IV-GENERALITE SUR LA TRANSMISSION DES CONNAISSANCES
IV-1-Typologie des connaissances
Des multiples recherches sur la connaissance, les
procédures de transmission des savoirs ont été des
domaines explorés par plus d'un auteur. Année après
année, les chercheurs ont émis des avis et théories
multiformes sur les différents aspects sous lesquels peuvent se
présenter les savoirs. De manière opérationnelle, les
auteurs ont établi des catégorisations des savoirs au rang
desquelles, le « savoir oral », le savoir
«bibliographique», le savoir « scolaire
», le « savoir valorisé », le savoir acquis
« par l'expérience », le «secret»
(BRETON, F.,1991); les savoirs acquis par
«non-apprentissage», «apprentissage par
frayage», «se faire une mémoire»
(«j'ai appris à force de voir»), de ceux de
«l'expérience personnelle et privée» (DELBOS,
G. et JORION, P., 1990); le «savoir procédural»
(efficace dans un contexte spécifique), du « savoir conceptuel
» qui permet une certaine flexibilité et adaptabilité
au contexte (BRIL, B.,1991); les «savoirs potentiels» qui
peuvent être sollicités si un besoin se présente, des
«savoirs traditionnels» «principalement relatifs aux
soins de maladies non reconnues par l'Occident», etc.
De tous ces travaux, il convient de remarquer que ces auteurs
dans leur immense majorité ont construit des catégorisations des
savoirs et ont peu abordé de manière explicite les aspects
relatifs aux facteurs de mutation des connaissances. Dans notre contexte
d'étude, les diverses communautés de pêcheurs s'en servent
des procédés de transmission qui leur conviennent en fonction de
la nature des connaissances à acquérir.
IV-2-Mode de transmission des connaissances.
Plusieurs études ont identifié deux modes
essentiels de transmission des connaissances à savoir: la transmission
verticale et la transmission horizontale. La première s'effectue d'une
manière générale de génération en
génération et est souvent interne à la communauté.
Cette dernière s'exerce plutôt au sein du cercle familial:
père vers fils, mère vers fille, grand-père vers
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petit-fils etc. Selon l'étude de HEWLETT B. et CAVALLI
S. (1986), c'est un «mode de transmission conservateur», car
il assure une évolution lente permettant des variations individuelles.
La transmission horizontale pour sa part se réalise par
«diffusion» entre communautés et entre les
générations au sein d'une communauté. C'est ce mode de
transmission qui est le plus susceptible de provoquer le changement dans une
société ou simplement dans une activité comme celle dont
nous allons étudier. Dans une étude récente, SABINOT C.
(2008) a remarqué qu'au contact des sédentaires et de migrants,
deux types de transmission horizontale se distinguaient très nettement
sur le littoral gabonais: l'une se fait à la rencontre de l'Autre, en se
déplaçant; l'autre se réalise à la venue de
l'Autre, en recevant l'Autre chez soi. Cet Autre peut être une personne
physique, un groupe de personnes, une communauté de pratique dans son
ensemble, un média, etc.
Ces diverses études nous renseignent sur les modes de
recompositions des connaissances entre les individus et communautés. Une
étude spécifique au niveau des communautés de Nziou et de
Londji I nous permettra d'identifier les aspirations des populations en
quête de nouvelles connaissances, les modes de transfert les plus souples
et les potentielles retombées de la modification des techniques dans le
quotidien des populations de pêcheurs.
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