Partie 1 : Questions générales - contexte
personnel
1. Avez-vous déjà changé de contexte
professionnel ou connaissez-vous des contextes professionnels multiples ?
2. Si non, êtes-vous prêt à changer
d'établissement ou à passer par un détachement hors de
votre établissement pour explorer de nouveaux contextes professionnels
et ainsi pérenniser votre employabilité dans différents
types d'établissements ?
3. Quels sont selon vous les bénéfices des
changements de contexte professionnel ?
4. Selon-vous, votre métier est-il amené
à changer dans les prochaines années ? Quels sont les changements
à envisager spécifiquement liés aux nouvelles technologies
?
5. En quelque mots, que savez-vous des implications de
l'intelligence artificielle dans le domaine de la santé ? Est-ce un
sujet auquel vous vous intéressez ?
6. Selon vous, quel(s) type(s) d'impact(s)
(positifs/négatifs) les nouvelles technologies et l'intelligence
artificielle ont-elles / auront-elles sur votre métier ?
7. D'après vous, quelles sont les actions à
mettre en place pour anticiper l'évolution des changements dans votre
quotidien professionnel liés aux nouvelles technologies et plus
spécifiquement à l'intelligence artificielle à court,
moyen et long terme ?
8. On parle d'intelligence artificielle en comparaison de la
vision/perception que nous avons de l'« intelligence » humaine. Si
toutes les qualités humaines pouvaient être inculquées aux
machines, quelles seraient selon vous les principales à transmettre ?
Pourquoi et dans quelle mesurent cela vous parait-il possible ? Jusqu'où
doit aller la machine ? Doit-elle rester un outil d'aide à la
décision ?
82
Partie 2 : métiers concernés et
accompagnement
9. En fonction des impacts (positifs/négatifs) des
nouvelles technologies et de l'intelligence artificielle sur leur
métier, comment les médecins sont-ils / seront-ils
accompagnés ?
10. En fonction des impacts (positifs/négatifs) des
nouvelles technologies et de l'intelligence artificielle sur leur
métier, comment les professions paramédicales, infirmiers plus
spécifiquement sont-ils / seront-ils accompagnés ?
11. En fonction des impacts (positifs/négatifs) des
nouvelles technologies et de l'intelligence artificielle sur leur
métier, comment le personnel administratif, dont les secrétaires
médicales/agents d'accueil, sont-ils / seront-ils accompagnés
?
83
Annexe 4 : Interview DRH CHU
ENTREVUE, DRH CHU
Partie 1 : Questions générales - contexte
personnel
Avez-vous déjà changé de contexte
professionnel ou connaissez-vous des contextes professionnels multiples
?
On ne peut pas dire que j'ai changé de contexte
professionnel dans la mesure où je n'ai pas été chez
Renault chez EDF puis dans l'hôpital public mais on peut parler de
contexte professionnel qui soit assez différent notamment en termes de
maturité sur l'intégration des nouvelles technologies. Entre les
[différents hôpitaux dans lesquels j'ai exercé], on voit
beaucoup de différences en matière de contexte. On n'est pas sur
la même temporalité, sur les mêmes activités, sur la
même maturité quant à l'intégration des nouvelles
technologies dans la prise en charge des patients. Là où [tel
hôpital] était très en avance sur l'intelligence
artificielle, [tel hôpital] très en retard, [tel hôpital]
est à un stade intermédiaire avec la volonté de mettre en
place des outils et une capacité très impressionnante à se
développer au service des patients. Il y a beaucoup de retard concernant
les fonctions supports.
Si non, êtes-vous prêt à changer
d'établissement ou à passer par un détachement hors de
votre établissement pour explorer de nouveaux contextes professionnels
et ainsi pérenniser votre employabilité dans différents
types d'établissements ?
Oui je changerai d'établissement. Cela viendra
après. Dans quelle temporalité je ne suis pas encore en
capacité de le dire.
Quels sont selon vous les bénéfices des
changements de contexte professionnel ?
Je pense qu'à un moment tu te retrouves dans un
environnement que tu maîtrises et quand tu es dans une maîtrise de
l'environnement tu arrives avec une idée précise de ce que tu
veux faire. Tu le fais. A partir d'un certain moment tu te réinventes
mais la réinvention à ses limites. Faire venir quelqu'un d'autre
à ta place pour avoir d'autres idées et conduire le changement
dans un autre sens ou vers une version plus évoluée c'est souvent
la meilleure façon pour soi
84
de considérer que la mission est terminée et
pour l'organisation de continuer à progresser. Je suis convaincu que on
arrive on changer les choses sur deux/trois ans. Au bout de trois ans on
atteint un palier qui est plus ou moins éloigné en fonction de la
maturité au changement de l'organisation. Une fois que tu as atteint ton
palier, soit tu te désengages et tu laisses « la boutique vivre
», soit tu laisses la place et la boutique continue à changer.
C'est l'idée du changement d'établissement tous les trois, quatre
voire cinq ans. Une personne ne peut pas apporter du changement pendant dix
ans. Une fois que tu as fait bouger les choses tel que tu avais envie de les
faire bouger d'autres feront mieux après toi.
Selon-vous, votre métier est-il amené
à changer dans les prochaines années ? Quels sont les
changements à envisager spécifiquement liés aux nouvelles
technologies ?
Le métier ne va pas vraiment changer dans les
prochaines années sur le plan des missions. Les ressources humaines cela
reste faire des choses avec les gens : du social, de l'organisation, du suivi
de parcours... Il y aura toujours des salariés dans l'entreprise et il y
aura toujours des DRH dans l'entreprise. Ce qui va changer dans notre
métier ce sont les outils qu'on utilise pour le faire. Les outils que
l'on utilise en ressources humaines vont évoluer sur deux axes :
Celui du datamining, c'est-à-dire tout ce qu'on va
pouvoir faire avec les informations dont on dispose sur les gens, sur les
organisations pour être plus prédictif, avoir des réponses
qui sont plus pertinente au regard des problématiques que les agents et
que les services rencontrent.
Tout ce qui va être autour de la mobilité et de
la dématérialisation. Actuellement la
dématérialisation transforme notre façon de travailler
tous les jours. Je n'ai plus besoin d'avoir comme j'avais à [tel
hôpital] ou à [tel hôpital] un bureau. Aujourd'hui le
problème de [tel hôpital] c'est que la solution informatique
derrière la dématérialisation est insuffisante : elle est
trop compliquée, trop limitée et elle ne donne pas le service
qu'on attend d'elle. Nous sommes donc assez limités en matière de
dématérialisation mais le directeur général
souhaite qu'on avance très vite et il souhaite notamment que
progressivement la direction générale soit rassemblée dans
les établissements de santé. Aujourd'hui la direction
générale est sur un site à part. L'enjeu depuis que je
suis arrivé est de remettre tous les gens de la direction
générale sur site, de leur dire : « Maintenant vous allez
travailler avec les vrais gens. Vous arrêtez d'envoyer des mails et vous
allez sur le terrain, expliquer, rencontrer les cadres. ». Ce
n'était pas le cas avant. Notre métier va donc être
très impacté par ces nouveaux outils qui vont nous permettre
d'être sur le terrain.
85
Que savez-vous des implications de l'intelligence
artificielle dans le domaine de la santé ?
La vision que j'en ai c'est qu'on a recours à
l'intelligence artificielle sur 3 types d'activités :
· Le premier type d'activité c'est l'assistance
prédictive au diagnostic. On commence à en faire en imagerie,
dans le suivi des populations qui sont atteints de cancer. On commence à
voir des choses apparaître sur des bases statistiques.
· Le deuxième domaine sur le plan clinique qui
est en train d'évoluer c'est, au-delà de la prescription sur le
diagnostic, c'est la mise en série de diagnostics pour construire un
parcours de santé type et orienter plus vite le patient c'est ce que les
PU (PU-PH : Professeur des universités-praticien hospitalier)
de [tel hôpital] appelle la fin de l' « evidence based medecine
». C'est finalement ne plus traiter les individus individuellement pour
leurs problèmes de santé mais rentrer toutes les data de la vie
des gens : variations de poids, variations de tension, examens de sang, etc.,
et laisser l'intelligence artificielle dire si la situation d'un patient
s'améliore ou se dégrade et adapter sa prise en charge. Aller
au-delà de la thématique du simple diagnostic pour aller sur des
parcours de soins. C'est un projet qu'on est en train de mener avec
BioSerenity, issue de l'incubateur de la Pitié-Salpêtrière
qui a développé 3 programmes de médecine prédictive
dont sur le sommeil et le cardiaque.
· La troisième thématique, c'est
l'intelligence artificielle au service des fonctions supports. C'est le recours
à la fonction prédictive de l'IA pour accompagner tout ce qui va
concerner la partie hôtelière, l'organisation des services,
l'optimisation du fonctionnement. C'est tout ce qu'on a pu voir à [tel
hôpital] dans les expérimentations qu'on a menées avec
PetalMD, société québécoise sur l'IA au service de
la programmation, des unités de consultations externes et de
programmation de listes de gardes numériques. Cette solution n'a pas
très bien fonctionné en France car elle est très
chère et le produit est conçu selon le corpus de règles du
code du travail québécois. Il n'a pas été possible
de l'adapter au code du travail français et au code de la fonction
publique, il ne pouvait pas absorber l'ensemble de ces données. Ce n'est
qu'un début. D'autres solutions moins onéreuses et en
capacité de s'adapter viendront.
86
Selon vous, quel(s) type(s) d'impact(s)
(positifs/négatifs) les nouvelles technologies et l'intelligence
artificielle ont-elles / auront-elles sur votre métier ?
En positif, Je vous dirais une flexibilité et une
agilité plus importante. C'est la capacité d'avoir la bonne
information au bon moment et d'avoir des diagnostics justes sur les
organisations et les parcours des agents.
Les aspects négatifs, c'est qu'on risque de perdre
notre capacité d'analyse. En confiant la capacité d'analyse
à un système informatique de plus en plus performant, on risque
de ne plus être capable de reproduire le raisonnement et de
déshumaniser la relation. Comme diraient les syndicats, « dans RH
il y a H et h c'est humain alors il faut être humain ! ». Le
problème qu'on a avec la mise en place de l'intelligence artificielle
c'est que si on lui confie une trop grande latitude décisionnelle on
risque de se retrouver avec des décisions qui sont plus des
conséquences normatives que de réels accompagnements
individualisés.
D'après vous, quelles sont les actions
à mettre en place pour anticiper l'évolution des changements dans
votre quotidien professionnel liés aux nouvelles technologies et plus
spécifiquement à l'intelligence artificielle à court,
moyen et long terme ?
À court, moyen et long terme l'analyse est la
même pour pouvoir mettre en place et anticiper les changements
liés aux nouvelles technologies dans mon métier. Il faut d'abord
savoir ce que fait l'intelligence artificielle : ce qu'elle est capable de
faire à un instant T. Cela implique une veille technologique
régulière, d'être au contact et de recevoir des start-up
créatrices d'innovations et de tester des solutions sur
différents périmètres. Ensuite, cela implique un
changement culturel qui en France est très compliqué à
faire admettre aux équipes : c'est qu'on a le droit de se tromper. C'est
une façon de penser très anglo-saxonne. Veille technologique,
expérimentation technologique et changement culturel au service de
l'expérimentation sont la base du travail. Une fois qu'on est au clair
sur ce qu'on sait faire et ce qu'on saura faire dans 3 ans - ce qu'on arrive
à avoir quand on discute avec les startups et qu'on lit les journaux
spécialisés régulièrement - ensuite on peut, non
pas identifier ce que l'IA va faire mais comment on va changer l'organisation
elle-même pour faire de la place à l'intelligence artificielle.
Sur la simple dématérialisation, aujourd'hui
à [tel hôpital] quand un agent a besoin par exemple de poser un
congé parental il doit :
·
87
aller voir son gestionnaire de proximité qui
o regarde si la décision est possible
o prépare le document
o transmet le document à la direction centrale qui
refais le contrôle,
agréé le raisonnement de l'agent de terrain,
Met le document en signature au directeur correspondant et
fait partir la décision sur le terrain.
Actuellement on est en train de passer au parapheur
électronique et au contrôle de décision
décentralisée. L'objectif c'est que l'agent de
terrain qui souhaite poser un congé parental par
exemple puisse :
· Aller voir l'agent qui :
o analyse sa situation et prépare la décision
o La soumet au directeur pour signature
o La donne à l'agent.
Je supprime alors 4 niveaux de contrôle. Cela implique 2
choses : - que l'agent sur le terrain soit mieux formé et - que je
repositionne l'encadrement.
Là où j'ai aujourd'hui :
· L'agent ;
· Son adjoint des cadres
· l'attaché de site
· l'agent administratif de contrôle
· L'adjoint des cadres qui encadrent les agents
administratifs qui contrôlent
· l'attaché qui encadre les adjoints des cadres qui
encadrent les agents de contrôle
· le directeur qui encadre les attachés Demain
j'aurai :
· L'agent administratif encadré par
· Un RH de proximité qui rencontre
· Un directeur
On passe à un système de
production/visa/validation/signature. On gagne environ 30% de temps de travail
dans la validation grâce aux nouvelles technologies.
88
Ce sur quoi je me bats actuellement c'est de faire comprendre
aux agents que ça va être comme ça, cela reste de la
science-fiction pour eux. C'est un grand saut dans l'inconnu. Les agents
pensent que les décisions seront mauvaises car elles ne seront pas
contrôlées. C'est le principe de logique de responsabilité.
L'autre chose c'est de leur faire comprendre comment on paramètre les
outils pour qu'ils soient utiles et là aussi c'est très
compliqué.
Pour que les solutions soient mieux acceptées, je
demande aux équipes (agents de catégorie C, B et A) de rencontrer
des sociétés qui proposent des solutions, de leur poser toutes
les questions qu'ils veulent et de restituer l'entretien avec les points
positifs et les inconvénients. Une fois au clair on revoit la solution
qu'ils souhaitent prendre et on creuse ensemble. À [tel
établissement] les personnes n'ont pas l'habitude de travailler
ensemble.
On parle d'intelligence artificielle en comparaison
de la vision/perception que nous avons de l' « intelligence »
humaine. Si toutes les qualités humaines pouvaient être
inculquées aux machines, quelles seraient selon vous les principales
à transmettre ? Pourquoi et dans quelle mesurent cela vous parait-il
possible ? Jusqu'où doit aller la machine ? Doit-elle rester un outil
d'aide à la décision ?
Les 3 lois de la robotique de La fondation de Isaac Asimov
ont été reprises dans les éléments industriels que
l'on voit aujourd'hui. Le contenu des lois n'est pas tout à fait le
même mais c'est un clin d'oeil à cette oeuvre
littéraire.
Recherche annexe : Ces trois lois sont :
- loi numéro 1 : un robot ne peut porter atteinte
à un être humain ni, restant passif, permettre qu'un être
humain soit exposé au danger ;
- loi numéro 2 : un robot doit obéir aux
ordres que lui donne un être humain, sauf si de tels ordres entrent en
conflit avec la première loi ;
- loi numéro 3 : un robot doit protéger son
existence tant que cette protection n'entre pas en conflit avec la
première ou la deuxième loi.
|