L'impact des revenus pétroliers sur l'économie d'un pays exportateur. Le cas du Gabon.( Télécharger le fichier original )par Sylvain ENGOANG Université Pierre Mendès France de Grenoble II - Master 2 Finalité Recherche en Economie internationale et stratégies d'acteurs 2006 |
Section 2 : La logique de redistributionAu Gabon, le pétrole est un facteur de stabilité politique et de paix sociale grâce à la logique de redistribution qui prédomine dans le fonctionnement de l'économie. Cette logique de redistribution de la rente pétrolière se traduit par l'ampleur du clientélisme politique et par le maintien d'une structure artificielle des prix et des salaires. Paragraphe 1 : Politique de redistribution et clientélismeEn abandonnant toute politique sociale minimale, les détenteurs du pouvoir étatique ont mis en place une politique de redistribution de la rente visant à faire bénéficier la manne pétrolière à un grand nombre de citoyens, ce qui permet de préserver la paix sociale et d'assurer la pérennité du régime en place. La rente pétrolière est redistribuée directement à la population par les détenteurs du pouvoir étatique lors des visites officielles des autorités politiques dans les provinces et les villages. Cette redistribution prend surtout de l'ampleur pendant les campagnes électorales, dans le seul but d'acheter les consciences des électeurs. 1 M. Mucherie (2005) : Economie du pétrole (II), Pétrole et développement : une chance ou une malédiction ?, p.4, http://www.melchior.fr/melchior/melchior.nsf/html/, consulté le 11 juillet 2006. 2 Transparency International (2005) : « Corruption Percetions Index 2005 », « http://www.transparency.org/layout/set/print/policy_research/surveys_indices/cpi/2005, consulté le 3 août 2006. 32 De manière indirecte, les détenteurs du pouvoir étatique redistribuent la rente pétrolière à travers les réseaux clientélistes qui sont présents à tous les niveaux de la hiérarchie administrative. C'est ainsi que, si elle ne relève pas de la stratégie de l'équilibre géopolitique, la nomination à tel ou tel poste de directeur d'une entreprise publique ou d'un département ministériel revêt plus le caractère de récompense du militantisme de la personne promue que de la consécration de son mérite, comme l'écrit Z. Limam (2005) : « chaque famille, chaque village, chaque région, chaque ethnie doit être représentée quelque part au sommet. Un tel est directeur général d'une société publique, tel autre est au ministère, tel autre encore dans une ambassade... Chacun d'entre nous, y compris le plus modeste, peut se prévaloir d'un parent qui occupe un poste d'envergure »1. Dès qu'elles sont installées à la tête des entreprises publiques ou parapubliques, les personnes nouvellement promues s'octroient des avantages de salaire et en nature. Pour prévenir des grèves dans l'entreprise, ces hauts responsables augmentent également les salaires des employés, ce qui se traduit à terme par un salaire moyen relativement élevé dans les entreprises publiques et parapubliques au Gabon. En dépit de cette volonté de redistribution, les inégalités entre les différentes couches sociales se creusent de plus en plus. |
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