II.2. Etat de santé en zone CEMAC
Selon les données de la Banque mondiale (Indicateurs du
développement dans le monde, 2015), l'Afrique subsaharienne en
particulier les pays de la sous-région d'Afrique centrale restent encore
en proie à des maladies transmissibles et les maladies à fort
potentiel épidémique. La persistance du VIH/SIDA, du paludisme et
d'autres maladies dégénératives est à l'origine de
la paupérisation croissante de la population. Toutefois, malgré
la faiblesse des ressources allouées par les pays dans ce secteur,
l'espérance de vie à la naissance5dans tous les pays
de la zone a progressé jusqu'aux années 2011 et 2012 avant de
connaître une chute à l'année 2013 suite à la
décroissance des dépenses publiques de santé. Par ailleurs
le taux de survie des enfants de moins d'un an a considérablement
baissé passant de 92,5 % pour 1000 naissances vivantes dans les
années 1996 à 65% en 2013 pour l'ensemble de la zone. Les figures
(2.2) et (2.3) donnent l'évolution de l'espérance de vie à
la naissance et du taux de mortalité infantile6 des
différents pays de la sous-région sur toute la période
d'étude.
Figure 2.2 : Evolution de l'espérance de
vie à la naissance en zone CEMAC de 1996-2013
Cameroun Congo Gabon Guinée E RCA TCHAD
Espérance de vie à la naissance
70
60
50
40
30
20
10
0
Années
Source : Construction de l'auteur
à partir des données extraite du WDI de la BM (2014).
5 Elle est le nombre moyen d'années que peut
espérer vivre un nouveau-né si les conditions de mortalité
prévalant au moment de sa naissance demeuraient inchangées durant
toute sa vie.
6 Le taux de mortalité infantile, qui mesure
la proportion de décès parmi les nourrissons et les enfants de
moins d'un an, fournit une indication de l'impact de la situation
économique et sociale d'un pays ainsi que des caractéristiques et
de l'efficacité des systèmes de santé sur la santé
des mères et des nouveau-nés.
Mémoire rédigé par AJOULIGA DJOUFACK
Hermann Blondel 10
Mémoire rédigé par AJOULIGA DJOUFACK
Hermann Blondel 11
Efficience des dépenses publiques de santé et
croissance économique en zone CEMAC
Taux de mortalité infantile
120
100
40
20
60
80
0
Figure 2.3 : Evolution du taux de
mortalité infantile en zone CEMAC
de 1996-2013
Années
Cameroun Congo Gabon Guinée E RCA TCHAD
Source : Construction de l'auteur
à partir des données extraite du WDI de la BM (2014).
La RCA est le pays le plus pauvre de la sous-région
CEMAC. Selon l'indice de développement humain (IDH) de 2013 du
PNUD7, la RCA occupe la 185e place sur 187 pays. Le taux
de mortalité maternelle pour 100 000 naissances est de 890, tandis que
le taux de mortalité infantile est de 108 pour 1 000 naissances et celui
des enfants de moins de 5 ans est de 129 pour 1 000 naissances. Ce pays,
où l'espérance de vie est de 45,2 ans, se caractérise par
un accès limité aux services sociaux de base et par des crises
humanitaires à répétition. Ces dernières
décennies, le pays a souffert de problèmes de gouvernance et d'un
manque d'investissement dans le développement humain fondamental, qui
ont fortement entravé l'accès aux services publics et
suscité des conflits armés récurrents. La RCA occupe la
3e place de l'indice des États fragiles 2014 du Fonds pour la
paix. Une des raisons de la dégradation de ces indicateurs est la
couverture insuffisante de la population par les services sanitaires. En effet,
la RCA ne compte qu'un médecin pour 21.000 habitants, et moins de la
moitié de la population vit à une distance raisonnable (moins de
cinq kilomètres) d'une formation sanitaire. Seuls 20% des foyers en
milieu urbain et 35% en milieu rural ont accès à l'eau potable.
Corrélativement, la prévalence des maladies diarrhéiques
chez les enfants de moins de cinq ans est de 26%.
Vaste pays enclavé, à faible densité de
population (12.825.314 habitants) le Tchad est un pays pauvre et fragile
(occupant la 6eplace de l'indice des États fragiles 2014)
dont
7 Programme des Nations unies pour le
développement (PNUD)
Mémoire rédigé par AJOULIGA DJOUFACK
Hermann Blondel 12
Efficience des dépenses publiques de santé et
croissance économique en zone CEMAC
certains indicateurs de développement sont les plus
mauvais au monde. 60% du territoire national est désertique, 25 % fait
partie de la ceinture semi-aride du Sahel et les 15 % restants sont soumis
à des conditions climatiques pratiquement subtropicales, mais sont
sujets aux inondations. En 2013, le Tchad occupait la 184e place
avant la RCA de l'IDH du PNUD. L'espérance de vie à la naissance
est de 51,2 ans. Le taux de mortalité infantile est de 100,58
pour 1 000 naissances, tandis que le taux de mortalité maternelle pour
100 000 naissances est de 980. 22% des enfants présentent un poids
faible à la naissance selon l'Unicef. Traditionnel pays d'accueil de
réfugiés, le Tchad traverse une crise nutritionnelle
prolongée, surtout dans ses 10 régions du Sahel, et est
confronté à des chocs alimentaires récurrents. Par
ailleurs, le pays est sujet aux catastrophes naturelles telles que les
inondations, les sécheresses et les épidémies. Le risque
de choléra, de rougeole, de fièvre jaune et de malaria est
constamment élevé.
L'espérance de vie à la naissance au Congo a
progressé de 54,6 ans en 2006 à 61,7 ans en 2013. Selon la
commission européenne des nations unies pour le Congo en 2015,
l'espérance de vie des femmes (63,2 ans en 2013) reste supérieure
à celle des hommes (60,2 ans en 2013). La mortalité des enfants
de moins de cinq ans a considérablement baissé depuis 2005,
époque à laquelle le taux était de 117 décès
pour 1 000 naissances vivantes. À partir de 2007 la mortalité a
entamé une baisse progressive et a atteint le niveau le plus faible en
2013 (49,1 décès pour 1 000 naissances vivantes). La
mortalité infantile a également connu une baisse en passant de
61,6 à 35,6 décès pour 1 000 naissances vivantes entre
2005 et 2013. Cette évolution à la baisse des taux de
mortalité depuis 2005 traduit l'amélioration du système
sanitaire. Les responsables congolais poursuivent les axes stratégiques
de renforcement de l'offre de santé et d'amélioration de la
qualité des soins. La priorité a été
accordée à la construction et à la réhabilitation
des infrastructures, ainsi qu'au renforcement des capacités des
ressources humaines. Ces mesures, combinées à la mise en place de
dispositifs de gratuité, ont permis d'améliorer l'accès
aux soins. En ce qui concerne la santé maternelle, on enregistre encore
un nombre élevé de décès maternels au Congo
même si des progrès ont été accomplis par rapport
à 1990. En effet, le taux de mortalité maternelle pour 100 000
naissances vivantes a été ramené de 670 en 1990 à
410 en 2013 (Division de statistique de l'ONU, 2014). Il est à noter que
du point de vue du pourcentage de naissances assistées par un personnel
de santé qualifié, les résultats sont meilleurs avec
près de 94 % en 2012 (Division de statistique de l'ONU, 2015).
S'agissant du Cameroun. L'espérance de vie à la
naissance au Cameroun est passée de 47,3 ans en 1975 à 55,1 ans
en 1990, avant de baisser à 51,4 ans en 2009, selon l'Institut national
de la statistique. Il est à noter que la Banque mondiale situait
l'espérance de vie au Cameroun à 55 ans en 2013. Selon l'Institut
national de la statistique (2015), le quotient de mortalité infantile a
été réduit d'environ 4 % dans la période 1993-2015,
en effet le taux de mortalité infantile a lentement diminué de
146 pour 100 000 naissances en 2001 à 122 en 2011, alors que l'objectif
national est fixé à 76 d'ici à 2015. Quant à la
mortalité infanto-juvénile, la réduction a
été en moyenne de plus de 30 %. Ces
8 Banque mondiale - Indicateurs du
développement dans le monde 2013.
Mémoire rédigé par AJOULIGA DJOUFACK
Hermann Blondel 13
Efficience des dépenses publiques de santé et
croissance économique en zone CEMAC
résultats reflètent les efforts consentis par le
Gouvernement, notamment dans la couverture vaccinale des enfants de 12 à
23 mois et la gratuité des soins contre le paludisme pour tous les
enfants de moins de 5 ans. Concernant la santé maternelle, la situation
s'est dégradée. En effet, le nombre de décès chez
les femmes a augmenté, passant de 669 décès pour 100 000
naissances vivantes sur la période 1997-2004, à 782
décès sur la période 2004-2011. Par ailleurs, le profil de
mortalité du Cameroun est marqué par des maladies infectieuses,
notamment le paludisme, le VIH/SIDA, le choléra qui ont ramené le
territoire camerounais à la 152e place de l'IDH de 2013 du
PNUD.
Malgré ses bons niveaux, notamment avec un IDH qui
passe de 0.628 en 2005 à 0.648 en 2010 à 0,683 en 2013, classant
le Gabon au 106e rang sur 187 pays et un statut de pays à
revenu intermédiaire, les indicateurs sociaux du Gabon restent faibles
par rapport aux pays à niveau de revenu similaires. Un tiers de la
population (soit 32% selon le PNUD, 2013) vit toujours en dessous du seuil de
la pauvreté. La santé, considérée comme prioritaire
par les autorités gabonaises en vue d'éradiquer la
pauvreté, reste encore un des secteurs les plus en difficulté. Le
VIH/SIDA, le paludisme et les autres maladies pandémiques demeurent les
premières causes de mortalité au Gabon avec les taux de
prévalence respectifs de 66% et 5,2% en 2009 pour le paludisme et le
VIH/SIDA. Selon l'organisation mondiale de la santé 2013, le pays
présente toujours d'énormes carences avec un mauvais
fonctionnement des départements sanitaires, des soins de santé
primaire très insuffisants, de fréquentes ruptures de stock de
médicaments dans les structures sanitaires de base, la faiblesse du
cadre institutionnel et l'insuffisance des financements. Néanmoins la
longévité de la population gabonaise a connue des avancées
les plus importante de la sous-région l'espérance de vie à
la naissance est passée de 60,9 ans dans les années 1996 à
63,1 ans en 2012 pour ensuite connaitre une chute où elle
s'établissait à 57,4 ans dans les années 2013 suite
à la décroissance des dépenses publiques dans ce secteur.
Le taux de mortalité infantile quant à lui a connu une
amélioration significative sur toute la période d'étude,
soit une baisse de 30% depuis les années 1996, passant de 57,4 pour 1000
naissances vivantes en 1996 à 39,1 en 2013.
Depuis 1996, la Guinée équatoriale, est
engagée dans le processus de réforme du secteur santé qui
vise à adapter le système de santé aux besoins en
santé croissants de la population et aux objectifs globaux du
développement du pays. Toutefois, en dépit des performances
économiques du pays due à la recrudescence des exportations
d'hydrocarbures qui ont permis à l'économie
équato-guinéenne d'afficher une croissance rapide et soutenue
depuis 1991 ; le défi principal du pays reste l'utilisation de sa
richesse pétrolière afin d'améliorer la situation sociale
du pays. Selon le DSP (document de stratégie du pays) 2013-2017 de la
banque africaine de développement, la population
équato-guinéenne vit dans des conditions précaires de
santé ; trois quart de la population sont considérées
comme pauvres, soit 76,4%. Ce résultat reflète la
détérioration de l'indice de développement humain du pays
ces dernières années reculant la Guinée Equatoriale du
115ème rang sur 176 pays en 2008 au 136ème
rang sur 187 pays en 2012. Selon l'UNICEF, le taux de mortalité
infantile s'est accru de 103 décès pour 1000 en 1990 à 124
pour 1000 en 2006 (supérieure à la moyenne des pays d'Afrique
subsaharienne qui es de 96 pour 1000 naissances) imputant cela à la
faible couverture vaccinale face à la
Mémoire rédigé par AJOULIGA DJOUFACK
Hermann Blondel 14
Efficience des dépenses publiques de santé et
croissance économique en zone CEMAC
recrudescence des maladies infectieuses dans le pays.
L'espérance de vie à la naissance de 47,7 ans en 1996 à
52,61 ans en 2012 restant tout de même inférieure à la
moyenne des pays d'Afrique (58,1 ans en 2012).
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