III. CONCLUSION GENERALE
Depuis 2013, il s'est accrue à l'encontre de la
population en RCA, la violence et les violations
généralisées des droits de l'homme, s'associant à
des actes de maltraitances, des violences sexuelles, des exécutions
extrajudiciaires et une grande proportion de disparitions forcées. Cet
état des faits très alarmant a pour effet direct, les
déplacements incessants des populations Centrafricaines vers le Cameroun
et dans d'autres pays limitrophes à la RCA. Le Cameroun du fait de sa
relative stabilité dans une sous-région très agitée
; de sa ratification successive à l'échelle internationale et
régionale de la Convention de Genève et le protocole de l'OUA sur
le statut de réfugié, et un réajustement interne sur le
plan juridique a été notre pays de choix dans le cadre de ce
travail dont l'intitulé est déplacement des
populations en zones de conflits et accès à l'état civil :
cas des enfants réfugiés Centrafricaines dans la région de
l'Est-Cameroun.
De ce qui précède, la problématique s'est
fixée pour but de comprendre sur base d'analyses des données
essentiellement qualitatives, Comment est-ce que l'Etat du Cameroun
assure-t-il l'établissement d'actes de naissances aux enfants
réfugiés Centrafricains ? Cette question centrale a
par ailleurs généré les questions subsidiaires suivantes :
Quelles sont les causes de la crise Centrafricaine ? Comment l'État, les
agences internationales, en particulier le UNHCR et les réfugiés
Centrafricains, spécifiquement les parents mobilisent-ils les ressources
pour faciliter l'établissement d'actes de naissances aux enfants
réfugiés Centrafricains ? Quelles sont les contraintes
structurelles et conjoncturelles qui pèsent sur le processus
d'accès des actes de naissances aux enfants réfugiés ?
Quelles leçons tirer ? Quelles recommandations ? Afin de mieux
appréhender cette problématique, nous avons mobilisé une
hypothèse centrale à savoir : dans la ville de Mandjou, les
actions humanitaires de l'Etat du Cameroun et de l'UNHCR pour assurer
l'établissement des actes de naissances aux enfants
réfugiés Centrafricains sont multiples et concrètes mais
sujettes à diverses limites. Laquelle hypothèse centrale nous a
procuré deux autres hypothèses secondaires : Les types de
stratégies et d'actions proposés par l'Etat du Cameroun et de
l'UNHCR ne remplissent pas toutes les fonctions attendues et se heurtent
à la vulnérabilité des réfugiés
Centrafricains (1) ; Il n'existe réellement pas de synergies d'actions
entre l'Etat du Cameroun et l'UNHCR dans le processus d'établissement
des actes de naissances aux enfants réfugiés (2).
Malgré la pandémie du COVIDS-19 qui impose
depuis peu, les fermetures des frontières, le confinement et bien
d'autres restrictions, la vérification de ces hypothèses s'est
arrimée à un
70
processus méthodologique ayant privilégié
la collecte des données. Sur la base de recherches documentaires,
d'entretiens à distance et par délégation, nous avons fait
recours à l'analyse stratégique et l'interactionnisme afin
d'analyser lesdites données collectées.
De ce qui a été dit, il en ressort que
l'avènement massif des populations Centrafricaines en terres
camerounaises, notamment dans la ville de Mandjou, a suscité un
déploiement humanitaire effectif de l'Etat du Cameroun et de l'UNHCR.
Ainsi, au rang des actes posés en faveurs des populations
réfugiés Centrafricaines, il y'a eu un regard sur la promotion de
l'accès des actes de naissances aux enfants réfugiés.
Cette intervention humanitaire ayant eu lieu, il n'en demeure pas moins
beaucoup d'insuffisances. Ce qui confirme par ailleurs notre hypothèse
centrale.
Cependant, en confrontant nos hypothèses secondaires
aux informations recueillies et analysées sur le terrain, nous pouvons
aisément conclure qu'elles sont à la fois
vérifiées, parfois nuancées mais aussi rejetées.
Parlant de leur vérification, il a été clairement
été établi dans le cadre de ce travail que les
stratégies et les actions que les pouvoirs publics Camerounais et les
humanitaires des Nations-Unies ont mis en exergue pour assurer
l'établissement des actes de naissances aux enfants
réfugiés Centrafricains ont quelques-fois manqué
d'incarner une prise en compte réelle et profonde des
spécificités locales. Ce qui donne un aspect de validité
à notre première hypothèse secondaire.
Il convient au demeurant d'avoir un regard tout de même
nuancé sur ces hypothèses secondaires. En effet, autant elles ont
anticipé les limites de succès des stratégies mises sur
pied par le Cameroun et le UNHCR en évoquant le motif de la
vulnérabilité des réfugiés Centrafricains, autant
il conviendrait de marteler que les données recueillies sur le terrain
ont relevé d'autres aspects en occurrence : un manque de données
relatives à propos des enfants réfugiés vivant hors sites
; une longue procédure d'établissement des actes de naissance
dans un contexte particulier ; l'Indisponibilité des registres
d'état civil pendant une longue période ; l'absence d'implication
de la société civile locale dans le processus et les influences
négatives de divers conflits naissants dans la gestion des
réfugiés à Mandjou.
Enfin, notre deuxième hypothèse secondaire est
invalide et rejetée car, en la confrontant à la
réalité des informations sur le site de travail, elle a
visé à tort les limites susceptibles d'affaiblir les actions des
pouvoirs publics Camerounais et humanitaires des Nations-Unies. En effet, les
deux entités sont en parfaites synergies dans le processus
d'établissement d'actes de naissances aux enfants réfugiés
Centrafricains dans la ville de Mandjou.
71
Il faut quand-même reconnaitre que les résultats
de cette étude n'incarnent pas une perfection absolue. Il existe
néanmoins des limites que nous assumons de présenter. La
fondamentale limite étant notre absence physique sur les lieux
d'enquêtes. Il nous serait erroné de croire que les personnes que
nous avons délégué sur le terrain des enquêtes ont
eu les mêmes motivations et exigences que nous aurions eues si l'occasion
nous avait été donné. A cette absence de
présentation, s'ajoute aussi un réel problème de
représentation car, l'échantillonnage nous a semblé
relativement moins représentative.
Toutefois, ce travail nous semble avoir atteint ses objectifs
visant à comprendre les dynamiques sociales, les stratégies mises
en oeuvre par le UNHCR et le Cameroun pour assurer l'établissement des
actes de naissances aux enfants réfugiés Centrafricains. Bien
sûr, en se focalisant de façon précise sur l'identification
des enjeux sociaux de l'intégration ou de la participation des parents
réfugiés dans ce processus d'une part. Et d'autre part, saisir
les limites probables et se permettre d'énumérer de façon
non exhaustive quelques pistes de solutions.
72
VIII. BIBLIOGRAPHIE
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76
Table des matières
I.SIGLES ET ABREVIATIONS v
I.INTRODUCTION GENERALE 1
A.Contexte historique ou géographique de
l'étude 3
B.Pertinence et intérêt du sujet
5
C.Objectifs de l'étude 7
1.Objectif général 7
2.Objectifs spécifiques 7
D.Revue de littérature 8
E.Questions de recherche 11
F.Hypothèses de recherche 11
1.Méthodologie 12
G.Défis éthiques de la recherche
14
H.Présentation et explications du plan de la
recherche 16
CHAPITRE I: PRÉSENTATION DE LA REGION DE L'EST-CAMEROUN,
ZONE D'ÉTUDE ET ÉTAT DES LIEUX
DES CRISES CENTRAFRICAINES 17
I.PRÉSENTATION DU TERRAIN D'ÉTUDE 19
A.La région de l'Est-Cameroun en bref.
20
B.La ville de Mandjou 23
1.Le cadre administratif, humain et physique de la ville de
Mandjou 23
2.Aperçu socio-économique 25
II.ÉTAT DES LIEUX DES CRISES CENTRAFRICAINES 26
A.Les causes internes des crises Centrafricaines
27
B.Causes externes de la crise Centrafricaine
30
CHAPITRE II : ÉTAT DES LIEUX SUR LES TRAJECTOIRES
EMPRUNTÉES DES CENTRAFRICAINS VERS LE
CAMEROUN ET DÉTERMINATION DU STATUT DE REFUGIÉS
33
I.LES TRAJECTOIRES EMPRUNTÉES PAR LES REFUGIÉS
CENTRAFRICAINS VERS LE CAMEROUN 35
II.LE STATUT DES REFUGIÉS 39
A.Le cadre législatif de la déclaration du
statut de réfugié au Cameroun (DSRC) 40
B.Les structures chargées de la mise en oeuvre de
la DSRC 43
CHAPITREIII : LES INITIATIVES RETENUES ET MISES EN OEUVRE PAR
LE CAMEROUN ET L'UNHCR AFIN D'ASSURER L'ÉTABLISSEMENT D'ACTES DE
NAISSANCES AUX ENFANTS REFUGIÉS CENTRAFRICAINS A
MANDJOU 45
III.LE CADRE D'INTERVENTION DE L'ETAT DU CAMEROUN ET DU UNHCR
DANS LE PROCESSUS D'ÉTABLISSEMENT DES ACTES DE NAISSANCES AUX ENFANTS
RÉFUGIÉS CENTRAFRICAINS À
MANDJOU 47
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