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Les pratiquants de karaté en France: de l'«artiste martial » à  l'« égaré »

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par Anthony Mettler
UBO Brest - Master 2 Staps 2009
  

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III. Etude des orientations de la pratique du karaté en France :

Un individu possède un habitus qui désigne des manières d'être, de penser et de faire communes à plusieurs personnes de même origine sociale, issues de l'incorporation non consciente des normes et pratiques véhiculées par le groupe d'appartenance. Cet habitus n'est pas pour autant identiques à chaque individu et n'entraîne pas des conduites identiques mais plutôt des tendances à certaines conduites. C'est en ce sens que Jacques Defrance affirme que « la position sociale que l'on occupe dans la société conditionne le type de rapport que l'on entretient avec son corps et détermine les usages que l'on en fait ». C'est-à-dire que la manière dont on engage le corps dans une pratique, dans notre cas le karaté, ne sera pas le même en fonction de la position sociale que l'on occupe au sein de la société.

Chaque pratique a sa propre logique d'affrontement et les façons d'engager le corps diffèrent d'une discipline à une autre. Dès lors, au sein d'une même pratique, comme le judo, il est possible d'identifier une grande diversité des modalités de pratique. En effet, Jean-Paul Clément a démontré que le judo a subit un processus de diversification suite à l'intégration de l'élite « intellectuelle » au sein des dojos parisiens. La diversification ainsi que la transformation de la structure sociale de la pratique sont à l'origine des premiers conflits. Plus précisément, les études de Christian Pociello nous montrent l'existence d'un rapport entre la diversification de la pratique, qui peut aller jusqu'à la modification de la logique interne, et l'usage social de celle-ci.

Aussi, nous pouvons retenir des études de Ludovic Jeanne, sur les « idéaux-type » en karaté, ou de Muriel Augustini et Patrick Trabal, sur l'évolution des repésentations sous l'effet de la pratique, que chaque pratiquant pose les bases de sa propre pratique en fonction de ce qu'il vit du karaté, mais aussi de ce qu'il en sait ou de ce qu'il en perçoit. La typologie des profils de pratiquants fait donc bien appel à deux dimensions : à la manière dont les pratiquants vivent, au quotidien, leur pratique mais aussi à la perception que les pratiquants ont de leur karaté, c'est-à-dire aux facteurs qui déterminent leurs représentations.

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La pratique du karaté aujourd'hui semble s'être diversifiée sous de multiples modalités comme le « body-karaté », le « karaté-contact » ou encore le « karaté-jutsu ». Cette diversification du karaté et de ses modalités semble correspondre à des adaptations de l'usage qui en est fait, hygiéniste pour le body-karaté et auto défense pour le karaté contact. Comme pour le judo, la définition de la pratique du karaté semblerait être un enjeu de lutte entre différentes forces en présence, ce qui permettrait de dire qu'il existe des oppositions au sein de ses pratiquants en ce qui concerne la conception de la pratique. Par exemple, la forme de karaté dite « traditionnelle » ne pourrait se définir que par rapport et en opposition à la forme « body-karaté » ou « karaté contact ».

Dès lors, la pratique du karaté aujourd'hui semble être conditionnée par l'orientation que chacun donne à sa propre pratique, c'est-à-dire que la pratique du karaté en France ne serait pas unifiée mais fédère un certain nombre de pratiquants ayant des valeurs et des opinions propres à chaque orientation. Toutefois, cela n'est pas péjoratif et répond à une logique existante dans différentes pratiques.

Nous pouvons nous demander comment les pratiquants de karaté en France conçoivent leur pratique. En ce sens, nous avons identifié trois questions qui nous semblent fondamentales afin de « photographier » le karaté actuel et qui permettront également de construire une argumentation claire et cohérente :

- Qui pratique le karaté en France aujourd'hui ? Tout d'abord, il est intéressant de connaître les déterminants sociologiques des pratiquants, à savoir la répartition par âge, le niveau de diplôme ou encore les professions des pratiquants. Aussi, nous pouvons nous demander si le karaté ne regrouperait pas des personnes ayant des origines et des caractéristiques sociales différentes. Aussi cette population de karatéka serait constituée de pratiquants appartenant à des milieux sociaux différents et possédants des capitaux culturels et économiques variées. De plus, il va être pertinent de vérifier la place que le grade occupe dans la structure de cette pratique, en effet, le grade semble être le lien entre ses individus aux caractéristiques variées.

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- Quelles sont les orientations, les opinions ainsi que les conceptions que les pratiquants ont de leur karaté ? Nous récolterons les définitions ainsi les opinions sur le thème du grade, les modalités de pratiques émergentes ou encore le karaté pour les enfants. Les définitions nous permettront de déterminer les orientations dominantes et les opinions contribueront à révéler l'existence de divergences ou de convergences au sein de la population de karatéka sur les thèmes proposés. Tout en ayant des conceptions différentes quant aux valeurs qui façonnent leur propre pratique, nous pouvons faire l'hypothèse que les karatéka se représentent leur pratique comme un « art martial » qu'ils considèrent comme une « école de vie ».

- Enfin, quels profils de pratiquants résultent des différentes conceptions existantes ? Une fois que les orientations ainsi que les opinions qui constituent la population de pratiquants seront identifiées, nous établirons des profils de pratiquants. Concrètement, pour construire des profils de pratiquants il est nécessaire de mettre en évidence les différentes conceptions de la pratique en questionnant le sens et les valeurs que le pratiquant donne à sa pratique. Il existe différents profils en lien avec les orientations proposées de la pratique mais pas seulement. En effet, nous distinguerons les pratiquants qui recherchent une pratique plus sportive/compétitive, les pratiquants ayant une conception du karaté comme art de vivre ou encore les pratiquants en quête d'idéal.

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"Soit réservé sans ostentation pour éviter de t'attirer l'incompréhension haineuse des ignorants"   Pythagore