La déperdition scolaire dans la commune de Garoua-Boula௠(Est-Cameroun): 1977-2019par Bienvenu BELNDANGA GARBA Université de Ngaoundéré - Master 2 2020 |
IV-LES FACTEURS FAMILIAUX DE LA DEPERDITION SCOLAIREOn distingue dans le cadre de cette étude, deux facteurs de la déperdition scolaire qui sont d'ordre scolaire. Il s'agit de la structure familiale et l'analphabétisme de certains parents. D'une part les enfants issus de familles monoparentales semblent avoir un risque de déperdition plus élevé. Cependant, une fois contrôlé le statut socio-économique, cet effet est relativement faible. Il est même nul, selon Rumberger, une fois prises en compte les caractéristiques scolaires des enfants, ce qui, selon lui, montre que la monoparentalité a d'abord un effet sur l'expérience scolaire (plus de redoublement, plus de changements d'établissements), et donc, indirectement, sur le risque de déperdition scolaire. D'autre part, l'appartenance à une famille recomposée augmente significativement le risque de déperdition scolaire au sein de la commune de Garoua-Boulaï. 2-L'analphabétisme de certains parents L'analphabétisme désigne par définition, l'incapacité ou la difficulté à lire, à écrire et à compter, le plus souvent par manque d'apprentissage. Il se distingue de l'illettrisme, terme utilisé en France quand la personne a été scolarisée en français mais que cet apprentissage n'a pas conduit à la lecture ou que cette maitrise a été perdue.L'analphabétisme des parents constitue l'un des facteurs de déperdition scolaire dans la commune de Garoua-Boulaïparceque ces derniers ne peuvent pas aider leurs fils ou filles à traiter leurs exercices à la maison, ni à les encourager lors de la remise des bulletins de notes trimestrielles. Ces analphabètes n'ont aucun intérêt pour l'école d'où la plus grande difficulté d'inscrire leurs enfants à l'école. Cette pauvreté intellectuelle de la part de certains parents pousse souvent leurs enfants à abandonner temporairement voire définitivement l'institution scolaire. En effet, Un autre indicateur d'analphabétisme des parents est constitué par le niveau de diplôme de ces derniers. On enregistre des écarts considérables dans ce domaine, manifestant par-là la reproduction intergénérationnelle des inégalités scolaires. Selon les données de notre enquête, 38,4 % des enfants dont la mère n'a aucun diplôme décrochent de l'école, contre 5,9 % de ceux dont la mère est diplômée de l'enseignement secondaire, soit un rapport de 1 à 6,5.Pour la population âgée de plus de 11 ans, le taux d'analphabétisme80(*) dans l'ensemble du pays est de 50% pour les femmes, contre 30,3 % pour les hommes. En zone urbaine, l'analphabétisme est de 26,1% pour les femmes et de 12,4 % pour les hommes. En zone rurale, il est de 63,1 % pour les femmes et de 42,9 % pour les hommes. Pour la population spécifique de la tranche des 6 à 14 ans, l'analphabétisme est de 10,7 % en zone urbaine et 35,8% en zone rurale. Parvenu au terme de ce chapitre dont l'objectif était de cerner les différents facteurs de déperdition scolaire au sein de la commune de Garoua-Boulaï, nous avons pu distinguer quatre catégories de facteurs. Il s'agit des facteurs personnels, facteurs scolaires,facteurs socio-économiques et les facteurs familiaux. En ce qui concerne les facteurs personnels, nous avons mis l'accent sur le milieu social, le manque d'intérêt pour l'école et le libertinage des enfants. Les facteurs scolaires se résument en manque criard des enseignants, les effectifs pléthoriques, le système éducatif camerounais en panne, les violences de genres en milieu scolaire et la violence en milieu scolaire. Les facteurs socio-économiques se déclinent en la pauvreté extrême de certains parents et le chômage des jeunes diplômés, l'exploitation artisanale de l'or et les Mariages et les grossesses précoces. Enfin, comme facteurs familiaux l'accent a été mis sur la structure familialeet l'analphabétisme de certains parents.Dans le chapitre suivant, il sera question d'étudier de fond en comble, les conséquences de cette déperdition scolaire dans la commune de Garoua-Boulaï. * 80M. Yakouba Yaya, 1999, «Étude des cas du Cameroun», Revue étude prospective bilan de l'éducation en Afrique p.5. |
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