3.2.2.
L'insécurité spirituelle
Des situations embarrassantes ont cours dans la vie des
citadins ; ce qui relève de l'ordre normal des choses. Mais elles
viennent empirer l'existence déjà fragilisée et
chargée de malheurs paralysants. C'est ainsi que derrière un
problème de santé, des échecs répétés
dans les affaires ou à des examens ou concours, la persistance du
chômage, une rupture de relation conjugale, une difficulté de
conception, etc., chacun appréhende un problème spirituel,
soupçonne un esprit malveillant. Sur ce, la quasi-totalité des
enquêtés, soit 98,18%, pensent que les problèmes dont
souffrent beaucoup de personnes sont à la fois d'ordre matériel
et spirituel et 62 enquêtés sur les 110, soit 56,36%,
déclarent avoir été confrontés à un
problème quelconque de la vie qui, selon eux, aurait eu une source
spirituelle. Parmi ces 62 enquêtés, il se dégage 33 femmes
contre 29 hommes ; ce qui montre que tous les deux sexes sont sujets
à des problèmes spirituels avec un léger écart.
Le phénomène de la confrontation à un
problème d'ordre spirituel est ressenti ou vécu
différemment selon l'âge, la profession ou le niveau
d'études. En effet, la tranche d'âges [25-55[,
considérée comme la plus active, est plus touchée par les
problèmes spirituels que les autres (72,58%). Cela peut se comprendre
dans la mesure où il s'agit des citadins qui donnent l'impression de
réussir dans leur famille ou dans leur quartier à cause de leurs
activités. Aux yeux de tous, ils remuent ciel et terre en dépit
des problèmes liés à la vie en ville, toujours
animés par le souci du progrès. La convoitise des uns et des
autres peut se muer en haine farouche pouvant conduire à nuire à
autrui. C'est ainsi que 77,41% des enquêtés concernés
par les problèmes spirituels sont des artisans, des commerçants
et des fonctionnaires.
S'agit-il d'une présomption subjective pour
justifier la précarité de la situation dans laquelle l'on vit en
voulant trouver un bouc émissaire, pour se libérer moralement ?
Assurément non, d'autant plus que ces acteurs exposent des
problèmes spirituels ou non qui s'inscrivent dans une objectivité
sans précédent. Ils sont les seuls à savoir ce qu'ils
endurent. C'est ce qui fonde leur détermination à vouloir s'en
sortir. Au nombre des problèmes spirituels récurrents dans la vie
des enquêtés, on note l'envoûtement, les maladies
provoquées ou incurables, la sorcellerie, les possessions
démoniaques, etc.
Dès lors, rechercher le sens des infortunes qui se
présentent comme sans issues et qui perturbent l'existence, amenuisent
les maigres ressources, devient légitime. De même, les
problèmes ne sont plus perçus comme susceptibles d'être
résorbés avec les seuls moyens habituels. Par exemple,
« la protection des attaques de la sorcellerie constitue un
impératif. Tous les moyens sont bons pour y parvenir » (Mbodo,
2011, p. 232). Ceci nous conduit donc sur le terrain du marché de la
religion.
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