C- FINALITE
Le but de l'histoire est d'abord universel, mais peut aussi
dans un moment varier d'un pays à un autre. Sur la finalité
universelle de l'histoire, Etienne Gilson pense que `' Ce n'est pas pour nous
débarrasser d'elle que nous étudions l'histoire, mais pour sauver
du néant le passé qui s'y noierait sans elle ; c'est pour faire
que ce qui, sans elle, ne serait même plus du passé, renaisse
à l'existence dans cet unique présent hors duquel rien
n'existe»17. Dans le même sens, Cheikh Anta Diop
affirmait : `'le rôle de l'histoire dans l'existence d'un peuple est
vital. L'histoire est l'un des éléments qui permettent la
cohésion des différents éléments d'une
collectivité. Sans la conscience historique, les peuples ne peuvent
être appelés à de grandes
destinées»18. La conscience historique est le ciment qui
lie les individus d'un peuple. L'historicité est le privilège
propre qu'a l'homme d'avoir conscience de vivre dans l'histoire. La
connaissance du passé est la première condition de la
réalisation de la conscience historique. L'individu qui veut s'assumer
est donc invité à se pencher sur son histoire par une recherche
patiente et résolue qui se déploie entièrement sur le
terrain scientifique.
L'histoire permet de replacer les évènements
actuels dans leur contexte historique. Elle permet de mieux comprendre les
enjeux actuels. Ce type d'apprentissage sera d'autant plus efficient si
l'élève a été amené à historiciser
les événements, c'est-à-dire à les replacer dans
une perspective de longue durée et à confronter les
interprétations, favorisant ainsi le développement d'une posture
rationnelle et d'un esprit critique. Une telle démarche forge les bases
d'une formation citoyenne conduisant à l'exercice d'une
«participation civique éclairée». Au Cameroun,
l'enseignement de l'histoire relève deux enjeux. Développer
l'esprit critique et la formation du citoyen. Ainsi à travers
l'histoire, on attend que le jeune camerounais ait un esprit de critique. Car
cette discipline hors d'être celle qui crée les opposants ou les
contestataires est celle qui ouvre l'esprit. Elle sort l'homme de la caverne,
de la mémoire collective, des stéréotypes, des
préjugés bref d'un mensonge officiel ou non officiel qui a fait
son temps. L'apprentissage de cette discipline arme l'individu une
faculté de jugement objectif et rigoureux. L'homme n'est plus un «
tabula rasa »19. Mais il peut
17 L-E. Halkin, initiation à la critique,
p. 21.
18 http : //geohistoire 20. Wordpress. Com/
19 Terme employé dans les sciences de
l'éducation dans le modèle transmissiviste. Il désigne
l'élève comme un récepteur, un vase vide dans lequel
l'enseignant déverse ses connaissances. A l'opposé au
modèle constructiviste ou l'apprenant est l'acteur dans son
apprentissage. (S. Belinga Bessala, Didactique et professionnalisation des
enseignants, Yaoundé, Edition CLE, 2005.pp. 39-40).
construire les informations historiques à partir de ses
critiques appuyées sur ses diverses lectures.
La fonction de la formation du citoyen camerounais par
l'histoire est bien définie par la loi d'orientation de 1998. En effet,
cette loi stipule que l'éducation a pour objectif :
- La formation de citoyen enracinés dans leur culture,
mais ouverts au monde et respectueux de l'intérêt
général et bien commun.
- La formation aux grandes valeurs éthiques
universelles que sont la dignité et l'honneur, l'honnêteté
et l'intégrité ainsi que le sens de la
discipline20.
Au regard du contenu des enseignements de l'histoire, elle est
la discipline la mieux placée à doter cette formation aux jeunes
camerounais. Car la culture, élément civilisation d'un peuple est
un objet de l'histoire. A travers l'enseignement de l'histoire, les jeunes
élèves héritent de celle de leurs ancêtres. Sans se
délier à cette histoire, nous tirons d'elle des valeurs morales
africaines dont certaines sont universelles. Au terme de cette analyse sur la
finalité de l'histoire, nous constatons que son utilité n'est
plus à démontrer aujourd'hui. Mais plutôt à mettre
en exergue, à mieux l'exploiter. Alors la définition, l'objet et
la finalité de l'histoire étant déjà
examinés, que disons nous de l'enseignement de l'histoire au secondaire
?
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