f. La répressions des festivals
Il n'a pas encore été fait mention des
répressions des festivals de musique électroniques, pourtant bien
présentes, mais beaucoup plus subtiles et en réalité assez
similaires au problème des rave. En effet, les festivals
diffèrent des rave de par leur légalité mais
également par leur système économique, bien plus
avantageux pour les acteurs externes au mouvement. Il est cependant
nécessaire ici d'appuyer le terme de musique électronique,
car cela a malheureusement son importance. Il est devenu tout à
fait normal aux yeux des participants de ces festivals, outre les forces de
sécurité nécessaires à tout type de regroupement en
fonction d'un certain nombre de personnes, de voir des hordes de policiers et
gendarmes que personne n'imaginerait jamais à l'entrée d'un
festival de jazz ou de musique du monde par exemple. Il ne serait pas non plus
imaginable pour ces participants aux festivals de musique
non-électronique de subir une deuxième fouille de la part de ces
forces de l'ordre après celle effectuée par les employés
du festival. Quand l'on cherche à savoir pourquoi, dans un cadre
similaire de structure et de fréquentation, il y a plus de forces de
l'ordre lors des rassemblements techno que les autres, on obtient seulement une
réponse du type « question de sécurité » ou
« prévention des risques ». En clair des réponses
globales et détournées. En réalité, c'est bien
encore une fois les participants de ces évènements qui
inquiètent. Bons nombres de festivals, à la base avec une
programmation entièrement réservée aux musique
électroniques, évoluent avec des programmations hybrides
composées de rap ou de « commercial » visant à toucher
un public plus large et varié dans le but de « diluer » le
public des musiques électroniques.
Nombres de festivals électroniques ont d'ailleurs
été annulés dans les derniers moments par les
préfets ou autres détenteurs de pouvoir pour ces mêmes
raisons sécuritaires ou préventives, alors que ces mêmes
raisons avaient été validées par cette autorité
quelques semaines, voire quelques jours avant. En effet, il est en
réalité fréquent pour ces préfectures ou structures
de voir d'abords les apports économiques d'un festival. Utiliser les
entreprises et artisans locaux, apporter du tourisme, de la visibilité,
etc... Ils vont donc avoir tendance à accepter assez rapidement.
Cependant quand ils se rendent compte de l'univers culturel autour de cette
musique ainsi que de la population qui sera présente, et souvent
poussés par des plaintes de locaux au sujet des nuisances sonores et
parfois très clairement de la classe sociale représentée,
ils décident de ne pas donner leur accord à l'organisation de ces
évènements et même parfois de les annuler en court de
préparation ou à la dernière minute. Ces volontés
d'étouffement viennent parfois même
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de plus haut. L'été 2020 a été
catastrophique pour les festivals, des mesures diverses et variées ayant
été appliquées au niveau national et d'autres
également aux niveaux régionaux et départementaux. Les
festivals n'étaient cependant pas officiellement interdits mais soumis
à diverses règles de sécurités comme le port
obligatoire du masque, une distance de sécurité, mais surtout une
jauge de 5000 personnes maximum. Pour la plupart des festivals, ces mesures ou
cette jauge étant impossible à respecter, ils n'avaient d'autres
choix que de reporter leur édition 2020 à l'année 2021 ou
bien après septembre 2020 (ceux ayant fait ce choix reporteront
finalement à 2021). Lors d'un entretien téléphonique (qui
n'était initialement pas destiné à servir ce
mémoire) avec le directeur du Positiv Festival (festival consacré
aux musiques électroniques) qui s'avéra être l'un des seul
à avoir eu lieu durant la saison estival de 2020, il m'a
été confié que malgré le suivi à la lettre
des règles imposées, la demande faite à la
préfecture pour la tenue du festival a été refusé
car selon eux « la population du festival Positiv n'est pas apte à
respecter les règles imposées » et n'ont d'autre choix que
de demander l'annulation du festival. Ces propos discriminants ont
été utilisés par la suite par les avocats du festival lors
d'affaires juridiques débouchant sur une autorisation au bon
déroulement du festival. Malgré cet accord, d'autres bâtons
ont par la suite été mis dans les roues du Positiv Festival
puisque 3 jours avant le jour J on les obligea à abaisser leur jauge de
participants de 5000 à seulement 1500. L'évènement s'est
tout de même déroulé sans encombre, les participants
étant restés assis et masqués durant toute la durée
du festival.
Les festivals se sont réellement sentis
abandonnés durant cette période et c'est toujours le cas
aujourd'hui, le dernier coup de gueule en date étant l'annonce de la
tenue des festivals pour l'été 2021, à conditions de
respecter une jauge de 5000 personnes maximum qui devront rester assises, mais
également de ne proposer à la vente ni boissons ni nourriture.
Annoncée avec beaucoup de satisfaction par la ministre de la Culture
Mme. Bachelot, cette annonce a été beaucoup moins bien
reçue par les acteurs des festivals de musique actuelles en
général et spécifiquement par les festivals de musique
électronique. Outre la jauge de 5000 personnes n'étant tout
simplement pas supportable pour certaines structures accueillant initialement
plusieurs dizaines de milliers de festivaliers, c'est l'impossibilité
logique de rester assis durant ce genre d'évènement qui pousse
déjà beaucoup de festivals à reporter une fois de plus
leur édition à l'année suivante bien que ces mesures
soient « soumises à évolution en fonction de la crise
sanitaire ». Tous ces festivals, entre autres à travers des
tribunes comme « Festivals 2021, on y
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croit !53 » et d'autres communiqués,
dénoncent une totale ignorance de l'Etat envers la jeunesse et la
culture électronique. Bien que cela ne puisse être reconnu comme
des actes de répression en soi, ils montrent bien l'intérêt
faible que porte l'Etat à l'égard de la culture techno.
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