2. Conceptualisation
2.1. Les mouvements sociaux
D'après Erik Neveu5, « un mouvement
social est un ensemble d'actions, de conduites mettant partiellement ou
globalement en cause l'ordre social et cherchant à le transformer. Il
peut regrouper des classes mais aussi des groupes d'âges, des
minorités (ethniques, sexuelles...). Ils sont surtout portés par
des groupes issus de classes moyennes : ingénieurs, techniciens,
professeurs ». Un mouvement social comprend également l'idée
de mobilisation autour d'espoirs, d'émotions, d'intérêts
mais il s'agit aussi d'une occasion de mettre en discussion des enjeux sociaux,
de faire bouger la société. Ces mouvements sociaux illustrent
d'abord l'irruption d'individus dans la rue, du désordre mais aussi la
recherche de déstabilisation de l'Etat. Les mouvements sociaux sont
souvent décrits comme imprévisibles avec l'ambition de
défier l'autorité par un processus proche de la contagion. Un
mouvement social peut être entendu comme étant le regroupement
d'individus, avec une revendication à faire valoir. Dans notre cas il
s'agit de populations scolarisées qui expriment leurs demandes par des
moyens comme la grève, la manifestation, l'occupation d'un
bâtiment public. Dès lors, le sens commun associe à
l'idée de mouvement un ensemble de formes de protestation. Or
l'association entre mouvement social et expression d'un mécontentement
ne va pas de soi. Que peut-on dire de la forme de regroupement et des
caractéristiques qui composent les mouvements sociaux ?
2.1.1 L'action collective :
La difficulté naît ici de la polysémie de
l'adjectif « collectif ». En effet, il s'agit plutôt de
l'idée de l'agir ensemble comme projet volontaire avec
l'intention de coopération entre les acteurs. Raymond Boudon parle
d'effet pervers du processus qui résulte d'une agrégation de
comportements individuels, sans intention de coordination6.
L'exemple des chauffeurs routiers en opération escargot le
démontre car la différence est claire entre une action
concertée, liée à des revendications et un résultat
imprévu, parfois imprévisible, résultants de
5 Neveu, E. (2005) La sociologie des mouvements
sociaux, La découverte, Paris
6 Boudon, R. (1977) Effets pervers et ordre social,
PUF, Paris
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milliers de départs en vacances individuels. La notion
d'action collective peut aussi s'appliquer à la plupart des
activités liées à l'univers de la production, de
l'administration.
En ce qui concerne la croyance dans l'action collective ou
individuelle, il n'est pas nécessaire d'avoir la foi dans des valeurs
sacrées de l'industrie automobile pour travailler dans un garage.
Cependant, il faut avoir un minimum de croyance pour manifester. De plus,
l'utilisation du corps est un moyen symbolique de contester comme nous avons pu
le voir avec les Jeux Olympiques de Pékin où des sympathisants du
Tibet ont simulés leur mort devant les caméras du monde entier.
Nous assistons là à une instrumentalisation ayant une orientation
spécifique qui est la défense du peuple Tibétain afin de
faire pression sur les pouvoirs politiques. Ce qui nous amène à
réfléchir sur le sens des engagements moraux et physiques des
actions collectives et individuelles.
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