3. La France et l'électro aujourd'hui
a. L'évolution du secteur
« Ces dernières années, la multiplication
des festivals de musiques électroniques a été
révélateur d'une croissance de cet écosystème
culturel qu'il convenait d'adresser au-delà de la simple intuition.
»4
Les festivals électroniques français
incontournables, comme certains nommés précédemment (Nuit
Sonores, Astropolis) ou encore Nordik Impact à Caen et le N.A.M.E
à Lille se sont vu augmenter en 2013 par l'apparition deux autres
festivals exclusivement consacrés à ce style : le Weather
Festival par l'agence Surprize, ainsi que le Peacock Society par l'agence We
Love Art (également détentrice du célèbre Festival
We Love Green). L'apparition d'autres scènes locales à Bordeaux,
Nantes, ou encore en région PACA travaille à la mise à
jour de la scène électronique française, plutôt en
retard par rapport au reste de l'hexagone. En effet, la plupart des acteurs
de
4 B. Blanckaert, J. Bourgeois, V. Carry, M. Pilot, C. De Rosnay,
T. Vaudecrane, Les musiques électroniques en France, SACEM,
Paris, 2017
9
ce milieu atteste un vide important depuis le début des
années 2000, où les évènements musicaux
électroniques étaient encore relativement timides. Aujourd'hui on
constate l'explosion de ce marché des musiques électroniques sur
l'ensemble du territoire français grâce notamment aux festivals
qui attirent des publics de toutes les régions et même d'Europe
(voir annexe 1). Outre les festivals, cela est également dû
à la prolifération de clubs, soirées, artistes et
collectifs ces dernières années. « Nombreux s'inscrivent
dans une démarche créative à l'identité
marquée, dont les affinités esthétiques
fédèrent des scènes et surtout, des publics
»5.
Ces nouveaux acteurs, jeunes et connectés, manient
à la perfection les nouvelles technologies et remettent au goût du
jour autant la production musicale et les modes de créations (studio
à domicile) que les moyens de diffusion et l'accessibilité aux
oeuvres produites (plateformes spécialisés, réseaux
sociaux, etc...). « Ce sont des digital natives qui créent pour les
digital natives. Loin d'être ignorants des générations qui
les ont précédés, ils font preuve d'une capacité
à s'instruire décuplée par la faculté qu'a internet
de rendre une information pléthorique disponible instantanément
en tout point. Se crée ainsi une acculturation fertile qui bouleverse
sans cesse l'écosystème des musiques électroniques,
rendant ses lignes de démarcation en perpétuel mouvement.
»6
Cet écosystème doit par conséquent se
renouveler de manière continue. En effet, l'apparition et le
développement croissant de ces nouveaux acteurs sur un marché en
progression, autant en ce qui touche à la production, diffusion et
consommation, impactent grandement les comportements et pratiques liés
à ces différents segments. Avec une première analyse, il
est possible de distinguer d'une part un segment de marché actif sur les
canaux traditionnels (clubs, radio, télé) avec pour principe la
monétisation de la diffusion d'oeuvres de dance music, étant
cependant plutôt absente en live. D'autre part, nous avons un segment
comprenant des musiques house/techno, avec beaucoup de production en live, mais
à contrario avec une diffusion sur les canaux traditionnels quasi nulle
et au profit d'une rémunération peu intéressante pour la
diffusion sur internet, utilisé essentiellement pour la communication.
Apparaissent alors des problématiques et stratégies diverses plus
ou moins compatibles, définies par un éventail varié de
structurations et pratiques ou les acteurs de musiques électroniques se
répartissent (voir annexe 2).
5 B. Blanckaert, J. Bourgeois, V. Carry, M. Pilot, C. De Rosnay,
T. Vaudecrane, Les musiques électroniques en France, SACEM,
Paris, 2017
6 Idem
10
On observe également de plus en plus de création
de collectifs. Ils représentent la fédération de DJ et
d'artistes et font bouger la scène actuelle avec une émulation
créative encore jamais vue. L'intérêt de ces collectifs,
outre la stimulation artistique, est la possibilité de mise en commun
des moyens de production et de promotion, avec donc la grande visibilité
qui en résulte et la portée importante qui facilite la
création de soirées et évènements réguliers
tout en fédérant des publics plus larges (voir annexe 3).
|