III.3. REVUE DE LA LITTERATURE EMPIRIQUE
En marge de ces études théoriques, la question
de la mesure de l'efficience en général et celle de l'impact des
dépenses publiques sur la croissance économique en particulier a
fait l'objet de nombreuses analyses empiriques. Ainsi, cette sous-section fait
une synthèse des principales études d'une part sur la mesure de
l'efficience plus précisément dans le secteur de la santé,
et d'autre part sur l'impact des dépenses publiques sur la
croissance.
III.3.1. Littérature empirique sur la mesure de
l'efficience
Le caractère multidimensionnel de la santé
(multi outputs / multi inputs) avec la difficulté de modéliser
son processus de production (problème de choix de la forme
fonctionnelle) sont l'une des raisons pour lesquelles de nombreux auteurs se
sont intéressés dans leurs études à la mesure de
l'efficience des services de santé. Nous allons présenter
25 La théorie de la bureaucratie de son auteur
Max Weber (1922) s'est développée aux Etats-Unis dans les
années 70 avec les travaux de Niskanen (1968 et 1971).
Mémoire rédigé par AJOULIGA DJOUFACK
Hermann Blondel 39
Efficience des dépenses publiques de santé et
croissance économique en zone CEMAC
quelques-unes de ces études afin d'avoir une vision
globale sur les méthodes, les différents inputs et outputs
choisis par les auteurs.
En 2001, Gupta et Verhoeven ont appliqué une fonction
déterministe de la frontière de production à un panel de
données provenant de 85 pays (38 de ces derniers sont des pays
africains) sur la période 1984 et 1995. Ils ont défini la
frontière de l'espérance de vie et du taux de mortalité
infantile et utilisé les dépenses publiques moyennes par habitant
de la santé comme intrants dans le processus de production. La
méthode qu'ils ont utilisée est la FDH à orientation
input. Les résultats de ces travaux montrent que les dépenses
publiques de santé en Gambie, Guinée, Ethiopie et Lesotho sont
plus efficientes que dans d'autres pays tel que la Botswana, le Cameroun, la
Côte d'Ivoire et le Kenya. Ces résultats montrent en outre que les
pays asiatiques sont les plus efficients et que les pays africains sont les
moins performants dans la production des services de santé. Ceci peut
s'expliquer d'une part, par les salaires (du personnel santé)
relativement élevés en Asie et faible en Afrique, et d'autre part
pa la mauvaise allocation intra sectorielle des ressources dans les pays
africains (Antonio Afonso and Miguel ST. Aubyn, 2004). L'étude a
été critiquée, du fait que les résultats obtenus
exclus la contribution du secteur privé car les auteurs n'avaient inclus
que les dépenses du gouvernement. Evans et al. (2001) a
mesuré l'efficience des systèmes de santé de 191 pays sur
un panel à effet fixe entre 1993 et 1997. Les inputs choisis sont les
dépenses de santé ainsi que le nombre moyen d'éducation de
la population adulte. Pour l'output, il a été mesuré par
l'espérance de vie corrigée par l'incapacité. Jayasuriya
et al. (2003) sur un échantillon de 76 pays en développement
entre 1990 et 1998 ont mesuré l'efficience de l'offre des services de
santé. Les inputs utilisés sont les dépenses totales de
santé par tête et le taux d'alphabétisation et l'indicateur
d'output utilisé est l'espérance de vie à la naissance.
Herrera et Pang (2005) ont mesuré l'efficience
des systèmes de santé de 140 pays en développement entre
1996 et 2002 selon deux méthodes DEA et FDH suite à une
orientation input et output. Les inputs utilisés sont les
dépenses publiques de santé par tête, les dépenses
privées de santé par tête et le taux
d'alphabétisation des adultes. Pour les outputs ils ont choisi
l'espérance de vie à la naissance, l'espérance de vie
corrigée de l'incapacité et les taux de vaccination des enfants
contre la rougeole. Les auteurs ont effectué les estimations selon de
nombreuses spécifications de la fonction de production de la
santé mais seulement avec la méthode non paramétrique.
Antonio Afonso et St. Aubyn (2005) ont opté pour la même
méthode que Herrara et Pang (2005) mais cette fois ci appliquée
aux pays de l'OCDE en 2002. L'orientation input est celle utilisée dans
les deux méthodes. Les outputs choisis sont le taux de mortalité
infantile et l'espérance de vie à la naissance. La critique mise
en avant ici concerne le choix des outputs qui ne sont pas adaptés aux
situations sanitaires des pays développés. Les auteurs ont
adoptés des inputs physiques : le nombre de médecins, le nombre
d'infirmiers et le nombre de lits d'hôpitaux (pour 1000 habitants).
Dans une étude sur la mesure de l'efficience des
dépenses publiques d'éducation et de santé dans les pays
en voie de développement dans la période 1990-2002, Saoussen Ben
Romdhane (2006) a montré sur la base de la méthode DEA que les
pays en développement sont seulement efficients à 30% dans la
production de tels services. L'input retenu était les dépenses
annuelles moyennes par tête sur la période 1990-2012 et
l'output
Mémoire rédigé par AJOULIGA DJOUFACK
Hermann Blondel 40
Efficience des dépenses publiques de santé et
croissance économique en zone CEMAC
le nombre moyen de lits dans les hopitaux pour 1000 habitants.
Dans la même lancée, Damas Hounsounon (2009) a
procédé à l'estimation des scores d'efficience des
dépenses publiques d'éducation et de santé dans la zone
UEMOA avant d'étudier l'impact de ces scores estimés sur la
croissance à travers un modèle de croissance endogène. Les
scores d'efficience ont été estimés au moyen de la
méthode d'enveloppement des données à la Malmquist
(DEA-Malmquist), technique non paramétrique ayant l'avantage de ne pas
exiger de spécification explicite de la relation liant l'input à
l'output et de considérer l'évolution de l'environnement
technologique pouvant influencer sur l'efficience. Les résultats de ces
estimations montrent qu'en moyenne sur la période
considérée, les dépenses socio- publiques
d'éducation et de santé ne sont pas efficientes même si les
degrés d'efficience ne sont pas très faibles et que les
dépenses publiques sont gaspillées à près de 27% et
de 55% en moyenne respectivement pour l'éducation et la santé.
Ces résultats présagent que les dépenses sociales en
matière d'éducation et de santé sont plus ou moins
rationnelles. Mais ce résultat peut être dû au non prise en
compte de l'effet du secteur privé. En effet, les domaines de la
santé et de l'éducation sont deux domaines qui sont
considérablement explorés par le secteur privé.
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