Les infirmiers souhaitent être accompagnés par
de la formation, encore et toujours. Elle est nécessaire, au-delà
de se former stricto sensu, « pour prendre du recul, pour se parler
entre professionnels, interroger les professionnels qui souhaitent [leur]
faire utiliser un nouvel outil. » Ils souhaitent pouvoir aller en
formation à plusieurs, tout au moins deux d'une même unité
pour « ne pas être un seul référent d'une
unité » et parce que cela « crée des liens et
des débats pour permettre d'être porte-paroles dans son
institution. »75
Comme le personnel médical, le personnel
paramédical évoque le souhait d'être tenu au courant des
avancées technologiques qui concernent l'hôpital dans son ensemble
et ce qui pourra avoir un impact sur leur métier sur le long terme.
« Sur l'intelligence artificielle par exemple, ce serait se poser une
demi-journée ou une journée avec un professionnel qui explique ce
qu'est l'intelligence artificielle, comment l'appliquer, comment la mettre en
perspective dans les établissements avec des exemples concrets et des
témoignages. La communication doit être orale. L'écrit, on
n'a pas le temps. » Là où le professionnel
médical
73 Annexe 6 : Interview DRH Camille Giordano, Directrice
Opérationnelle et Directrice des Ressources Humaines
74 Interview DRH CHU - Annexe 4 : Interview DRH CHU
75 Interview Pauline Cuisine, infirmière CMP de
Villefontaine - Annexe 11 : Interview PM/PNM Pauline Cuisine
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prend généralement le temps de lire la presse
spécialisée, a minima sur sa spécialité, les
infirmiers ne prennent pas le temps de tenir une veille professionnelle. Les
rythmes imposés, la difficulté du métier, tant physique
que psychologique et les mauvaises conditions de travail qui sont
dénoncées ne leur permettent pas de pouvoir envisager de le
faire. Seuls les temps de formations peuvent y pallier. Les paramédicaux
fonctionne beaucoup par la transmission orale, et particulièrement dans
le milieu psychiatrique.
Concernant les outils, il faut tout simplement former
correctement les professionnels aux outils et ne pas juste leur indiquer qu'ils
doivent travailler dessus comme c'est le cas bien souvent. Cela a pour
conséquences beaucoup de temps perdu et des outils qui sont
utilisés à peine à moins de 10% de leurs
capacités. Ne pas former, c'est, sur le long terme, et
même sur le moyen, source d'erreurs et de perte de beaucoup de temps et
d'argent.
Il faut également impliquer « les gens dont
c'est le métier d'avoir des patients dans la construction de [leur]
arborescence. Aujourd'hui, on utilise des logiciels qui sont faits par des
informaticiens pour qui les patients sont des numéros. »,
preuve en est sur des développements établis pour des
évaluations patients dans le dossier patient informatisé d'un
établissement comme sur le risque suicidaire. « Ce
questionnaire n'est aujourd'hui pas du tout adapté. Il faut
répondre oui ou non comme si c'était aussi facile. C'est
très manichéen. A chaque question, les patients me
répondent « ça dépend ». [...] Personne ne nous
a expliqué ce que c'était, comment l'utiliser et l'outil n'est,
encore une fois, pas adapté. Comme j'ai une formation suicide en octobre
j'ai proposé à ma cadre d'être référente
dessus et de communiquer dessus quand l'outil sera adéquat
».76 La mise en place de bons outils et la formation qui
va de pair avec existent aujourd'hui notamment grâce à des
soignants sur lesquels il faut s'appuyer, il faut encourager ces prises
d'initiatives. L'idéal serait d'impliquer également des patients,
de créer un comité réunissant un soignant, un patient, un
informaticien et une personne des ressources humaines.
Afin de répondre au besoin de sécurité
et de confiance des soignants, d'autres types de formations, même
très courtes, peuvent être envisagées. « Il n'y a
pas longtemps on a eu une formation d'une heure et demie par un cadre sup sur
l'espoir. Ça, dans ma profession, c'est important. Il y a un truc qui
m'énerve chez les infirmiers c'est qu'ils râlent et ne sont jamais
contents, parce qu'effectivement on a de mauvaises conditions de travail et
qu'on n'est pas bien payé. Alors cette formation m'a fait un bien fou.
Les histoires des patients sont horribles, on a de mauvaises conditions de
travail, on est mal payé, on a très peu de formation et
ce
76 Interview Pauline Cuisine, infirmière CMP de
Villefontaine - Annexe 11 : Interview PM/PNM Pauline Cuisine
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type de formation peut être un vrai levier
au changement. Le changement c'est d'arrêter de
râler et de trainer des pieds et à aller toquer aux bonnes portes
et bouger pour faire de son métier quelque chose d'agréable
à défaut d'avoir un bon salaire. »77