3.2. Intensification du
phénomène religieux
La laïcité de l'Etat béninois
promulguée en 1990 a été déterminante dans
l'amplification de l'effervescence religieuse et l'émergence des NMR.
Cette ébullition religieuse vient étancher une soif de besoins
tant fondamentaux que spirituels.
3.2.1. La quête
quotidienne des besoins fondamentaux
Cette intensification du phénomène religieux
intervient dans la logique de la satisfaction des aspirations auxquelles
tiennent nombre d'acteurs, lesquelles aspirations « sont de plusieurs
ordres: idéologico-politiques, morales, sociales, identitaires,
communautaires, existentielles, matérielles et même
thérapeutiques. » Dortier J.-F. et Testot L. (2005).
Voilà pourquoi les nouveaux acteurs religieux qui ont
émergé depuis la période démocratique ne
ménagent aucun effort et ne tarissent pas d'initiatives pour offrir
à leurs ouailles tous les moyens pour faire face aux difficultés
de la vie. De même, dans l'Eglise catholique, comme engagés dans
un combat ultime pour la survie, les responsables à divers niveaux se
mobilisent tant bien que mal pour aider les fidèles à trouver la
porte de sortie appropriée aux problèmes qui les embarrassent.
Le souci permanent des enquêtés reste, en effet,
la résorption des difficultés existentielles. Ainsi
reconnaissent-ils tous que les conditions de vie deviennent de plus en plus
difficiles de nos jours et soutiennent que cela est dû au manque de
débouchés (35,45%), au faible pouvoir d'achat (28,18%) et
à la mal gouvernance (10%). En dehors de ces raisons qui semblent plus
relever de la gestion du pouvoir politique, les enquêtés ont
souligné une raison qui paraît justifier leur quête dans les
religiosités chrétiennes : 12,73% précisent que les
difficultés de la vie s'expliquent par le fait que les hommes ne
respectent pas les lois de Dieu ou de la nature, autrement dit, ils
pèchent. Or, il n'y a aucun recours humain susceptible de conjurer le
sort dû à une transgression pareille, si ce n'est pas que des
doléances soient formulées à l'endroit du Dieu
Créateur. Donc, selon ces enquêtés, la solution face aux
difficultés de la vie réside dans la prière, surtout la
prière assidue, persévérante en faisant beaucoup plus
confiance à Dieu.
En dépit des prières, la ville impose son primat
de milieu de combat ardu pour la survie, d'autant plus qu'elle traîne
toujours les indicateurs de la misère, de la pauvreté, de la
violence et de l'insécurité. Le revenu moyen obtenu dans notre
échantillon est certes légèrement au-dessus du Smig
(40.000f CFA) et s'élève à 58.866 f CFA, mais il convient
de signaler que plus de la moitié des personnes enquêtées,
c'est-à-dire 68 sur les 110, soit 61,82%, vivent maritalement,
mariées coutumièrement ou chrétiennement. Ainsi est-il
aisé de comprendre que ces populations éprouvent beaucoup de
difficultés à nourrir leurs enfants, à assurer leur
scolarité et à affronter la vie citadine. Surtout que l'absence
d'un système de sécurité socio-sanitaire adéquat
pour tous et à un coût abordable et le manque de garantie
d'employabilité à long terme étouffent l'espérance
d'une existence paisible à Cotonou. Dès lors, à la
question de savoir ce qui fait le plus courir les hommes à Cotonou, les
enquêtés ont cité : Pauvreté/Misère
(30%), Argent ou Moyens financiers (26,36%), Bien-être familial/social
(21,82%), Travail (17,27%), etc. Mais si malgré tous les efforts
consentis pour venir à bout de ces maux, l'acteur se voit aux prises
avec des forces occultes ou des maux qu'il lui est difficile de comprendre et
de vaincre facilement, l'insécurité gagne une autre
dimension : il est en insécurité spirituelle. Dans ce cas,
sa quête de solution devient encore plus effrénée, qu'il se
permet parfois de la pousser jusqu'au seuil de l'irrationnel.
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