2. L'arrivée de l'électro en France
Les musiques électroniques se sont rapidement
répandues en Europe. En France et en Angleterre, elles sont
découvertes par la population avec des yeux relativement surpris et
inquiets à travers les free parties et les raves parties. Les raves
parties sont apparues en Grande-Bretagne à cause d'une loi provenant du
gouvernement de Margaret Thatcher qui a eu pour conséquence la fermeture
obligatoire de tous les clubs à deux heures du matin. En réponse
à cette loi, qui selon les fêtards porte atteinte à leur
liberté, sont apparues ces soirées sauvages dans des
entrepôts désaffectés, des hangars ou encore dans les
champs. Le début des années 90 marque l'arrivée de ces
fêtes et de leur lieu d'exécution particulier en France.
Même si notre pays ne subissait aucune loi concernant une fermeture
abusive des discothèques, ce principe d'organisation de fêtes
clandestines n'était pas nouveau et comptait déjà des
adeptes. Cela a évidemment permis une certaine «
démocratisation » auprès d'un public amateur n'ayant pas
encore franchis le pas, car l'organisation de fêtes dans ces conditions
(notamment le fait de ne pas toujours respecter la législation sur le
spectacle vivant) se révélait être une aubaine
d'accessibilité et de coûts moindre. Il est alors apparu plusieurs
types de raves différentes passant des raves clandestines ou
semi-légales créées de toute pièce par des amateurs
de musique électronique, alors tous réunis en associations et se
donnant eux-mêmes la qualification de « tribu », jusqu'à
des rassemblements bien plus important organisés par des professionnels
et entrepreneurs du spectacle. Mais vient alors le milieu de la décennie
et sa vague de répression croissante envers l'essor des raves.
Interventions policières et divers refus d'autorisation s'appuyaient sur
une circulaire ministérielle caractérisant ces rassemblements de
« soirées à haut risques »1. Entrent alors
en jeu les free parties, suscitant un engouement de plus en plus fort chez les
jeunes.
Ces free proviennent également de Grande-Bretagne.
Elles sont le résultat de la rencontre entre le monde des «
travellers » (qui sont des personnes pouvant être
catégorisées comme marginales
1 Fontaine A. et Fontana C. (1996), Raver, Paris,
Economica, p. 98-101
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et ayant adopté un mode de vie nomade) et cette
nouvelle culture festive émergente des raves et musiques
électroniques. Parmi ces travellers, on rencontre des convertis aux
nouvelles sonorités. Ils sont équipés de systèmes
de sonorisation, et l'organisation de fêtes suit donc leurs
déplacements. Encore une fois, le principe fait école : l'essor
des free parties a eu lieu en France. Les travellers provenant d'Angleterre,
à la recherche d'un environnement plus enclin à leurs
évènements, en sont souvent à l'origine. Cependant ils
sont très vite rejoints par des groupes d'amateurs possédant leur
propre système de sonorisation : il s'agit encore une fois de ces «
tribus », rapidement plus communément auto-nommés «
sound systems ».
Cette fois, contrairement aux raves, il s'agit totalement de
fêtes clandestines. Autrement dit elles ne respectent aucunement les lois
concernant le spectacle vivant. Elles ont la particularité de ne pas
être payantes, et ont adoptés le système de donation libre.
A l'entrée chacun donne ce qu'il peut et/ou ce qu'il veut (faisant bien
entendu appel au civisme des participants). Arrivent alors aux oreilles des
fêtards les styles de musique électronique les plus « durs
» : hardcore, breakcore, hard techno, drum'n'bass, etc...2 En
1998 arrive ce qui ressemble à une bonne nouvelle pour les participants
de raves parties, au détriment des amateurs de free parties. Une
circulaire ministérielle préconise l'autorisation des raves
faisant l'objet d'une demande d'autorisation dans le but d'encourager la
professionnalisation des acteurs de la rave, et remet au goût du jour les
lois de répression des évènements clandestins. En
conséquence de quoi, « depuis 2002, les free parties font l'objet
d'une loi interdisant les rassemblements de plus de 500 personnes n'ayant pas
été déclarés - ceci aboutissant à une
interdiction dans les faits. »3 Cette loi expose ceux à
l'origine de ces évènements à des amendes et saisies de
matériel de sonorisation, représentant un coût très
important pour les sound systems. À la suite de ces nombreuses
répressions des pouvoirs publics, les free parties se sont faites plus
discrètes pendant quelques temps. Cependant certains rassemblements
restent incontournables pour ces « teufeurs » et ne manquent donc
jamais l'occasion de se retrouver lors des teknivals, s'apparentant à
d'énormes festivals ouverts à tous les groupes d'organisateurs
souhaitant diffuser leur musique. Il a même été possible
durant quelques années de tenir des teknivals légaux grâce
aux négociations entre organisateurs et pouvoirs publics. Parmi eux, le
teknival de Chambley en Mai 2004 avec ses 80 000 festivaliers. Malheureusement
la plupart restent illégaux et victimes de nombreuses répressions
à l'image du
2 Grynszpan E. (1999), Bruyante techno. Réflexion sur
le son de la free party, Nantes, Mélanie Seteun
3 Pourteau Lionel (2005), Les interactions entre raves et
législations censées les contrôler, Déviance et
société, vol 29 (n°2) p. 127-139
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teknival de Mai 2009 en région Parisienne,
organisé clandestinement et conclu par de nombreuses saisies de
matériel.
Passons maintenant à d'autres aspects de cette
diffusion de musique électronique, cette fois en règle face
à la loi. En effet, en parallèle de ces évènements
atypiques on aura observé l'intégration de ce genre musical dans
les clubs, salles de concert et autres festivals. Les musiques
électroniques n'ont d'ailleurs jamais quitté les clubs,
étant le berceau de la house dans le fil du disco. Concernant les salles
de concert et les festivals, certains par amour de la musique et d'autres parce
qu'ils ont senti le bon filon, ont très rapidement intégré
ce nouveau genre de musique. Nous avons donc pu observer dans une grande partie
des festivals populaires français l'apparition d'au moins une «
scène électronique » dès le début des
années 90, avec par exemple les Vieilles Charrues et les Transmusicales
de Rennes. Vers le début des années 2000, la popularisation de la
musique électronique a même permis la création de festival
y étant exclusivement consacrés comme Les Nuits Sonores à
Lyon, l'Ososphère dans la périphérie Strasbourgeoise,
l'Astropolis en Bretagne ou encore l'Electromind de Montpellier.
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