2. Champ théorique : la sociologie politique
Notre démarche est celle de la sociologie politique. La
sociologie politique se définit comme la science des
sociétés humaines et des faits sociaux, non dans leur
globalité, mais ceux liés au pouvoir, à son organisation,
à son exercice, et à sa transmission au sein des groupements
humains qui prennent aujourd'hui principalement la forme de l'Etat.
Questionner le discours nationalitaire dans le contexte
africain, revient à analyser ses modalités de production, ses
procédures d'énonciation, ses capacités d'invention ou
de
15 S. Duschesne, V. Scherrer, identité(s), Actes du
colloque de la MSHS de Poitiers, Poitiers, 2003.
16
réinvention et ses potentialités de
mobilisation. Gazibo et Thiriot affirment que « le repérage du
politique au-delà de ses aspects formels et institutionnels »
sous-tend « la réhabilitation des individus comme acteurs
politiques, la prise en compte des dimensions endogènes et de
l'historicité des sociétés étudiées, une
même sensibilité pour les dimensions symboliques et culturelles du
politique »16.
L'étude de l'identité en sociologie politique
s'intéressent particulièrement à la citoyenneté
comme forme d'identité politique développée dans les
régimes démocratiques modernes. La citoyenneté est alors
conçue comme une construction identitaire permettant d'asseoir et de
légitimer le pouvoir politique. De façon particulière, les
problèmes d'intégration des particularismes dans une
société relient l'ethnicité, la nationalité et la
citoyenneté au sein des préoccupations qui caractérise la
sociologie politique. D'ailleurs, la définition de la citoyenneté
développée par Marshall en 1949 postule que « c'est
essentiellement, pour tous les membres de société, avoir le
sentiment d'être membre également et à part entière
»17. A sa suite, Kymlicka proposera l'addition à ses
trois catégories des droits culturels. Il affirme à ce propos que
« si le but de la citoyenneté est de faire en sorte que la personne
deviennent membres à part entière de la société et
participe à la vie sociale, alors les gens qui sont exclus de la
société sur le plan culturel, et qui sont incapables de
s'identifier aux institutions et aux coutumes de cette même
société peuvent se voir privés, dans la pratique de la
citoyenneté »18.
La thèse de la reconnaissance de la diversité
culturelle est aussi défendue par Taylor. Il affirme que « non
recognition or misrecognition, can inflict harm, can be a form of oppression,
imprisonning someone in false, distorted, and reduced mode of being.
»19
C'est donc entre ethnie et Etat, entre ethnicité et
citoyenneté, selon la suggestion en filigrane des travaux que nous
évoquions supra, que notre propos s'intègre dans le
champ de la sociologie politique.
16 Gazibo et Thiriot (Dir), Le politique en
Afrique - Etat des débats et pistes de recherche, Paris, Karthala,
p. 110.
17 Kymlicka, La citoyenneté
multiculturelle : une théorie libérale du droit des
minorités, Editions du Broéal(Canada), La découverte
et Syros(France), 2001, p. 22.
18 Ibidem, P.26
19 C. Taylor, Multiculturalisme -
Différence et démocratie, Paris, Aubier, 1994,
P.25.
17
18
|