CHAPITRE VI : ANALYSE ET INTERPRÉTATION DES
RÉSULTATS ET
VÉRIFICATION DES HYPOTHÈSES
Les résultats recueillis sur le terrain que nous avons
présentés, nécessitent que nous les analysions et les
interprétions. Cette phase nous permettra également de
procéder à la vérification des hypothèses. Par
ailleurs, au regard des difficultés que rencontrent les professeurs de
français non initialement formés dans la maitrise des contenus et
la mise en oeuvre des méthodologies, c'est aussi l'occasion pour nous de
faire des suggestions afin d'aider à une amélioration de
l'enseignement-apprentissage du français.
I. ANALYSE ET INTERPRÉTATION DES
RÉSULTATS
Notre analyse porte sur la maitrise des contenus et la mise en
oeuvre des démarches méthodologiques.
I.1. La maitrise des contenus enseignés
La collecte des données montrent que la maitrise des
contenus d'enseignement est l'une des difficultés à laquelle font
face les professeurs de français sans formation initiale. Tous les
professeurs enquêtés éprouvent au moins une
difficulté à enseigner une activité. Mais la
fréquence des difficultés se situe au niveau de l'enseignement de
la grammaire, de l'orthographe et de la lecture expliquée. Ces
difficultés se ressentent plus chez les professeurs non initialement
formés. En effet, 45,45% de ces professeurs interrogés, ne
maitrisent pas les contenus de grammaire et d'orthographe, en l'occurrence
l'orthographe grammaticale, et 27,21% ont des difficultés dans
l'enseignement de la lecture expliquée. Par contre, 47,52% des
professeurs certifiés disent n'éprouver aucune difficulté
dans la maitrise des contenus enseignés. Mais 17,39% éprouvent
néanmoins des difficultés dans la conduite d'une leçon
d'explication de texte. Cette situation confirme les résultats du
rapport de la commission d'enquête parlementaire sur le
système d'enseignement au Burkina Faso, qui font cas des
difficultés qu'éprouvent les professeurs bivalents même
initialement formés, à enseigner la discipline qu'ils n'ont pas
étudiée à l'université.
Cet état de fait s'explique par l'expérience
professionnelle et la diversité des profils académiques des
enseignants. L'ancienneté dans le métier d'enseignant varie entre
2 à 10 ans pour le plus grand nombre des enquêtés, quand on
sait que l'expérience professionnelle peut être un aussi un atout
en matière de maitrise des savoirs, d'efficacité et de
compétence.
Sur les 45 professeurs interrogés, seulement 10 soit
22,22% ont fait les Lettres Modernes ; les autres sont issus des autres
filières dont un grand nombre en Anglais et en Histoire. Si la bonne
maitrise des contenus de grammaire et d'orthographe peut peut-être
aisée pour un étudiant de Lettres Modernes ou pour un professeur
certifié, car ayant reçu des cours de renforcement dans ces
disciplines à l'ENS-UNZ, cela n'est probablement pas évident pour
des étudiants venant d'autres départements. Mais comme, ils l'ont
eux-mêmes reconnu, une formation initiale à leur métier
leur aurait été très utile. À travers leurs
suggestions, ils éprouvent un besoin de formation sur les contenus.
D'ailleurs, 72 ,72% affirment que La formation académique qu'ils
ont reçue ne leur permet que de réaliser de façon passable
les tâches pédagogiques alors que 65,21% des professeurs
formés disent bien assurer leurs tâches pédagogiques.
Toutefois, le constat général que l'on fait selon les
données de l'enquête, est que cette difficulté des
professeurs au point de vue de leur niveau d'expression, comme l'ont
constaté les encadreurs pédagogiques pendant les entretiens, et
de la maitrise des contenus, impacte négativement sur les
apprentissages au niveau des élèves. En effet, interrogés
sur l'assimilation des leçons de grammaire et sur la
compréhension des textes d'étude, les élèves issus
des classes tenus par des professeurs non formés, respectivement
à 74% et 38% affirment ne pas assez comprendre les cours de grammaire et
les explications de texte. Cependant, 66% des élèves dont
l'enseignant est certifié déclarent bien comprendre les
séances d'explication de texte, et 26% estiment ne pas comprendre les
leçons de grammaire. On comprend alors pourquoi des suggestions de ces
apprenants, il ressort que leurs enseignants doivent bien expliquer le cours de
grammaire et bien expliquer aussi les textes d'étude dans les moindres
détails. Aussi, une des propositions faites par les élèves
a-t-elle retenu notre attention. Il s'agit de celle relative aux
évaluations. Même s'ils sont 17% à faire cette suggestion,
ils recommandent que les enseignants leur donnent des devoirs faciles. Cela
explique en d'autres termes que c'est l'incompréhension des cours qui
engendre les difficultés à obtenir de bonnes notes dans les
évaluations.
Mais pourquoi malgré l'administration des exercices aux
élèves et les séances d'explication de texte, les
élèves éprouvent-ils toujours des difficultés
à bien assimiler les leçons ?
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