II.2-Mobilisation des recettes fiscales et
variabilité de la croissance économique : Une analyse
empirique
Un autre fait important est que l'instabilité des
recettes fiscales s'est révélée être une question
cruciale depuis des décennies surtout en Afrique subsaharienne. Elle est
souvent à l'origine de l'instabilité de la croissance, et les
économies en développement en sont plus touchées que les
économies développées22. Les travaux de Romer
et Romer (2010) ; Posch (2011); et Afonso et Sousa (2009), en adoptant des
démarches tout à fait différentes, le montrent ci-bien.
En effet, Romer et Romer (2010) recherchent l'effet des
changements fiscaux sur l'environnement macroéconomique des Etats-Unis
depuis la fin de la deuxième guerre mondiale. Ils mesurent les
changements fiscaux à travers le «changement dans les recettes
fiscales corrigées des variations conjoncturelles ». Leurs
résultats montrent que toute hausse exogène des taxes de 1%
réduit le PIB réel d'environ 3%, donc participe à
déstabiliser la croissance économique. Posch (2011), sur
données de panel des pays de l'OCDE de 1970 à
22 Mutascu et Danuletiu (2011)
Page 27 Page 3
2004, utilisent une formulation en temps continu, pour mettre
en évidence les effets de la fiscalité sur volatilité de
la production et donc de la croissance économique. Ils trouvent que
l'instabilité fiscale explique à 66% la volatilité de la
croissance économique des pays concernés. Aussi, toujours en
utilisant les données de panel, Ebeke et Ehrhart (2013), en se servant
des travaux de Lim (1983), étudient les conséquences de
l'instabilité des recettes fiscales sur 39 pays d'Afrique Subsaharienne
au cours de la période 1980-2005. D'après les résultats de
leurs estimations, la forte instabilité des recettes fiscales de cette
zone, est responsable de la volatilité des dépenses publiques,
composante cruciale pour la croissance à long terme (Barro, 1990 et
Ramirez et Nazmi, 2003). De plus, ils constatent que l'aide
étrangère, une dépendance moindre aux taxes commerciales
et une plus grande dépendance sur les taxes indirectes
intérieures conduisent de manière significative à de
faibles niveaux de l'instabilité des recettes fiscales. Ces
résultats sont presque les mêmes que ceux de Afonso et Sousa
(2009) qui utilisent un modèle d'auto-régression structurelle
bayésienne sur l'économie du Portugal. Ils constatent qu'un choc
positif de 1% des recettes de l'État est capable de
générer une réponse positive du PIB de 0,06%. Après
cela, les effets macroéconomiques des chocs fiscaux s'érodent et
finissent même par devenir négatifs.
|