Idées politiques et révolutions au Maghreb arabe.( Télécharger le fichier original )par Joseph APOLO MSAMBYA Université Officielle de Bukavu - Licence en Relations Internationales 2010 |
§5. Les conséquences de la révolution égyptienneA l'issue de la révolution, le pays a connu une situation économique catastrophique. La plupart des bourses des pays du Golfe ont lourdement chuté172. Le dernier fournisseur d'accès à Internet, Noor, utilisé par la Bourse du Caire, les banques et les grandes entreprises a été coupé. Les évacuations des ressortissants étrangers s'est vite accéléré : touristes, hommes 167 « La suisse bloque les fonds de la famille Moubarak », édicté sur le http://www.rsr.ch/#/info/les-titres/suisse/2953127-la-suisse-bloque-les-fonds-de-la-famille-moubarak.html, consulté le 21 mai 2011. 168 « L'Egypte se prépare à la marche du million de l'opposition » in Le Monde, édicté sur le http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2011/01/31/l-armee-juge-legitimes-les-revendications-du-peuple-égyptien_1473315_3218.html, mis en ligne le 31 janvier 2011, consulté le 17 avril 2011. 169 « PERES: We owe Mubarak our gratitude », édicté sur le http://www.ynetnews.com/article/0,7340,L-4021787,00.html, consulté le 21 mai 2011. 170 Cécile HENNION, « Les Frères musulmans font profil bas » in Le Monde, édicté sur le http://www.lemonde.fr/afrique/article/2011/01/29/les-freres-musulmans-font-profil-bas_1472352_3212.html, mis en ligne le 30 janvier 2011, consulté le 17 avril 2011. 171 YANN MENS, « Un nouveau monde arabe : l'Arabie saoudite choquée » in Alternatives internationales, n°50, trimestriel/mars 2011, p.8. 172 « Egypte: les Bourses du Golfe, à l'exception de l'Arabie, dans le rouge » in AFP/Le Parisien, édicté sur le http://www.leparisien.fr/flash-actualite-economie/egypte-les-bourses-du-golfe-a-l-exception-de-l-arabie-dans-le-rouge-30-01-2011-1277388.phparticle, mis en ligne le 30 janvier 2011, consulté le 21 mai 2011. Idées politiques et révolutions au Maghreb arabe. 71 d'affaires, les multinationales, etc. Le secteur hôtelier a annoncé une baisse de 25 % de son taux d'occupation, qui pourrait cependant être compensée par de nouvelles attractions, dont le tour des hauts lieux de la révolution. Egalement aussi, la victoire de la révolution s'est accompagnée de la visibilité totale du mouvement de la confrérie des Frères musulmans qui apparaissaient comme une force politique à part entière avec laquelle il faudra compter, alors que jadis ledit mouvement a toujours été présent sur la scène politique, mais seulement en creux, sans jamais avoir été agréé en tant que parti, ni a fortiori, associé à la gestion du pays173. Cette visibilité de la confrérie des frères musulmans vient réinscrire à l'agenda des réformes politiques et/ou religieuses la question de l'islam politique174. Signalons que la confrérie des Frères musulmans est une association des frères musulmans - Jamaat al - Ikhwan al - Mouslimine en arabe - créée en 1928 par HASSAN -AL-BANNA, un instituteur d'obédience soufie. Elle a pour slogan « l'islam est la solution » et pour objectif, à l'origine, l'instauration d'un État islamique dont le coran serait la constitution. Pour y parvenir, la confrérie privilégie l'islamisation de la société par le bas plutôt que la prise du pouvoir par la force. Jusqu'à aujourd'hui, ce mouvement n'a jamais reçu le statut du parti politique175. La transformation en porte-parole des manifestants de la place Tahrir de l'ancien directeur général de l'AIEA (Agence Internationale de l'Énergie Atomique), Mohamed El-Baradei, qui, jusque l'an passé, ne s'était pas préoccupé de la politique égyptienne, montre à quel point le pays ne disposait pas de figure d'opposant crédible. On avait certes pris l'habitude de considérer les Frères musulmans comme les opposants par excellence, mais ce mouvement n'avait jamais tenté ou réussi à franchir les limites que les gouvernants mettaient à ses activités176. Fondamentalement conservateur, il souhaitait que le régime change sans que l'ordre cesse de régner. Ce mouvement avait organisé des événements plus que des manifestations - on y comptait que quelques centaines de personnes - sans que les choses aboutissent réellement. Puis en 2008, il y avait eu le lancement d'une journée de protestation 173 Cherif OUAZANI, « Égypte : le printemps des Frères » in Jeune Afrique, n°2614, du 13 au 19 février 2011, pp.36-39. 174 AHL-ASSANE ROUAMBA, « Égypte-révolution : les frères musulmans et la transition égyptienne », édicté sur le lien Internet http://www.afriquejet.com/afrique-du-nord/egypte/egypte-revolution:-les-freres-musulmans-et-la-transition-egyptienne-20110208689.html, consulté le 06 juin 2011. 175 Cherif OUAZANI, Op. Cit., pp.36-37. 176 Jean-Noël FERRIE, « Un nouveau monde arabe : une révolution sans opposition » in Alternatives internationales, n°50, Trimestriel/Mars 2011, p.15. Idées politiques et révolutions au Maghreb arabe. 72 durant laquelle les gens devaient cesser leur activité et rester chez eux. L'événement n'avait pas atteint son but. Commentaire Hosni Moubarak n'a pas été chassé du pouvoir sous la pression d'une opposition politique crédible, mais par une agrégation de mécontentements qui a pris corps après la chute de Zine El-Abidine Ben Ali en Tunisie. La place Tahrir reste le symbole de la révolution égyptienne, même après les différents changements de gouvernement. C'est sur cette place que le nouveau premier ministre, Essam Charaf, qui avait remplacé Ahmed Chafik chassé par les Tahrites, était venu prendre un bain de foule et proclamer son allégeance au peuple lors de la manifestation du 4 mars177. Ce qui s'était passé à la place Tahrir doit pourtant être situé dans la postérité des tentatives visant à agréger un nombre croissant de citoyens sur la base du désir de démocratie car, plusieurs mouvements avaient déjà été organisés depuis 2008 pour obtenir le changement, mais en vain. Ce qui avait fait défaut aux précédentes tentatives, c'était en quelque sorte le ferment de l'espoir partagé que « ça pouvait marcher » sous Moubarak. Mais, c'est à vrai dire le départ de Ben Ali qui est venu donner une réalité à cet espoir. Cette victoire de la démocratie n'est donc pas une victoire de l'opposition178. |
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