4.2.2. Aspects
thérapeutiques
Nous avons compris que la thérapie est une aide ou une
modification de comportement d'un individu tendant à supprimer ou
à atténuer sa souffrance, son mal à l'aise ou créer
une situation harmonieuse pour un individu ou un groupe d'individus. Les cas
que nous avons étudiés nous montrent comment on arrive dans cette
culture à aider les personnes qui ont des problèmes à soit
les supprimer, soit en atténuer l'ampleur. Pour certains comme Vieux
Lambert et Tatu, il leur fallait mourir pour aller se reposer en paix et leur
éviter toutes les souffrances qui n'avaient que trop duré.
Pour Ya Mbombo, le fait de l'amener à avouer son acte
d'adultère l'a aidé à accoucher et arrêter ses
souffrances, bien que pour ce cas, la thérapie se fait en deux temps. Il
y a d'abord la thérapie instantanée qui vise à trouver une
solution immédiate. Cette thérapie est parfois
éphémère, car il peut y avoir des récurrences
d'où le deuxième temps qui consiste en une réparation
publique. Notons ici que notre intérêt a été plus
dans la quête d'une solution immédiate, mais nous attirons
l'attention de l'intéressé de pouvoir poursuivre la
thérapie au niveau familial avec des rites de réparation pour une
solution définitive ou durable. Somme toute, pour le psychologue
clinicien ou la sage femme, le fait d'avoir aidé la femme à
accoucher est le plus important.
Le Cas Washington nous montre comment le nom joue un
rôle très important dans la thérapie. Le nom est
chargé d'un pouvoir psychique d'éveiller la conscience.
Washington, en plein coma, a su se réveiller grâce au nom de
puissance que son fils a eu à prononcer.
Dans le cas Mankashi, il s'agit d'une auto thérapie.
Les deux filles ou nièces de Mankashi par le fait d'exprimer les
frustrations en chantant, elles sont dans un processus thérapeutique.
Cela va de même de toutes ces femmes qui expriment leurs angoisses, leurs
chagrins, les déshonneurs, leurs souffrances en pillant et en chantant,
ou en confiant leurs difficultés à des personnes de confiance,
mures et expérimentées. Raconter son chagrin à un ami, un
proche constitue en soi une libération du lourd fardeau qu'on a sur la
conscience..
L'aspect thérapeutique trouve son sens dans le fait
que le problème posé trouve de solution immédiate qu'elle
soit temporaire ou définitive. Il nous revient d'envisager d'autres
voies qui aideraient les patients à obtenir des solutions beaucoup plus
durables.
4.2.3. Le Fonctionnement du
psychisme
Nous nous plaçons ici dans un contexte d'entretien
clinique entre le personnel soignant qui peut être un guérisseur
traditionnel ou un psychologue clinicien. Au centre d'entretien la parole reste
l'élément clé pour réaliser
l'intersubjectivité. Benony et Chahroaoui (2003) disent que l'entretien
vise à appréhender et à comprendre le fonctionnement
psychologique d'un sujet. Ceci fait appel à la théorie
psychanalytique freudienne où l'on considère la psychanalyse
comme une technique d'analyse du psychisme et permet donc d'accéder
à l'inconscient des individus. Et dans cette démarche, on peut
arriver à provoquer une abréaction chez le sujet qui produira une
catharsis. Cet effet est une réponse au stimulus du psychisme.
Pour les neurosciences, tout se passe dans le cerveau et que
le psychisme humain n'est qu'une résultante des connexions et
interactions des neurones au niveau du cerveau. Mais ces recherches sont encore
en cours. Jean-Jacques Pinto (2011) évoque une pseudoconvergence entre
les neurosciences et la psychanalyse.
Les neuroscientifiques parlent da la polarisation des neurones
qui sont chargés positivement et négativement. Cette
énergie qui découle des neurones selon les neurosciences,
explique en quelque sorte les pouvoirs que détiennent les
guérisseurs (les nganga) qu'ils soient medium, devin ou chef de clan
tels que décrits au deuxième chapitre et leur permet de
pénétrer l'espace psychique ou l'inconscient d'un individu et
lire les archives contenant les affects, les traumatismes ou les
événements de l'histoire individuelle du patient afin de proposer
une thérapeutique. Outre les neurosciences, les expériences
faites dans le cadre de parapsychologie expérimentale démontrent
aussi comment cette intersubjectivité marche dans la
phénoménologie de la perception extra sensorielle.
Les cas Lambert, Tatu, Washington et Mbombo, se rangent dans
cette logique où l'on utilise la parole pour éveiller la
conscience, la parole qui contient une énergie nécessaire pour
mettre en contact le personnel soignant et le psychisme du patient afin
d'aboutir au résultat escompté.
Dans le cas Washington, le fait de prononcer ce nom
spécial « Washington » réveille ce patient
qui était dans un coma profond. Ceci démontre la puissance que
possèdent certains noms que portent les individus. Cette réaction
est l'effet d'une métacommunication entre deux individus.
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