1.3. Revue de la littérature
Nous nous intéressons à des travaux portant sur
l'estimation de la PGF au niveau international (Easterly et Levine, 2001), au
niveau régional (Fajnzylber et Lederman, 1998) et au niveau national
(Clemente, 2002 ; Rodríguez, 2004).
Easterly et Levine (2001) portent leur attention sur
l'importance relative de la PGF et l'accumulation de facteurs, comme le capital
physique et humain, dans le processus de croissance de long terme au niveau
international, à travers le calcul de la productivité par la
méthode comptable et l'estimation de la croissance en coupe transversale
par la méthode
17 Généralement il s'agit du taux
d'investissement moyen de la période d'étude.
18 Par exemple une forme translogarithmique.
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généralisée des moments (GMM). Tout
d'abord ils signalent que la productivité des facteurs, et non pas
seulement l'accumulation de ceux-ci, explique la plupart des divergences
observées entre niveaux et taux de croissance du PIB par tête de
différents pays. De même ils associent cette divergence des taux
de croissance à l'une des hypothèses de base des modèles
de croissance endogène: l'existence de rendements non
décroissants du capital. D'autre part, les auteurs observent une forte
volatilité des taux de croissance de la production par habitant alors
que les stocks de capital semblent croître de façon soutenue dans
le temps. Cette évidence empirique les porte à rejeter l'adoption
de modèles de croissance dont la convergence vers l'état
stationnaire est assurée par l'accumulation de capital, notamment le
modèle néoclassique de Solow. Par ailleurs ils démontrent
que l'accumulation de facteurs a tendance à avoir lieu dans des secteurs
spécifiques, tant au niveau mondial, comme au niveau des pays et
même au niveau des groupes ethniques, provoquant une très forte
concentration des activités productives. Pour terminer ils font
référence à l'importance des institutions et des
politiques économiques pour accroître l'efficacité des
facteurs de production et ainsi accélérer la croissance de long
terme.
Fajnzylber et Lederman (1998) s'intéressent aux effets
des réformes économiques sur la productivité globale des
facteurs de dix-huit pays d'Amérique Latine et des Caraïbes de 1950
à 1995. En effet, ils associent les épisodes de réforme
économique à des périodes de plus grande ouverture telle
que définie par Sachs et Warner (1995), ainsi deux grandes
périodes de réforme sont identifiées: la décennie
des années cinquante et le début des années
quatre-vingt-dix. Les auteurs calculent l'évolution de la PGF en
employant l'approche comptable et l'estimation économétrique d'un
modèle en panel à effets fixes. Dans le cas de l'approche
comptable ils emploient une fonction de production de type Cobb-Douglas
à rendements constants avec une participation du capital égale
à 0,4. Leur principal résultat fait référence
à une expansion de la PGF pendant les périodes de réforme
et une contraction de celle-ci dans le cas contraire. Concernant le Venezuela,
les auteurs estiment un taux de croissance de la PGF proche à 1,8%
durant les épisodes d'ouverture et -1,3% pendant les périodes de
plus grande autarcie. De même, ils calculent, dans le cas du Venezuela,
une croissance de la PGF de -0,3% pour l'ensemble de la période
d'étude.
Clemente (2002) présente une analyse sectorielle de la
PGF au Venezuela dans un contexte de compétitivité et d'insertion
internationale durant la période 1950-2000. Il emploie la méthode
comptable en adoptant une fonction de production à rendements constants
de type Cobb-Douglas, pour calculer premièrement la productivité
des facteurs dans la production
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totale et deuxièmement la productivité par
secteur d'activité (pétrolier et non pétrolier). Dans le
cas du calcul de la PGF au niveau agrégé l'auteur utilise des
taux de participation moyens de 0,62% pour le capital physique et de 0,38% pour
le travail. Il constate une assez forte réduction de la PGF à
partir du début des années soixante-dix (-2,87%) et une
participation négative de celle-ci dans la croissance. Lorsqu'il
s'intéresse à la productivité sectorielle, l'auteur
observe que la chute de cette dernière est d'autant plus marquée
dans le secteur pétrole, avec un taux de croissance moyen minimum de
-7,93% pour la période 1980-1989; en ce qui concerne le secteur non
pétrolier la diminution de la PGF ne s'amorce qu'à partir des
années quatre-vingt avec des taux moyens proches de -1,00%. Notons que
les taux de participation factorielle employés sont respectivement de
0,92% et 0,08% pour le capital physique et le travail du secteur
pétrolier, alors qu'ils représentent 0,54% et 0,46% pour le
capital et le travail du secteur non pétrolier. L'auteur associe ces
importantes contractions de la PGF aux politiques de maximisation de la rente
pétrolière menées au sein de l'OPEP et à la chute
de l'investissement privé. Au niveau latino-américain une
réduction de la contribution de la PGF à la croissance est
observée du début des années soixante jusqu'à la
fin des années quatre-vingt, avec notamment des taux de croissance
négatifs de la productivité dans la plupart des pays de la
région de1980 à 198919. La décennie des
années quatre-vingt-dix représente une période de
récupération en termes de productivité pour l'ensemble des
pays sud-américains à l'exception du Venezuela, seul pays
à afficher systématiquement des taux de croissance
négatifs de la PGF de 1960 à 1990.
Rodríguez (2004) analyse méthodologiquement et
empiriquement les causes du faible niveau de croissance enregistré au
Venezuela de 1950 à 1998. En termes de méthodologie, celle-ci,
à cause des politiques de défense des prix du pétrole a eu
un impact négatif sur la production du secteur pétrolier. Ainsi,
il serait préférable d'utiliser la PGF du secteur non
pétrolier pour analyser convenablement l'évolution de la
croissance. En ce qui concerne l'approche empirique, la PGF
agrégée et sa décomposition sectorielle est
calculée par la méthode comptable pour les périodes
1950-1968, 1968-1984 et 1984-199820. Les résultats indiquent
une contraction de la PGF du secteur non pétrolier de1968 à 1984
suivie d'une expansion jusqu'en 1998. Par contre la productivité dans le
secteur pétrolier diminue continuellement de 1968 à 1984. Ainsi
en considérant l'évolution de la PGF du secteur non
19 Le Chili et la Colombie sont les seuls pays
à avoir enregistré des taux de croissance positifs de la PGF
20 En 1968 et 1984 la Banque Centrale du Venezuela a
changé l.année base des séries statistiques
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pétrolier, la performance du Venezuela, bien que
toujours pauvre, est davantage similaire à celle des autres pays de la
région.
De façon générale les travaux portant sur
le calcul de la PGF sont basés sur l'adoption d`hypothèses assez
restrictives telle que, par exemple, l'existence de concurrence parfaite dans
les marchés des facteurs ou le choix d'une forme fonctionnelle
déterminée. De même, en ce qui concerne l'utilisation de
méthodes économétriques, ces dernières ne sont
employées que dans le cas d'études en coupe transversale portant
sur plusieurs pays.
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