II-1-Techniques de pêche
Dans les pêcheries camerounaises, plusieurs types de
pêche sont employés (NJIFONJOU, D. et al., 1995; MINEPIA,1996;
FAO,2007). Parmi ces méthodes, nous avons:
4 La pêche au filet maillant de fond ciblant les
espèces démersales en majorité de la famille des
Scianidae, des Aridae, de Polynemidae etc...;
4 La pêche au filet maillant encerclant de surface qui
cible en général l'ethmalose (Ethmalosa fimbriata);
4 La pêche à la senne tournante qui
débarque principalement l'ethmalose et accessoirement la sardinelle
(Sardinella maderensis) et le bossu (Pseudotolithus
elongatus);
4 La pêche au filet maillant de surface
spécialisée pour la pêche des espèces
pélagiques: l'ethmalose et la sardinelle (Illisha africana),
Ethmalosa fimribiala et S. madoensii;
4 La pêche au filet à crevettes
(Nematopalaemon hastatus);
4 La pêche à la senne de plage est un peu moins
utilisée. Les espèces prises sont diverses avec une
prédominance de Carangidae et de Scombridae.
Au niveau de la spécialisation des acteurs de
pêche, MBANGO'O P. (1998) présente une typologie des
méthodes de pêche chez les Badjoue dans la
périphérie nord de la réserve du Dja qui se décline
en techniques masculines, féminines et en techniques mixtes. Non loin de
là, MBILI G. (1999) pour sa part fait un diagnostic
socio-économique et technique de la pêche féminine à
Doumo.
II-2-Outils de capture
Au Nord Cameroun, dans le processus d'exploitation des
ressources halieutiques, les acteurs de pêche s'en servent des
éperviers, des filets maillants, des lignes, des nasses qui se
présentent sous deux composantes majeures à savoir: le GOURRA
fait en tiges de graminées diverses (Cymbopogon, Andropogon, etc...) et
la nasse malienne. Ce dernier outil du fait qu'il soit doté de trois
entrées et qui a en retour un rendement nettement supérieur, a
connu une vaste expansion au sein des populations dont la pêche fait
partie des principales activités de subsistance (BABA, M., 1985). Dans
la partie Sud notamment au niveau des pêcheries côtières,
les engins de capture ayant fait leurs preuves dans le temps sont
essentiellement constitués des filets, des hameçons, des nasses,
des paniers, de la canne à pêche. Mais aussi le barrage des cours
d'eau s'opère chaque fois que l'emploi de la palangre est
envisagé. En toute connaissance de
34
cause, ces outils de capture en dehors de leurs
qualités d'attraction amènent les pêcheurs à
l'adoption des mesures techniques d'accompagnement.
II-3-Méthodes de transformation artisanale du
poisson
Parmi les procédés de transformation de poisson
les plus répandus, figure le fumage dont l'émergence remonte
probablement à la préhistoire et qui constitue l'une des plus
anciennes méthodes connues de conservation des produits carnés
après le séchage et le salage. Dans l'Antiquité en effet,
le poisson était réservé aux populations
côtières. Puis, grâce au procédé de fumage, sa
consommation a pu progressivement gagner vers l'intérieur des terres
(KNOCKAERT, C., 1995). Au Cameroun, plusieurs recherches sur les
méthodes traditionnelles de transformation du poisson ont
été menées. Au rang de ces travaux, on peut citer sans
être exhaustif, BABA M., (1985) qui présente les méthodes
de transformation artisanale du poisson d'eau douce dans la parie
septentrionale du Cameroun. Comme techniques employées en effet,
l'auteur a décrit les spécificités du séchage, la
fermentation, le salage, le fumage etc.
Dans la zone humide du pays par contre, une étude
socio-économique sur les fours employés a été
conduite (TEUTSCHER, F. et al., 1995). Parmi les méthodes fumage
décrites, figurent principalement l'emploi des fumoirs banda (ouvert et
fermé), des fours chokors (faits en blocs de ciment, en argiles et/ou en
briques de terre). L'auteur fait aussi une évaluation estimative des
coûts de réalisation et de réparation, de la durée
de vie, des possibilités de manoeuvrabilité et
d'accessibilité. D'une manière générale, la
transformation artisanale du poisson présente un certain nombre
d'avantages à savoir:
4 Qu'elle donne la possibilité aux consommateurs,
notamment ceux qui sont loin des sites de débarquement et des principaux
circuits de distribution de se procurer du poisson.
4 Elle favorise la perte de poids qui intervient au cours du
processus à cause de la déshydratation. Ce qui facilite la
manutention, la distribution et la concentration des substances nutritives.
Ces écrits nous donnent des informations importantes
sur les méthodes de capture et de fumage employées dans
l'activité de pêche, bien que n'étant pas
spécifiques à notre zone d'étude. Cependant, une approche
centrée sur la détermination des origines des différentes
techniques utilisées, les zones spécifiques de leur mise en
oeuvre ainsi que les mécanismes de transmission de ces divers savoirs
entre les générations ou les communautés nous semble
nécessaire pour mieux expliquer la situation de dynamique des techniques
dans un contexte multiculturel.
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III-COMMUNAUTES DES PECHEURS ET MODE DE GESTION DES
RESSOURCES HALIEUTIQUES AU CAMEROUN
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