Il est fait de quatre poteaux fixés au sol et
reliés entre eux par des branches moyennes sur lesquelles est
posé le grillage sensé recevoir le poisson. Il est ouvert sur les
quatre côtés et peut recevoir entre une et deux cuvettes de
poissons. Les fumoirs traditionnels ont cet avantage qu'ils sont faits
uniquement des matériaux locaux disponibles dans leur environnement
naturel. Cependant, les fumeuses estiment qu'ils nécessitent l'usage
d'une grande quantité de bois suivie d'une surveillance permanente afin
d'éviter les zones non couvertes par les flammes, zones qui sont
responsables de nombreuses pertes souvent enregistrées après
capture. Pour réduire les dégâts engendrés par ces
ouvertures, un contrôle assidu, une bonne maîtrise de
l'intensité des flammes et une habileté dans la manipulation du
poisson sont nécessaires. A ce sujet, une fumeuse nous a décrit
en ces mots les précautions qu'elle était amenée à
prendre chaque fois qu'elle utilisait le fumoir `'quatre poteaux:
Lorsqu'on fumait avec notre fumoir traditionnel, il
fallait allumer le feu partout dans le fumoir ,mettre du bois à tout
moment et surtout s'assurer que tout le poisson qui est entrain d'être
fumé ressent vraiment le feu ; si non, on va seulement constater que le
poisson a déjà les asticots. Il faut tourner et retourner
à tout moment (MBIMBI ESTHER, Fumeuse, Batanga, Londji I, le
19/12/2010).
La durée du fumage est fonction de la forme du poisson
fumé, tenez à titre d'exemple: avec le fumoir en piquet ouvert de
part et d'autres, le fumage du poisson communément appelé
`'bilolo» (Sardinella maderensis) s'étend sur une
durée de 48h s'il est écaillé, tandis que le temps imparti
au fumage de la même espèce de poisson non écaillée,
est d'au moins trois jours. Comme source complémentaire de
pénibilité, le positionnement du poisson longtemps resté
en vigueur au sein des ménages locaux consistait à poser le
poisson à l'horizontal sur le grillage. En fonction de leurs diverses
expériences, les fumeuses estiment que cette formule ne favorisait pas
la dissémination rapide de la chaleur sur l'ensemble du poisson
posé sur le grillage et de ce fait, ne favorise pas un fumage
accéléré et harmonieux.
62
![](Peche-et-conservation-du-poisson-par-les-populations-de-Nziou-et-de-Londji-I-dans-la-region-du-sud-C19.png)
Photo 18: Fumoir en piquet petit modèle
Source: Mvetumbo (Nziou, 2011)
Aux côtés des fumoirs employés, les
fumeuses s'en servent d'un ensemble de combustibles aux vertus multiformes afin
d'obtenir les produits fumés de qualité. Au cours de nos
entretiens, quelques espèces de bois ont régulièrement
été citées au rang desquelles: L'azobe (Lophira
alata), le sambi (Uapaca spp.), le manguier (Mangifera
indica), le parasolier (Musanga cecropioides), etc... Ces bois
sont choisis en fonction de leur accessibilité et surtout de leur
capacité à imprimer une couleur et une saveur agréable au
poisson. Interrogée sur le sujet, une fumeuse leur reconnaît les
avantages ci-après: «Le bois que j'utilise est un bon bois. Le
sambi et l'azobe donnent une bonne couleur et un bon goût à mon
poisson» (EDJIDJE YVETTE, Fumeuse, Batanga, Nziou, le 10/01/2011).
Reconnues pour leur caractère compact, ces espèces de bois
(spécifiquement l'azobe et le sambi) permettent aux femmes de fumer de
grandes quantités de poisson, à cause de leur rythme de
combustion lent. En plus, ces espèces même étant moins
sèches, se consument et donnent de ce fait l'opportunité aux
femmes de sécher le poisson en plein temps.
Toutes ces formes de savoir sont transmises de
génération en génération à travers un
processus bien structuré.
V-MODE OPERATOIRE DE LA TRANSMISSION DES SAVOIR-FAIRE
EN MATIERE DE PECHE ET DE CONSERVATION DES PRODUITS HALIEUTIQUES A LA JEUNE
GENERATION
Dans les divers processus de transmission des connaissances
relatives à la pêche et la conservation du poisson dans les
villages Nziou et Londji I, plusieurs espaces sont privilégiés en
fonction de la nature des savoirs à dispenser. Ce sont entre autres: les
domiciles, les rives des eaux et la mer.
63