4.2. Discussion des
résultats
Après avoir présenté et analysé
singulièrement les six cas de notre étude, nous allons faire
à présent une analyse globale en rapport avec les objectifs que
nous nous sommes assigné.
Dans cette démarche, nous avons cherché à
savoir ce qui suit :
- comment se fait le diagnostic des troubles de comportement,
des maladies ou des problèmes psychologiques qui sont des
conséquences de violations des coutumes dans la culture luba ;
- s'il existe des pratiques thérapeutiques
appropriées qui peuvent être utilisées dans plusieurs
circonstances et situations, et par conséquent être
employées comme techniques thérapeutiques en
psychothérapie ;
- comment fonctionne le psychisme à travers la
puissance de la parole lors de l'entretien thérapeutique.
En d'autres termes, nous allons analyser tous les cas en
tenant compte des aspects diagnostics, thérapeutiques et le
fonctionnement du psychisme lors de cet exercice thérapeutique.
4.2.1. Aspects diagnostics
Au cours du deuxième chapitre de cette étude,
nous avons cité Katanga TSHITENGE pour qui toute maladie chez les Baluba
est considérée comme conséquence d'un péché
commis soit par le patient lui-même ou par ses parents avant l'âge
de raison et que les véritables causes devraient être
découvertes afin de pouvoir demander l'intervention des esprits ou des
ancêtres.
Nous avons également souligné le fait que le
diagnostic dans cette culture, est souvent posé lorsque la situation est
devenue critique, voire même irréversible.
Dans le cas du Vieux Lambert, comme celui de Tatu, l'on
constate que nous sommes devant des patients dont les corps entrent
déjà en décomposition, les intéressés
plongés dans un coma profond, mais continuent à vivre. Ils se
battent entre la vie et la mort. Voilà une indication que quelque chose
ne va pas et il faut une intervention. C'est à ce stade que l'on fera
appel ou qu'interviendra le personnel soignant, en l'occurrence le vieux sage
de la famille ou le chef de famille investi des pouvoirs de guérison.
L'histoire personnelle du Vieux Lambert ou l'analyse psychodynamique va
révéler qu'il avait des fétiches devant le rendre
invulnérable et immortel. Ce genre de fétiches usurpent les
pouvoirs ancestraux du fait que le détenteur se place à l'abri de
tout contrôle familial et clanique. Mais comme tous ces fétiches
ont toujours des termes, les esprits ancestraux attendent
l'intéressé en fin terme pour lui demander des comptes. Cette
situation met le Vieux Lambert comme Tatu en ballotage ne sachant quoi faire.
Il faut un aveu (kutula diyi) sous quelque forme que ce soit afin
d'entamer toute autre thérapie.
Le cas de ya Mbombo qui a commis l'adultère avec son
beau-frère (un cas d'inceste comme cela s'est produit avec un personne
ayant des liens familiaux) suscite un diagnostic presque similaire car l'on
constate qu'elle fait plusieurs jours de travail d'accouchement sans que
l'enfant ne naisse. Cette situation qui dépasse les sages femmes va
au-delà de l'obstétrique et il faut rechercher les causes, faute
de quoi Ya Mbombo risque la mort. Il s'agit d'un patient dont l'état est
également critique. Le blocage de l'accouchement chez Ya Mbombo permet
de détecter un problème lié à la violation de
coutumes. Les femmes sages ou les aides accoucheuses, si elles sont
préparées ou initiées à diagnostiquer l'existence
d'un problème particulier qui nécessite une prise en charge
spéciale, elles arrivent à denouer la situation. C'est ce qui
conduit à un entretien clinique qui permet à Ya Mbombo de faire
son aveu et libérer l'accouchement.
Le cas Mankashi, renseigne comment le comportement
inadapté d'un parent vis-à-vis des ses enfants peut rendre les
enfants agressifs et les frustrations générées par la
maltraitance d'un parent sont détectées à travers
l'expression des enfants et comment elles développent les
mécanismes de défense pour parer à cette situation. La
technique de pilon et mortier qui est répandue dans plusieurs village
où l'on peut entendre les femmes se défouler en chantant, en
lançant des proverbes et anecdotes sous forme des chants pour exprimer
les difficultés ou les violences dont elles sont victimes soit de la
part de leurs maris, ou encore de la part de leurs belles familles.
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