Paragraphe 2 : Pétrïle cïntre
infrastructures
L'absence criarde d'infrastructures en Afrique a très
vite été constatée par la Chine et semble selon toute
vraisemblance être le socle sur lequel repose sa stratégie
économique d'accès aux ressources. Pour obtenir de nouvelles
concessions pétrolières ou des contrats pétroliers
à long terme, la Chine propose en échange de construire des
infrastructures routières, ferroviaires ou hydrauliques chez ses
fournisseurs en hydrocarbures. Tout se passe, comme si les dirigeants africains
avaient sous-traité aux Chinois leurs responsabilités
étatiques: construire des routes et des chemins de fer, des logements,
des réseaux d'eau et d'électricité. Dans une posture
essentiellement clientéliste, pékin propose à ses
partenaires africains la réalisation des projets d'infrastructures, en
contre partie d'exportations de pétrole vers la Chine. S'il est vrai que
cette pratique est observable sur l'ensemble du continent, dans le cadre de ce
travail, l'accent sera mis sur les pays du golfe de Guinée. Notamment,
le Nigeria (A), l'Angola (B) et la Guinée Equatoriale (C).
A- Le Nigeria
Pour obtenir des exportations de pétrole vers la
Chine, pékin a conclut avec les autorités fédérales
nigérianes plusieurs accords de partenariat dans le domaine des
infrastructures. Le besoin urgent du Nigeria en infrastructures rencontre une
industrie chinoise de la construction très compétitive au niveau
international. Aussi, Le président Nigérian, Umaru Yar'Adua,
a-t-il préconisé la mise en place d'un partenariat
stratégique mutuellement bénéfique entre les deux parties,
pour le développement rapide du secteur de l'énergie et des
infrastructures de transport du Nigeria sous la houlette de la Chine. En effet,
lors d'une visite officielle en Chine en février 2008, Umaru Yar'Adua a
déclaré au chef de l'Etat chinois que son administration mettait
déjà en place un cadre réglementaire pour l'implication
des investisseurs privés étrangers dans le développement
des infrastructures publiques au Nigeria."Le Nigeria est au point de
départ de son voyage vers l'année 2020, où nous
espérons nous joindre au groupe des vingt pays les plus
industrialisés du monde", a déclaré
M. Yar'Adua. "Nous avons besoin de ce partenariat
stratégique avec la Chine qui, nous en sommes convaincus, sera
mutuellement bénéfique pour les deux pays. Nous nous penchons sur
le rôle que la Chine peut jouer dans des secteurs essentiels comme ceux
de l'électricité, de l'énergie et du transport. Je suis
également sûr que vous vous intéressez au rôle que
peut jouer le Nigeria pour la garantie de la sécurité
énergétique en République populaire de Chine", a poursuivi
le chef de l'Etat nigérian. Il a insisté sur le fait que son pays
a besoin des investissements étrangers directs de la Chine pour
développer ses infrastructures de
transport, particulièrement les voies ferrées
et les voies navigables et pour développer son réseau
d'approvisionnement en gaz domestique, ainsi que sa production et sa
distribution d'électricité. De ces différentes prises de
positions du président Nigérian il ressort clairement la
disposition de son gouvernement à troquer son pétrole contre les
infrastructures chinoises.
De ce fait, pékin s'est engagé au Nigeria dans
divers projets locaux, notamment, la réhabilitation des chemins de fer
(Chung Lian Jiang ; 2004 : 5). Par ailleurs, le
gouvernement fédéral a signé un
protocole d'accord avec le conglomérat du gouvernement chinois GUANDOND
XINGUAND INTERNATIONAL GROUP pour la construction d'un lien ferroviaire rapide
de Lagos à Abuja, ainsi qu'un lien ferroviaire entre l'aéroport
international Nnamdi AZIKEWE et le centre ville d'Abuja.
La Chine a également remporté un important
contrat routier au Nigeria. La compagnie chinoise CHEC (China Harbour
Engineering) a signé un accord prévoyant la construction
40
d'une rocade autour de la ville pétrolière de
Port Harcourt au Nigeria, pour un montant d'un milliard de dollars
Des représentants de la CHEC ont signé un
protocole d'accord, pour la construction d'un périphérique
à six voies d'une longueur de 125 km. En effet, Le gouvernement
fédéral a fait du développement des infrastructures dans
la région de Port Harcourt l'une des pièces maîtresses de
ses efforts pour y ramener le calme.
Davantage, la Chine a même lancé en orbite un
satellite de télécommunication pour le compte du Nigeria. Ce
satellite géostationnaire couvrira l'Afrique, une partie du proche
Orient et le sud de l'Europe. Il apportera de grands changements pour les
services de télécommunication, de diffusion et de l'Internet en
Afrique.
B- L'Angïla
En Angola, en échange de contrats pétroliers
à long terme, la Chine propose de construire des infrastructures
routière, ferroviaire ou hydraulique à des tarifs
préférentiels. Elle va notamment construire plusieurs milliers de
logements à Luanda. Les relations entre l'Angola et la Chine se sont en
effet considérablement resserrées depuis le début de
l'année 2005, avec l'octroi par la China Eximbank d'un prêt de
deux milliards de dollars pour la remise en état des routes et des voies
ferrées, notamment à Benguela, province stratégique pour
les exportations de minéraux. Par ailleurs, la Chine devient un
important débouché pour les exportations de pétrole, les
entreprises chinoises récupérant les anciens permis de la
compagnie pétrolière Total dont la réputation pâtit
de ses démêlés avec la justice française. Les
entreprises chinoises se positionnent rapidement dans les secteurs angolais du
BTP, des télécommunications, de l'énergie et des
mines.
Ces investissements dans les infrastructures font partie des
conditions préalables à la consolidation de la paix et de la
résolution de graves problèmes sociaux, engendrés par 27
ans de guerres civile et de gabegie économique. Le projet financé
par des prêts chinois concerne non seulement la réhabilitation des
trois grandes voies ferrées du pays- les 1336km de la ligne de bengela
reliant Lobito à la frontière orientale avec la Zambie et la
République démocratique du Congo ; les 479km de la ligne de
caminho de Ferro de Luanda reliant la capitale à Malanje ; et les 907 km
de la ligne intérieure moçamedes, depuis la ville
côtière de namibe- mais aussi la construction de plusieurs
tronçons transversaux entre les trois lignes existantes Est-ouest. Par
ailleurs, ayant déjà réhabilité l'aéroport
du 17 septembre, la Chine se verra également confier la construction
d'un nouvel aéroport dans la province centrale de Benguela.
C- La Guinée
Equatïriale
La stratégie pétrolière chinoise
consistant à troquer des infrastructures contre des exportations de
pétrole vers la Chine est également observable en Guinée
Equatoriale. En effet, à travers la construction des logements et autres
infrastructures routières, les entreprises chinoises du BTP y gagnent de
plus en plus du terrain. Le président équato-guinéen
Teodoro Obiang Nguema avait indiqué en octobre 2005, à son retour
d'un voyage à Pékin, que la Chine serait désormais "le
principal partenaire du développement de la Guinée
équatoriale"). Il avait également implicitement ouvert
aux Chinois les portes de l'exploitation pétrolière en
Guinée équatoriale, jusqu'ici quasi-exclusivement aux mains
d'entreprises américaines, affirmant avoir offert au gouvernement
chinois la possibilité de pouvoir exploiter certaines de leurs
ressources naturelles. Dans le cadre de cette coopération entre
la
Guinée équatoriale et Pékin, une
quinzaine d'entreprises chinoises vont construire quelques 10.000 logements
sociaux et 2.000 km de route dans le pays. Par ailleurs, deux compagnies
chinoises construisent déjà des routes sur la partie
continentale, la plus vaste et plus peuplée du pays, tandis qu'une autre
réalise à Malabo, sur l'île de Bioko, le futur siège
de la Radiotélévision nationale (RTVGE). Li Zhaoxing, le ministre
chinois des affaires étrangères a posé la première
pierre d'un ensemble de 400 logements qu'une entreprise chinoise doit
construire à Malabo. De son côté, la Guinée
Équatoriale a choisi une compagnie chinoise pour rénover le
réseau électrique très vétuste de la capitale
(Katendi François ; 2007).
Comme nous avons pu le constater, la politique et
l'économie sont deux socles essentiels sur lesquels repose la
stratégie chinoise d'accès au pétrole du Golfe de
Guinée. Seulement, l'offensive pétrolière chinoise dans la
sous région repose également sur d'autres éléments,
qu'il est désormais question de présenter. En d'autres termes, il
s'agit d'étudier l'usage fait par la Chine de ses dispositifs
diplomatiques et militaires à la mise en oeuvre de son offensive
pétrolière dans le Golfe de Guinée.
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