secteurs santé souhaitent-ils mettre en place ?
Le métier des paramédicaux, notamment des
infirmiers et des aides-soignants, va évoluer et la formation initiale
devra être revue à divers égards. Un plan de
restructuration des écoles avec la création d'un
établissement d'enseignement supérieur, une structure unique qui
forme tous les professionnels et tous les métiers avec une équipe
pédagogique unique, est déjà en cours dans un des plus
gros centres hospitaliers en France. Douze mille élèves des
instituts paramédicaux de la région Rhône Alpes sont
également actuellement formés à l'IA. « On voit
qu'il y a un vrai changement, non pas simplement des outils utilisés
mais du coeur du métier. L'IA va être - elle l'est
déjà - un adjuvant très puissant à l'extension des
compétences de ces professions paramédicales en permettant
d'accéder à des éléments de diagnostic
médical sous intermédiation d'une profession paramédicale.
»78
Pour tous ceux qui travaillent déjà, c'est la
formation continue qui devra permettre à chacun de se tenir à
jour et d'anticiper ces changements. Dans un entretien, un directeur de CHU
évoque l'obligation « de mettre en place des plans de
formation pour l'adaptation à l'évolution prévisible des
emplois comme le prévoit la réglementation sur la formation
à l'hôpital. C'est plus compliqué parce
qu'on va sur des transformations de métiers qui sont consubstantiels.
L'infirmière devra faire de l'assistance à prédictions de
diagnostic en lien avec l'intelligence artificielle avec laquelle travaille le
médecin. Elle se rapproche progressivement de la profession
médicale là où elle était la petite main parmi les
petites mains il y a encore 50 ans. » Le ticket d'entrée en
matière de compétences va être de plus en plus
élevé. Aujourd'hui, « on change de métier : on a
fait des études à l'Institut de Formation en Soins Infirmiers
(IFSI) pour un certain métier et quand on arrive à l'unité
médico-chirurgicale cardiologique de [tel hôpital] on ne fait pas
son métier d'infirmière comme on l'a appris à
l'école. On va faire de l'analyse de mesure, de l'accompagnement du
médecin, dans de la coopération sophistiquée.
»
77 Interview Pauline Cuisine, infirmière CMP de
Villefontaine - Annexe 11 : Interview PM/PNM Pauline Cuisine
78 Interview David Gruson, Directeur Programme Santé
Jouve, Fondateur d'Ethik-IA, Auteur - Annexe 8 : Interview David Gruson
43
On peut d'ores et déjà se poser la question des
salaires si on demande de plus en plus de compétences à ces
professionnels. A l'hôpital public, en France, [et dans de
nombreux hôpitaux privés] on ne paie pas assez. Chez
Bioserenity à la clinique du sommeil par exemple, ils payent leurs
infirmières entre 3200 et 3400 euros nets mensuels là où
on les paie entre 2200 et 2400 euros à l'hôpital public.
79
Ces modifications du métier directement liées
notamment à la délégation de compétences de la part
des médecins entre autres pour certains actes pratiqués en
télémédecine comme la téléassistance
médicale (cf. définition p.10) entrainent des formations
spécifiques aux outils mais nécessitent également des
formations en psychologie plus pointues qu'elles ne le sont actuellement pour
accompagner les patients.
Les formations elles-mêmes se modernisent
évidemment en même temps. Les formats ne sont les mêmes. Les
soignants peuvent désormais se former avec des outils
développés par SimforHealth ou Laerdal, assez connu pour leurs
mannequins en simulation avec des corps qui réagissent. On peut
prévoir avec eux « du e-learning et de l'apprentissage en
présentiel à réalité augmentée. Les agents
peuvent se former sur des mannequins de simulation de patient Laerdal avec un
casque de réalité augmentée dans une salle comme s'ils
étaient dans un bloc opératoire. L'enseignant peut même
être à distance en dehors de la pièce avec un
contrôle retour directement dans l'environnement numérique.
L'ensemble sera mis en application [dans tel établissement]
à échéance septembre 2021.80