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Quelle politique de formation mettre en oeuvre dans les établissements de santé pour accompagner la transition numérique et les possibles usages de l'intelligence artificielle (IA) ?


par Elisabeth Berthelot
IGS - Master Ressources Humaines 2020
  

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3. Comment les acteurs du secteur santé souhaitent-ils être

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accompagnés ?

Même s'il est vrai que la profession médicale a, en majorité, une appétence certaine et une curiosité naturelle et qui leur a été transmise, ce n'est premièrement pas le cas pour tous, comme le rappellent deux des DRH interrogés qui évoquent « deux types de profils et cela vaut pour les médecins, les paramédicaux et le personnel administratif mais c'est encore plus fort chez les médecins : il y a ceux qui sont prêts à se dire c'est nouveau donc c'est intéressant et ceux qui se disent, c'est nouveau donc je n'en veux pas. »60 ou encore des « difficultés avec [leurs] professionnels libéraux (médecins spécialistes et kinésithérapeutes) [qui] ont eu beaucoup de mal à passer du papier à l'informatique. Il a fallu bien accompagner. C'est moi qui m'en suis occupé et ça a pris du temps. C'était la plus grosse difficulté et le changement a été complexe pour les professionnels terrain, surtout les médecins, qui comptaient le nombre de clics. Ils m'ont dit que ça avait vraiment fait évoluer leur métier.61

D'autre part, même pour ceux qui lisent régulièrement la presse spécialisée et sont habitués aux nouvelles technologies, il y a un souhait de pouvoir profiter d'autres canaux de communication en interne sur ce qui se fait, principalement ce qui les concerne évidemment, mais également, en quantité raisonnable, sur ce qui concerne les autres métiers et autres spécialités qui pourrait avoir un impact indirect sur leur propre métier. Le chirurgien interviewé résume assez bien ce qu'on retrouve dans la littérature spécialisée concernant ce que souhaite le corps médical : « A court terme, plus de communication. Je trouve qu'il n'y en a pas ou alors je ne me documente pas bien. Je trouve que ce n'est pas très facile de trouver des articles sur ce sujet. A l'hôpital, il n'y en a pas trop mis à part le robot, que ce soit à l'assistance publique ou à l'américain. A moyen terme, ce sera de faire des conférences, qu'il y ait vraiment des formations faites sur le sujet. Dans nos formations médicales continues, ce n'est jamais proposé. En tout cas pas encore aujourd'hui. C'est plus sur les termes pratiques, sur de la clinique pure. Il y a également des formations de robotique. J'ai fait une formation de robotique mais il faut aller la chercher. Il faut faire un DU en plus. Ce sont les fabricants du robot qui te forment. Au niveau du conseil de l'ordre, ce n'est pas des choses qu'ils proposent facilement. Ce n'est pas bien rentré dans les formations.

Le docteur Stéphanie Quesnel souligne également un point essentiel de la formation dont elle souhaiterait bénéficier et que l'on retrouve constamment dans la littérature étudiée dans le

60 Interview Nicolas Delmas, DRH Hôpital Bichat, Annexe 5 : Interview DRH Nicolas Delmas

61 Interview Camille Giordano, Directrice Opérationnelle et Directrice des Ressources Humaines

Clinique Saint Christophe, Bouc Bel Air, établissement privé de soins de suite et de réadaptation (SSR) spécialisée en cancérologie, hématologie, soins palliatifs, soins polyvalents, nutrition - Annexe 6 : Interview DRH Camille Giordano

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cadre de ce mémoire, celui du cadre éthique et juridique : « Il y a un problème que je trouve important, qui est le même que pour la téléconsultation, c'est le cadre éthique et juridique. Qui est responsable ? On n'est pas en usine où si on se trompe sur une pièce ou si c'est défectueux on change. Si tu te trompes de diagnostic ou si tu donnes un mauvais traitement, ou s'il y a des effets secondaires importants, qui est responsable ? Ce ne sera pas l'intelligence artificielle. C'est plus le côté éthique et responsabilités qui est assez flou. Je ne sais pas si c'est déjà défini. Qui est responsable en cas d'erreur ? Les fabricants de machine se dédouaneront forcément sur celui qui a utilisé l'intelligence artificielle. Il faut que ce soit déterminé dans un cadre strict : vers qui se tourner quand il y a un problème ou un bug. L'humain fait des erreurs donc la machine en fera aussi après mais à quel degré ? Ce ne sera certainement pas pire que l'humain mais pas mieux non plus. On verra. Sur le long terme il faut des formations pratiques et juridiques dispensées par des professionnels. C'est bien gentil du côté des fabricants, ils ont une idée du comment ça fonctionne mais il faut toujours que ce soit mis en pratique et voir les problèmes que cela pose au quotidien, la facilité d'utilisation, le rendu du diagnostic, etc. Par exemple, même si ce n'est pas vraiment de l'intelligence artificielle, je ne faisais pas du tout de téléconsultations. Tout disait que c'était super mais ça a vraiment ses limites. Pour s'y former on est un peu lâché dedans alors l'intelligence artificielle ça risque d'être un sacré carnage ! »62

On voit bien que les formations dispensées par les prestataires fabricants ne peuvent pas être l'unique solution et qu'il est nécessaire voire indispensable d'accompagner les médecins sur la définition juridique de la responsabilité qu'engage l'utilisation de certains outils.

Une fois passés les défis techniques, légaux et éthiques viennent les défis liés à la confiance des praticiens et des usagers et celui de l'accompagnement nécessaire pour ajuster l'organisation. Confiance et organisation s'avèrent être les aspects les plus difficiles. La confiance ne peut s'instaurer que sur un très long terme dont le processus est déjà entamé ne serait-ce que par la campagne liée à la sécurisation des données, notamment de santé. La nouvelle organisation pourra naitre grâce à cette confiance.63 La sensibilisation et la communication à l'échelle nationale doit continuer et s'assortir de plans individualisés à l'échelle des groupements hospitaliers de territoire. Avec un bon climat de confiance, le relais vers les établissements permettant des projets locaux pourra être démarré en évitant certains blocages qui seraient dus à un manque de confiance des professionnels.

62 Interview Stéphanie Quesnel, Docteur en Chirurgie ORL et cervico-faciale pédiatrique, Hôpital Robert Debré (AP-HP) / hôpital américain / clinique Ambroise Paré / cabinet libéral - Annexe 10 : Interview PM/PNM Stéphanie Quesnel

63 « Santé et intelligence artificielle », sous la direction de Bernard Nordlinger et Cédric Villani

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L'accompagnement souhaité se traduit donc par de la communication des formations existantes mais également sur les projets transversaux existants : « Qu'on soit au courant des formations qui existent, des diverses opportunités : des projets en cours de façon générale et par spécialité. C'est surtout notre spécialité qui nous intéresse plus que l'intelligence artificielle en général. Les radiologues sont les plus avancés en termes de lecture et de diagnostic. Dans les autres spécialités, je ne vois pas ou je n'en ai pas connaissance. Aucune information sur ce sujet n'est donnée, que ce soit à l'AP-HP, à l'Américain, à la clinique ou au travers de l'activité en libéral. On a des informations dans les journaux scientifiques en étant abonné mais comme je ne reçois et ne lis essentiellement que de l'ORL, les seules nouveautés sont sur la chirurgie robotique. Concernant les outils d'aide à la décision, j'aimerais bien voir et comparer, faire mon diagnostic et voir si l'intelligence artificielle te fait penser à quelque chose auquel tu n'aurais pas pensé parce que tu ne l'as jamais vu ou jamais rencontré dans ta pratique. En médecine on a l'habitude de s'adapter tout le temps dans nos pratiques. »

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"Il existe une chose plus puissante que toutes les armées du monde, c'est une idée dont l'heure est venue"   Victor Hugo