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Quelle politique de formation mettre en oeuvre dans les établissements de santé pour accompagner la transition numérique et les possibles usages de l'intelligence artificielle (IA) ?


par Elisabeth Berthelot
IGS - Master Ressources Humaines 2020
  

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Partie 2 : questionnaire spécifique métiers professionnels de santé

Êtes-vous accompagné aujourd'hui dans les changements de votre métier liés aux nouvelles technologies et notamment celles dotées d'intelligence artificielle ? Si oui, comment ?

Non, je ne suis même pas accompagnée sur le logiciel que j'utilise. Ça n'a jamais été le cas, ni à l'hôpital, ni ailleurs. L'accompagnement c'est : « il y a un outil, tu te débrouilles, tu l'utilises. » A l'hôpital il y a les logiciels de patient informatisé et d'événement indésirable quand il arrive un problème et que l'information va directement à la direction. C'est une tannée : tu n'es pas formé, c'est un outil machine à gaz qui te demande un code que tu n'as jamais. En revanche on voit tout de suite que cela monte à la direction parce qu'en général on a une

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réponse dans les vingt-quatre heures. C'est bien mais encore une fois on n'est pas formé. A l'hôpital les autres ne voulaient pas le faire. J'étais une des rares à le faire. Je pars du principe que si on ne dit pas que ça ne va pas on n'aura jamais de personnes en plus ou de meilleurs outils.

Comment souhaiteriez-vous être accompagné d'une manière générale ? Pour les changements liés directement ou indirectement à la mise en place de nouvelles technologies ?

Je suis très formation. Aujourd'hui pour moi RH ça ne sert qu'à une chose c'est d'être un interlocuteur de formation parce qu'on a besoin de formations tout le temps. La RH nous a récemment avoué qu'elle attribuait les formations avec un tableau Excel avec des prix. Ça a pour conséquence que quand une infirmière est dans l'unité depuis 4 ans et qu'elle demande à faire une formation en médiation cognitive, la responsable des ressources humaines refuse à cause du coût que cela représente alors que l'unité veut faire de la médiation cognitive. Elle a conscience que l'outil qu'elle utilise n'est pas adapté.

La formation c'est de la communication car c'est du temps dégagé pour prendre du recul, pour se parler entre professionnels, interroger les professionnels qui souhaitent te faire utiliser un nouvel outil. Et il faut aller en formation à plusieurs et ne pas être un seul référent d'une unité à aller en formation. Ça crée des liens et des débats pour permettre d'être porte-paroles dans son institution. Sur l'intelligence artificielle par exemple, ce serait se poser une demi-journée ou une journée avec un professionnel qui explique ce qu'est l'intelligence artificielle, comment l'appliquer, comment la mettre en perspective dans les établissements avec des exemples concrets et des témoignages. La communication doit être orale. L'écrit, on n'a pas le temps.

On fonctionne déjà avec des référents. Il y a une référente pour le logiciel Cariatides mais qui n'est pas suffisamment impliquée. Je vais moi-même être référente comme évoqué sur le questionnaire tentative de suicide. Un protocole autour de ce questionnaire a été créé par le service qualité après un suicide mais personne ne nous a expliqué ce que c'était, comment l'utiliser et l'outil n'est, encore une fois, pas adapté. Comme j'ai une formation suicide en octobre j'ai proposé à ma cadre d'être référente dessus et de communiquer dessus quand l'outil sera adéquat.

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Je fais des demandes de formation tout le temps parce que c'est le seul moment où je peux m'arrêter, réfléchir et rencontrer des gens. Ça permet de discuter sur ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas d'une manière générale. En dehors de ça on travaille sans s'arrêter.

Il n'y a pas longtemps on a eu une formation d'une et demi par un cadre sup sur l'espoir. Ça, dans ma profession, c'est important. Il y a un truc qui m'énerve chez les infirmiers c'est qu'ils râlent et ne sont jamais contents, parce qu'effectivement on a de mauvaises conditions de travail et qu'on n'est pas bien payé. Alors cette formation m'a fait un bien fou. Les histoires des patients sont horribles, on a de mauvaises conditions de travail, on est mal payé, on a très peu de formation et ce type de formation peut être un vrai levier au changement. Le changement c'est d'arrêter de râler et de trainer des pieds et à aller toquer aux bonnes portes et bouger pour faire de son métier quelque chose d'agréable à défaut d'avoir un bon salaire.

On est quand même une profession super adaptable. Si on ne s'adapte pas on meurt et pourtant la résistance au changement c'est abominable dans les métiers paramédicaux. Il y a tellement de gens qui disent : « il ne faut pas changer c'était mieux avant », même des infirmières de 45 ans. Il y a un blocage sur les technologies parce qu'on travaille dans l'humain et que ce n'est pas humain. On souffre de la déshumanisation des institutions. C'est pour ça qu'on va dans la rue. Parce que c'est déshumanisé et qu'on nous méprise. Aujourd'hui, je ne peux pas contacter ma DRH. Je n'ai pas le droit d'appeler ou d'envoyer un email à ma DRH. C'est interdit. Si je le fais j'ai un avertissement. Avant on pouvait passer la porte du DRH, dire bonjour et lui demander un CET par exemple. Maintenant il y a :

1/ Une cadre de proximité 2/ Un cadre sup

3/ Une directrice des soins 4/ La DRH

5/ La direction générale

J'ai une collègue qui au lieu de passer par la cadre de proximité a envoyé sa lettre à la directrice des soins et qui s'est pris un blâme pour ça. Elle a dû faire une lettre d'excuse à la cadre pour lui dire qu'elle était désolée de ne pas être passé par elle. Quand on en est là, on est bien... ça me choque beaucoup de ne pas pouvoir contacter la DRH, d'autant qu'on n'est pas chez Google, on est une fondation locale, on est 50. Il y a trop de strates. Ça déshumanise. On parlait tout à l'heure de communication, pour communiquer tu ne mets pas 15 personnes au-dessus de toi et le même nombre de strates pour des demandes simples. Ça donne l'impression que le but est qu'il n'y ait justement pas de communication.

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Annexe 12 : QUESTIONNAIRE VIERGE COACHS ET PROFESSIONNELS ACCOMPAGNEMENT / CONDUITE DU CHANGEMENT

Rappel des éléments contextuels :

· Mémoire RH Elisabeth Berthelot

· Sujet du mémoire :

Quels sont les rôles et missions de la fonction RH pour mettre en oeuvre les formations liées à l'impact de la diffusion de nouvelles technologies dotées d'intelligence artificielle sur certains métiers dans le plan de développement des compétences des établissements de santé en France ?

· Public concerné : Jury de DRH ne connaissant pas spécifiquement les questions d'intelligence artificielle ni le secteur santé

La transcription de l'entretien sera annexée au mémoire. Elle peut être rendue anonyme.

23. Quel(s) accompagnement(s) spécifique(s) pourrait être mis en oeuvre dans les établissements sanitaires sur le long terme dans le cadre des changements à venir liés à l'implantation croissante d'outils technologiques, notamment ceux dotés d'intelligence artificielle ?

24. Quelles adaptations suggérez-vous suivant les familles de métiers : médicaux, paramédicaux et personnel administratif ?

25. Pourquoi tel type d'accompagnement plutôt qu'un autre ? En quoi ce type d'accompagnement se distingue-t-il des autres ?

26. Le type de structure et les enjeux que représente l'hôpital nécessitent-ils des aménagements spécifiques par rapport à ce type de formation / d'accompagnement ?

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Annexe 13 : Interview professionnel accompagnement Marie-Pier Levesque

QUESTIONNAIRE MEMOIRE Marie-Pier Levesque, Consultante changement, conflits, leadership, performance grandes entreprises et services publics au Québec, en France et en Suisse

Quel(s) accompagnement(s) spécifique(s) pourrait être mis en oeuvre dans les établissements sanitaires sur le long terme dans le cadre des changements à venir liés à l'implantation croissante d'outils technologiques, notamment ceux dotés d'intelligence artificielle ?

L'accompagnement d'un changement de type technologique, c'est le même type d'accompagnement que d'autres changements. Je pense qu'il y a des règles et des pistes à suivre qui sont les mêmes. L'intérêt de celui-là c'est qu'on est sur un changement qui doit être développé avant d'être implanté. Parfois il y a des changements que tu dois implanter comme une nouvelle réglementation ou un nouvel outil et il faut juste procéder à la gestion du changement pour l'implanter. Ce qui est intéressant ici c'est que la gestion du changement peut commencer au moment du développement des outils. On peut faire participer beaucoup plus de gens, avoir des démarches beaucoup plus innovatrices, qui peuvent être beaucoup plus créatives et c'est beaucoup plus emballant de développer ce type de changement-là que des changements qui sont déjà prédéterminés.

Si on commençait au tout début, dans les principes de conduite du changement, il faut penser à de l'information, à de la formation, à de la rétro information, à des groupes de travail, à déléguer des décisions, etc. Il y a beaucoup de canaux qu'on peut utiliser pour accompagner le changement. Dans un hôpital par exemple la première chose à faire serait d'essayer de faire un tour des experts et de voir exactement ce qui existe, ce qui est envisageable, quel créneau est le plus intéressant pour l'hôpital parmi tout ce qui existe et de déterminer des orientations : se dire par exemple que dans tout ce qui existe on pourrait se spécialiser dans les patchs, les pilules interactives, la physiothérapie, choisir une orientation.

A partir de ça, commencer à mobiliser les gens ou à les impliquer dans des projets pour ensuite faire des sites pilotes, se connecter avec des acteurs externes, avec la recherche et impliquer le plus de gens possibles. Ça ferait un projet qui serait innovateur choisi par l'institution, porté par des participants volontaires. Alors le projet serait sans résistance parce qu'il est pris dès

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le départ, les gens peuvent choisir dans quoi aller et comment le développer. Plus tu peux donner de marge de manoeuvre, plus c'est intéressant et le moins tu as de résistance.

En contrepartie, s'il y a une crise qui arrive, le projet risque d'être mis de côté. De même s'il y a un changement informatique plus urgent. Ce sont des projets qui peuvent vite tomber dans l'inertie car il y a moins de pression que quand on a un changement urgent. La Covid en revanche demandait à ce qu'on développe beaucoup de solutions à distance, de télémédecine et il y avait peut-être aussi du temps qui était dégagé pour de la recherche. C'est devenu une opportunité pour développer ce genre de projet.

Le reste de ce que je suggérerais sont des choses assez traditionnelles : faire des choix, faire un groupe de travail pour faire des choix, chercher des gens pour aller dans un groupe de recherche, on fait plusieurs groupes, on met en place des moments où ils peuvent échanger ensemble, on fait des expériences. On peut aller vers une stratégie de foyer contaminant qui commence et puis quand ça marche d'autres groupes se joignent. Tout du long il doit y avoir beaucoup d'information. Il faut que personne dans l'entreprise, même ceux qui ne sont pas impliqués, ne puisse avoir l'impression d'être pris par surprise. Comme il y a beaucoup d'informations, on peut inventer un journal sur le projet ou s'il y en a déjà un une rubrique spécifique qui parle de ce projet régulièrement et que tout le monde progresse, même ceux qui n'y participent pas.

Ensuite il faut réfléchir à comment ça va changer l'avenir et si tu veux une organisation agile, c'est bien que régulièrement les équipes fassent des moments de réflexion pour voir comment toutes ces nouvelles technologies vont changer l'avenir, d'où on vient, vers quoi on pourrait aller, quels seraient les différents scenarii. Il y a beaucoup de choses à faire de ce côté-là.

Pour ceux qui sont déjà dans le changement et des expériences, c'est important qu'il y ait des mécanismes qui soient suivis, qu'il y ait du feed-back, qu'on voit comment évoluent les choses. On doit leur donner des objectifs et vérifier s'ils les atteignent, si les choses se passent bien, quels problèmes ça crée, c'est quoi les interférences avec les autres systèmes, ce qu'il faut corriger, est-ce que ces personnes ont du plaisir, pas de plaisir, qu'est-ce qu'ils recommandent, le temps qu'ils ont à disposition ou au contraire qu'ils n'ont plus pour faire le reste du travail. Ce sont des mécanismes de feed-back. Les mécanismes de feed-back ça peut être surveiller l'information de gestion, ça peut être d'avoir des sondages, ça peut être également d'aller voir au niveau des erreurs, la qualité, les atteintes d'objectifs.

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Il peut y avoir du benchmarking qu'on peut mettre en place avec d'autres organisations qui font des projets semblables.

Quelles adaptations suggérez-vous suivant les familles de métiers : médicaux, paramédicaux et personnel administratif ?

Dans les résistances, la première résistance est celle qui est liée au sens et à la pertinence.

Les médecins voient tout de suite l'impact pour les patients et pour eux aussi. Ça c'est la deuxième résistance : ce que je gagne ou je perds. Pour eux c'est assez évident que ces changements sont intéressants.

Pour les professions paramédicales, dans la mesure où si on leur explique que si c'est bon pour les patients ils vont finir par l'accepter il faut quand même leur montrer les gains qu'il y a de leur côté. Il y en a moins que pour les médecins. Ça prend plus d'efforts pour les persuader mais on peut trouver d'autres gains qu'on peut leur apporter en parallèle pour que ce soit plus attrayant pour eux.

Pour le personnel administratif la pertinence est encore plus difficile à comprendre parce qu'ils s'identifient moins au patient. C'est plus difficile de trouver du sens et ils n'y gagnent probablement rien ! Il faut s'interroger sur ce qu'ils pourraient gagner, comment ils pourraient être soulagés dans ce qu'on trouve dans les logiciels, qu'est-ce qui facilite leur travail, est-ce que ça leur permet d'avoir un travail un peu plus varié, être plus polyvalent, est-ce qu'ils peuvent se remplacer plus facilement. A un moment il va peut-être falloir décider de passer en force mais il faut aussi calculer ce que va coûter ce passage en force : est-ce qu'ils vont faire de la résistance, est-ce qu'ils vont travailler moins bien, quelle importance accorde-t-il au fait d'adhérer à ce changement ? C'est un calcul entre l'effort et les retombées.

Pour les impliquer je vois surtout la piste de beaucoup d'explications, de leur parler avec intelligence de quelle est leur contribution dans l'avenir de l'institution pour qu'ils sentent bien qu'ils font partie de l'établissement et de ces nouveaux projets et non pas qu'ils sont là juste pour soutenir ceux qui mènent ces projets. Il faut aussi idéalement leur trouver des avantages à eux dans tous ces projets et peut-être leur donner des compensations. Est-ce que ce ne serait pas le bon moment pour leur donner ce qu'ils demandent depuis longtemps, par exemple des bureaux un peu plus agréables, du meilleur matériel, des bureaux communs, un

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local de pause plus agréable ? Il faut s'interroger sur ce qu'on pourrait leur donner pour que l'effort soit récompensé.

Et est-ce qu'ils peuvent participer dans l'élaboration du projet ? Peut-on les mettre dans des groupes de travail pour donner leur avis ? C'est peut-être difficile sur l'élaboration mais sur l'impact administratif, le choix du logiciel et comment les adapter, il y a moyen de les impliquer d'une manière ou d'une autre. Quand on les fait participer ils sont toujours plus partie prenante. S'ils ne sont pas d'accord ils pourront le dire et on pourra chercher des solutions. Essayer de voir comment les impliquer dans le développement du projet à leur niveau et les informer en continue.

Pourquoi tel type d'accompagnement plutôt qu'un autre ? En quoi ce type d'accompagnement se distingue-t-il des autres ?

Les techniques habituelles que je viens de mentionner sont très bien. Encore une fois l'avantage ici c'est de pouvoir vraiment commencer en amont, d'intéresser tout le monde ensemble, que tout le monde sache où on en est, quelles sont les orientations possibles, ce vers quoi on pourrait aller, choisir ensemble l'orientation à partir de différents projets et de différents niveaux et que ce soit décliné jusqu'au personnel administratif. Il s'agit de construire quelque chose ensemble. Ça me parait l'idéal. Il y a quand même beaucoup de projets potentiels dans tout cet univers des technologies.

Une des choses qu'on peut mettre sur pied dans les petites structures, c'est créer des relais d'information qui vont vraiment jusque dans toutes les strates de l'organisation, chercher les états d'esprit, les suggestions, faire remonter ça jusqu'à un groupe de pilotage, prendre des idées à partir du groupe de pilotage, les faire redescendre à la base, les valider. Il faut s'appuyer sur des cadres ou des personnes qui ont du leadership pour aller chercher des idées et les faire circuler, qu'elles fassent des allers-retours dans les étages, faire remonter des idées et les valider. Ça dans les hôpitaux, ça m'a toujours semblé assez porteur. On travaille toujours en vase clos : c'est l'informatique qui va développer quelque chose, qui va envoyer son projet et les cadres vont devoir le mettre en place alors qu'ils n'ont pas été impliqués avant. Ça arrive un peu comme un cheveu sur la soupe et ça devient difficile dans l'implantation du changement. A l'hôpital on devrait procéder un peu plus à l'utilisation de ces relais par la hiérarchie ou par des employés qui ont du leadership dans des groupes de travail.

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Après, il y a la stratégie des foyers contaminants. Quand un groupe se lance dans un projet, tu fais beaucoup de publicité autour, ça intéresse tout le monde et normalement ça attirera un autre groupe qui voudra aussi le mettre en place. C'est une approche de conduite de changement qui se fait assez par volontariat. Il faut avoir du temps pour le faire, il ne faut pas être trop pressé. S'il y a plusieurs petits comme dans plusieurs départements de médecine, chacun avec un projet différent, on peut aussi créer une émulation entre les différents services et ça peut générer beaucoup de motivation chez les collaborateurs. S'ils sentent qu'ils sont impliqués dans un projet, qu'il faut avancer et qu'ils savent qu'il y en a d'autres qui sont dans un autre projet, qu'il y en a trois, quatre ou plus qui sont intégrés dans l'hôpital ça donne vraiment une impression que l'organisation apprend, qu'elle se développe, qu'elle a une vision, qu'elle va vers quelque part.

Le type de structure et les enjeux que représente l'hôpital nécessitent-ils des aménagements spécifiques par rapport à ce type de formation / d'accompagnement ?

Je travaille surtout dans de très gros hôpitaux et ce que je voie beaucoup c'était des projets développés en vase clos par une entité comme la direction des ressources humaines, l'informatique, la pharmacie, le laboratoire, ... Ils développent des choses en vase clos sans consulter, sans informer, et le jour où ils sortent ça comme un projet les gens ne sont pas prêts et on a des résistances alors que si on avait de la gestion du changement en même temps qu'on développait le projet, il n'y aurait pas toute cette résistance. Je vois beaucoup ça dans les hôpitaux. Tout le monde est pris dans son truc et tout à coup il y en a un qui arrive avec un projet tout ficelé prêt à être implanté dans une unité mais l'unité n'a pas de place, le cadre n'en peut plus de négocier. On donne un objectif, une date, un budget et il faut que ça passe. C'est ce que je déplore dans le monde hospitalier : beaucoup de travail en vase clos qui rendent les choses difficiles.

EB : le fait que cela soit un patient en bout de ligne et non un produit ou un client nécessite-t-il des ajustements spécifiques ?

Le patient a de l'impact mais pas tant que ça. Le patient n'est pas le même d'une unité à l'autre. La pédiatrie, la gériatrie et la chirurgie n'ont pas la même mission ou les mêmes patients. Il y a des nombreuses chapelles entre les unités, les corps d'emploi, les spécialités. S'il pouvait y avoir un projet unificateur, pas juste pour la chirurgie de la hanche, pas juste pour la pharmacie mais qui réunisse plusieurs chapelles, plusieurs services et plusieurs professions

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ça pourrait être assez porteur d'une collaboration intéressante. Chacun peut avoir son propre projet mais il faudrait que chacun soit lié dans un projet plus global ou qu'ils aient plus de visibilité. J'appellerais ça des projets levier qui permettrait à l'hôpital de dire : « ça a réussi, ça a été intéressant, tout le monde s'est mobilisé. Vite on en veut un autre ! ». Le premier projet qui va passer, il faut que ce soit un projet levier. Il faut qu'il soit intéressant, il faut qu'il y ait des ressources, beaucoup de gens impliqués pour être sûr que ce soit un succès. Il faut qu'il donne une renommée à l'hôpital et à ceux qui auront travaillé dessus. En bout de ligne ça va être un moteur pour ceux qui suivraient. Je ne sais pas si c'est réaliste, je parle de façon tout à fait abstraite quand je dis ça.

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Annexe 14 : Interview professionnel accompagnement Jérôme Carfantan ENTREVUE Jérôme Carfantan, Auteur, conférencier et Coach Agile

Quel(s) accompagnement(s) spécifique(s) pourrait être mis en oeuvre dans les établissements sanitaires sur le long terme dans le cadre des changements à venir liés à l'implantation croissante d'outils technologiques, notamment ceux dotés d'intelligence artificielle ?

Quand je suis en accompagnement agilité, j'essaie de d'abord de comprendre la culture de l'organisation et si cette culture est propice à mettre en place des façons de travailler un peu différentes. Si la culture n'est pas propice, il faut aller au plus haut niveau de la hiérarchie pour essayer de comprendre pourquoi cette culture traditionnelle à la hiérarchie très marquée et au contrôle très fort est en place et essayer de coacher à ce niveau-là, au niveau hiérarchique le plus haut pour faire comprendre qu'il y a d'autres façons de faire et faire comprendre que pour que ces autres façons de faire soient diffusées, il faut avant tout être exemplaire sur ces sujets-là. Quand on ne montre pas l'exemple : si tout le monde te vouvoie, si tout le monde se met au garde-à-vous quand tu arrives dans un bureau, si tu montres cette exemple-là, toute ta garde rapprochée va montrer cet exemple-là et diffuser cette culture au sein de l'organisation.

L'agilité, ça ne fonctionne pas s'il n'y a pas un terrain propice à cette culture de l'agilité. La culture de l'agilité c'est l'entraide, le partage, l'exemplarité, l'intelligence collective. Qui dit intelligence collective dit on se fait confiance. On valide cette confiance par du feed-back régulier. Ça c'est la culture, en quelques secondes, de l'agilité. Si le terreau culturel de la structure n'est pas en ligne avec ça, on a un problème. Traiter ce problème c'est faire du coaching de dirigeant, je ne vois que ça. Tout le monde ne le fait pas. Moi-même je ne le fais pas systématiquement. Si ce sont de petites organisations, je peux le faire. Quand ce sont de grosses structures, je n'ai peut-être pas le carnet d'adresse suffisant pour le faire. A terme, j'arriverai peut-être y accéder. Le premier sujet, c'est donc valider la culture et ce n'est pas le cas dans le milieu médical. C'est peut-être par là qu'il faut commencer. Ensuite on peut commencer à diffuser les pratiques.

En général on commence par un projet pilote. Il ne faut pas qu'il soit trop simple ni trop confidentiel, suffisamment visible, que le dirigeant le connaisse et sur lequel il ait envie de communiquer. Il ne faut pas que cela soit trop compliqué non plus parce que si ça ne fonctionne pas on pointera notre méthode comme étant la cause de l'échec. Si c'est trop

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simple on dira que de toute façon c'était tellement simple que quelle que soit la méthode cela aura fonctionné. Il faut donc trouver le bon projet pilote.

Ensuite, il faut trouver au sein de l'organisation les personnes qui sont volontaires pour changer de façon de travailler. On ne travaille pas avec celui qui n'a pas envie. Pour un projet pilote, on est sûr de se planter. Une fois identifiées ces personnes et le projet pilote, on communique avec eux sur la nouvelle façon de travailler. Une fois que le projet a réussi. On communique de manière plus globale sur la réussite du projet. Il faut faire attention à ce qu'on entend par réussite d'un projet. En termes d'agilité ce n'est pas : « ok je suis dans mon budget, dans mes délais dans le périmètre que j'avais imaginé. » mais plutôt est-ce que l'utilisateur final du produit qu'on a sorti est satisfait par rapport à ce qu'on lui a délivré comme outil ou comme service. S'il y a une vraie satisfaction en face, c'est une réussite. Si c'est une réussite, tu communiques sur cette réussite en montrant que l'utilisateur ou ton client est content.

Une fois que tu as fait ça tu vas essayer par capillarité ou par effet virale essayer de le diffuser. Cela peut prendre du temps. Cela va dépendre de la taille de la structure dans laquelle tu arrives et de sa culture. Tu vas également suivre ce changement de façon agile. Tous les deux mois par exemple tu vas faire des rituels pour essayer d'identifier où tu en es, si tu dois pivoter, si tu vas dans le bon sens, si on a choisi les bons projets. J'essaie de synthétiser au maximum ce qu'on peut faire quand on est dans une dynamique d'accompagnement au changement agile.

Le type de structure et les enjeux que représente l'hôpital nécessitent-ils des aménagements spécifiques par rapport à ce type de formation / d'accompagnement ?

Concernant la dimension structurelle de création d'une direction commune (il parle des groupements hospitaliers de territoire), cela peut être contradictoire avec l'agilité. L'agilité c'est aller vite dans les décisions et parfois, faire appel à un centre d'achat qui ne va pas prendre ta demande en priorité ou ne pas acheter le produit exact que tu avais demandé parce qu'il a trouvé moins cher, ça ne correspond pas. Vouloir regrouper, cela part toujours d'une bonne intention d'un point de vue budgétaire mais souvent cela amène à une perte de qualité, une perte de temps voire une perte de sens. L'aspect structurel est aussi important. Il est parfois compliqué d'obtenir de simples post-it ou un PC pour travailler avec un service achat centralisé avec des process dans tous les sens pour tout. C'est plus facile à mettre en place dans des petits établissements. Il faut peut-être commencer par ça : montrer que ça peut fonctionner

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dans un petit établissement et après essayer de diffuser cela sur des établissements un peu plus conséquents. L'agilité il ne faut pas vouloir commencer gros tout de suite. L'idée c'est d'avoir du feed back et pour avoir du feed back il faut commencer petit, apprendre de ce qu'on voit sur le terrain et en fonction on ajuste. On ne vient pas avec des méthodes toutes faites. Il y a plein de méthodes mais ce sont des méthodes qui s'adaptent, qui s'ajustent au contexte.

Quelles adaptations suggérez-vous suivant les familles de métiers : médicaux, paramédicaux et personnel administratif ?

Ça ne va pas être le métier qui va déterminer l'accompagnement. En revanche, derrière un métier, il y a une culture avec des niveaux de hiérarchie plus ou moins marqués. C'est la culture qui drive la façon d'aborder l'accompagnement. Les médecins ayant une culture ouverte au changement, c'est avec eux qu'il faut travailler. Il faut commencer par eux. Eux ont l'habitude de se mettre à jour régulièrement, ils sont curieux, c'est leur métier qui veut ça. Ils sont obligés d'être à la pointe au niveau technologique, ils ont besoin d'aller vite parce qu'ils ont des patients en face qui ont besoin de réponses rapides parce qu'ils sont malades. C'est une population qui à mon sens est une bonne candidate pour expérimenter des façons de travailler différentes.

Le médecin a autre chose à faire que de penser à une méthode de travail. Il a sa façon de travailler pour soigner ses patients, pour le reste il sera ouvert. L'idée c'est de faire une petite acculturation d'une demi-journée ou d'une heure ou deux pour expliquer ce qu'il y a derrière l'agilité, ses bénéfices. Il faut que ce soit raccord avec le reste de la chaine de décision. Si ce n'est pas le médecin qui décide, tu as beau l'avoir convaincu, il faut quand même aller voir la personne décisionnaire sur le projet. Tu peux t'appuyer sur le médecin une fois que tu l'as convaincu pour qu'il aille en parler à la bonne personne.

Quoiqu'il arrive, il faut donner un rythme au projet. Il n'est pas forcément nécessaire d'avoir une date de mise en place. Le rythme fait que tu vas avoir plein de dates. L'agilité, c'est impulser un rythme. Tous les deux mois on se voit et tous les deux mois on montre quelque chose. On avance. Je dis deux mois mais cela peut être beaucoup plus court. Si tu prends la méthode Scrum qui est la plus connue, ils disent deux semaines. Toutes les deux semaines, on sait qu'on a un rendez-vous durant lequel on va faire grandir le projet. C'est itératif et incrémental. Ça permet d'avoir du feed back toutes les deux semaines sur : « est-ce qu'on va dans la bonne direction ? ».

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Ça me fait penser à un article que j'ai lu hier sur SpaceX et Elon Musk. Ce type est fou. C'est un ingénieur hyper intelligent. Il faut le connaître, c'est le nouveau Steve Jobs. S'il y a un successeur, c'est lui. Il a entre autres 2 entreprises : Tesla, désormais tout le monde connait, on commence à en voir de plus en plus dans la rue et SpaceX. Son projet, c'est d'aller sur Mars. Il a une vision. Sa vision, il n'a pas posé de date dessus. Il sait que, si ça se trouve, lui n'ira pas mais il sait que l'humanité ira sur Mars. Il n'a pas dit c'est dans 12 ans par exemple. Il a dit que l'humanité irait sur Mars. Une fois qu'il a posé ça, tout ce qu'il fait au quotidien, tout ce que font ses employés, c'est dans cette direction-là. Donc en fait tu n'as pas besoin d'avoir une date à 12 ans, tu as juste besoin de connaître la destination. C'est quoi la destination d'un hôpital demain ? C'est ce qu'avait fait Kennedy avec la Lune. Il a réussi à canaliser tout le monde pour aller sur la Lune et ils l'ont fait. Certains vont dire qu'il ne l'a pas fait mais c'est encore autre chose. Certains disent aussi que la terre est plate. Tout ça pour dire que ce n'est pas tant la date qui importe et si elle est lointaine, c'est la vision. Qu'est-ce qu'on veut faire ? Où on veut aller ? Est-ce qu'on veut aller sur Mars ? J'aime bien cet exemple-là : il est gros, il est grossier, peut-être qu'il ne le fera jamais mais en tout cas il a une vision et a une histoire à raconter. Si on prend Tesla, il y a peut-être un peu plus de 300.000 véhicules vendus par an alors que Toyota en vend des millions et pourtant Tesla vaut plus sur les marchés financiers en termes de capitalisation boursière. Il a tellement une histoire à raconter que tous les financiers misent sur lui pour ses voitures mais aussi pour aller sur Mars. En ayant ces idées-là, il arrive à concurrencer Ariane Espace. Ariane Espace ça existe depuis des dizaines d'années alors que SpaceX a un peu plus de dix ans. Ils ont fait le premier vol habité il y a quelques mois. Thomas Pesquet va bientôt repartir dans l'espace avec SpaceX. C'est le principal partenaire de la Nasa aujourd'hui, concurrent et partenaire. Si on prend Ariane 6, ils ont un projet, ils ont une date à laquelle ils doivent sortir une fusée. Elon Musk, il n'a pas de date mais il a un projet. Ce qu'il fait, c'est qu'il embauche les meilleurs en faisant ça. Parce qu'il raconte une vraie histoire. Tous les ingénieurs, aujourd'hui, si tu leur demandes s'ils préfèrent travailler pour Ariane, pour la Nasa ou pour SpaceX, tu peux être certaine que 99% des ingénieurs dans l'aérospatial vont répondre que SpaceX, c'est quand même plus sympa parce que chez SpaceX, on me raconte une vraie histoire. On a éradiqué une chose chez SpaceX également, c'est la bureaucratie. Elon Musk a une aversion à la bureaucratie et c'est beaucoup ce qu'il y a derrière l'agilité. L'agilité c'est un peu essayer d'enlever tout ce qui est bureaucratie. Tout à l'heure quand je parlais des achats, je sentais que ça piquait un peu mais tout ce qui est bureaucratie ça peut te gangrener une organisation, ça empêche d'avancer. D'une manière générale, ce qu'il faut retenir c'est que ce n'est pas la date qui importe, c'est la vision.

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Elisabeth Berthelot : Il y a un présupposé pour que cela fonctionne : c'est que le directeur doit avoir énormément de charisme.

Oui ! Pour moi un directeur doit avoir énormément de charisme. S'il n'en a pas c'est qu'il n'est pas à sa place. Ce n'est peut-être pas le cas dans les hôpitaux, je ne sais pas, je ne les connais pas. Le problème c'est qu'en France, dans les directions, on a que des politiques et pour moi les politiques n'ont pas forcément énormément de charisme. C'est un problème. Ils sont souvent sur leur intérêt personnel par rapport à leur plan de carrière et oublient l'intérêt général. Elon Musk, encore une fois, l'argent lui tombe dessus parce qu'il raconte une histoire. C'est ce qui manque aujourd'hui : des gens qui racontent de vraies histoires. Pas des histoires individuelles qui montrent qu'ils sont plus forts que le copain mais des histoires pour embarquer tout le monde. Aujourd'hui, on n'a pas ça, quel que soit le secteur.

Pourquoi tel type d'accompagnement plutôt qu'un autre ? En quoi ce type d'accompagnement se distingue-t-il des autres ?

L'agilité, pour conduire le changement, n'a rien inventé. On s'inspire de choses qui existent déjà. Les façons de faire, tu les retrouves dans toutes les façons de conduire le changement. Si tu as une culture du contrôle et de non-exemplarité, que tu n'es pas agile, tu vas mettre en place une conduite du changement traditionnelle qui ne sera pas efficace. La proposition de valeurs de l'agilité c'est d'arrêter de croire que tout seul on va y arriver. C'est dans la force du collectif qu'on va s'en sortir.

Croiser les compétences est une clef. Mettre les experts ensemble pour qu'ils sortent un produit, il ne faut pas les cloisonner. A la fin, ils portent un regard fier sur le produit collectivement.

Elisabeth Berthelot : Quelles différences y a-t-il avec le co développement professionnel par exemple ?

L'agilité est un aspirateur à bonnes pratiques. Le codéveloppement professionnel par exemple est une pratique agile. Il y a un proverbe africain qui dit : « tout seul on va plus vite mais ensemble on va plus loin. » et l'idée n'est pas d'aller plus vite mais d'aller plus loin, d'aller sur Mars par exemple. L'idée est d'aller plus loin vers une vision fédératrice qui embarque tout le monde. Pour faire cela, on est obligé de le faire à plusieurs. Elon Musk ne construit pas sa fusée tout seul dans son garage, il a embauché les meilleurs pour le faire et pour embaucher les meilleurs, il a raconté une histoire. J'en reviens toujours à lui parce que c'est un bon

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exemple. C'est en cela que l'agilité est intéressante et passionnante, c'est qu'on ne prétend pas détenir la vérité. Il y a déjà plein de pratiques qui existent comme le codev. Quand on les découvre, si elles vont dans le sens de ce qu'on souhaite mettre en place quand on veut être agile demain on prend et on y va. S'il y a une habitude de faire ce genre de choses dans l'organisation, on dit ok : on prend et on y va. Scrum est le format de réunion agile le plus connu. On pourrait tout à fait combiner le scrum et le codev. Il y a une réunion de résolution de problème dans le Scrum et on pourrait se dire que pendant cette réunion de résolution de problème on va faire un codev. C'est totalement compatible. Dans Scrum, il y a plein d'événements (ou réunions), on appelle ça des itérations. A la fin d'un sprint ou itération, on a un meeting qui va durer quelques heures en fonction de la taille du sprint, qui va être dédié à résoudre les problèmes qu'on a pu rencontrer pendant l'itération pour les résoudre et/ou ne pas les rencontrer à nouveau sur les prochaines itérations. Il y a cette dynamique d'amélioration continue dans l'agilité.

L'agilité, ce n'est surtout pas une méthode. Certains disent que c'est un état d'esprit. C'est un état d'esprit ET les pratiques qui vont avec. L'état d'esprit sans les pratiques qui suivent ça n'a pas de sens et des pratiques sans état d'esprit non plus. Il y a eu une définition dans les années 90 qui disait : « C'est un moyen d'être performant dans un environnement complexe. ». Aujourd'hui on est dans un environnement complexe et incertain. Avec la digitalisation et l'intelligence artificielle on a complexifié et rendu incertain plein de choses. L'agilité est une réponse à ce climat d'incertitude et de complexification. Ce sont des compétences à acquérir pour une organisation, notamment la capacité d'apprendre mais aussi d'oublier, de désapprendre. Apprendre c'est avant tout désapprendre ce qu'on faisait bien hier mais qui n'est plus adapté à notre monde aujourd'hui. C'est être en capacité d'apprentissage permanent et de désapprendre ce qui nous entrave. Et ce n'est pas parce qu'il faut le désapprendre aujourd'hui que ce n'était pas bien de le faire hier.

L'agilité vient du monde de la stratégie d'entreprise. En 2001, il a été repris par le monde de l'IT, par des experts de l'informatique qui ont inventé des façons de travailler différentes qui permettent de satisfaire le client. Ces 17 experts ont rédigé un manifeste agile. C'est là que le mot agile a pris toute sa dimension et a pris corps, avec toutes les pratiques qu'ils avaient mis en place. Ils avaient plusieurs méthodes, différentes, qui fonctionnaient et se sont demandé quel était le dénominateur commun. Ces dénominateurs communs, ils les ont mis noir sur blanc dans un manifeste agile qu'ils ont rédigé et signé et qui tient sur une feuille A4. Ce manifeste agile, c'est ce dont je parlais sur la culture : c'est le partage, c'est l'entraide. L'idée c'est l'intelligence collective plus que les processus et les outils. On retrouve les concepteurs de Scrum, de eXtrême Programming (XP), Rational Unified Process (RUP), Dynamic Systems

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Development Method (DSDM) et d'autres. Tout ça c'est hérité de la pensée Lean qui vient de Toyota pour éviter les gaspillages, mettre en place un flux d'activité qu'on peut visualiser, faire de l'amélioration continue, etc. Il y a l'approche Kanban qui est très connue aujourd'hui qui hérite totalement du Lean. Encore une fois, l'agilité est un état d'esprit et une éponge à bonnes pratiques.

Mon métier est passionnant parce qu'on touche à de l'organisationnel, à du structurel, à de l'intelligence collective d'équipe, à de l'individuel aussi : on peut faire du coaching individuel pour essayer de comprendre des blocages. Quand on est sur de l'individuel, on apprend aussi de la psychologie. C'est juste passionnant. La base de tout, ce sont les échanges.

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Annexe 15 : QUESTIONNAIRE VIERGE CONCEPTEUR DE SOLUTIONS IA

Rappel des éléments contextuels :

· Mémoire RH Elisabeth Berthelot

· Sujet du mémoire :

Quels sont les rôles et missions de la fonction RH pour mettre en oeuvre les formations liées à l'impact de la diffusion de nouvelles technologies dotées d'intelligence artificielle sur certains métiers dans le plan de développement des compétences des établissements de santé en France ?

· Public concerné : Jury de DRH ne connaissant pas spécifiquement les questions d'intelligence artificielle ni le secteur santé

La transcription de l'entretien sera annexée au mémoire. Elle peut être rendue anonyme.

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"Qui vit sans folie n'est pas si sage qu'il croit."   La Rochefoucault