SECTION I : Les piliers politique et économique
de la stratégie pétrolière chinoise
Dans son déploiement stratégique autour du
pétrole du Golfe de Guinée, la politique et l'économie
constituent deux socles importants sur lesquels repose l'offensive chinoise. En
effet, dans la course qui l'oppose aux autres puissances industrielles en
Afrique pour la quête et le contrôle des ressources, la Chine a
choisi de faire reposer sa stratégie sur deux importants piliers : la
politique et l'économie. De ce fait, son soutien aux régimes
africains, sous le couvert des principes de neutralité et de
non-ingérence (paragraphe 1) constitue le pilier politique de cette
stratégie. Par ailleurs, s'étant rendu compte de l'important
déficit infrastructurel dont souffrent ses partenaires africains,
Pékin a logiquement choisit de faire reposer son offensive
économique sur une dotation en infrastructures (paragraphe 2).
Paragraphe 1 : L'instrumentalisation des principes de
neutralité et de non-ingérence
Alors que la problématique qui structure la
scène politique africaine au lendemain de la guerre froide porte sur la
démocratisation, la Chine se présente comme un soutien
inconditionnel aux régimes africains (Fogue Tedom ; 2008 : 158). Ce
soutien se matérialise par une démarche assez subtile de la Chine
consistant à se réfugier derrière certains principes
consacrés du droit international : à savoir les principes de
neutralité et de non-ingérence. Il est en effet assez curieux de
constater que pendant que les chancelleries occidentales et l'ensemble de la
communauté internationale décrient régulièrement la
gestion archaïque du pouvoir en Afrique, la Chine quant à elle se
complait à une non prise de position, invoquant de façon quasi
permanente les principes de neutralité et de non-ingérence.
D'où la nécessité pour nous de nous interroger sur le
sérieux de cette attitude. Aussi, serait-il judicieux dans un premier
temps de présenter de façon assez sommaire le contenu de ces
principes consacrés de droit international (A), pour ensuite montrer
l'instrumentalisation que pékin fait de l'utilisation de ceux-ci
(B).
A- La neutralité et la non-ingérence : deux
principes consacrés de droit international
La non-ingérence ou la non-intervention est un
principe de droit international renvoyant à une interdiction faite
à un Etat d'interférer dans le domaine de compétence d'un
autre Etat, en vertu des principes d'égalité et de
souveraineté des Etats.
La neutralité quant à elle est un acte
unilatéral par lequel un Etat renonce ponctuellement ou de façon
permanente à intervenir dans un conflit armé international, ou le
cas échéant à prendre position vis-à-vis de la
gestion interne d'un autre Etat.
C'est dire que sur un plan purement normatif, la non prise de
position de la Chine par rapport à la gestion interne de ses partenaires
africains est tout à fait compréhensible. La Chine, tout comme
les autres Etats de la scène internationale dans leur collaboration avec
les pays africains devraient respecter la souveraineté de ces derniers,
en évitant toute forme d'ingérence. Cette conformité, du
moins formelle, de la Chine au droit international devrait à priori
être saluée. Seulement, il serait assez naïf de croire que la
Chine engagée qu'elle est dans la course aux hydrocarbures en Afrique
puisse autant se soucier du respect du droit international. Croire ainsi
à la bonne foi de la Chine dans de pareilles circonstances serait faire
preuve d'un angélisme coupable. S'inscrivant dans une perspective
essentiellement réaliste, la Chine instrumentalise à merveille le
droit international à des fins politiques.
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