attendre 3 ans. Ceci jusqu'au 6ème
dan.
Il importe que la répartition des grades soit
organisée de façon pyramidale. Concrètement, plus l'on
« monte » en grade moins il y a de pratiquants gradés
avec,
75 C'est-à-dire que « l'usage
irrégulier d'un titre protégé (le Dan) est constitutif
d'une usurpation de titre susceptible de faire l'objet de poursuites sur la
base de l'article 259 du code pénal. Cet article puni d'un
emprisonnement de 6 mois à 2 ans et d'une amende de 230€ à 6
100€ "celui qui, sans remplir les conditions exigées pour le porter
aura fait usage ou se sera réclamé d'un titre attaché
à une profession légalement réglementée, d'un
diplôme officiel ou d'une qualité dont les conditions
d'attribution ont été fixées par l'autorité
publique », source : site officiel de la Fédération
Française de Judo et Disciplines Associées.
Master 2 SEP, Brest Juin 2009 Les pratiquants de
karaté en France : de l'« artiste martial» à l'«
égaré ».
Anthony METTLER 46
toutefois, une base composée de nombreux pratiquants.
Ce phénomène s'explique par le fait que les exigences techniques,
physiques et de recherche sont de plus en plus importantes. L'exemple le plus
marquant est l'obtention du 6ème dan. En effet, il est
impératif de produire un mémoire suivi d'une soutenance pour
obtenir ce grade. Pourtant, si l'on additionne les pratiquants ayant une
ceinture dite de « couleur » et les pratiquants ayant un
« Dan », nous pouvons voir que sur l'ensemble des
répondants soit un total de 96,7%, il y a 44,1% de pratiquants ayant une
ceinture de couleur contre 52,6% de « gradés
»76. Cette tendance peut s'expliquer par la politique mise
en place par la fédération en ce qui concerne les grades,
c'est-à-dire de faciliter l'accès aux grades pour tous.
D'ailleurs, cette politique semble être très controversée
par certains pratiquants suite à nos observations informelles sur le
terrain.
g) Les stages de karaté
A la question « au cours des 12 derniers mois,
avez-vous participé à un ou plusieurs stages de karaté ?
», 64,3% des pratiquants répondent « oui »
contre 34,6% qui répondent « non ». Plus
particulièrement, lorsque que nous demandons aux personnes ayant
répondu « oui » de préciser la nature des
stages réalisés, nous avons 73,31% qui répondent en faveur
d'un stage expert, 36,4% ont fait un stage avec leur enseignant
référent, 37,01% ont fait un stage de préparation aux
passages de grade, 26,33% ont participé à un stage d'arbitrage,
16,37% se sont présentés à un stage de préparation
à la compétition, enfin, 9,61% ont suivi un stage de formation
comme juge de passage de grade. Ce classement nous montre l'importance
accordée par les pratiquants aux stages avec les experts.
d'un stage expert
|
73.31%
|
d'un stage de préparation au passage de grade
|
26.33%
|
d'un stage de préparation à la
compétition
|
16.37%
|
d'un stage avec votre enseignant référant
|
37.01%
|
d'un stage d'arbitrage
|
19.57%
|
d'un stage de juge en passage de grade
|
9.61%
|
76 L'expression « gradé
»dépend du contexte dans lequel ce situe le pratiquant. Par
exemple, un 3ème dan parlera des « gradés
» en référence au 5ème dan
présent à ce moment. Tandis qu'« une ceinture de couleur
», autrement dit un pratiquant n'ayant pas la ceinture noire,
considérera quelqu'un comme « gradé » à
partir du 1er dan.
Master 2 SEP, Brest Juin 2009 Les pratiquants de
karaté en France : de l'« artiste martial» à l'«
égaré ».
Anthony METTLER 47
En effet, certaines régions, comme la Bretagne, ont mis
en place un pool d'experts régionaux77 en complément
du pool d'experts fédéraux, reconnu par la
fédération, constitué des karatéka les plus haut
gradés sur le territoire. Cependant, si l'on regarde la
répartition des réponses et l'importance accordée à
certains types de stage, nous pouvons affirmer que les pratiquants recherchent
avant tout des stages techniques avec un expert, leur enseignant ou bien des
stages permettant de se préparer aux passages de grade.
h) La part de compétition dans la pratique
Ici, la question posée est « au cours des 12
derniers mois, avez-vous participé à une ou plusieurs
compétitions de karaté (kata et/ou combat) ? ». Les
répondants, au nombre de 435, ont majoritairement dit « non
» à 83,91% contre 16,09% qui ont répondu « oui
». Ce qui signifie qu'un nombre conséquent de pratiquants
ayant au dessus de 18 ans ne sont pas intéressés par l'aspect
compétitif du karaté. Toutefois, nous pouvons voir les
réponses à cette question dans l'autre sens, c'est-à-dire
qu'une partie des karatéka pratiquent la compétition. En ce sens
nous avons ici deux orientations possibles du karaté : les
compétiteurs et les non compétiteurs. Pourtant, cette
catégorisation reste assez réductrice car il a beaucoup de cas
qui peuvent se présenter. En effet, cette donnée ne nous informe
pas au-delà des 12 derniers mois. Prenons l'exemple d'un
compétiteur combat qui a fait une carrière de plus de 10 ou 15
années et qui a arrêté il y a 13 ou 14 mois, il ne pourra
pas répondre « oui » à cette question. Il
n'empêche que cette question contribue fortement à photographier
la population de pratiquants d'aujourd'hui.
77 Le pool d'experts régionaux au sein de la
Ligue de Bretagne a pour objectif de proposer les compétences et
l'expérience de pratiquants, gradés au minimum du
5ème dan, pris en charge en partie par la ligue et le
département qui accueil le stage.
Anthony METTLER 48
Master 2 SEP, Brest Juin 2009 Les pratiquants de
karaté en France : de l'« artiste martial» à l'«
égaré ».
i) Le type de dojo pour la pratique du karaté
Nous pouvons dire qu'actuellement les pratiquants de
karaté peuvent s'exercer au sein de club municipaux pour 45,98% d'entre
eux et dans d'autres types de dojo pour 46,44% pour d'autres. Nous n'avons pas
plus d'informations concernant les autres types de dojo cependant il est
possible qu'il s'agisse de salle de sport de type remise en forme mais sans
avoir plus de détail. Si nous prenons en considération le fait
qu'il puisse s'agir de clubs de type « salle de sport » nous
pouvons penser que les intentions ne seront pas les mêmes que le club ou
dojo municipal. En effet, la pratique au sein d'une salle de sport
répond à une logique de commercialisation et de multiplication
des offres afin d'avoir un maximum de rendement dans l'objectif de gagner de
l'argent pour exister. Tandis que le dojo municipal sera dans l'idée de
ne pas rentabiliser mais plutôt demander le minimum pour assurer les
actions ou l'encadrement des activités.
j) L'activité « administrative » des
pratiquants
A cette question nous demandions aux pratiquants de nous
informer sur les possibles activités « administratives
» qu'ils peuvent exercer dans le domaine du karaté comme
président, trésorier, responsables de commission ou alors dans
une direction technique. Nous constatons que 61,19% n'ont pas d'activité
administrative et que 38,81% en exerce une.
Master 2 SEP, Brest Juin 2009 Les pratiquants de
karaté en France : de l'« artiste martial» à l'«
égaré ».
Anthony METTLER 49
Pour affiner le propos, ceux ayant répondu «
oui » à cette question s'occupent principalement de leur
club (91,07%), puis du département (23,21%), ensuite de leur
région (10,12%) et 1,19% ont une activité administrative au
niveau national. Notons que l'activité au sein des clubs est très
importante et que plus on monte dans les strates de l'organisation
fédérale moins il y a de monde. Or, actuellement la
fédération a fait le constat qu'il manquait de gens pour faire
fonctionner cet ensemble complexe comme dans toutes les
fédérations d'ailleurs. Et dans certain cas, il arrive que des
clubs fonctionnent avec une composition de bureau dit « familiale
».
Cette tendance confirme les travaux d'Emmanuelle Walter
concernant la crise du bénévolat c'est-à-dire que «
les propos des bénévoles sur le thème de "la crise du
bénévolat« varient en fonction du type d'associations
sportives dans laquelle ils oeuvrent ; en effet, si les causes profondes de
ce« malaise« sont produites par des mutations sociales,
économiques et symboliques qui dépassent très largement le
cadre du monde sportif et associatif, on peut aussi analyser ce sentiment de
«crise du bénévolat« comme produit par l'inadaptation
(voulue ou subie) des associations sportives aux réalités
économiques et symboliques actuelles ; or ce «décalage«
entre une certaine conception du sport associatif et de l'engagement
bénévole et les attentes en matière de pratique sportive
n'est pas le même pour toutes les associations sportives. » En
karaté, l'indicateur le plus marquant de ce phénomène est
l'arbitrage comme nous avons pu l'entendre au cours de l'Assemblée
Générale de la FFKDA qui s'est déroulé en
Décembre 2007 au Comité National Olympique et Sportif
Français. Au cours de cette assemblée, un certains nombre de
Présidents de Ligues apportaient leurs témoignages quant à
la difficulté de recruter des arbitres bénévoles au niveau
départemental et régional. Le point suivant permet de mieux
éclairer ce problème.
Anthony METTLER 50
Master 2 SEP, Brest Juin 2009 Les pratiquants de
karaté en France : de l'« artiste martial» à l'«
égaré ».
k) Les diplômes d'arbitrage des pratiquants
Concernant les diplômes relatifs à l'arbitrage
que peuvent posséder les pratiquants, 85,08% d'entre eux disent «
aucun », puis 5,13% en ont un au niveau départemental,
6,29% au niveau régional, 3,03% au niveau national et 0,47% au niveau
international. Toutefois, il est nécessaire de préciser que la
possession d'un diplôme ne veut pas dire que l'arbitre est en
activité. Il faut donc nuancer ceci au même titre que la
catégorie stagiaire n'apparaît pas comme choix possible. Plus
précisément, il est de plus en plus dur de trouver et de former
des arbitres pour veiller au bon déroulement des compétitions en
raison du temps passé le weekend end sur les manifestations sportives,
ce qui est peut-être la raison de la faible participation des pratiquants
à l'arbitrage. Il est possible d'accéder à l'arbitrage
dès 14 ou 15 ans par l'intermédiaire de l'école des jeunes
arbitres qui, normalement, existe au sein de chaque ligue. Après 18 ans,
il est obligatoire de passer par la commission régionale ou
départementale d'arbitrage qui forme les arbitres jusqu'au niveau
national, ensuite, il y a un examen national d'arbitrage en combat et en kata
une fois par an en alternance. En ce qui concerne l'influence de l'arbitrage
sur la perception de la pratique, nous pouvons relever des entretiens que les
arbitres interrogés tentent de faire respecter les codes et l'esprit qui
leur semble important. Les deux pratiquants/arbitres interrogés voient
le karaté comme une école de vie permettant d'apprendre à
se cadrer. Toutefois, les entretiens ne sont pas suffisamment accès sur
cette question, il n'empêche que nous pouvons nous demander si la
vocation d'arbitre ne serait pas conditionnée par la vision que les
arbitres ont de leur propre pratique du karaté.
Anthony METTLER 51
Master 2 SEP, Brest Juin 2009 Les pratiquants de
karaté en France : de l'« artiste martial» à l'«
égaré ».
l) Les diplômes d'enseignement des pratiquants
En ce qui concerne les diplômes
d'enseignement78, nous constatons que 70,02% des pratiquants n'en
ont pas. Le DIF est représenté à 14,75%, puis le BEES1
à 8,67%, le DAF à 3,28%, l'AFA à 1,17%, enfin le BEES2
à 1,1%. Il y a seulement deux pratiquants titulaires du BEES3 en
karaté en France. Il n'empêche que les pratiquants de
karaté semblent être plus intéressés par le DIF ou
bien le BEES1 que les autres diplômes.
Pour plus de précisions, il faut savoir que les
diplômes fédéraux comme l'AFA, le DAF et le DIF ne
permettent pas de travailler contre rémunération, a contrario du
BEES1 et BEES2. De plus, les formations fédérales sont
accessibles tant sur les contenus que sur les tarifs contrairement aux
diplômes d'Etat de type BEES dont la formation est proposée par le
Ministère des Sports, pour le tronc commun, et la
fédération pour la partie spécifique. Il faut compter
environ 30€ pour l'AFA (8h de formation), 100€ pour le DAF (14h de
formation et stage d'organisation compris) et 280€ pour le DIF (94h de
formation plus stages d'organisation et d'expert). Ce qui nous amène
à penser que les pratiquants de karaté privilégient des
formations fédérales courtes qui ne sont pas très
onéreuses et qui leurs permettront d'avoir une base de connaissances et
de compétences suffisante pour enseigner dans un club. Les pratiquants
sont ici dans la logique de l'utilité de la formation sans pour autant
qu'il y est une recherche de qualité.
78 AFA = Attestation de Formation d'Assistant ; DAF
= Diplôme d'Animateur Fédéral ; DIF = Diplôme
d'Instructeur Fédéral ; BEES 1 = Brevet d'Etat d'Educateur
Sportif 1er Degré ; BEES 2 = Brevet d'Etat d'Educateur
Sportif 2ème Degré
m) Master 2 SEP, Brest Juin 2009 Les pratiquants de
karaté en France : de l'« artiste martial» à l'«
égaré ».
Anthony METTLER 52
L'enseignement du karaté
Dans la mesure où 69,66% des pratiquants n'ont pas
d'activité d'enseignement contre 30,34% d'enseignant, si l'on compare le
nombre de personnes identifiées comme « enseignant »
et les personnes qui disent enseigner, nous pouvons dire qu'il semblerait qu'il
y ait une différence. En effet, si l'on comptabilise les données
des titulaires de diplômes fédéraux ou bien d'Etat cela
représente 28,5% soit légèrement moins que les pratiquants
qui se disent enseigner. Ce qui signifie qu'il y a 1,4% des personnes se disant
« enseignant » qui n'ont pas de diplôme pour. Nous pouvons dire
que la politique de formation menée par la fédération
fonctionne dans le sens il y a très peu de personne qui enseigne sans
diplôme.
n) La « motivation » pour l'entrainement
A la question « selon vous, il vous arrive de manquer un
de vos cours de karaté », nous pouvons voir qu'il y a peu de
pratiquants qui manquent un cours.
Master 2 SEP, Brest Juin 2009 Les pratiquants de
karaté en France : de l'« artiste martial» à l'«
égaré ».
Anthony METTLER 53
De plus, les raisons invoquées par ces individus
concernant le fait de manquer un cours sont, premièrement, le «
travail » pour 66,05%, puis la « maladie »
pour 27,02%, ensuite la « famille ou le conjoint » pour
26,33%, suivi d'une « blessure » pour 25,40%, puis la «
fatigue » pour 17,78%, mais aussi le « manque de
motivation » pour 6,24%, les « transports » pour
3,7%, puis « autre loisir » 3,46%, enfin 6,24% ne
précisent pas leur raison et ont répondu « autre
». Ce qui est important de retenir dans le cas des cours
manqués c'est que les pratiquants sont très assidus et ne ratent
que rarement ou très rarement leur cours de karaté. Donc, nous
pouvons dire que les karatéka voient leur pratique comme essentielle
pour laquelle une raison indépendant de leur volonté les
empêchera de pratiquer.
2. La perte de sens de la pratique illustrés par les
pratiques « périphériques »:
a) Ceux qui pratiquent un autre art martial ou
activité de combat
Nous pouvons voir que les karatéka ne pratiquent pas
d'activités périphériques c'est-à-dire des
activités de combat ou qui s'apparentent à des arts martiaux.
Parmi ceux qui répondent positivement à cette question, nous
relevons deux choses, l'une concerne le fait qu'il existe une diversité
de pratiques qui sont aussi bien des disciplines considérées
comme « dure » telles que le « kickboxing
» avec un travail de renforcement du corps, à l'inverse, nous
retrouvons ici des pratiques plus « souples » en terme de
contact, l'« aïkido » est un exemple. Nous retrouvons
également des pratiques utilisant les armes telles que le «
kobudo » ou bien l'« escrime ». La
proximité entre le karaté et les autres disciplines peut
s'expliquer par les travaux de Jean-Paul Clément dans le sens où
le type de pratique en karaté conditionnerait le type de rapport au
corps. Dès lors, un pratiquant axant sa pratique sur un
Master 2 SEP, Brest Juin 2009 Les pratiquants de
karaté en France : de l'« artiste martial» à l'«
égaré ».
Anthony METTLER 54
renforcement corporel aura tendance à pratiquer une
activité telle que le kick boxing, au contraire, un karatéka qui
souhaite travailler sur les déplacements et la fluidité dans le
mouvement s'orientera vers une pratique telle que l'aïkido.
Le second élément est la catégorisation
du « body-karaté » et du «
karaté-contact » comme « autre art martial ou
activité de combat ». Dès lors, l'inscription de ces
deux facettes du karaté au sein de cette rubrique semble illustrer le
manque de définition et de lisibilité de ses pratiques comme
styles ou pratiques issues du karaté. Cela veut dire que les pratiquants
ayant répondu ces deux modalités de combat ne semblent pas
considérer le « body-karaté » et le «
karaté-contact » comme du karaté. Plus
particulièrement, il est possible que les personnes pratiquant le «
body-karaté » aient précisé leur pratique
ici en raison de l'absence de cette possibilité dans les styles
proposés.
Nous avons vu que les 14,55% de karatéka pratiquent une
autre activité que le karaté, ces pratiques ont des formes
particulières de travail, certaines avec armes d'autres non, certaines
sur des distances de corps à corps proches, d'autres non. En effet, les
27 activités précisées sur les 60 répondants nous
montrent qu'il n'existe pas de lien strict entre le karaté et une autre
pratique. Au contraire, le karatéka cherchera dans une autre
activité les éléments qui lui permettront de continuer
à progresser en accord avec le sens qu'il accorde à sa propre
pratique. Cependant, qu'en est-il des activités physiques et sportives
et des loisirs, au sens plus large du terme ?
Anthony METTLER 55
Master 2 SEP, Brest Juin 2009 Les pratiquants de
karaté en France : de l'« artiste martial» à l'«
égaré ».
b) Ceux qui pratiquent d'autres activités physiques et
sportives et de loisirs
Contrairement à la question précédente,
ici, 60,87% des karatéka ont une activité physique et sportive ou
de loisirs en plus de leur pratique du karaté, contre 39,13% qui n'en
pratiquent pas. Cette question était posée ainsi : « au
cours des 12 derniers mois, hormis les pratiques martiales, avez-vous
pratiqué d'autres activités physiques et sportives
régulière ? ». Dès lors, ce que nous pouvons
dire c'est qu'il existe des pratiques assez différentes allant de la
« danse » à « l'équitation
» ou encore du « handball », de la « moto
sur circuit ». L'ensemble des 60,87% de pratiquants ont
précisé cette question et nous pouvons ajouter qu'il y a une
majorité de pratiquants qui font du jogging ou de la course à
pied. Ce qui signifie qu'au-delà de la pratique du karaté, il y a
un intérêt pour l'entretien physique et corporel.
A la question « au cours des 12 derniers mois, hormis
les pratiques martiales, quelles ont été vos autres principales
activités de loisirs régulières ? ». Nous
pouvons indiquer que les pratiquants de karaté ont des activés de
loisirs très variées telles que le «
théâtre », la « chasse » ou
encore le « poker ». Cependant, nous constatons qu'il y a
très peu de pratiquants de karaté qui ont des activités ou
des loisirs en lien avec l'origine culturelle de la pratique : le Japon.
Concrètement, nous n'avons que deux réponses en lien avec la
culture japonaise, c'est l'apprentissage du japonais et l'entretien de
bonsaï79.
79 L'origine de la culture des bonsaïs (l'art
de « cultiver de petits arbres ») remonte à environ
200 ans avant J.C. Ce n'est que plusieurs années plus tard que les
bonsaïs firent leur apparition au Japon (10e siècle). On dit qu'un
moine bouddhiste chinois, lors d'un voyage au Japon, apporta avec lui le
premier bonsaï et en fit cadeau à un Japonais. Les Japonais ont par
la suite amélioré la technique de culture des bonsaïs. C'est
pourquoi la culture des bonsaïs est si populaire au Japon.
Master 2 SEP, Brest Juin 2009 Les pratiquants de
karaté en France : de l'« artiste martial» à l'«
égaré ».
Anthony METTLER 56
Une recherche effectuée sur une population de
pratiquants en Aïkiryu80 en 2007, démontrait qu'il
existait une recherche de lien culturel par des loisirs proches de la culture
japonaise. En effet, certains Aïkiryuka étaient dans l'optique de
pratiquer leur « art du geste » qu'est l'Aïkiryu tout en
cherchant à « réenchanter » leur pratique en
intégrant certaines caractéristiques culturelles orientales. Cela
se traduisait par des activités telles que la calligraphie ou du
théâtre japonais. Donc, le peu d'activités en lien avec la
culture d'origine traduirait le fait que les karatéka ne cherchent pas
nécessairement à avoir ce lien avec la culture japonaise en
raison du « désenchantement » existant depuis l'arrivée
de la pratique en France. Aussi, ce phénomène peut s'expliquer
par la perte progressive du sens de la pratique du fait de sa sportivisation et
de son intégration progressive au sien de la culture occidentale, plus
rationnelle81. Le processus de rationalisation qu'a subi le
karaté peut être la raison pour laquelle les karatéka ne
recherchent pas cette attache culturelle. Pour Max Weber, les principales
civilisations du monde ont connu un processus de rationalisation, par lequel
les actions et les représentations des hommes sont devenues plus
systématiques et méthodiques. Toutefois, il lui semble que ce
processus a connu une direction spécifique en Occident. Pour Max Weber,
le monde occidental se caractérise, en effet, par une rationalisation
orientée vers l'action pratique dans le monde, c'est-à-dire par
une volonté de contrôle et de domination systématique de la
nature et des hommes dans la production de biens matériels. Dès
lors, il est possible qu'il puisse y avoir une certaine perte de sens au sein
de cette pratique devenue elle-même plus rationnelle.
3. Le rôle du grade dans la pratique :
a) Corrélation grade actuel / temps de
pratique
Il faut comprendre la corrélation comme une «
variation concomitante de deux phénomène
»82, c'est-à-dire qu'en
statistique la corrélation entre deux ou plusieurs variables
aléatoires ou statistiques détermine l'intensité de la
liaison qui peut exister entre ces variables. Une mesure de cette
corrélation est obtenue par le calcul du coefficient de
corrélation qui est compris entre -1 et 1. Concrètement, plus le
coefficient se rapproche de ces valeurs plus la corrélation explique la
dépendance des variables. Le graphique ci-dessous représente les
426 points de coordonnées du temps de pratique et du grade actuel.
80 Mettler, A. (2007) Aïkiryu : un art, une
communauté, Mémoire de Master, UFR SEP Brest
81 Weber, M. (2006) Sociologie de la
religion, traduit par Kalinowski, I., Flammarion, Paris
82 Op. cit. Alpes, Y. Beitone, A. Dolo, C. Lambert,
JR. Parayre, S.
Master 2 SEP, Brest Juin 2009 Les pratiquants de
karaté en France : de l'« artiste martial» à l'«
égaré ».
Ce graphique nous renseigne sur une dépendance
significative entre le temps de pratique et le grade actuel (équation de
la droite de régression : grade actuel = 0,13 * temps de pratique +
1,26). Le coefficient de corrélation est de +0,80, ce qui signifie que
le temps de pratique explique 64% de la variance du grade actuel. Cette
corrélation confirme ce qui se passe dans la pratique du karaté,
à savoir que plus on avance dans le temps de pratique plus un pratiquant
est susceptible de passer des grades. Par exemple, un débutant qui
commence le karaté mettra en moyenne 5 ans pour atteindre le niveau
ceinture noire sachant que les exigences de la fédération sont
d'avoir au moins deux licences. Si l'on prend en compte qu'entre chaque grade
il faut attendre un certain nombre d'années, nous pouvons dire que ce
résultat illustre tout à fait une réalité de la
pratique.
0,88
4,95
temps de pratique
grade actuel
b) Le grade comme élément structurant de la
pratique
0,81
0,69
0,67
0,57
année de naissance profession
niveau de diplôme temps de pratique style
pratiqué
grade actuel
diplôme arbitrage diplôme enseigneme
coef.>0,85 0,85>coef.>0,70 0,70>coef.>0,50
Nous avons analysé différentes variables telles
que l'année de naissance, la profession, le niveau de diplôme, le
temps de pratique, le style pratiqué, le grade actuel, le diplôme
arbitrage ainsi que le
0,54 diplôme d'enseignement afin de voir s'il des liens
entre chacune de ses variables mais surtout pour vérifier la place
qu'occupe le grade au sein de la pratique.
Anthony METTLER 57
Cette analyse conforte l'idée d'une forte
corrélation entre le « temps de pratique » et le
« grade actuel » (0,81) comme nous l'avons
vu précédemment. Aussi, il y a un élément fort :
Master 2 SEP, Brest Juin 2009 Les pratiquants de
karaté en France : de l'« artiste martial» à l'«
égaré ».
Anthony METTLER 58
le « diplôme d'enseignement » qui est
à la fois en corrélation entre le « grade actuel »
(à 0,69), le « temps de pratique » (0,67), le «
diplôme d'arbitrage » (0,57). Il y a également une
corrélation entre le « grade actuel » et le «
diplôme d'arbitrage » (0,54).
Il est possible d'expliquer ces différentes
corrélations par le fait que le système fédéral
français est construit sur la base du grade que l'on obtient avec de
l'ancienneté dans la pratique. Notons que le grade est un diplôme
d'Etat qui valide un certain nombre de compétences et confère
à son détenteur un statut reconnu. En effet, la validation d'un
grade donne la possibilité de passer des diplômes d'enseignement
de type fédéral ou d'Etat. Aussi, pour passer le Diplôme
d'Instructeur Fédéral, il est exigé d'avoir le
1er dan et plus de 18 ans. Plus précisément, un
pratiquant souhaitant enseigner sa pratique contre rémunération
doit avoir un diplôme d'enseignement de type Brevet d'Etat accessible
sous condition d'obtenir le 2ème dan et avoir plus de 18 ans. De plus,
étant donné qu'avoir un grade pour obtenir un diplôme
d'enseignement est nécessaire, il est donc logique d'avoir de
l'ancienneté dans sa pratique. Ce qui explique la corrélation
entre ces deux éléments.
Toutefois, la nécessité d'avoir un grade ne
s'arrête pas là. En effet, pour passer un examen d'arbitrage il
faut également avoir un grade minimum, par exemple, pour être
arbitre national combat il faut être 3ème dan. Ainsi,
plus le niveau des compétitions augmente plus il faut être
gradé pour passer les examens arbitrage. Pour être juge
international en combat, c'est-à-dire avoir le droit d'exercer lors des
Championnats d'Europe combat de karaté, il faut être
4ème dan et avoir au moins 30 ans. Ainsi, le lien entre le
diplôme d'arbitrage et le diplôme d'enseignement peut s'expliquer
par le fait que les arbitres, d'une manière générale,
doivent aider à former les nouveaux arbitres et participent activement
à la formation continue sur chaque compétition. Egalement, en
raison du manque d'arbitres au sein des ligues et des départements, il
est possible de retrouver bon nombre d'enseignants à l'arbitrage.
Nous avons démontré que le grade est
l'élément structurant de la pratique du karaté en
Français mais également de l'ensemble du système sportif
du karaté mondial. En effet, être titulaire d'un grade permet de
valider des compétences dans des domaines tels que l'enseignement,
l'arbitrage et permet de lier les pratiquants entre eux sans tenir compte des
origines sociales ou des caractéristiques de chaque pratiquants.
Anthony METTLER 59
Master 2 SEP, Brest Juin 2009 Les pratiquants de
karaté en France : de l'« artiste martial» à l'«
égaré ».
VI. Les opinions et les orientations de la pratique du
karaté :
1. Les résultats de l'étude quantitative :
Nous avons cherché à questionner les
karatéka sur l'orientation de leur propre pratique. La question
était posée de cette façon : «
hiérarchisez les affirmations suivantes, la première
étant celle qui vous correspond le mieux et la dernière celle qui
vous correspond le moins ». Ainsi, nous cherchons à
détecter, par une catégorisation préétablie suite
au pré-test, les grandes orientations de la pratique83.
Concrètement, les pratiquants devaient hiérarchiser les
orientations de la plus importante à la moins importante pour eux. Ces
pôles sont :
- le pôle « sport/fitness »
identifié par l'idée que « le karaté est une
pratique qui me permet d'abord de me dépenser ». Cette
orientation se rapproche des pratiques sportives, c'est-à-dire que les
pratiquants peuvent évacuer les tensions par de l'activité
physique qui amène à un état que l'on peut assimiler
à de la détente ou du bien être.
- le pôle « philosophique/mythique »
identifié par le fait que « pratiquer le karaté c'est
surtout pratiquer un «art martial«, c'est-à-dire une pratique
ancestrale imprégnée d'une philosophie ». Ici, nous
proposons une orientation du karaté comme la possibilité
d'atteindre un idéal par une pratique continuellement en
réflexion sur soi et les autres. Il est nécessaire de percevoir
ce pôle comme une « épistémologie » du
karaté par les pratiquants eux-mêmes, l'intention est de pratiquer
tout en ayant une étude critique du karaté.
- le pôle « self défense »
identifié par l'idée que « le karaté est surtout
une pratique d'inspiration «guerrière« qui permet d'apprendre
le self-défense ». Cette orientation correspond à
l'idée de pratiquer le karaté afin de pouvoir répondre
à une agression. Plus précisément, les karatéka
peuvent également pratiquer leur discipline pour atteindre un
état « d'esprit guerrier ». Ne pas avoir peur de
l'autre ni de la confrontation et résister à n'importante quelle
attaque semble être au coeur du sens qu'accordent certains pratiquants au
karaté.
83 Or, la méthodologie pose un biais car le
logiciel utilisé ne permet pas de faire une hiérarchisation
stricte dans le sens où chaque réponse ne bloque pas la suivante.
Par exemple, si l'orientation première d'un pratiquant est « le
karaté est une pratique qui me permet d'abord de me dépenser
», rien ne l'empêche de répondre la même chose
à la question concernant la deuxième ou la troisième
orientation la plus importante
Master 2 SEP, Brest Juin 2009 Les pratiquants de
karaté en France : de l'« artiste martial» à l'«
égaré ».
Anthony METTLER 60
- le pôle « social » identifié
par « pratiquer le karaté est un moyen d'apprendre à
vivre en groupe » renvoi à l'idée que l'une des
orientations possibles du karaté réside dans le fait de vivre et
de partager des moments particuliers sur le tatami mais également en
dehors. Le karaté serait alors le lien qui uni des individus d'origines
diverses.
- le pôle « éthique »
identifié par le fait que « pratiquer le karaté c'est
d'abord respecter une certaine éthique personnelle de vie ».
Les pratiquants qui respectent cette éthique de vie personnelle sont
guidés par des valeurs ainsi qu'une conduite de vie, sans pour autant
avoir de regard critique sur leur pratique.
Les résultats sont recueillis de façon à
avoir le nombre de réponse par orientation. Ce qui implique que les
orientations les plus souvent citées seront prises en compte afin de les
hiérarchiser. Dès lors, nous pouvons voir que la première
orientation significative est « pratiquer le karaté c'est
surtout pratiquer un «art martial«, c'est-à-dire une pratique
ancestrale imprégnée d'une philosophie » citée
175 fois soit 39,6%84, suivie de très près par la
seconde orientation « pratiquer le karaté c'est d'abord
respecter une certaine éthique personnelle de vie »
citée 147 fois soit 33,3%. Nous pouvons dire qu'il existe deux
orientations principales de la pratique du karaté aujourd'hui.
Dès lors, nous pouvons affirmer que les pratiquants sont dans une vision
d'une pratique du karaté comme une pratique ancestrale qui contient une
certaine philosophie et que ce « karaté » permet
aussi de respecter une certaine éthique de vie.
Ensuite, nous pouvons voir que l'orientation « le
karaté est une pratique qui me permet d'abord de me dépenser
» est citée 95 fois soit 21,5% et l'orientation « le
karaté est surtout une pratique d'inspiration
«guerrière« qui permet d'apprendre le self-défense
» est citée 111 fois soit 25,1%. Ces deux orientations sont
très proches. Enfin, la dernière orientation est «
pratiquer le karaté est un moyen d'apprendre à vivre en
groupe ». En effet, nous retrouvons dans les tris à plat 41,9%
de pratiquants qui la citent. Toutefois, nous ne savons pas qui la cite en
premier choix, c'est ce qui sera intéressant de préciser par la
suite.
La hiérarchisation de ces orientations nous informe sur
la vision globale que les pratiquants ont du karaté. Aussi, nous pouvons
dire que les pratiquants semblent percevoir leur pratique d'abord comme un
« art martial » emprunt d'une « philosophie
» constitutive d'une « éthique de vie ».
Ensuite, le karaté semble permettre aux pratiquants de se
dépenser
84 Cf. annexe 12
Master 2 SEP, Brest Juin 2009 Les pratiquants de
karaté en France : de l'« artiste martial» à l'«
égaré ».
Anthony METTLER 61
et d'apprendre à se défendre. Enfin, l'aspect
social, c'est-à-dire le fait d'apprendre à vivre en groupe,
serait l'orientation la moins importante. Nous pourrions considérer que
la hiérarchisation de ses orientations partirait de l'individu, de soi,
pour aller vers les autres. Ainsi le pratiquant chercherait d'abord une
éthique de vie imprégnée d'une certaine philosophie, puis
il chercherait à se défendre et à se dépenser, pour
finir sur l'apprentissage de la vie en groupe.
2. La définition du karaté vue par ses
pratiquants : résultats de la question ouverte85
En complément des résultats quantitatifs, nous
apportons des éléments de réponses concernant la
hiérarchisation des orientations que les pratiquants ont du
karaté afin de préciser le sens que chaque karatéka
accorde à sa pratique. Pour ce faire, nous avons recueilli par le
questionnaire en ligne 383 réponses à la question : « en
quelques mots quelle serait votre définition du karaté ?
». L'analyse des questions ouvertes86 par le logiciel
Sphinx® nous donne 39 thèmes qui apparaissent et qui correspondent
aux possibilités de réponses. Dès lors, deux logiques
peuvent être appliquées, l'une serait de créer des
catégories limitées afin de classifier les définitions
dans des « cases », l'autre consisterait à prendre chaque
définition afin de représenter la richesse de celles-ci. Dans
notre cas, nous avons choisi de conserver la richesse des
définitions.
~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~
confiance en sol
compétences techniques
mode de vie/ethique/ecole
s'ouvrir aux
de vie/art de vivre
~~~~~~~~~~~~~~~~
sport/sport de combat
loisir
art de guerre
art de combat
plaisir
passion
spirituel
sérénité
pratique/art martial
corps/esprit
état d'esprit
progression/dépense physique
maîtrise de sol
conservation
corps/santé/condition physique
dépassement de sol
valeurs/philosophie
~~~~~~~~~~~~~~~~~~
conscience du corps/se bien
être/détente
connaitre/dev
personnel/épanouissement self défense/auto
défense
respect soi/autres
86Nous avons procédé à une
analyse lexicale par thèmes. Concrètement, nous avons repris les
383 définitions de la pratique du karaté et nous avons
classé chaque définition par thème et mots clés.
Nous avions la possibilité de créer des thèmes à
chaque fois qu'il nous semblait nécessaire de le faire.
Master 2 SEP, Brest Juin 2009 Les pratiquants de
karaté en France : de l'« artiste martial» à l'«
égaré ».
Anthony METTLER 62
Le graphique ci-dessus nous montre le classement des
thèmes en fonction du nombre de citations. Plus un thème est
cité plus il devient important. Nous pouvons voir que le karaté
est perçu par ses pratiquants comme « pratique ou art martial
». Ce thème est le plus souvent cité, 100 fois pour une
fréquence de 26,1%.
« Le karaté est un art martial complet, en ce
qu'il induit en dynamique interne et
externe un art spirituel, respectueux de l'autre et de soi,
porteur de valeurs, un défouloir physique intelligent »
La pratique du karaté permettrait d'amener le pratiquant
vers un équilibre, une maîtrise ainsi qu'un lien entre le corps et
l'esprit. (98 citations pour une fréquence de 25,6%)
« Le karaté permet d'arriver à un
équilibre physique et psychique »
D'ailleurs nous avons retrouvé un certain nombre de fois
le slogan que la fédération
propose dans ses communications qui est « un esprit sain
dans un corps sain ». Plusieurs réponses mentionnent cette
phrase pour définir leur pratique.
Toujours d'après les pratiquants, le karaté permet
de se « maîtriser » (80 citations pour une
fréquence de 20,9%).
« Le karaté est art martial enseignant avant tout
la maitrise de soi. »
Il apporte certaines « valeurs » ainsi qu'une
« philosophie » (79 citations pour une fréquence de
20,6%).
« Le karaté est une philosophie de vie pour
apprendre à se défendre sans avoir recours
à la violence physique. »
Les pratiquants voient également leur pratique comme un
mode de vie, une école de ou bien un art de vivre (68 citations pour une
fréquence de 17,8%).
« Le karaté est un art de vivre (apprendre
à se connaitre, le respect de l'autre, savoir
se maîtriser, savoir se faire mal) »
Enfin, une partie des pratiquants voient le karaté comme
un « sport » ou bien un « sport de combat
» (65 citations pour une fréquence de 17%).
« Un sport de combat de percussion, polyvalent,
permettant de garder une bonne forme
physique, et qui apprend la maitrise de soi. »
Master 2 SEP, Brest Juin 2009 Les pratiquants de
karaté en France : de l'« artiste martial» à l'«
égaré ».
Par exemple, nous avons des individus qui nous ont
définit le karaté comme « art martial » et qui
explique ensuite que ce « sport » à des
qualités particulières.
« Une pratique sportive et martiale qui maintient une
hygiène physique et mentale
saine ainsi qu'un lien social avec un ensemble de personnes
adultes et surtout les jeunes
pratiquants. »
Nous avons vu que l'analyse lexicale mettait en avant un
certain nombre de thèmes, nous pouvons dire qu'il existe beaucoup
d'interprétations possibles en ce qui concerne la définition du
karaté. Cependant, les notions d'« art martial »,
d'« école de vie », de « valeurs
», de « philosophie » permettent de mieux cerner
le sens que les pratiquants donnent à leur pratique.
Toute fois, nous pouvons dire qu'il existe des oppositions
dans les représentations de la pratique, du fait de la présence
du thème « sport/sport de combat ». Nous
démontrons ici qu'il n'existe pas de consensus stricte quand à la
perception que l'ensemble des pratiquants ont du karaté. C'est en ce
sens qu'il est impossible de donner une définition stricte du
karaté mais plutôt de proposer une règle
générale, à savoir que le karaté est une pratique
culturelle qui peut être spécifiée par l'usage qui en fait,
soit self défense, sportive, social, éthique ou philosophique.
Afin de mettre à jour les profils de pratiquants nous allons
étudier les opinions que les pratiquants ont du karaté.
3. Les opinions sur le karaté et ses différents
aspects :
Anthony METTLER 63
a) La ceinture noire :
« Obtenir la ceinture noire c'est un but dans la
pratique ». Nous constatons ici que 1/3 des pratiquants ne sont pas
en accord avec l'idée que la ceinture noire soit un « but
». Cette affirmation peut amener à confusion car il est
possible que les pratiquants ne fassent pas la différence entre le but
et l'objectif de l'obtention de la ceinture noire. Il faut donc nuancer ce
propos.
CN = un but
|
Nb. cit.
|
Fréq.
|
Non réponse
|
4
|
0,9%
|
pas du tout d'accord
|
58
|
13,1%
|
pas d'accord
|
112
|
25,3%
|
plutôt d'accord
|
180
|
40,7%
|
tout à fait d'accord
|
88
|
19,9%
|
TOTAL OBS.
|
442
|
100%
|
Master 2 SEP, Brest Juin 2009 Les pratiquants de
karaté en France : de l'« artiste martial» à l'«
égaré ».
CN =
reconnaissance
|
Nb. cit.
|
Fréq.
|
Non réponse
|
3
|
0,7%
|
pas du tout d'accord
|
21
|
4,8%
|
pas d'accord
|
51
|
11,5%
|
plutôt d'accord
|
247
|
55,9%
|
tout à fait d'accord
|
120
|
27,1%
|
TOTAL OBS.
|
442
|
100%
|
CN = plus facile
|
Nb. cit.
|
Fréq.
|
Non réponse
|
15
|
3,4%
|
pas du tout d'accord
|
68
|
15,4%
|
pas d'accord
|
186
|
42,1%
|
plutôt d'accord
|
120
|
27,1%
|
tout à fait d'accord
|
53
|
12,0%
|
TOTAL OBS.
|
442
|
100%
|
« Obtenir la ceinture noire c'est une reconnaissance
de sa valeur de pratiquant ». La majorité des
répondants sont en accord avec l'idée que la ceinture noire soit
une reconnaissance de la valeur du pratiquant. Pourtant, nous devons comprendre
la notion de ceinture noire au sens idéal du terme. Plus
précisément, le sens de la question n'est pas «
aujourd'hui, pensez-vous que la ceinture noire corresponde à la
valeur des pratiquants ? » mais bien sur la valeur qu'ils accordent
à ce grade.
« Obtenir sa ceinture noire c'est de plus en plus
facile ». Bien que 57, 5% des pratiquants soient en désaccord
avec cette idée, nous notons qu'il y a tout de même 39,1% des
karatéka qui sont en accord avec l'idée que la ceinture noire
soit de plus en plus facile à obtenir. D'ailleurs, les entretiens que
nous avons réalisés nous ont informés sur l'idée
que l'on « donne » les grades et qu'il semble avoir une
perte de valeurs de sens dans les grades d'une manière
générale.
Anthony METTLER 64
Richard87 quant à lui dit « j'ai
tendance à devenir irritable lorsque je vois qu'on rend le karaté
plus facile, plus aisé, qu'on donne des grades ou des médailles
pour récompenser. Tout ça me heurte ! Vers le 2e, 3e dan, on doit
connaître quand même de manière poussée son corps.
» Il ajoute que « aujourd'hui passer un 1er dan est plus
aisé, moi j'entends souvent qu'autrefois on n'était plus
méchant, du coup maintenant on délivre plus facilement, comme
pour se rattraper des erreurs du passé. » Pour lui «
le geste juste fait partie du Budo. Dans les passages de grades, on doit
oublier ça, on oublie d'être juste, on flatte. Il ne faut rien
dire dans ces cas-là, sinon tu peux être sur de ne pas être
convoqué la fois d'après. »
87 Professeur de karaté, 59 ans,
7ème dan, a commencé le karaté en 1971,
titulaire du BEES 2ème degrés, 38 ans de pratique
Master 2 SEP, Brest Juin 2009 Les pratiquants de
karaté en France : de l'« artiste martial» à l'«
égaré ».
CN = étape
|
Nb. cit.
|
Fréq.
|
Non réponse
|
7
|
1,6%
|
pas du tout d'accord
|
5
|
1,1%
|
pas d'accord
|
7
|
1,6%
|
plutôt d'accord
|
141
|
31,9%
|
tout à fait d'accord
|
282
|
63,8%
|
TOTAL OBS.
|
442
|
100%
|
« Obtenir la ceinture noire c'est une étape
dans son parcours de pratiquant ». L'idée de la ceinture comme
étape semble être assez consensuelle et ne démontre pas
d'oppositions importante. Pour Eric88 « la ceinture noire
c'est une finalité pour un débutant. Mais en
réalité c'est le véritable premier grade. C'est une porte
aux autres grades. C'est le seul grade qui compte vraiment, vu de
l'extérieur. C'est un aboutissement, en même temps une
première étape,
Anthony METTLER 65
un palier, c'est un objectif. Ce n'est pas
négligeable du tout. » De plus, sachant que la ceinture noire
est le lien entre tous les pratiquants et que sans elle il est impossible
d'accéder à certains diplômes, il peut paraître
logique que la ceinture noire soit une étape dans le parcours du
pratiquants.
En ce qui concerne la question de la ceinture noire et plus
largement des grades, nous pouvons apporter de plus amples informations en nous
appuyant sur les entretiens. Tout d'abord, nous pouvons dire que les
pratiquants estiment que le niveau d'exigence a baissé depuis quelques
années. En effet, Mickael89 trouve par exemple
«qu'on perd en qualité, qu'il y a beaucoup moins d'exigences
qu'avant. » Pour lui, son 1er dan était un vrai
passage, par contre, le 2ème dan lui est paru moins exigent
que le 1er dan, il y avait un écart entre ses deux grades.
« Par exemple, le kata, Kankudaï, qui se trouvait au passage du
1e dan et qui maintenant est dans la liste du 2 dan. Et pour moi il reste un
kata du 1e dan. Je trouve qu'il y a eu un véritable décalage vers
le bas qui me dérange. Les katas pour avoir la ceinture marron, ou noire
se retrouvent aujourd'hui au passage du 2e dan. C'est plus accessible.
» Il pense que la ceinture noire se mérite mais «
maintenant ça devient plus une ceinture pour passer une ceinture.
»
88 Marin d'Etat, 46 ans, ceinture blanche, a
commencé le karaté en 1976, 5 ans de pratique
89 Etudiant, sans emploi, 20 ans,
2ème dan, a commencé le karaté en 1993/1994,
titulaire du DAF/DIF, 16 ans de pratiques
Master 2 SEP, Brest Juin 2009 Les pratiquants de
karaté en France : de l'« artiste martial» à l'«
égaré ».
Anthony METTLER 66
De plus, certains pratiquants estiment que le niveau
d'engagement au moment du passage de grade n'est pas suffisant.
Angélique90 nous dit « je suis effarée quand
je vois la réduction des difficultés dans les passages de grades.
Je suis deuxième dan. Moi je trouve que le passage de grade ne
correspond pas à l'esprit du karaté, ce n'est pas en 10 kihons,
deux katas, et un petit combat codifié que l'on peut noter quelqu'un
», pour elle le grade serait « une épreuve où
l'on doit être à la limite », elle estime que lorsque
« tu sors du passage d'un grade sans avoir l'impression d'avoir tout
donné, d'avoir était au bout de quelque chose. C'est très
superflu. Alors que dans notre dojo, j'ai vraiment l'impression de me
donné plus qu'au passage de grade. Je ne ressens pas l'existence du kata
chez les gens, peut-être que cela vient de moi aussi ».
En ce qui concerne l'âge minimum des pratiquants qui se
présentent au passage de la ceinture noire, Martine91 pense
que « le fait d'apporter des gens qui sont jeunes, ça
dévalue beaucoup la pratique et le grade car ces personnes-là
n'ont pas le respect qu'il faut. Ce n'est pas pour rien qu'au Japon, c'est soit
tu as la ceinture blanche, soit c'est la noire. Dans notre
société, on retrouve une pratique occidentale, surtout dans
l'esprit, c'est adapter à notre vie aussi. Je pense que ce n'est pas
bien de donner trop jeune les grades, c'est mauvais pour le jeune, pour la
pratique et pour l'image. Le fait de permettre de passer le grade à 14
ans contribue à une dévalorisation et une perte de l'esprit qui a
été mis en place par les ancêtres.»
Aussi, elle conçoit « le début de la
pratique du karaté qu'à partir du1e dan. On m'a toujours dit que
par la pratique du karaté, les instincts humains s'en vont en laissant
la place aux codes. Maintenant baisser l'âge de la ceinture noire a 14
ans, je trouve ça vraiment nul. À cet âge, les personnes
n'ont pas le recul nécessaire pour porter ce grade. Ils n'ont pas non
plus l'esprit pour cette ceinture car ils n'ont pas l'évolution
requise. »
90 Assistante d'éducation, 22 ans,
2ème dan, a commencé le kobudo en 1999 et le
karaté en 2001, BEES 1 karaté, Licence STAPS, 8 ans de
pratique
91 Militaire, 23 ans, 2ème dan, a
commencé le karaté en 1991, Juge National Combat, vice-championne
de France combat par équipe, 17 ans de pratique
Master 2 SEP, Brest Juin 2009 Les pratiquants de
karaté en France : de l'« artiste martial» à l'«
égaré ».
Enfin, nous avons retenu les paroles de Mathieu92
en ce qui concerne « les passe-droits qui sont attribués dans
certains cas, par exemple un compétiteur qui gagne les championnats
d'Europe se voit attribuer des grades sans passage officiel. On brade
clairement les ceintures et je pense que la valeur d'un karatéka n'a
rien à voir avec ses compétences de compétiteur ou de
dirigeant. »
Comme nous venons de le voir, les grades posent un certain
nombre de questions quant à l'âge d'obtention, les critères
de jugement ou encore le message à faire passer auprès des
pratiquants. Nous pouvons dire que les pratiquants se représentent la
ceinture noire comme un symbole fort de la pratique mais qui semble perdre de
sa valeur. Nous expliquons ce phénomène par le fait que le grade
« législatif » prend le pas sur le grade «
symbolique ». Concrètement, les jurys de passage de grade
auront tendance à noter les pratiquants en fonction de critères
sportifs ou compétitifs plutôt que sur des critères de
progression et de recherche personnelle.
b) La compétition en karaté et dans les arts
martiaux
Compétition = important
|
Nb. cit.
|
Fréq.
|
Non réponse
|
7
|
1,6%
|
pas du tout d'accord
|
65
|
14,7%
|
pas d'accord
|
174
|
39,4%
|
plutôt d'accord
|
151
|
34,2%
|
tout à fait d'accord
|
45
|
10,2%
|
TOTAL OBS.
|
442
|
100%
|
« La compétition dans les arts martiaux c'est
important pour connaître sa valeur de pratiquant ». Cette
affirmation met en évidence une opposition importante dans le sens
où il y a autant de personnes en accord (44,4%) que de personnes en
désaccord (54,1%) sur cette question. Aussi la compétition ne
semble pas être le lieu qui permet de démontrer la valeur du
pratiquant. Plus précisément, le thème de la
compétition
Anthony METTLER b7
fait émerger des conflits d'opinions au sein des
pratiquants. Rappelons que 16% des karatékas ont participé
à une compétition kata ou combat au cours des 12 derniers mois.
Nous pouvons également nous interroger sur l'importance de la
compétition dans le parcours de celui-ci. En effet, un pratiquant ayant
fait de la compétition n'a pas les mêmes expériences qu'un
pratiquant qui n'en a pas fait. Dès lors, la compétition
conditionnerait le sens et les valeurs des karatéka, donc, les
orientations de la pratique.
92 Étudiant, sans emploi,
2ème dan, a commencé le karaté en 1989, Arbitre
national combat, 20 ans de pratique
Master 2 SEP, Brest Juin 2009 Les pratiquants de
karaté en France : de l'« artiste martial» à l'«
égaré ».
Compétition = contraire AM
|
Nb. cit.
|
Fréq.
|
Non réponse
|
6
|
1,4%
|
pas du tout d'accord
|
99
|
22,4%
|
pas d'accord
|
216
|
48,9%
|
plutôt d'accord
|
95
|
21,5%
|
tout à fait d'accord
|
26
|
5,9%
|
TOTAL OBS.
|
442
|
100%
|
Compétition = appliquer acquis
|
Nb. cit.
|
Fréq.
|
Non réponse
|
5
|
1,1%
|
pas du tout d'accord
|
30
|
6,8%
|
pas d'accord
|
96
|
21,7%
|
plutôt d'accord
|
247
|
55,9%
|
tout à fait d'accord
|
64
|
14,5%
|
TOTAL OBS.
|
442
|
100%
|
Compétition = progrès discipline
|
Nb. cit.
|
Fréq.
|
Non réponse
|
12
|
2,7%
|
pas du tout d'accord
|
70
|
15,8%
|
pas d'accord
|
155
|
35,1%
|
plutôt d'accord
|
157
|
35,5%
|
tout à fait d'accord
|
48
|
10,9%
|
TOTAL OBS.
|
442
|
100%
|
« La compétition dans les arts martiaux c'est
contraire à la pratique d'un art martial ». Une fois encore,
il existe une opposition entre les pratiquants en accord (27,4%) et en
désaccord (71,3%). Cette affirmation nous montre justement que les
pratiquants estiment que l'on peut pratiquer un art martial tout en faisant de
la compétition, par contre la compétition n'est pas le lieu qui
permet de prouver sa valeur. Alors quelle est la fonction de la
compétition si elle ne permet pas de prouver sa valeur ?
Anthony METTLER 68
D'après les réponses à l'affirmation
suivante : « La compétition dans les arts martiaux c'est une
manière d'appliquer ce que l'on a appris », nous pouvons dire
que la fonction principale de la compétition est d'expérimenter
ses acquisitions techniques. Autrement dit, pour certains la compétition
n'est pas le lieu de prouver sa valeur de pratiquant, il n'empêche
qu'elle semble être un moyen efficace de pratiquer et d'appliquer les
techniques et de faire valoir les valeurs acquises pour une grande
majorité des pratiquants.
« La compétition dans les arts martiaux c'est
essentiel au progrès dans la discipline ». Une fois encore
nous avons une opposition remarquable entre deux manières de penser le
progrès de la discipline. A noter qu'il y a autant de pratiquants en
accord (46,4%) qu'en désaccord (50,9%). Il faut préciser que nous
avons quatre réponses possibles, deux étant plutôt en
accord et deux plutôt en désaccord avec l'item proposé.
Master 2 SEP, Brest Juin 2009 Les pratiquants de
karaté en France : de l'« artiste martial» à l'«
égaré ».
Nous devons préciser qu'il peut y avoir des pratiquants
des pratiquants qui s'orienteraient vers de la compétition, d'autres qui
s'orienteraient vers une pratique plus traditionnelle et enfin certains peuvent
avoir fait de la compétition tout en travaillant l'aspect «
traditionnel ». C'est pour cela qu'il existe des divergences dans les
réponses à ce type de questions.
c) Le karaté olympique
Olympique = rêve
|
Nb. cit.
|
Fréq.
|
Non réponse
|
15
|
3,4%
|
pas du tout d'accord
|
115
|
26,0%
|
pas d'accord
|
199
|
45,0%
|
plutôt d'accord
|
84
|
19,0%
|
tout à fait d'accord
|
29
|
6,6%
|
TOTAL OBS.
|
442
|
100%
|
« Le karaté olympique c'est un rêve qui
n'aboutira jamais ». Nous pouvons relever que les pratiquants pensent
que le karaté a toute sa place parmi les disciplines olympiques. En
effet, la question de l'olympisme du karaté existe depuis les
années 1990. A l'époque déjà, la
fédération pensait faire entrer le karaté aux Jeux
Olympiques. D'ailleurs, nous pouvons nous interroger sur la nature du message
qu'a diffusé la FFKDA à ce propos et ce qui l'en reste.
Olympique = reconnaissance
|
Nb. cit.
|
Fréq.
|
Non réponse
|
9
|
2,0%
|
pas du tout d'accord
|
12
|
2,7%
|
pas d'accord
|
32
|
7,2%
|
plutôt d'accord
|
198
|
44,8%
|
tout à fait d'accord
|
191
|
43,2%
|
TOTAL OBS.
|
442
|
100%
|
En effet, les karatéka semblent être conscients
que « le karaté olympique c'est davantage de reconnaissance du
grand public et des pouvoirs publics ». Ici, l'idée de la
reconnaissance du karaté par les instances publiques est centrale. En
effet, avoir une pratique olympique permet d'intégrer des dispositifs et
de bénéficier de financements plus conséquents qu'à
l'heure actuelle. Il semble donc nécessaire pour les pratiquants que le
karaté devienne une pratique olympique ce qui permettrait de
développer cette
Anthony METTLER 69
pratique qui se situe sur un champ concurrentiel de plus en
plus fort et qui ne dispose pas d'une image très médiatique pour
le moment. Mathieu nous dit « je suis clairement pour l'olympisme,
nous ne sommes pas sport olympique et je pense que ça n'arrange pas le
karaté qui reste très obscure pour les non-pratiquants. »
Se pose alors la question de la de la perte des valeurs et de la peur de
voir le karaté comme discipline sportive et moins comme cet «
art martial ».
Master 2 SEP, Brest Juin 2009 Les pratiquants de
karaté en France : de l'« artiste martial» à l'«
égaré ».
Olympique = perte sens
|
Nb. cit.
|
Fréq.
|
Non réponse
|
10
|
2,3%
|
pas du tout d'accord
|
94
|
21,3%
|
pas d'accord
|
200
|
45,2%
|
plutôt d'accord
|
93
|
21,0%
|
tout à fait d'accord
|
45
|
10,2%
|
TOTAL OBS.
|
442
|
100%
|
Nous pouvons dire que 1/3 des pratiquants sont en accord avec
l'idée que « le karaté olympique c'est la perte de sens
de la pratique ». Nous avons 2/3 des pratiquants qui sont
plutôt en désaccord. Cette affirmation nous montre que les
pratiquants pensent que le karaté peut conserver tout son sens
même s'il devient olympique. Toutefois, il semblerait que les pratiquants
puissent à la fois se représenter et orienter leur pratique comme
un « art martial » tout en acceptant le fait que le
karaté puisse
être olympique. Bien sûr, il est important de nuancer
car il y a des pratiquants qui ne souhaitent pas que le karaté soit
olympique en raison de la perte de sens que cela amènerait.
Olympique = motivation
|
Nb. cit.
|
Fréq.
|
Non réponse
|
12
|
2,7%
|
pas du tout d'accord
|
29
|
6,6%
|
pas d'accord
|
82
|
18,6%
|
plutôt d'accord
|
214
|
48,4%
|
tout à fait d'accord
|
105
|
23,8%
|
TOTAL OBS.
|
442
|
100%
|
« Le karaté olympique c'est une manière
de motiver les pratiquants ». Notons qu'une grande majorité
des pratiquants pensent que le fait que le karaté soit olympique puisse
motiver les pratiquants. Cependant, cette affirmation sous entend qu'il y
aurait un élément motivateur une fois le karaté devenu
olympique : la compétition. Or, nous avons vu précédemment
que le karaté ne peut pas être réduit qu'à l'aspect
compétitif, au contraire, cette discipline rassemble des pratiquants
ayant des orientations
Anthony METTLER 70
très différentes. Donc, il est nécessaire
de prendre en compte le fait qu'une majorité des pratiquants pensent que
le karaté olympique puisse motiver les karatékas mais il ne faut
pas exclure les pratiquants qui ne le pensent pas. Pour Alex93,
« l'esprit Olympique «plus vite, plus fort, plus haut« me
plaît beaucoup et j'aimerai bien entendu voir le kumite dans cette
compétition. Cependant je ne veux pas que le kata qui est basé
plus sur le côté spectaculaire et esthétique rentre dans
les Jeux Olympique. C'est, je pense, une image erronée que le
karaté donnerai au monde Olympique. »
93 Etudiant, sans emploi, 21 ans, 2ème dan, a
commencé le karaté en 1993, titulaire du DAF, 16 ans de
pratique
Master 2 SEP, Brest Juin 2009 Les pratiquants de
karaté en France : de l'« artiste martial» à l'«
égaré ».
En ce qui concerne la question du karaté olympique,
nous pouvons dire que les pratiquants pensent dans l'ensemble que cela serait
positif pour la discipline. Plus encore, il espère que ce rêve
aboutisse un jour. Cependant, l'apport des entretiens à ce sujet nous
montre que certains pratiquants sont très sceptiques quant à
l'intégration du karaté dans les disciplines olympiques. Des
peurs existent et apparaissent comme nous le dit Alain94, «
j'émets beaucoup de réserves sur le système, c'est une
fête du sport avec pleins de magouilles derrière. »
d) Le travail du combat
Combat + interess que technique
|
Nb. cit.
|
Fréq.
|
Non réponse
|
9
|
2,0%
|
pas du tout d'accord
|
104
|
23,5%
|
pas d'accord
|
260
|
58,8%
|
plutôt d'accord
|
51
|
11,5%
|
tout à fait d'accord
|
18
|
4,1%
|
TOTAL OBS.
|
442
|
100%
|
« Travailler le combat (compétitif ou
traditionnel) c'est plus intéressant que de travailler la technique
». Cette affirmation nous renseigne sur le fait que les pratiquants
travaillent autant l'aspect technique que l'aspect combat du karaté. Le
fait qu'une grande partie des pratiquants ne semble pas d'accord avec
l'idée que le combat soit plus intéressant que la technique nous
renseigne sur l'idée que les karatéka travaillent l'ensemble des
aspects de leur discipline.
Par l'intermédiaire de cet item : « travailler
le combat (compétitif ou traditionnel) c'est apprendre à
gérer ses émotions (peur, stress, agressivité ...)
», nous pouvons affirmer que les pratiquants voient l'aspect combat
du karaté comme un outil permettant d'apprendre à gérer
les émotions telles que la peur ou l'agressivité.
Combat = gestion émotions
|
Nb. cit.
|
Fréq.
|
Non réponse
|
6
|
1,4%
|
pas du tout d'accord
|
7
|
1,6%
|
pas d'accord
|
20
|
4,5%
|
plutôt d'accord
|
227
|
51,4%
|
tout à fait d'accord
|
182
|
41,2%
|
TOTAL OBS.
|
442
|
100%
|
Anthony METTLER 71
94 Professeur de karaté à mi-temps, responsable de
l'enfance et de la jeunesse à la Communauté de communes, 26 ans,
a commencé le karaté en 1988, titulaire du Brevet d'Etat, 21 ans
de pratique.
Master 2 SEP, Brest Juin 2009 Les pratiquants de
karaté en France : de l'« artiste martial» à l'«
égaré ».
Combat = prepa agression
|
Nb. cit.
|
Fréq.
|
Non réponse
|
5
|
1,1%
|
pas du tout d'accord
|
18
|
4,1%
|
pas d'accord
|
81
|
18,3%
|
plutôt d'accord
|
249
|
56,3%
|
tout à fait d'accord
|
89
|
20,1%
|
TOTAL OBS.
|
442
|
100%
|
C'est l'aspect self-défense qui est questionné
par l'affirmation : « travailler le combat (compétitif ou
traditionnel) c'est se préparer à répondre à une
éventuelle agression ». Nous pouvons voir que le travail du
combat semble préparer à une éventuelle agression. Pour
autant, 22,4% des pratiquants ne sont pas en accord avec cette idée ce
qui nous ramène à la question des formes de pratique du
karaté, à savoir que les karatéka qui pratiquent dans
l'idée du bien être ou dans la recherche
d'une école de vie sans pour autant être sur une
pratique de self-défense ne se retrouveront pas dans cette affirmation.
Donc, nous voyons ici que la fonction self défense du karaté a
une grande importance mais n'est obligatoirement recherchée par
l'ensemble des pratiquants.
Combat = dev qualité physique
|
Nb. cit.
|
Fréq.
|
Non réponse
|
3
|
0,7%
|
pas du tout d'accord
|
4
|
0,9%
|
pas d'accord
|
15
|
3,4%
|
plutôt d'accord
|
231
|
52,3%
|
tout à fait d'accord
|
189
|
42,8%
|
TOTAL OBS.
|
442
|
100%
|
« Travailler le combat (compétitif ou
traditionnel) c'est une manière de développer ses qualités
physiques (force, vitesse, réflexe ...) ». Au même titre
que la gestion des émotions, le combat permettrait de développer
les qualités physiques des pratiquants. En effet, 95,1% des
karatéka sont en accord avec cette idée. Dès lors le
combat compétitif ou traditionnel participerait au développement
du potentiel physique des pratiquants.
Nous avons vu que les karatéka ne
Anthony METTLER 72
pratiquent pas que l'aspect combat du karaté, ils
s'exercent également sur la forme technique. Aussi, la fonction self
défense est importante mais n'est pas nécessairement
recherchée par le pratiquant. Cependant, il y a une forte convergence
sur les apports de ce type de travail, en effet, nous avons vu que la pratique
du combat compétitif ou traditionnel contribue au développement
du potentiel physique du karatéka et permet également d'apprendre
à gérer ses émotions.
Master 2 SEP, Brest Juin 2009 Les pratiquants de
karaté en France : de l'« artiste martial» à l'«
égaré ».
e) Les modalités de pratique en voie de
développement
Dans cette partie nous avons questionné les pratiquants
sur ce que nous appelons les modalités de pratique en voie de
développement. Concrètement, il s'agit des pratiques issues du
karaté qui sont le résultat du processus de diversification de la
pratique telles que le body-karaté, le karaté jutsu, le
karaté contact ou encore le karaté artistique.
Artistique pas karaté
|
Nb. cit.
|
Fréq.
|
Non réponse
|
12
|
2,7%
|
pas du tout d'accord
|
27
|
6,1%
|
pas d'accord
|
102
|
23,1%
|
plutôt d'accord
|
192
|
43,4%
|
tout à fait d'accord
|
109
|
24,7%
|
TOTAL OBS.
|
442
|
100%
|
A l'affirmation : « le karaté artistique ce
n'est plus vraiment du karaté. », nous constatons que 68,1%
des pratiquants sont en accord avec cette idée
contre 29,2% des pratiquants qui sont en désaccord.
Dans ce cas, le karaté artistique qui est une pratique de
compétition, proche des activités gymniques, basée sur la
chorégraphie de mouvements de karaté sur de la musique ne semble
pas correspondre à la représentation que les pratiquants ont du
karaté.
Anthony METTLER 73
Pour appuyer cette idée nous avons pu entendre lors des
entretiens qu'une pratiquante « n'adhère pas aux nouvelles
pratiques dérivées. Pour moi ça n'a pas de sens
»95 ou encore qu' « à l'heure actuelle, on
fait des cases pour classer par exemple, le karaté do, le body
karaté, le karaté pour les jeunes, pour les anciens. Et dans
l'esprit des gens, ces cases deviennent totalement hermétiques et on
finit par ne plus rien comprendre. »96.
Donc, les pratiquants semblent être conscients que le
karaté se diversifie mais ne sont pas d'accord avec cela. Cependant,
l'idée de la perte de sens proposée dans la question du
karaté olympique se révèle ici. En effet, les pratiquants
sont d'accord avec l'idée que le karaté puisse être
olympique tandis qu'il ne sont pas d'accord avec le fait que la pratique puisse
se diversifier alors que dans les deux cas il y a une remise en question des
valeurs, du sens et de l'orientation que les pratiquants donnent au
karaté.
95 Op. Cit. Entretien avec Angélique
96 Op. Cit. Entretien avec Richard
Master 2 SEP, Brest Juin 2009 Les pratiquants de
karaté en France : de l'« artiste martial» à l'«
égaré ».
Nous pouvons ajouter que le sentiment général
dans l'ensemble des entretiens correspond à l'idée «
qu'on associe le nom du karaté à des disciplines qui n'y
ressemblent pas forcément, comme le body karaté. On utilise les
techniques du karaté, mais sans vraiment y mettre l'efficacité du
karaté. »97.
Une possible explication de ce phénomène a
été abordé par Mathieu, « je pense qu'au niveau
fédéral il y a un morcellement, je ne sais pas si c'est bien pour
le karaté. Selon moi il n'y a qu'un karaté et pas un baby
karaté, un karaté féminin, du body karaté etc.
personnellement je ne trouve pas ça positif, ça ne fait juste que
créer des licences. » Il analyse ce phénomène
comme une sorte d'opération séduction de la
fédération vers le grand public car « tout le monde doit
trouver son compte ». L'idée de développer l'offre pour
qu'il y ait une augmentation des licences est justifiée par
l'affirmation suivante :
Body = amener vers karaté
|
Nb. cit.
|
Fréq.
|
Non réponse
|
21
|
4,8%
|
pas du tout d'accord
|
64
|
14,5%
|
pas d'accord
|
133
|
30,1%
|
plutôt d'accord
|
186
|
42,1%
|
tout à fait d'accord
|
38
|
8,6%
|
TOTAL OBS.
|
442
|
100%
|
« Le body karaté est une façon d'amener
des pratiquant(e)s vers le karaté. » Ici, il n'y a que les
pratiquants de karaté qui répondent et non pas les pratiquants
qui ont commencé par du body karaté, par exemple, et qui se sont
orientés vers une pratique plus traditionnel par la suite. Nous pouvons
voir qu'il existe une opposition dans les opinions sur ces thèmes.
Notons que 44,6% des pratiquants sont en désaccord avec l'idée
Anthony METTLER 74
que les pratiques telles que le body karaté puissent
amener des pratiquant(e)s vers le karaté plus « traditionnel
» contre 56,7% qui sont en accord avec cette idée. Il serait
donc intéressant par la suite de questionner directement les
pratiquant(e)s de body karaté afin de connaître leur opinion plus
clairement.
97 Op. Cit. Entretien avec Mickael
Master 2 SEP, Brest Juin 2009 Les pratiquants de
karaté en France : de l'« artiste martial» à l'«
égaré ».
Contact = retour principe
|
Nb. cit.
|
Fréq.
|
Non réponse
|
28
|
6,3%
|
pas du tout d'accord
|
41
|
9,3%
|
pas d'accord
|
193
|
43,7%
|
plutôt d'accord
|
154
|
34,8%
|
tout à fait d'accord
|
26
|
5,9%
|
TOTAL OBS.
|
442
|
100%
|
« Le karaté-contact est un retour vers ce qui
fait le principe du karaté. » Cet item nous renseigne sur la
perception que les pratiquants ont du karaté contact qui est une forme
de karaté créé par Dominique Valéra98
dont l'objectif est de laisser libre recours à la diversité
technique du karaté sans pour autant restreindre sur la notion de
« skin touch »99 en arbitrage. Nous avons une
fois de plus une opposition dans les opinions sur ce type de
pratique, cependant, nous pouvons affirmer que majoritairement
les pratiquants ne sont pas d'accord avec l'idée que le karaté
contact soit un retour vers ce qui fait le principe du karaté. Nous
devons tout de même préciser ce que nous entendons par le principe
du karaté. En fait, ce principe n'ayant été définit
dès le départ, il dépend de la manière dont le
pratiquants se représente la pratique.
Jutsu distingue pas karaté
|
Nb. cit.
|
Fréq.
|
Non réponse
|
51
|
11,5%
|
pas du tout d'accord
|
24
|
5,4%
|
pas d'accord
|
172
|
38,9%
|
plutôt d'accord
|
168
|
38,0%
|
tout à fait d'accord
|
27
|
6,1%
|
TOTAL OBS.
|
442
|
100%
|
« Le karaté-jutsu ne se distingue pas
véritablement du karaté. » Nous constatons qu'il y a
très peu d'écart entre les pratiquants en accord et en
désaccord sur cette affirmation. En effet, 44,8% des pratiquants sont en
désaccord contre 44,1% qui sont en accord avec cette affirmation. Pour
explication, le karaté jutsu est une forme de pratique qui
intègre des techniques issues du judo et du jiu-jitsu (projection,
saisies, étranglements). De plus, certains pratiquent du karaté
jutsu sans pour autant s'identifier comme karaté jutsuka.
Anthony METTLEK 75
98 Dominique Valéra est Champion du Monde
par équipe (1972), plusieurs fois Champion d'Europe, il rencontra son
ami Bill Wallace, Champion du Monde du Karate Professionnel (l'ancêtre de
la Boxe Américaine) et fit une formation intensive à cette
nouvelle discipline révolutionnaire. Il participa à une
compétition dans ce style aux USA et fit une forte impression. Dominique
Valera est alors le pionnier dans le Full Contact en Europe et le diffusera en
Europe.
99 Le « skin touch » est la notion de
contrôle absolu sur les technique de poing et de jambe en
compétition de karaté classique, par exemple, un coup de poing
ayant un impact diminuant le potentiel physique de l'adversaire entraine une
sanction pouvant aller jusqu'à la disqualification.
Master 2 SEP, Brest Juin 2009 Les pratiquants de
karaté en France : de l'« artiste martial» à l'«
égaré ».
Dans le cas du karaté Jutsu, il est possible
d'expliquer ce résultat en fonction de la conception qui est faite du
karaté. Dans un premier temps il y aurait une vision qui permettrait
d'intégrer la partie jutsu dans la pratique du karaté sans
distinction particulière. Tandis que l'autre conception viserait
à rendre le karaté justu plus autonome et existerait en tant que
tel. Dès lors, nous pouvons retrouver ces différents types de
distinctions pour chacune des affirmations sur les pratiques qui sont
techniquement et culturellement proches du karaté dit « classique
».
Le thème des modalités de pratique en voie de
développement nous montre qu'il existe des conflits d'opinions qui
laissent penser que les valeurs que les pratiquants donnent au karaté
sont également très hétérogènes. Toutefois,
il semble exister une résistance quant au sens qui est donné au
karaté, en effet, certains pratiquants semblent se représenter le
karaté comme un ensemble aux mulitples facettes tandis que d'autres se
représenteraient le karaté comme plusieurs éléments
qui coexisteraient sans pour autant avoir de lien entre eux.
f) La question du karaté enfant
Karaté enfants = detect champion
|
Nb. cit.
|
Fréq.
|
Non réponse
|
13
|
2,9%
|
pas du tout d'accord
|
67
|
15,2%
|
pas d'accord
|
185
|
41,9%
|
plutôt d'accord
|
158
|
35,7%
|
tout à fait d'accord
|
19
|
4,3%
|
TOTAL OBS.
|
442
|
100%
|
« La pratique du karaté chez les enfants c'est
un moyen de détecter de futurs champions. » Cette affirmation
met en évidence le fait que 41,9% des pratiquants ne pensent pas le
karaté enfant comme un outil de sélection par
l'intermédiaire des compétitions poussins, pupilles et benjamin.
Cependant 35,7% sont « plutôt d'accord » avec cette
affirmation, 15,2% ne sont « pas du tout d'accord », et 4,3%
sont « tout à fait d'accord ». Dès lors, nous
pouvons dire qu'il existe deux façons de voir le karaté enfant et
les
Anthony METTLER 76
compétitions enfants d'une manière
générale, d'un côté il y a ceux qui
conçoivent le karaté enfant comme un outil de sélection
permettant d'alimenter les vivier d'athlètes et donc de copier le
fonctionnement de l'élite Junior-Senior en karaté pour des enfant
de moins de 10 ans, au contraire, l'autre possibilité serait de
concevoir le karaté enfant comme un outils d'éducation avant tout
permettant à l'enfant de se développer au sens d'Edouard
Claparède (1937) c'est-à-dire que « l'enfant n'est pas
un adulte miniature, il n'est pas seulement différent d'un point de vue
morphologique, mais aussi de par sa physiologie et son psychisme. »
Bien sûr, ces deux conceptions sont compatibles et ne sont pas
exclusives.
Master 2 SEP, Brest Juin 2009 Les pratiquants de
karaté en France : de l'« artiste martial» à l'«
égaré ».
Karaté enfants diff adulte
|
Nb. cit.
|
Fréq.
|
Non réponse
|
10
|
2,3%
|
pas du tout d'accord
|
24
|
5,4%
|
pas d'accord
|
126
|
28,5%
|
plutôt d'accord
|
180
|
40,7%
|
tout à fait d'accord
|
102
|
23,1%
|
TOTAL OBS.
|
442
|
100%
|
Karaté enfants = éducatif
|
Nb. cit.
|
Fréq.
|
Non réponse
|
6
|
1,4%
|
pas du tout d'accord
|
2
|
0,5%
|
pas d'accord
|
5
|
1,1%
|
plutôt d'accord
|
151
|
34,2%
|
tout à fait d'accord
|
278
|
62,9%
|
TOTAL OBS.
|
442
|
100%
|
En effet, 40,7% des pratiquants sont « plutôt
d'accord » avec l'idée que « la pratique du
karaté chez les enfants c'est très différent du
karaté pour adulte. » Pourtant 28,5% ne sont « pas
d'accord », 23,1% sont « tout à fait d'accord
» et 5,4% ne sont « pas du tout d'accord ». Les
réponses apportées nous renseignent sur l'idée que 1/3 des
pratiquants pensent qu'il n'y a pas de différenciation à faire
entre le karaté pour les adultes et le karaté pour les
enfants.
Cependant, 62,9% des pratiquants ont répondu «
tout à fait d'accord » et 34,2% ont répondu «
plutôt d'accord » à l'affirmation : « la
pratique du karaté chez les enfants c'est éducatif sur le plan
physique et moral. » Soit un total de 97,1% des pratiquants qui sont
en accord avec l'idée d'un enjeu éducatif de la pratique du
karaté pour les enfants. Il reste à voir les moyens
pédagogiques utilisés pour y parvenir.
Ici, l'idée que « la pratique du karaté
chez les
Anthony METTLER 77
Karaté enfants = occuper
|
Nb. cit.
|
Fréq.
|
Non réponse
|
9
|
2,0%
|
pas du tout d'accord
|
91
|
20,6%
|
pas d'accord
|
192
|
43,4%
|
plutôt d'accord
|
125
|
28,3%
|
tout à fait d'accord
|
25
|
5,7%
|
TOTAL OBS.
|
442
|
100%
|
enfants c'est un moyen comme un autre de les occuper.
» nous renseigne sur le constat qui et fait quant à la pratique du
karaté pour les enfants. En effet, 1/3 des pratiquants sont en accord
avec l'idée que le karaté pour enfant est un moyen d'occupation
contre 2/3 qui pensent le contraire. Il faut avoir à l'esprit qu'il peut
avoir d'autres éléments externes à la pratique
elle-même qui rentrent en compte comme le fait qu'il s'agit d'une
activité pratique qui occupe le mercredi mais aussi que le groupe de
jeunes pratiquants peut être agréable ou encore que l'enseignant
est sympathique.
Master 2 SEP, Brest Juin 2009 Les pratiquants de
karaté en France : de l'« artiste martial» à l'«
égaré ».
Ce qu'il faut retenir des résultats sur le thème
du karaté enfant concerne l'idée que les pratiquants sont
conscients de l'intérêt de l'éducation tant physique que
psychique de l'enfant par le karaté ou les sports plus
généralement. Nous pouvons ajouter que le thème du
karaté enfant révéle l'existence de différentes
conceptions de la pratique. En effet, nous avons vu qu'il existait des
divergences sur les thèmes de la détection de futurs champion ou
encore du temps d'occupation pour les enfants. Aussi, pour d'autres et peut
être les mêmes, la pratique du karaté pour les adultes ne
semble pas se différencier de celle des enfants.
Ces deux constats posent la question de la formation des
enseignants en karaté et c'est en ce sens que la Direction Technique
Nationale a nommé deux experts en « pédagogie enfant
», Michel Kervadec et Philippe Sauvage, afin de proposer une nouvelle
approche dans l'enseignement du karaté vers ce public.
g) Les femmes et le karaté
Karaté s'adresse H/F
|
Nb. cit.
|
Fréq.
|
Non réponse
|
6
|
1,4%
|
pas du tout d'accord
|
7
|
1,6%
|
pas d'accord
|
6
|
1,4%
|
plutôt d'accord
|
76
|
17,2%
|
tout à fait d'accord
|
347
|
78,5%
|
TOTAL OBS.
|
442
|
100%
|
Concernant la pratique du karaté féminin, nous
constatons qu'une grande partie des pratiquants sont en accord avec
l'affirmation « le karaté s'adresse autant aux hommes qu'aux
femmes. ». Nous pouvons voir que les pratiquants perçoivent le
karaté comme une pratique hétérogène et pas
seulement masculine. Si nous mettons en lien cette donnée avec la
répartition d'hommes (67,6%) et de femmes (32,4%) au sein de cette
population, il semblerait que les femmes soient également d'accord avec
cette affirmation. Afin d'appuyer cette idée nous pouvons voir que
sur
Anthony METTLER 78
les questions plus technique il y a également une opinion
majoritairement en faveur d'une reconnaissance positive des femmes.
Master 2 SEP, Brest Juin 2009 Les pratiquants de
karaté en France : de l'« artiste martial» à l'«
égaré ».
Femmes moins douées combat
|
Nb. cit.
|
Fréq.
|
Non réponse
|
4
|
0,9%
|
pas du tout d'accord
|
235
|
53,2%
|
pas d'accord
|
161
|
36,4%
|
plutôt d'accord
|
37
|
8,4%
|
tout à fait d'accord
|
5
|
1,1%
|
TOTAL OBS.
|
442
|
100%
|
En effet, l'affirmation « les femmes sont moins
douées en combat que les hommes » apporte un
élément complémentaire concernant la pratique du combat
féminin, en effet, il semblerait que les pratiquants pensent que les
femmes soient aussi douées que les hommes en combat. Précisons
que le terme « moins douées » signifie que les femmes
ne développeraient pas les
mêmes compétences que les hommes en combat.
Cependant, il n'est pas précisé dans l'affirmation le type de
combat questionné car il est possible de parler de combat dit
traditionnel ou bien de combat de compétition.
Femmes plus technique
|
Nb. cit.
|
Fréq.
|
Non réponse
|
10
|
2,3%
|
pas du tout d'accord
|
96
|
21,7%
|
pas d'accord
|
213
|
48,2%
|
plutôt d'accord
|
105
|
23,8%
|
Tout à fait d'accord
|
18
|
4,1%
|
TOTAL OBS.
|
442
|
100%
|
En ce qui concerne l'affirmation « les femmes sont
plus techniques que les hommes », nous pouvons voir que les
pratiquants sont 69,9% en accord avec cette idée contre 27,9% des
pratiquants qui sont en désaccord. Il y a tout de même 1/3 des
individus qui pensent que les femmes développent plus de
compétences en technique que les hommes. Donc, il semblerait qu'une
partie importante des pratiquants voient le public féminin en
karaté comme étant compétent autant en combat qu'en
technique. Toutefois, il subsiste encore des
Anthony METTLER 79
opinions divergentes sur ce thème, en faible proportion
tout de même.
Master 2 SEP, Brest Juin 2009 Les pratiquants de
karaté en France : de l'« artiste martial» à l'«
égaré ».
Monde karaté = univers machiste
|
Nb. cit.
|
Fréq.
|
Non réponse
|
6
|
1,4%
|
pas du tout d'accord
|
131
|
29,6%
|
pas d'accord
|
201
|
45,5%
|
plutôt d'accord
|
85
|
19,2%
|
tout à fait d'accord
|
19
|
4,3%
|
TOTAL OBS.
|
442
|
100%
|
Lorsque l'on pose l'idée que « le monde du
karaté est un univers machiste » nous pouvons dire que 23,5%
des pratiquants se représentent le monde du karaté comme
machiste, ce qui n'est pas négligeable. Si l'on met ce chiffre en
rapport avec la répartition des femmes (32,4%), il est possible que les
femmes perçoivent quant à elles le milieu du karaté comme
machiste.
Anthony METTLER 80
Nous pouvons dire que les représentations sur la place
qu'occupent les femmes dans la pratique du karaté sont mulitples. En
effet, nous avons vu que la pratique du karaté correspond autant aux
hommes qu'aux femmes. Pourtant, lorsque l'on précise le propos et que
l'on questionne les représentations que les pratiquants ont des
compétences des femmes sur le plan technique ou combat, nous relevons
des disparités. Aussi, l'univers du karaté est perçu comme
machiste pour 26,5% des pratiquants. Cependant, cette opinion regroupe à
la fois les hommes et les femmes, il serait donc nécessaire
d'approfondir cette question.
En ce qui concerne les orientations et les opinions sur le
karaté, nous savons qu'il y a une hiérarchisation des
orientations de la pratique. En effet, les pratiquants se représentent
leur pratique d'abord comme un « art martial » emprunt d'une
« philosophie » constitutive d'une « éthique
de vie ». Puis, le karaté semble permettre aux pratiquants de
« se dépenser et d'apprendre à se défendre
». Enfin, l'aspect social, c'est-à-dire le fait «
d'apprendre à vivre en groupe », est l'orientation qui la
moins importante.
Ainsi, le pratiquant chercherait d'abord une éthique de
vie imprégnée d'une certaine philosophie, puis il chercherait
à se défendre et à se dépenser, pour finir, il
chercherait à apprendre à vivre en groupe. De plus, l'analyse
lexicale des définitions confirme l'idée que les pratiquants se
représentent le karaté comme étant un « art
martial » qui contribue à un « équilibre entre
le corps et l'esprit » par la « maîtrise de soi
». Des mots comme « valeurs », «
philosophie », « art de vivre » mais
également « sport de combat » représentent le
karaté pour ses pratiquants.
Master 2 SEP, Brest Juin 2009 Les pratiquants de
karaté en France : de l'« artiste martial» à l'«
égaré ».
Anthony METTLER 81
L'analyse des opinions nous montre que les
représentations des karatéka sont très variées.
Nous avons révélé l'existence de divergences dans les
représentations que les pratiquants ont du karaté. En effet, nous
avons mit en évidence des oppositions sur les thèmes comme la
ceinture noire et plus largement sur la question des grades. Ainsi nous avons
vu que la ceinture a une valeur symbolique forte dans les
représentations des pratiquants mais ceux-ci s'inquiètent du
devenir des valeurs et du sens accordés aux grades.
Ensuite, les représentations sur la compétition
nous montrent l'importance de celle-ci dans la construction et l'orientation du
sens que le pratiquant lui accordera. C'est en ce sens qu'il existe certaines
oppositions dans les rerpésentations sur ce thème au même
titre que le karaté olympique. Nous avons vu que les pratiquants
espèrent que leur pratique devienne olympique tout en ayant des
inquiétudes quant au sens et à l'image qui sera faite de leur
pratique.
Toutefois, les karatéka pensent qu'il est
nécessaire de devenir olympique pour se développer et motiver les
pratiquants. Il existe aussi des divergences dans les représentations en
ce qui concerne la fonction du karaté, nous avons relevé que
pratiquer le karaté pour répondre à une agression n'est
pas l'ultime orientation possible. Les thèmes sur la place des femmes et
sur le karaté enfant présentent également bon nombres de
divergences. Enfin, le thème sur les nouvelles modalités de
pratiques met en avant le fait qu'il puisse y avoir des conceptions très
différentes du karaté lui-même.
Cependant, il existe des éléments convergents
sur l'idée que le karaté puisse être un outil
éducatif permettant d'apprendre à gérer ses
émotions et développer ses qualités physiques. Dès
lors, nous pouvons dire que le consensus existe sur les finalités
éducatives du karaté mais que les oppositions sont fortes
dès l'instant où l'on aborde des thèmes qui correspondent
à des orientations de pratique. C'est en ce sens qu'il est pertinent de
mettre à jour les différents profils de pratiquants.
Master 2 SEP, Brest Juin 2009 Les pratiquants de
karaté en France : de l'« artiste martial» à l'«
égaré ».
Anthony METTLER 82
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