B. La mesure des variables de l'étude
Pour tester les hypothèses de notre étude, nous
avons employé diverses méthodologies.
1. La mesure de la gestion des
résultats.
Nous avons utilisé les deux mesures de gestion des
résultats, à savoir la GR par les choix comptables (accruals) et
la GR par l'activité réelle. S'agissant de la GR par les choix
comptables, nous avons retenu le modèle Jones modifié de Dechow
et al. (1995). La formulation de ce modèle est présentée
dans la revue de la littérature. La gestion des résultats par
l'activité réelle a été estimée par la
méthode de Roychowdhury relative aux cash-flows anormaux et à la
production anormale.
85
Gestion stratégique des résultats,
structure de l'actionnariat et gouvernance d'entreprise : une étude
appliquée aux PME défaillantes du secteur agricole
française.
2. La réduction de l'endettement
Pour tester l'hypothèse de la réduction de
l'endettement, nous avons retenu le seul groupe des entreprises dont la
santé financière est fortement dégradée. Ensuite,
nous avons divisé ce groupe en deux sous-groupes : le groupe des
entreprises dont la moyenne de la variation des dettes est négative et
celle dont la moyenne de la variation des dettes est positive. En
décomposant ce groupe de cette manière, nous observerons s'il y a
des tendances de GR différenciées dans chaque sous-groupe.
3. La complémentarité entre les produits et
charges exceptionnels et la gestion des
résultats dans les entreprises en
difficulté.
Afin de tester la complémentarité entre ces
variables, nous avons choisi de faire des régressions de manière
itérative entre les variables de GR et les produits et charges
exceptionnels sur opérations de gestion.
Nos modèles de base sont les suivants :
CEX;,t = a1 + a2DAC;,t +
a3ACF;,t + a2APROD;,t + a2RN;,t +
a3ENDET;,t + a4TAIL;,t + E;,t PEX;,t = a1 +
a2DAC;,t + a3ACF;,t + a2APROD;,t +
a2RN;,t + a3ENDET;,t + a4TAIL;,t +
E;,t
Puis par itération, nous remplacerons les variables
dépendantes par les trois mesures de GR pour tester la pertinence de
leurs complémentarités.
C. Les résultats, interprétations et
limites
Dans cette partie nous testerons les hypothèses de
recherche de notre étude en nous appuyons sur les méthodologies
citées précédemment.
1. La gestion des résultats
différenciée selon les niveaux de difficulté
financière.
1.1. Les statistiques descriptives des variables de la GR
Les statistiques descriptives des variables de GR montrent que
dans chaque groupe de notre étude il existe des tendances de GR. Nous
avons jugé utile de présenter les statistiques
86
Gestion stratégique des résultats,
structure de l'actionnariat et gouvernance d'entreprise : une étude
appliquée aux PME défaillantes du secteur agricole
française.
descriptives en valeur et en valeurs absolues.
L'intérêt de présenter les statistiques en valeurs
découle de la prise en compte du sens (positif ou négatif) des
variables de GR et les statistiques en valeurs absolues visent à
observer l'ampleur de la GR dans chaque groupe. Afin d'observer la fluctuation
des variables et leurs tendances centrales, nous avons retenu comme mesure : la
moyenne, la médiane et les quartiles 1 et 3.
Les sorties du logiciel r nous renseignent sur les
données ci-dessous. Quand nous étudions les statistiques
descriptives en valeurs, la moyenne dans chaque groupe est presque nulle.
Cependant les médianes nous indiquent les tendances centrales.
1.1.1. Les statistiques descriptives en
valeurs
a. Les accruals discrétionnaires
En nous référant à la médiane,
dans le premier groupe nous enregistrons plus d'entreprises qui gèrent
à la hausse leurs résultats par les accruals que dans le second
groupe, où il y a une plus grande proportion d'entreprises qui
gèrent les résultats par les accruals à la baisse. Enfin
dans le troisième groupe, nous notons que les entreprises ont une plus
grande tendance à gérer les résultats à la hausse
plutôt qu'à la baisse.
b. Les cash-flows anormaux
S'agissant des cash-flows anormaux, ils augmentent au fil de
l'amplification de la défaillance financière. Ils passent donc de
0.002 dans le groupe 2 à 0.008 dans le groupe 3. Retenons que dans le
groupe des entreprises saines, la plus grande proportion des entreprises
gèrent les résultats à la baisse.
c. La production anormale
Contrairement au groupe des entreprises saines, nous observons
moins d'entreprises qui gèrent les résultats à la hausse
par la production anormale. Cependant, nous notons que lorsque la
défaillance s'amplifie (groupe 3), la proportion d'entreprises qui
gèrent les résultats à la hausse par cette variable
augmente à nouveau. Il semble donc que les difficultés
financière extrêmes sont une incitation à la gestion des
résultats à la hausse.
87
Gestion stratégique des résultats,
structure de l'actionnariat et gouvernance d'entreprise : une étude
appliquée aux PME défaillantes du secteur agricole
française.
En appliquant le t-test de Student aux moyennes des deux
groupes d'entreprises défaillantes, nous ne pouvons affirmer qu'elles
sont statistiquement significatives (les p-values des trois tests étant
toutes supérieures à 0.05).
1.1.2. Les statistiques descriptives en valeurs
absolues
a. Les accruals discrétionnaires
Dans le tableau des mesures de GR en valeurs absolues, nous
constatons que la moyenne et la médiane des accruals
discrétionnaires sont variables d'un groupe à l'autre. Dans le
groupe des entreprises saines, elles se situent respectivement à 0.069
et 0.059, dans le groupe des entreprises faiblement défaillantes elles
baissent à 0.042 et 0.030 et enfin elles augmentent à nouveau
à 0.077 et 0.059 dans le groupe des entreprises fortement
défaillantes. En présence d'échantillons
indépendants, nous avons utilisé un test paramétrique (le
Test t de Student) de comparaison des moyennes. S'agissant de la comparaison
des moyennes des accruals discrétionnaires du groupe 2 (entreprises
faiblement défaillantes) et du groupe 3 (entreprises fortement
défaillantes), le t-test présente une valeur de 3.33 avec une
p-value à 0.001. Pour que l'on puisse conclure que les moyennes sont
statistiquement différentes, il faut que la p-value soit
inférieure à 0.05. Dans notre cas, la p-value est
inférieure au seuil de 0.05. On peut donc dire que la différence
des moyennes est statistiquement significative.
b. Les cash-flows anormaux
Dans le tableau des mesures de GR en valeurs absolues, nous
constatons que la moyenne et la médiane des cash-flows anormaux sont
également variables d'un groupe à l'autre. Dans le groupe des
entreprises saines, elles se situent respectivement à 0.196 et 0.170,
dans le groupe des entreprises faiblement défaillantes elles baissent
à 0.052 et 0.041 et enfin elles augmentent à nouveau à
0.081 et 0.062 dans le groupe des entreprises fortement défaillantes. Le
t-test présente une valeur de 2.77 avec une p-value à 0.006. On
peut donc dire que la différence des moyennes est statistiquement
significative.
c. La production anormale
Dans le tableau des mesures de GR en valeurs absolues, nous
constatons que la moyenne et la médiane de la production anormale sont
également variables d'un groupe à l'autre. Dans le
88
Gestion stratégique des résultats,
structure de l'actionnariat et gouvernance d'entreprise : une étude
appliquée aux PME défaillantes du secteur agricole
française.
groupe des entreprises saines, elles se situent respectivement
à 0.207 et 0.132, dans le groupe des entreprises faiblement
défaillantes elles baissent à 0.090 et 0.073 et enfin elles
s'apprécient à 0.113 et 0.086 dans le groupe des entreprises
fortement défaillantes. Le t-test présente une valeur de 1.33
avec une p-value à 0.182. On ne peut donc dire que la différence
des moyennes est statistiquement significative.
89
Gestion stratégique des résultats,
structure de l'actionnariat et gouvernance d'entreprise : une étude
appliquée aux PME défaillantes du secteur agricole
française.
Tableau 6 : Les statistiques descriptives des variables de GR
en valeurs
|
Groupes des entreprises saines (n=41)
|
Groupe des entreprises faibl. défail.
(n=35)
|
Groupe des entreprises fort. défail.
(n=73)
|
t-test
|
a En valeurs
|
Moyenne
|
Médiane
|
1er
Quartile
|
3e
Quartile
|
Moyenne
|
Médiane
|
1er
Quartile
|
3e
Quartile
|
Moyenne
|
Médiane
|
1er
Quartile
|
3e
Quartile
|
Comparaison des moyennes des groupes 1&3
|
DAC*
|
-0.00
|
0.001
|
-0.053
|
0.086
|
-0.00
|
-0.006
|
-0.146
|
0.007
|
-0.00
|
0.008
|
-0.035
|
0.019
|
0.00
(p-value : 0.999)
|
ACF*
|
-0.001
|
-0.282
|
-0.081
|
0.086
|
0.00
|
0.002
|
-0.018
|
0.077
|
0.00
|
0.008
|
-0.030
|
0.047
|
0.00
(p-value : 0.999)
|
APROD*
|
0.00
|
0.053
|
-0.091
|
0.132
|
0.00
|
0.015
|
-0.043
|
0.077
|
-0.00
|
0.032
|
-0.062
|
0.086
|
0.01
(p-value : 0.988)
|
Tableau 7 : Les statistiques descriptives des variables de GR
en valeurs absolues
|
Groupes des entreprises saines (n=41)
|
Groupe des entreprises faibl. défail. (n=35)
|
Groupe des entreprises fort. défail.
(n=73)
|
t-test
|
b En valeurs
absolues
|
Moyenne
|
Médiane
|
1er
Quartile
|
3e
Quartile
|
Moyenne
|
Médiane
|
1er
Quartile
|
3e
Quartile
|
Moyenne
|
Médiane
|
1er
Quartile
|
3e
Quartile
|
Comparaison des moyennes des groupes 1&3
|
DAC*
|
0.069
|
0.059
|
0.046
|
0.084
|
0.042
|
0.030
|
0.179
|
0.055
|
0.077
|
0.055
|
0.034
|
0.087
|
3.33
(p-value : 0.001)
|
ACF*
|
0.196
|
0.170
|
0.092
|
0.251
|
0.052
|
0.041
|
0.029
|
0.069
|
0.081
|
0.062
|
0.036
|
0.099
|
2.77
(p-value : 0.006)
|
APROD*
|
0.207
|
0.132
|
0.103
|
0.206
|
0.090
|
0.073
|
0.039
|
0.120
|
0.113
|
0.086
|
0.049
|
0.130
|
1.33
(p-value : 0.182)
|
* DAC : Discretionary Accruals ACF : Abnormal Cash-flows APROD :
Abnormal Production
90
Gestion stratégique des résultats,
structure de l'actionnariat et gouvernance d'entreprise : une étude
appliquée aux PME défaillantes du secteur agricole
française.
1.2. L'existence de trajectoires différenciées
selon les niveaux de difficulté financière
Afin de tester notre hypothèse de recherche, nous avons
distingué deux types de trajectoires : les trajectoires par le nombre
d'entreprise qui gèrent à la hausse ou à la baisse (la
médiane en valeurs) et la trajectoire par l'ampleur de la gestion des
résultats (la moyenne en valeurs absolues).
1.2.1. L'existence des trajectoires
différenciées par le nombre d'entreprises qui gèrent
à la hausse ou à la baisse leurs résultats selon les
niveaux de difficulté financière.
La tendance centrale des variables de gestion des
résultats montre qu'il existe des trajectoires
différenciées selon le niveau de difficulté
financière. Dans le groupe des entreprises saines, il y a plus
d'entreprises qui gèrent les résultats à la hausse par les
accruals discrétionnaires et par la production anormale. Tandis qu'il y
a plus d'entreprises qui gèrent les résultats à la baisse
par les cash-flows anormaux.
Dans le groupe des entreprises faiblement défaillantes
la tendance s'inverse, il y a plus d'entreprises qui gèrent les
résultats à la hausse par les accruals discrétionnaires et
les cash-flows anormaux. Par contre, nous observons qu'un plus grand nombre
d'entreprises gèrent les résultats à la baisse par la
production anormale.
Dans le groupe des entreprises fortement défaillantes,
il y a plus d'entreprises qui gèrent les résultats à la
hausse par la production anormale, les cash-flows anormaux et les accruals
discrétionnaires.
91
Gestion stratégique des résultats,
structure de l'actionnariat et gouvernance d'entreprise : une étude
appliquée aux PME défaillantes du secteur agricole
française.
Médiane
-0,006
0,002
Groupe 2
Médiane
Groupe 1
0,01 0
0,053
-0,252
-0,043
DAC ACF APROD
0
0
0,032
0,008
0,008
Médiane
Groupe 3
Figure 6 : Représentation des trajectoires des
médianes des variables de GR
1.2.2. L'existence des trajectoires
différenciées (par l'ampleur) de la gestion des résultats
selon les niveaux de difficulté financière.
Au début de la défaillance financière,
les entreprises gèrent les résultats à la baisse
comparativement au groupe des entreprises saines, l'ampleur de la GR s'amenuise
pour les trois variables (DAC, ACF et APROD). Lorsque la difficulté
s'intensifie, les indicateurs de GR augmentent.
Il semble que lorsque les entreprises sont faiblement
défaillantes, elles sont poussées à gérer leurs
résultats plus par l'activité réelle que par les accruals
discrétionnaires. Le constat est le même pour le groupe des
entreprises fortement défaillantes. En nous référant aux
statistiques descriptives en valeurs, nous remarquons que les médianes
des accruals discrétionnaires et de la production anormale du groupe 3
sont différentes de leurs moyennes. La moyenne négative implique
que l'ampleur de la GR à la baisse est plus importante que l'ampleur de
la GR à la hausse. Une plus grande proportion d'entreprises est encline
à gérer les résultats à la baisse afin de liquider
les pertes et repartir sur des bases saines et une autre proportion gère
les résultats à la hausse pour simuler de performances ou
accélérer les ventes (par des réductions commerciales par
ex.).
92
Gestion stratégique des résultats,
structure de l'actionnariat et gouvernance d'entreprise : une étude
appliquée aux PME défaillantes du secteur agricole
française.
Nos résultats rejoignent les conclusions de Campa et
Camacho-Minano (2015), qui formulaient qu'en période de détresse
financière les entreprises défaillantes gèrent plus les
résultats par l'activité réelle que par les accruals
discrétionnaires. Nous notons également que l'amplification de la
difficulté financière (voir le groupe 3) accroit l'ampleur de la
gestion des résultats.
|
|
0,1
|
0,09
|
|
0,0
|
|
|
0,073
0,0
|
0,052
0,042
|
|
0,041
|
|
0,03
|
|
|
|
|
0 1 2 3
Groupes
APROD ACF DAC
Ampleur de la GR
|
0,12 0,1 0,08 0,06 0,04 0,02
0
|
13
81
77
Figure 7 : Représentation des niveaux de GR (les
moyennes en valeurs absolues)
2. Les effets de la réduction de l'endettement
sur la gestion des résultats des entreprises
défaillantes.
Nous avons retenu comme deuxième hypothèse que
la réduction de l'endettement est susceptible d'atténuer la
gestion des résultats. Afin de tester cette hypothèse de
recherche, nous avons estimé dans le groupe des entreprises fortement
défaillantes, celles qui présentaient en moyenne une variation
négative des dettes sur la période de notre étude. Nous
nous sommes intéressés à observer le comportement des
variables de GR. Le tableau suivant présente les différences
entre l'ampleur de la GR des entreprises fortement défaillantes et parmi
elles, celles qui ont réduit leurs dettes.
93
Gestion stratégique des résultats,
structure de l'actionnariat et gouvernance d'entreprise : une étude
appliquée aux PME défaillantes du secteur agricole
française.
Tableau 8 : Différence de l'ampleur de GR entre les
entreprises réductrices et non- réductrices des
dettes (en moyenne)
|
DAC
|
ACF
|
APROD
|
Groupe des entreprises fortement
défaillantes
|
0.077
|
0.081
|
0.113
|
a Groupe a
|
0.045
|
0.055
|
0.105
|
b Groupe b
|
0.046
|
0.051
|
0.108
|
b Le groupe a est celui des entreprises fortement
défaillantes ayant en moyenne des variations positives des dettes
c Le groupe b est celui des entreprises fortement
défaillantes ayant en moyenne des variations négatives des
dettes.
Figure 8 : Représentation du voisinage de l'ampleur
de la GR entre les entreprises défaillantes réductrices et
non-réductrices des dettes.
Ampleur de la GR
0,12
0,08
0,06
0,04
0,02
0,1
0
0 1 2 3
DAC; 0,045
Groupe a Groupe b
DAC; 0,046
Groupes
ACF; 0,055
ACF; 0,051
APROD; 0,105
APROD; 0,108
Nous n'observons pas de différence marquante de GR
entre les entreprises défaillantes n'ayant pas en moyenne des variations
négatives des dettes et celles qui ont en moyenne des variations des
dettes négatives.
94
Gestion stratégique des résultats,
structure de l'actionnariat et gouvernance d'entreprise : une étude
appliquée aux PME défaillantes du secteur agricole
française.
Figure 9 : Représentation de la GR par les accruals
sous l'hypothèse de la réduction des
dettes
0,35
Niveau de GR
-0,05
0,25
0,15
0,05
-0,1
0,3
0,2
0,1
0
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25
26 27 28 29 30
-0,15
Nombre d'enteprises
-0,25
Nombre d'entreprises
0,2
6
7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29
30
0
Niveau de GR
-0,05
-0,1
-0,15
-0,2
1
0,15
0,1
0,05
3
2
5
4
Figure 10 : Représentation de la GR par les
cash-flows anormaux sous l'hypothèse de la réduction des
dettes
95
Gestion stratégique des résultats,
structure de l'actionnariat et gouvernance d'entreprise : une étude
appliquée aux PME défaillantes du secteur agricole
française.
Figure 11 : Représentation de la GR par la
production anormale sous l'hypothèse de la réduction des
dettes
0,8
Nombre d'entreprises
-0,6
Niveau de GR
-0,2
-0,4
0,6
0,4
0,2
0
1
2
3
4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24
25 26 27 28 29 30
Fort de ce qui précède, nous concluons qu'il
semble que la réduction des dettes incite les entreprises à
gérer leurs résultats à la hausse. Bien que l'ampleur de
la GR semble indifférenciée entre les groupes des entreprises
ayant réduit leurs dettes et celles n'ayant pas réduit leurs
dettes, il est remarquable que la tendance générale de la GR est
à la hausse.
3. Les activités exceptionnelles et la gestion
des résultats dans les entreprises en
difficulté financière.
3.1. Les statistiques descriptives des variables
A la lecture du tableau des statistiques descriptives des deux
échantillons, nous notons que les charges et les produits exceptionnels
sont en moyenne plus importants dans le groupe des entreprises fortement
défaillantes. En outre, dans le groupe des entreprises faiblement
défaillantes, nous observons que 20% des entreprises n'ont pas
enregistré des charges exceptionnelles et 33% des entreprises de
l'échantillon n'ont pas comptabilisé des produits exceptionnels.
Dans le groupe des entreprises fortement défaillantes, les proportions
sont respectivement de 30 et 40%.
96
Gestion stratégique des résultats,
structure de l'actionnariat et gouvernance d'entreprise : une étude
appliquée aux PME défaillantes du secteur agricole
française.
Par ailleurs, nous constatons que l'endettement, la taille et
les variables de GR sont en moyenne plus grandes dans le groupe des entreprises
fortement défaillantes.
3.2. Les produits et les charges exceptionnels comme variables
complémentaires de la gestion des résultats des entreprises en
difficulté
Nous avons estimé les variables de la régression
linéaire en nous inspirant du modèle de Mard (2006) relatif
à l'association entre les produits de cession et la variation du
résultat net. Comme variables explicatives, nous avons retenu les
mesures de GR et comme variables de contrôle : le résultat net et
l'endettement normés sur l'actif total et enfin la taille (le logarithme
népérien de l'actif total). Dans un premier temps nous avons
déterminé la matrice de corrélation des variables
dépendantes et indépendantes, et dans un second temps nous avons
élaboré les régressions linéaires multiples.
3.2.1. Le test de corrélation de Pearson des
coefficients des variables dépendantes et
indépendantes.
Le coefficient de Pearson nous aide à mesurer le niveau
de corrélation entre deux variables données. Ce coefficient est
situé entre -1 et 1 avec deux indications majeures. Il est dit
`'fort» lorsqu'il est compris entre 0.5 et 1 et `'faible» entre -0.5
et -1.
Nous avons construit deux matrices de corrélation, une
pour chaque niveau de difficulté financière.
3.2.1.1. Le test de corrélation de Pearson du groupe
des entreprises faiblement
défaillantes
S'agissant du groupe des entreprises faiblement
défaillantes, nous constatons qu'aucune variable n'a un effet
statistiquement significatif au seuil de 1%. Toutefois, la corrélation
entre l'endettement et le résultat net est négative et
significative au seuil de 10%, ce qui renseigne sur le fait que plus les
entreprises sont endettées, plus le résultat net baisse de 0.4
fois. Nous notons également une corrélation significative au
seuil de 10% entre la taille et les accruals discrétionnaires. Cela
indique que la plus la taille augmente, plus les entreprises du groupe
gèrent leurs résultats à la baisse par les accruals.
97
Gestion stratégique des résultats,
structure de l'actionnariat et gouvernance d'entreprise : une étude
appliquée aux PME défaillantes du secteur agricole
française.
Concernant des produits et charges exceptionnels, nous
constatons que les corrélations sont mitigées. En effet, bien que
non significative, les charges exceptionnelles ont un effet régressif
sur la gestion des résultats. Autrement dit, lorsque qu'une unité
supplémentaire de charges exceptionnelles augmente, les entreprises
gèrent les résultats à la baisse, cela pour toutes les
variables de GR (DAC, ACF et APROD). Les produits exceptionnels sont
positivement et non-significativement corrélés aux accruals
discrétionnaires et aux cash-flows anormaux. Ce qui implique que
l'augmentation d'une unité supplémentaire des produits
exceptionnels entraine par ricochet une gestion à la hausse desdites
variables de GR, respectivement de 0.02 fois et 0.05 fois. Cependant, le
raisonnement n'est pas le même entre les produits exceptionnels et la
production anormale. En effet, ces variables sont négativement et
non-significativement corrélées.
3.2.1.2. Le test de corrélation de Pearson du
groupe des entreprises fortement défaillantes.
A la lecture du tableau, nous constatons que les trois mesures
de GR (DAC, ACF et APROD) sont positivement et significativement
corrélées entre elles au seuil de 1%.
Nous notons également que dans ce groupe, les produits
et les charges exceptionnels sont négativement et non-significativement
corrélés à toutes les mesures de GR. L'endettement est
également négativement et non-significativement
corrélé aux mesures de GR. Cependant, les corrélations
entre l'endettement et les produits et charges exceptionnels sont positive.
Enfin, nous observons une corrélation négative
au seuil de 10% entre le résultat net normé par l'actif total et
les charges exceptionnels, ce qui est normal au regard du caractère
régressif des charges. L'endettement est corrélé
positivement et significativement au seuil de 10% avec les produits
exceptionnels, ce qui semble indiquer que l'augmentation de l'endettement d'une
unité se traduit par l'augmentation des produits exceptionnels et
inversement.
3.2.2. Les tests d'association entre les produits
et charges exceptionnels et les variables de
gestion des résultats
Afin de tester l'existence de la complémentarité
entre les variables de GR et les produits et charges exceptionnels, nous avons
procéder à des régressions linéaires multiples.
L'existence
98
Gestion stratégique des résultats,
structure de l'actionnariat et gouvernance d'entreprise : une étude
appliquée aux PME défaillantes du secteur agricole
française.
des complémentarités différenciées
sera observable au regard des coefficients estimés dans chaque panel de
notre étude.
3.2.2.1. Les tests d'association sur le panel des entreprises
faiblement défaillantes
Nous n'observons aucune variable endogène qui ait un
impact sur les variables dépendantes. Toutefois, nous constatons que le
coefficient de régression de la variable des charges exceptionnelles sur
la production anormale est très élevé (de l'ordre de
5.401). il semble qu'au début de la détresse financière la
production anormale s'associe à une forte proportion de charges
exceptionnelles. Le signe négatif indiquerait le sens de la gestion des
résultats dans ce cas de figure. Cependant, ce coefficient apparait
non-significatif, ce qui indique que nous ne pouvons conclure sur la
vraisemblance d'une telle relation.
3.2.2.2. Les tests d'association sur le panel des entreprises
fortement défaillantes
Contrairement au panel des entreprises faiblement
défaillantes, le groupe des entreprises fortement défaillantes
présente des variables indépendantes significatives. S'agissant
des variables des produits et charges exceptionnels, nous constatons que
lorsqu'elles sont les variables dépendantes, aucune variables de GR
n'est significativement associés à elles. Aussi les R2
des modèles de régression sont respectivement de 12.9% et 12%.
Par contre, les variables de GR sont significativement
associées entre elles. Lorsque la production anormale est la variable
dépendante, les autres variables de GR (les accruals
discrétionnaires et la production anormale) sont significativement
associées avec elle au seuil de 1%. Nous constatons aussi que les
coefficients des produits et charges exceptionnels sont plus importants dans ce
cas. Le R2 du modèle de régression est de 88.4%.
Comme dans le panel précèdent, les produits et
charges exceptionnels ne sont pas significativement associés aux
variables de GR.
4. Les limites de l'étude
Notre étude se confronte à quelques limites.
Premièrement, sur un plan méthodologique, l'estimation de la
gestion des résultats par le modèle de Jones modifié
aurait pu être améliorée
99
Gestion stratégique des résultats,
structure de l'actionnariat et gouvernance d'entreprise : une étude
appliquée aux PME défaillantes du secteur agricole
française.
par une plus grande étendue de la période de
l'étude, l'indicateur de Conan et Holder ne se limite qu'à trois
niveaux de la situation financière, d'avantage de niveaux de
détresse financière aurait permis de mieux délimiter et
observer les pratiques de GR. La méthode de distinction des entreprises
réductrices et non-réductrices des dettes souffre d'une lacune.
En effet, l'absence des données sur l'objet des décisions de
réduction des dettes limite la validité de cette
hypothèse.
De plus, la régression linéaire devant
estimé le niveau de complémentarité entre la GR et les
activités exceptionnelles peut être amélioré. En
effet, nous n'avons choisi que trois variables de contrôle. Ces
dernières peuvent limiter la pertinence et la significativité des
variables dépendantes et indépendantes. Par ailleurs, on aurait
pu estimer cette complémentarité différemment, en
distinguant les entreprises qui gèrent les résultats à la
hausse (en faisant des régressions seulement avec les produits
exceptionnels) et celles qui gèrent les résultats à la
baisse (en procédant à des régressions seulement avec les
charges exceptionnelles).
Deuxièmement, l'échantillon de notre
étude est limité. Avec un plus grand échantillon, sur des
secteurs d'activité différents, cette étude aurait pu
être plus élaborée.
100
Gestion stratégique des résultats,
structure de l'actionnariat et gouvernance d'entreprise : une étude
appliquée aux PME défaillantes du secteur agricole
française.
Tableau 9 : Statistiques descriptives des variables des
régressions linéaires multiples
|
Groupe des entreprises faibl. défail.
(n=35)
|
Groupe des entreprises fort. défail.
(n=73)
|
t-test
|
a En valeurs
|
Moyenne
|
Médiane
|
1er
Quartile
|
3e
Quartile
|
Moyenne
|
Médiane
|
1er
Quartile
|
3e
Quartile
|
Comparaison des moyennes des deux groupes
|
CEX*
|
0.00
|
0.00
|
0.00
|
0.00
|
0.002
|
0.00
|
0.00
|
0.002
|
4.94
(p-value : 0.00)
|
PEX
|
0.00
|
0.00
|
0.002
|
0.001
|
0.01
|
0.00
|
0.00
|
0.002
|
1.87
(p-value : 0.06)
|
RN*
|
0.001
|
0.016
|
0.017
|
0.03
|
0.01
|
0.01
|
-0.02
|
0.06
|
1.11
(p-value : 0.269)
|
ENDET*
|
0.24
|
0.31
|
0.38
|
0.51
|
0.368
|
0.324
|
0.223
|
0.465
|
19.95
(p-value : 0.00)
|
TAIL*
|
3.533
|
3.767
|
3.837
|
4.109
|
3.650
|
3.544
|
3.317
|
3.869
|
63.80
(p-value : 0.00)
|
DAC*
|
0.042
|
0.030
|
0.179
|
0.055
|
0.077
|
0.055
|
0.034
|
0.087
|
3.33
(p-value : 0.001)
|
ACF*
|
0.052
|
0.041
|
0.029
|
0.069
|
0.081
|
0.062
|
0.036
|
0.099
|
2.77
(p-value : 0.006)
|
APROD*
|
0.090
|
0.073
|
0.039
|
0.120
|
0.113
|
0.086
|
0.049
|
0.130
|
1.33
(p-value : 0.182)
|
*
CEX : Charges exceptionnelles sur opérations de gestion
sur total actif
PEX : Produits exceptionnels sur opérations de gestion sur
total actif
RN : Résultat net sur total actif
ENDET : Total des dettes sur total actif
TAIL : Log de l'actif total.
DAC : Valeurs absolues des accruals discrétionnaires
ACF : Valeurs absolues des cash-flows anormaux
APROD : Valeurs absolues des productions anormales
101
Gestion stratégique des résultats,
structure de l'actionnariat et gouvernance d'entreprise : une étude
appliquée aux PME défaillantes du secteur agricole
française.
Tableau 10 : Matrice de corrélation des coefficients
des variables indépendantes et dépendantes du panel des
entreprises faiblement défaillantes
|
DAC
|
ACF
|
APROD
|
CEX
|
PEX
|
RN
|
ENDET
|
TAIL
|
DAC
|
1
|
|
|
|
|
|
|
|
ACF
|
-0.26
|
1
|
|
|
|
|
|
|
APROD
|
0.07
|
0.08
|
1
|
|
|
|
|
|
CEX
|
-0.04
|
-0.22
|
-0.27
|
1
|
|
|
|
|
PEX
|
0.02
|
0.05
|
-0.14
|
0.07
|
1
|
|
|
|
RN
|
0.01
|
0.19
|
-0.12
|
-0.09
|
0.26
|
1
|
|
|
ENDET
|
0.07
|
-0.23
|
0.15
|
-0.04
|
-0.19
|
-0.40*
|
1
|
|
TAIL
|
-0.37*
|
0.24
|
0.01
|
-0.09
|
-0.12
|
-0.04
|
0.29
|
1
|
Tableau 11 : Matrice de corrélation des coefficients
des variables indépendantes et dépendantes du panel des
entreprises fortement défaillantes
|
DAC
|
ACF
|
APROD
|
CEX
|
PEX
|
RN
|
ENDET
|
TAIL
|
DAC
|
1
|
|
|
|
|
|
|
|
ACF
|
0.81***
|
1
|
|
|
|
|
|
|
APROD
|
0.86***
|
0.92***
|
1
|
|
|
|
|
|
CEX
|
-0.16
|
-0.15
|
-0.16
|
1
|
|
|
|
|
PEX
|
-0.11
|
-0.08
|
-0.07
|
0.00
|
1
|
|
|
|
RN
|
-0.01
|
-0.14
|
-0.10
|
-0.26*
|
0.04
|
1
|
|
|
ENDET
|
-0.31**
|
-0.30*
|
-0.28*
|
0.14
|
0.30*
|
-0.15
|
1
|
|
TAIL
|
-0.13
|
-0.10
|
-0.11
|
-0.15
|
-0.11
|
0.18
|
0.07
|
1
|
p-values (0, "***» 0.001, "**» 0.01, "*» 0.05,
".»0.1, " " 1)
102
Gestion stratégique des résultats,
structure de l'actionnariat et gouvernance d'entreprise : une étude
appliquée aux PME défaillantes du secteur agricole
française.
Figure 12 : Histogramme de significativité des
coefficients des variables des entreprises faiblement
défaillantes
Figure 13 : Histogramme de significativité des
coefficients des variables des entreprises fortement
défaillantes
Source : les sorties du logiciel R
103
Gestion stratégique des résultats,
structure de l'actionnariat et gouvernance d'entreprise : une étude
appliquée aux PME défaillantes du secteur agricole
française.
Tableau 12 : Tableau des régressions
linéaires du panel des entreprises faiblement
défaillantes
(A) (B) (C) (D) (E)
Var. dépendantes DAC ACF APROD PEX CEX
INTERCEPT 0.17* -0.01 0.114 0.00 0.00
DAC -0.161 0.099 0.00 -0.00
ACF -0.178 0.185 0.00 -0.015
APROD 0.032 0.055 -0.00 -0.010
PEX 0.013 0.227 -0.936 0.028
CEX -1.125 2.392 -5.401 0.154
RN 0.139 0.109 -0.227 0.061 -0.015
ENDET 0.033 -0.055 0.044 -0.00 -0.00
TAIL -0.035 . 0.022 -0.01 -0.00 -0.00
Residual Stand. err. 0.04 0.038 0.07 0.00 0.00
Multiple R-Squared 0.202 0.231 0.118 0.101
0.135
Adjusted R-Squared -0.00 0.031 -0.109 -0.132
-0.089
F-statistic 0.976 1.16 0.52 0.433 0.602
p-value 0.468 0.357 0.81 0.872 0.748
104
Gestion stratégique des résultats,
structure de l'actionnariat et gouvernance d'entreprise : une étude
appliquée aux PME défaillantes du secteur agricole
française.
Tableau 13 : Tableau des régressions linéaires
du panel des entreprises fortement défaillantes
Residual Stand. err. 0.028
Multiple R-Squared 0.749
Adjusted R-Squared 0.722
F-statistic 27.8
p-value 0.00
0.02
|
0.04
|
0.05
|
0.005
|
0.858
|
0.884
|
0.129
|
0.120
|
0.84
|
0.872
|
0.035
|
0.026
|
56.35
|
71.25
|
1.376
|
1.276
|
0.00
|
0.00
|
0.230
|
0.276
|
(A) (B) (C) (D) (E)
Var. dépendantes DAC ACF APROD PEX CEX
INTERCEPT 0.023 0.009 -0.00 0.025 0.007 .
DAC 0.089 0.658*** -0.161 -0.000
ACF 0.177 1.465*** 0.048 -0.010
APROD 0.332*** 0.373*** 0.051 -0.005
PEX -0.051 0.007 0.032 -0.004
CEX -0.014 -0.121 -0.24 -0.329
RN 0.033 -0.024 -0.005 0.043 -0.009 .
ENDET -0.009 -0.014 0.009 0.086* 0.002
TAIL 0.005 0.001 -0.00 -0.013 -0.001
105
Gestion stratégique des résultats,
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appliquée aux PME défaillantes du secteur agricole
française.
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