II. LES PALLIATIFS POTENTIELS
Il serait vain de croire dans la globalité que les
outils et stratégies déployés par les pouvoirs publics et
le UNHCR dans le cadre de la facilitation d'accès des actes de
naissances aux enfants réfugiés Centrafricains, sont
dépourvus de pertinence. Voulant renforcer cette pertinence, la
présente sous-partie de ce chapitre vise à apporter, des
éventuelles propositions susceptibles. D'autant plus que lesdites
propositions sont le fruit d'un ensemble de dérapages ayant
été observés sur le terrain. Ainsi, il s'agit alors entre
autre de :
1. Renforcer la sensibilisation des parents
réfugiées Centrafricains sur leurs devoirs au sein des
communautés hôtes
Le statut de réfugiés confère une
protection au sein du pays d'accueil. L'accent est mis sur les droits de
ceux-ci, mais en dehors des discours politiques, il faut des actions
concrètes sur le terrain pour aborder la question des devoirs des
réfugiés dans les pays d'accueils. La
problématique abordée dans le cadre de cette
étude nous donne de remarquer que derrière la
vulnérabilité des réfugiés, se cache un sentiment
de mauvaise foi. Ces derniers pour des logiques de survies, font montre de
beaucoup d'opportunisme car, comment comprendre que d'aucuns choisissent de
façon délibérée de bénéficier de
certaines activités à l'instar de la
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nutrition et de la santé mais pas de l'enregistrement
des naissances de leurs enfants ? Certainement parce qu'ils sont mentalement
alimentés par l'idée que leur statut de réfugié
leur confère des droits. Mais, les droits en société ne
devraient pas être opérationnels sans une soumission à des
devoirs et obligations. D'autant plus que dans le cas d'espèce, les
parents ont l'obligation de garantir un avenir radieux à leur
progéniture. Et, le point de départ, c'est l'établissement
des actes de naissances aux enfants.
2. Promouvoir une implication plus forte de la
société civile camerounaise dans cette crise
humanitaire
Les organisations de développement et d'assistance
camerounaises sont très peu actives dans le déploiement sur le
terrain en faveur des réfugiés ou des populations hôtes. Si
l'éloignement et l'enclavement de ces zones peuvent justifier cette
absence, il faut reconnaître qu'il y a un problème de perception
de la réalité humanitaire, celle-ci étant malheureusement
considérée par la majorité des acteurs locaux comme «
l'affaire des organisations internationales ». Les quelques structures
locales actives sur le terrain sont limitées par la question des moyens
financiers et il serait stratégiquement opportun de la part des pouvoirs
publics ou des autres bailleurs de fonds de faciliter l'implication des
organisations locales pour renforcer l'effort humanitaire des partenaires
internationaux.
Pour le HCR et ses partenaires, il est souhaitable que de
nouveaux acteurs s'investissent sur la question du renforcement de la
coexistence pacifique entre les communautés autochtones et
réfugiées.
3. L'intégration de l'enregistrement des
naissances avec d'autres services
Intégrer l'enregistrement des naissances dans d'autres
services de base déjà opérationnels, comme la vaccination
ou les soins de santé primaires, peut être un moyen rentable de
fournir un service au niveau de base sans devoir créer un système
de prestations à part. Les initiatives en faveur de l'enregistrement des
naissances seront probablement plus viables si elles sont
intégrées dans des structures légales ou administratives
déjà en place, ou à des programmes réguliers, afin
d'en diminuer les risques d'échecs liés à l'octroi des
actes de naissances aux enfants réfugiés Centrafricains. C'est
cette stratégie aurait été adopté dans le cadre des
initiatives mises sur pied par les pouvoirs publics et le HCR en actionnant de
façon étroite l'enregistrement des naissances avec l'accouchement
sous surveillance médicale. Cela aurait
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une double portée à savoir,
l'élargissement de l'enregistrement des naissances et même des
couvertures de vaccination.
La mise sur pied de ce procédé nous a
été inspiré du Qatar. Là-bas, par exemple, les
systèmes d'enregistrement sanitaire et d'état civil sont
étroitement liés. Les enfants sont enregistrés à
l'hôpital, et les données transmises « en ligne » au
Département de la santé préventive, qui à son tour
en envoie une copie au centre de santé le plus proche du domicile de la
mère, et une autre au Bureau central de Statistiques. Le centre de
santé prend directement contact avec la mère pour la vaccination
et les soins postnatals.
Conscient des difficultés sur le terrain, notamment la
qualité défectueuse et même inexistante du réseau
internet, on pourrait simplement mettre en collaboration les officiers
d'états civils avec les points de santé de façon à
ce que chaque fois que naît un enfant, les données de ces derniers
puissent être enregistrées sur des bulletins qui conditionneraient
l'accès de ces derniers aux vaccinations et soins postnatals. Au moins
on aurait des informations précises et justes. Ce qui aurait l'avantage
d'accélérer les procédures d'établissement des
actes de naissances des enfants réfugiés sans plus perdre de
temps dans des procédures qui très souvent nécessitent des
frais supplémentaires à l'instar du jugement supplétif
auprès des tribunaux.
On peut par ailleurs, également intégrer au sein
des composantes dédiées à la santé, vu l'urgence et
le caractère conjoncturel du problème, la possibilité
d'enregistrer des naissances. D'autant plus que les informations recueillies
sur le terrain nous ont fait état de ce qu'il y a plus de mobilisation
financière pour la santé que la prise en charge de l'état
civil. C'est dire leur forte potentialité à atteindre les zones
reculées.
4. L'urgence d'une instauration de la culture de bonne
gouvernance
Sans vouloir rentrer dans une querelle doctrinale du concept
de bonne gouvernance, notons néanmoins que ce concept est un outil
important dans la rationalisation managériale. Pour ce fait, et de
façon opératoire dans le cadre des actions
déployées par les pouvoirs publics camerounais et le UNHCR dans
le but de résoudre les déficits d'enregistrement des naissances
d'enfants réfugiés Centrafricains, le recours à
l'instauration permanente de la bonne gouvernance constitue à
coup-sûr, un schéma référentiel.
Parce que la bonne gouvernance exige les vertus de
transparence, de rentabilité de compte, d'efficience et
d'efficacité, elle peut mieux contrer la corruption et les divers
conflits qui ont
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pût naitre entre les autorités administratives et
politiques dans le cadre des interventions humanitaires en faveur des enfants
réfugiés.
Par ailleurs, les stratégies et outils
implémentés par les pouvoirs publics et le UNHCR
s'exécutant dans un contexte où les crises économiques et
financières successives de la fin et des débuts des années
1990 ont fatalement réduis les salaires des agents publics, il a
été illusoire d'espérer de ces derniers une production
efficace et surtout efficiente des prestations. D'autant plus que les projets
et programmes de par leur fort taux de financement, sont l'ultime occasion
d'enrichissement pour ces agents publics. Ainsi, plus ils durent, plus
l'enrichissement des agents est continu. Dans cette logique, les instances
d'audition et de contrôles mises par le UNHCR, principal bailleurs de
fonds sont limités pour cerner de telle toile de fond. Il y a donc
urgence de développer des outils et des indicateurs pratiques de
performances pouvant produire de bons rendements sous le couvert plutôt
de l'évaluation de la gouvernance.
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