1.3 Visibilité des sites depuis les lieux
touristiques
L'une des polémiques principales s'avère
l'opinion publique concernant l'impact d'un projet éolien sur le
paysage. Alors l'objectif serait d'étudier la visibilité et de
choisir les emplacements les moins visibles à partir des points
d'observation tels que les sites touristiques. La visibilité dans notre
étude dépend uniquement de la topographie du terrain, la hauteur
des bâtiments, les forêts et les obstacles ne sont pas pris en
compte.
La Figure 25 est le résultat du chevauchement entre la
carte des visibilités et la carte finale des potentialités. Nous
avons considéré les sites touristiques comme points
d'observations, et la taille d'une turbine de 50 m comme paramètre
supplémentaire au calcul de la visibilité. Cela a fourni la carte
des sites invisibles aux touristes tout en gardant leurs scores de
potentialités. La topographie du pays fait que la majorité des
sites sont classés invisibles.
Figure 25 : Les sites non visibles vis-à-vis du
patrimoine culturel du Liban
Sources des données utilisées : SDATL et la
carte des sites potentiels
à l'implantation des éoliennes au
Liban,
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Application de la distance aux habitats
Nous avons appliqué le facteur de la proximité
aux habitats (500 m) afin de prévoir le pourcentage des zones qui
peuvent être encore éliminés. Comme le montre la Figure 26,
nous avons sélectionné une zone située au nord du Liban,
cette dernière a été classée dans notre
étude comme site à fort potentiel. Nous pensons toutefois que les
pertes seront de l'ordre de 12%, donc assez minime par rapport à
l'installation d'éoliennes.
Figure 26 : Application du facteur de la distance aux
habitats pour une zone à fort
potentiel
Sources des données utilisées : SDATL,
OpenStreetMap, EDL et les valeurs de la vitesse moyenne du vent
extrapolées à 50 m par Zohbi
Nous pouvons donc conclure de ces résultats que la
superficie du Liban ne s'est pas accompagnée d'une importante
potentialité. Par contre, l'énergie éolienne peut
contribuer durablement à augmenter la production dans le secteur
énergétique pour soutenir la demande croissante dans l'avenir.
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2. Discussion et limites de l'étude
L'énergie éolienne au Liban n'est pas
exploitée aujourd'hui. En plus, aucune législation ou norme n'est
mise en place pour développer cela. Nous avons alors
élaboré ce travail pour générer une
pré-étude sur la faisabilité d'un projet éolien au
Liban afin de développer cette énergie dans l'avenir.
Les SIG ont une capacité d'automatisation des
traitements informatiques de données multiples de façon à
couvrir une vue d'ensemble et élaborer une étude théorique
sans avoir recours à un travail de terrain. La combinaison de cet outil
avec la méthode de l'analyse multicritère ajoute une dimension
décisionnelle à la planification d'un projet.
Nous nous sommes inspirés de la littérature
existante pour sélectionner les critères les plus adaptés
aux caractéristiques du Liban et développer une
méthodologie tout au long de ce travail de recherche. En effet, nous
avons extrait de chaque étude les aspects les plus intéressants
pour notre étude. C'est ce qui fait la particularité de notre
approche.
Cette méthode reste modifiable puisque les superficies
résultantes sont particulièrement faibles. La majorité des
sites (9 899 km2 = 97,4%) sont classés des zones non
potentielles. La faible superficie de potentialité (264 km2 =
2,6%) nous a permis de prendre un recul sur les contraintes et les seuils que
nous avons sélectionnés au début de cette étude.
Nous sommes conscients d'avoir fait un choix de contraintes
strictes. Il aurait fallu prendre des seuils plus flexibles, puisque
l'étude est faite sur une superficie relativement grande, à
l'échelle d'un pays. De plus, les paramètres ne s'appliquent pas
à toutes les régions de la même manière, en fonction
de la nature et la spécificité des terrains. Par exemple, les
normes appliquées pour une zone rurale ou un champ agricole ne sont pas
pareils pour une zone urbaine, ainsi pour la pente, le seuil adapter pour la
plaine de Bekaa ne convient pas la chaîne du Mont-Liban.
Ce qui est remarquable dans notre étude, ce sont les
contraintes économiques (pentes, réseaux électriques,
routes et élévation) qui ont supprimé une proportion
considérable de 60% de la superficie non potentielle.
Le fait d'avoir éliminé les sites à une
altitude supérieure à 2000 m a réduit la superficie des
zones potentielles de 727 km2 (~7%). Cette superficie
supprimée comprend toutefois les plateaux cultivés et les cimes
lissées et dénudées qui peuvent être des sites
potentiels aux éoliennes. Par contre, ils exigent des investissements
plus substantiels.
Le seuil de 10% de la pente, n'est pas un choix pertinent pour
une grande superficie. Tout d'abord, il est calculé sur une
résolution grossière de MNT de 28,5 m. En plus, le Liban est un
pays montagneux et à pentes raides, la plupart des versants ont
été aménagés en terrasse pour accueillir les
activités anthropiques. Nous suggérons alors de placer le seuil
à 20%.
Les modifications ci-dessus énoncées ont
été appliquées à un nouveau modèle. Nous
avons obtenu des résultats plus avantageux ; une superficie de 616
km2 a été classée en des sites potentiels. Le
pourcentage des sites potentiels a augmenté pour attendre ~8% de la
superficie totale du territoire libanais (Figure 27).
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Figure 27 : Les zones potentielles suite à des
modifications dans les contraintes de la pente et
de l'altitude
Sources des données utilisées : SDATL,
OpenStreetMap, EDL et les valeurs de la vitesse moyenne du vent
extrapolées à 50 m par Zohbi
Pour améliorer le travail de recherche, nous
recommandons tout d'abord de suivre une approche multiscalaire. Appliquer des
normes moins strictes à un niveau large du pays. Ensuite, à une
échelle plus fine, se procurer de données plus précises et
détaillées à des résolutions plus fines, et
intégrer des facteurs locaux plus spécifiques. Par exemple,
être plus minutieux en présence
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des écoles, universités, sociétés
religieuses, bases militaires, habitats fauniques sensibles et d'espèces
floristiques menacées ou vulnérables.
Nous suggérons de même d'effectuer des entretiens
avec des experts, afin de discuter et valider les critères de
sélections des sites, et modifier par la suite les valeurs de la
méthode AHP pour répondre aux exigences des acteurs locaux. Nous
pourrions donc imaginer ajouter des critères et des contraintes
supplémentaires ou même les supprimer, changer la valeur des
seuils des contraintes et modifier des poids des critères. De même
nous conseillons d'associer ce travail à des études
d'ingénierie poussées. Ainsi il serait probable de prévoir
le nombre d'éoliennes à implanter sur une superficie, et de
calculer, par des modèles, l'énergie qui pourrait être
fournie afin de prendre les meilleures décisions.
Une étude peut être menée sur cette
même zone d'étude, mais avec d'autres méthodes de l'analyse
multicritère pour comparer les résultats. Par exemple,
d'appliquer la méthode Fuzzy plutôt que la Booléenne pour
éliminer les contrainte.
Les limites majeures de cette investigation sont
l'accès et la disponibilité des données. La plupart des
données sont obsolètes et incomplètes. De plus, les
stations de mesures de vitesse du vent sont largement insuffisantes pour notre
étude. Au niveau de l'infrastructure, nous sommes dans
l'incapacité de connaître la puissance que les réseaux
électriques peuvent véhiculer et donc de supporter
l'énergie fournie par les éoliennes.
La méthode qui combine les SIG et AMCD est flexible et
peut être appliquée dans différentes régions et pour
diverses thématiques (développement de l'énergie
renouvelable, risques environnementaux, etc.). Les données
d'entrées et le choix du poids des critères sont fondamentaux
dans la définition du résultat final. Alors, les facteurs et les
critères doivent correspondre le plus possible aux
caractéristiques du territoire étudié.
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