I.1.4 L'inflation par la monnaie
I.1.4.1 La théorie quantitative de la monnaie
Pour les monétaristes l'inflation est l'augmentation
continue du prix des marchandises en terme de monnaie ; On ne peut parler
d'inflation que dans une économie monétaire et dans la mesure
où on utilise la monnaie comme numéraire.
On peut énoncer la proposition symétrique :
l'inflation est la baisse de la valeur de la monnaie en termes de marchandises.
Chaque unité monétaire a un pouvoir d'achat inférieur.
L'inflation concerne plus la valeur de la monnaie que la valeur des produits.
Ce qui détermine la valeur de la monnaie est la demande, comme pour tous
les produits. L'offre de monnaie est déterminée par la banque
centrale et le système bancaire. La banque centrale en a le
contrôle via les réserves obligatoires et la politique d'open
market.
La demande de monnaie dépend de multiples facteurs. En
particulier le taux d'intérêt ; s'il est élevé,
l'individu va préférer placer son argent sur des placements
rémunérés et la demande de monnaie sera faible. Un autre
facteur, qui est le niveau moyen des prix dans l'économie. Quand le
niveau des prix élevé, le montant d'une transaction typique est
important et les gens veulent avoir plus d'argent dans leur portefeuille, on a
une forte demande de monnaie.
Or la valeur de la monnaie est l'inverse de P( valeurs de
biens et services mesurées en monnaie) ; par conséquent, lorsque
la valeur de la monnaie est faible, la demande de monnaie est
élevée.
Le niveau général des prix s'établit
à un niveau qui garantit l'équilibre entre l'offre et la demande
de monnaie.
I.1.4.2 Historique de la théorie quantitative
Cantillon (irlandais, 1680-1733) montre comment la monnaie
agit sur les prix. Excédent commercial => entrée de devises
=> hausse de la demande => hausse des prix.
David Hume (1711-1776): si la quantité de monnaie
double miraculeusement en une nuit, les prix seront multipliés par deux
le lendemain. .
Ricardo et Mill disent : L'inflation est due au gonflement
exagéré de la masse monétaire, à la « planche
à billets », en raison par exemple d'une guerre ou d'un
dérèglement des institutions (abandon de l'étalon or).
Mill affine cette idée en prenant en compte la vitesse de circulation de
la monnaie (V) qui correspond au nombre de paiements qu'effectue la monnaie en
un temps donné.
Irving Fisher (Le pouvoir d'achat de la monnaie, 1911) part
du constat suivant : dans un échange, la valeur des biens
échangés = la valeur de la monnaie fournie en contrepartie.
MV = PY
M : quantité de monnaie
V : vitesse de circulation de la monnaie : nombre moyen de
transactions financées par une même unité monétaire
dans une période donnée
P : moyenne pondérée des prix
Y : production (plus exactement, il s'agit de T, le volume de
transactions pour Fisher)
Cette équation est appelée équation
quantitative car elle lie la quantité de monnaie à la valeur
nominale de la production (P.Y). Si M augmente, P augmente dans la même
proportion.
La théorie quantitative de la monnaie peut se
résumer par deux propositions :
- Le niveau général des prix est fonction de la
quantité de monnaie en circulation
- Le taux de croissance de la MM est la cause de l'inflation.
Friedman publiera en 1956 un livre intitulé,
Théorie quantitative de la monnaie : une nouvelle formulation. Il y
donne une version un peu plus sophistiquée de la théorie
quantitative.
Cependant, l'idée de fond est identique et peut
être résumée à la fameuse formule : «
L'inflation est toujours et partout un phénomène monétaire
» (1963). Il est intéressant de constater que cela rejoint la
formule de Keynes : « Trop de monnaie chassant après trop peu de
biens ». .
L'inflation survient quand la quantité de monnaie
augmente nettement plus vite que la production.
Plus généralement, l'histoire montre que
l'inflation a été toujours accompagnée d'une hausse
à un rythme correspondant de la masse monétaire et que la hausse
de la masse monétaire a toujours été accompagnée
d'une hausse de l'inflation à un rythme proche. Et ce, pour tous les
pays, malgré des contextes politiques et économiques
différents,
- I.1.4.2.1 Le
lien entre la monnaie et les autres causes d'inflation
Les explications réelles et monétaires de
l'inflation ne sont pas incompatibles : des facteurs extra monétaires
peuvent se trouver à l'origine d'un accroissement de la monnaie.
Prenons un cas concret : les producteurs de pétrole
sont capables de restreindre l'offre de pétrole (cartel de l'OPEP). On a
une rareté relative du pétrole par rapport aux autres biens. Donc
une hausse du prix relatif du pétrole. Cette hausse n'a aucune raison
d'entraîner une hausse de la quantité de monnaie. Si la masse
monétaire augmente au même rythme que la production, on va
constater une hausse du prix du pétrole et une baisse du prix des autres
biens. Ce sont les prix relatifs qui changent.
Dans les années 1970, une inondation monétaire a
été pratiquée. Elle a permis de payer le pétrole
plus cher sans réduire la demande ailleurs. En effet, la Banque centrale
est soumise aux pressions de diverses catégories sociales (gouvernement,
banques, producteurs, etc.) ; si elle cède à leurs revendications
et augmente la masse monétaire à un rythme plus
élevé que la production, elle valide les sources de
création monétaire et crée de l'inflation.
|