B. Les médecins
1. Comment les médecins appréhendent-ils le
changement ?
Si Le cadre de la formation initiale en
médecine est aujourd'hui trop rigide et ne favorise pas
l'interdisciplinarité avec la pratique de la médecine et les
connaissances numériques55, ils sont en revanche
majoritairement portés naturellement vers le changement et vers les
nouvelles technologies. Le travailler ensemble, comme l'attrait pour
les nouvelles technologies, dépend de la sensibilité de
chacun, du type de structure dans lequel ils évoluent et de leur
spécialité.
Le docteur Stéphanie Quesnel, chirurgien ORL
exerçant dans différents types de structures, rappelle que les
bénéfices du changement, notamment
d'établissement, « En médecine [sont]
essentiellement d'enrichir les connaissances et les pratiques, voir comment les
autres travaillent et comment travailler les uns avec les autres. A
l'hôpital on travaille plus par équipe alors que dans le
privé on travaille plus chacun pour soi. Ça change quand
même énormément les pratiques et les échanges entre
les professionnels. Ça permet aussi, au-delà de sa
spécialité, d'élargir le réseau et
d'apprendre sur chaque spécialité ce qui peut aider aussi
après à pouvoir fonctionner et travailler ensemble pour
traiter une personne dans sa globalité et pas appareil par appareil.
»56
54
https://www.techniques-ingenieur.fr/actualite/articles/transformation-numerique-dans-la-sante-la-gouvernance-fait-toujours-defaut-65411/
55 « Santé et intelligence artificielle
», sous la direction de Bernard Nordlinger et Cédric
Villani
56 Interview Stéphanie Quesnel, Docteur en
Chirurgie ORL et cervico-faciale pédiatrique, Hôpital Robert
Debré (AP-HP) / hôpital américain / clinique Ambroise
Paré / cabinet libéral - Annexe 10 : Interview PM/PNM
Stéphanie Quesnel
33
2. Comment les médecins sont-ils accompagnés
dans ces changements aujourd'hui ?
Les médecins n'ont pas la sensation d'être
accompagnés aujourd'hui.
S'il n'y a pas ou peu d'accompagnement, c'est avant tout
parce que les DRH n'ont pas la sensation que ces acteurs aient besoin de
l'être, « c'est le plus souvent un médecin qui vise
à l'implantation de nouvelles technologies. » Aujourd'hui, ce
sont les médecins qui sont demandeurs de formation sur de nouvelles
technologies. « En général ils ont été
abreuvés durant toute leur scolarité d'éléments
physiques, chimiques, mathématiques qui leur disaient : « si on
arrivait à faire ça ce serait génial ». Même si
tous les médecins ne sont pas des geeks, il y a quand même une
proportion plus importante chez les médecins à accepter le
changement même sur d'autres métiers à haute qualification.
» 57 On compte également énormément sur les
éditeurs, les laboratoires les fabricants pour communiquer auprès
des médecins, les sensibiliser et les former : « Quand on fait
le choix d'acheter un équipement il y a toujours une partie
paramétrage et formation des utilisateurs qui est comprise. Certains
sont très bons là-dedans et les formations sont de
qualité. Je pense notamment aux robots chirurgicaux : la formation,
d'après ce que j'en sais, est vraiment robuste pour former les
utilisateurs. »58
Il existe néanmoins des contre-exemples, Camille
Giordano, Directrice Opérationnelle et Directrice des Ressources
Humaines à la clinique Saint Christophe, établissement
privé de soins de suite et de réadaptation (SSR), parle avec
passion des difficultés rencontrées ces dernières
années dans la mise en place du dossier patient informatisé et
notamment sur la formation aux outils. Aujourd'hui la formation liée
à la mise en place de nouveaux outils et à la formation des
nouveaux arrivants suit un processus normé qui reprend les
éléments essentiels et classiques de conduite de changement et de
suivi de projet. « Cela fait partie intégrante de leur mission
et de leur quotidien donc il faut absolument qu'ils maitrisent l'outil dans le
cadre de leur fonction. »59 Le travail a été
fait avec les éditeurs mais sans autre prestataire dans l'accompagnement
au changement grâce à la longue expérience passée de
consultante en ressources humaines dans divers secteurs d'activité de la
directrice des ressources humaines.
57 Interview DRH CHU - Annexe 4 : Interview DRH CHU
58 Interview Perrine Cainne, Directrice des Ressources Humaines
du Centre Hospitalier d'Arcachon - Annexe 7 : Interview DRH Perrine Cainne
59 Interview Camille Giordano, Directrice Opérationnelle
et Directrice des Ressources Humaines
Clinique Saint Christophe, Bouc Bel Air, établissement
privé de soins de suite et de réadaptation (SSR)
spécialisée en cancérologie, hématologie, soins
palliatifs, soins polyvalents, nutrition - Annexe 6 : Interview DRH Camille
Giordano
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