B- Une prïductiïn massive
Le développement rapide de la production
pétrolière en Afrique (plus 40% entre 1990 et 2004) permet au
continent africain d'assurer aujourd'hui 12% de la production
pétrolière mondiale (Poissonnier H. ; Huissoud J. M ; 2008 : 20)
en augmentation constante depuis quelques années. La production
africaine est en effet un élément clé de
l'approvisionnement du marché mondial. Non pas que sa part dans la
production totale soit très importante, mais
l'homogénéité des produits pétroliers est telle que
l'équilibre du marché, et donc le prix, sont
déterminés par les « barils marginaux » (Charnoz
Olivier ; 2003 :21).
Le secteur pétrolier africain, en pleine croissance,
acquiert donc un poids stratégique supérieur au simple volume de
sa production. A travers son pétrole, l'Afrique acquiert une nouvelle
stature internationale, et suscite un regain d'intérêt
stratégique. En effet, avec une production de 4 millions de barils par
jour, dont l'essentiel provient du golfe de guinée, l'Afrique
subsaharienne affiche une capacité de production s'élevant
à 6 % des extractions mondiales. Davantage, dans 10 ans cette production
aura augmenté de 30 % contre 16 seulement pour les autres continents (P.
Bernard ; 2004 :4)2 e).
Dans le cadre de ce travail, nous présenterons la
production du golfe de guinée à travers l'exemple des producteurs
majeurs de la sous région, que sont : le Nigeria (1), l'Angola (2) et la
Guinée Equatoriale (3).
1- Le NIGERIA
Récemment déclassé par l'Angola, le
Nigeria est aujourd'hui le deuxième producteur africain de
pétrole. La production pétrolière nigériane est
restée jusque là concentrée dans les marécages du
Delta du Niger au Sud, mais également en off shore, en 2006, elle
s'élevait à 2460 millions de barils par jour (Poissonnier H. ;
Huissoud J. M ; 2008 : 20), et pourrait avoisiner 4.4 millions de barils par
jour en 2020 (Kounou Michel ; 2006 : 40). Seulement ces dernières
années, eu égard aux attaques à répétition
que subissent les installations pétrolières, la production
connaît une certaine baisse. En effet, loin d'être
sécurisée, la production nationale, après avoir fortement
progressée entre 2002 et 2004, régresse à nouveau. Elle a
chutée de 5 à 7 % selon les sources en 2006 et d'environ 4 % sur
les huit premiers mois de 2007 (Maury Fréderic ; 2008 : 134).
Toutefois, pour certains analystes, avec la mise en service
de nouveaux puits, la production connaîtra à nouveau une
croissance régulière.
2- L'ANGÏLA
Eternel deuxième producteur de brut d'Afrique
subsaharienne, en juin 2008, l'Angola a raflé la première place
du palmarès au Nigeria (Meunier Marianne ; 2008 : 72). Une victoire
symbolique, conséquence de la montée en flèche de sa
production : multipliée par deux entre 2003 et 2007, elle a atteint 1,9
millions de barils par jour au premier semestre 2008 (Meunier Marianne ; 2008 :
72). L'avenir pétrolier de l'Angola parait radieux, le pays a rejoint
l'organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) en janvier 2007
(Maury Fréderic ; 2008 : 138).
Entre 2004 et 2006, l'extraction pétrolière
angolaise avait déjà progressé de 44% (Maury
Fréderic ; 2008 : 138). Cette performance s'explique en partie, par la
mise en production de nombreux champs en eaux profondes dont les perspectives
ne cessent d'être révisées à la hausse. Selon les
analystes, la production angolaise pourrait atteindre un pic à plus de
2.5 millions de barils par jour entre 2010 et 2012, avant de retomber à
son niveau actuel en 2020 (Maury Fréderic ; 2008 : 136).
A partir de 2002, la stabilisation politique explique le
« boom pétrolier » angolais. EXXON MOBIL, TOTAL, CHEVRON : les
trois majors constituent le trio de têtes des opérateurs dans le
pays. Derrière elles, le chinois SINOPEC exploite lui aussi sa part du
brut, pour le plus grand bonheur de Pékin, premier acheteur du
pétrole angolais. La société nationale
27
d'hydrocarbures (SONANGOL, concessionnaire) dispose
également d'une filiale active dans la production.
3- LA GUINEE EQUATORIALE
La Guinée Equatoriale a été pendant
longtemps considérée comme un « désert en
hydrocarbures » (Ewangue Lucien ; 2006 : 20). Cependant, avec la
découverte dans les eaux territoriales équato-guinéennes
d'importantes réserves de pétrole, cette perception a
radicalement évolué. C'est avec la découverte du gisement
de ZAFIRO par MOBIL en 1995, que le pays arbore véritablement la stature
de pays producteur de pétrole, alors qu'il importait encore la
totalité de son pétrole une décennie auparavant. Plusieurs
champs importants sont exploités en permanence : ceux situés dans
l'île de BIOKO (ALBA, ZAFIRO, et JADE) et ceux situés sur le
continent (CIBA, etc.). En 1996, la production de brut s'élevait
à 40.600 barils par jour (Kounou Michel ; 2006 : 4). Elle a
augmenté lors des deux derniers exercices de l'ordre de 40%. C'est avec
l'exploitation du gisement de Mbini, à 40km au sud de Bata que la
capacité de production s'est vue renforcée.
Ce gisement serait actuellement le plus important du golfe de
guinée, selon les premières estimations. Avec une augmentation de
20 %, la production de pétrole, favorisée par la
découverte de nouvelles réserves, a presque triplé,
passant d'environ 125 milles barils par jour en 2002 à 350 milles barils
par jour en 2005. Le petit ruisseau pétrolier
équato-guinéen s'est transformé en véritable
torrent et on pourrait dépasser les 500 milles barils par jour à
l'horizon 2010 (Kounou Michel ; 2006 : 44). MALABO se positionne aujourd'hui
comme le troisième producteur au sud du Sahara et est devenu le premier
producteur pétrolier de la zone CEMAC. Selon toutes les projections, les
eaux profondes équato-guinéennes feraient de cet Etat, un des
plus grands producteurs de pétrole de l'heure et des années
à venir.
Au-delà de son potentiel énergétique
important, le brut du golfe de guinée présente de nombreux atouts
qui attisent les convoitises des principaux pays industrialisés,
notamment la Chine dont la demande énergétique semble
insatiable.
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